Aujourd’hui, la nuit du 9 au 10 novembre signifie plutôt la chute du mur de Berlin, un sale tour joué par les Berlinois qui écrasent ainsi dans l’histoire la date de la Nuit de Cristal, au grand dam de Jacques Attali qui, du coup, qualifie la chute du mur « d’anecdote sans importance ». C’est que, pour lui, cette date doit rester celle du début de l’Holocauste, la nuit où pour la première fois, la hiérarchie national-socialiste aurait lâché la populace sur la communauté juive d’Allemagne.
Seulement, ça ne cadre pas, pour cette nuit précisément, les hiérarques du IIIe Reich avaient un alibi en bronze, car cette date du 9 novembre, décidément très riche, avait déjà une signification symbolique très importante pour eux, laissons parler Ingrid Weckert :
« Sous le Troisième Reich, le 9 novembre était le jour de commémoration de ceux tombés pour le mouvement national-socialiste. Chaque année, ce jour-là, les vétérans de la marche de la Feldherrnhalle de Munich en 1923, les dirigeants du Reich et les responsables aux échelons les plus élevés et les responsables régionaux (Gauleiter) se réunissaient à Munich. De nombreux participants étaient arrivés la veille pour être présents au moment où le Führer s’adresserait à la vieille garde à la Bürgerbräukeller (brasserie) le soir du 9 novembre. Les cérémonies se sont poursuivies avec la traditionnelle commémoration de la marche de la Feldherrnhalle, suivi par un moment de recueillement au square Royal ».
Franchement, Hitler pouvait-il avoir réuni ses chefs ce soir-là dans le but d’organiser un pogrome, c’est-à-dire, pouvait-il prévoir qu’un jeune Juif, Herschel Grynszpan, commettrait à Paris le 7 novembre 1938 un attentat contre un conseiller de l’ambassade d’Allemagne, Ernst vom Rath, lequel, grièvement blessé, décèderait opportunément le 9 novembre à 17h30, à nouveau citons Ingrid Weckert :
« Dans le même temps, à Paris, vom Rath gisait mort. Il avait été conduit immédiatement à l’hôpital pour y être opéré. Deux spécialistes avaient été envoyés d’Allemagne. Un vétéran français de la Première guerre mondiale s’est présenté pour donner son sang. L’une des balles avait touché vom Rath à l’épaule et n’était pas mortelle. L’autre, en revanche, avait touché la rate et avait atteint l’estomac, où elle s’était logée. Tous les efforts furent vains, les lésions internes étaient trop graves.
Le 8 novembre Adolf Hitler accordait au jeune secrétaire de légation une promotion au rang de conseiller d’ambassade. Le 9 novembre 1938 à 17h30 vom Rath expirait ».
Voici maintenant la relation par Ingrid Weckert de tout le cheminement de l’attentat, ça commence en Pologne, encore une chose que le Führer ne pouvait ni prévoir ni maîtriser.
Le 6 octobre 1938, le gouvernement polonais promulguait un décret, suivi le 15 par une ordonnance d’application, stipulant que tous les passeports polonais devaient porter un visa de contrôle pour rester valide. Les passeports ne présentant pas ce visa ne pourraient plus permettre à leur titulaire de rentrer en territoire polonais. Par cette ordonnance, le gouvernement polonais avait pour objectif manifeste d’empêcher le retour des nombreux Juifs polonais résidant à l’étranger et tout particulièrement de ceux présents en Allemagne. En pratique, cela signifiait que les quelque 70 000 Juifs polonais vivant sur le territoire du Reich auraient dû être admis définitivement dans ce pays.5
C’est par ces mots que, dès le 9 octobre 1938, le Dr. Werner Best directeur de cabinet, sur ordre du Reichsfuehrer-SS Heinrich Himmler alors à la tête de la police allemande, informa le directeur de la chancellerie du Reich, le Reichminister Dr Lammer, de la soudaine mesure prise par le gouvernement polonais. La note de Best précisait que le ministère [allemand] des affaires étrangères avait immédiatement demandé à son ambassade à Varsovie qu’elle sollicite une audience auprès du gouvernement polonais pour s’assurer que les Juifs polonais actuellement sur le territoire du Reich pourraient rentrer en Pologne sans ce visa. Il a été par la suite signifié au gouvernement polonais que le gouvernement de l’Allemagne se voyait dans l’obligation, en l’état, d’expulser au plus vite tous les Juifs de nationalité polonaise du territoire du Reich.
L’ordonnance sur les passeports devait entrer en vigueur après le 29 octobre 1938. Dans ses échanges ultérieurs Best rapporte que :
À la suite de cela, au cours des journées des 28/29 octobre 1938, environ 15 000 Juifs – principalement des hommes adultes – ont été regroupés sur l’ensemble du territoire du Reich en vue d’être reconduit à la frontière polonaise par convois spéciaux.
Du personnel sanitaire accompagnait les trains des émigrants, et de la nourriture avait été fournie en abondance. « Que ce rapatriement se soit passé aussi humainement que possible côté allemand est attesté par des documents et des photographies ainsi que par de nombreuses déclarations, y compris celles faites par les Juifs.6 » Et le Dr Best de poursuivre :
Bien que les Juifs polonais aient été en possession de passeports valides et que l’ordonnance n’entrait en vigueur que le 30 octobre 1938, les autorités frontalières – évidemment sur instruction de Varsovie – refusaient de les accepter. En raison de la concentration de plusieurs milliers de personnes sur quelques villages frontaliers, la situation n’a pas manqué de se dégrader çà et là. Finalement, dans la nuit du 28 au 29 octobre, le passage de quelque 12 000 Juifs polonais a pu se faire, pour partie aux postes-frontières, pour partie par les champs et les bois.
Il faut souligner que le but n’était pas d’expulser ces Juifs polonais d’Allemagne, mais seulement d’obtenir le visa de retour de la part des autorités polonaises pour que leur passeport reste valide, et qu’ils ne deviennent pas, en tant qu’apatrides, un fardeau pour les autorités allemandes.
Le gouvernement polonais a d’abord réagi à ce rapatriement forcé de tant de Juifs en expulsant les Juifs de nationalité allemande présents sur son propre territoire. Mais dès le 29 octobre, des tractations diplomatiques ont eu lieu entre Berlin et Varsovie pour mettre fin à ces mesures de rétorsion. Les Juifs encore retenus dans les centres de transit en Allemagne ont été libérés et ont pu regagner leur domicile. Après un certain temps, la plupart des Juifs qui avaient été renvoyés en Pologne ont pu rentrer en Allemagne, soit pour récupérer leurs biens et repartir avec leur famille, soit muni du visa de retour dûment estampillé sur leur passeport.
Et en fin de compte, la plupart des Juifs polonais vivant en Allemagne à cette époque n’auront pas été touchés par l’affaire des passeports. Mais cette « crise des passeports » – inutilement provoquée – était révélatrice de la profonde hostilité des dirigeants polonais envers les Juifs7. Ses victimes n’auront pas seulement été les Juifs polonais vivant en Allemagne, mais aussi les Juifs allemands vivant en Pologne.
Cependant, ce n’est pas ainsi que les choses sont présentées par les auteurs antigermaniques d’après-guerre : ils évoquent les « premières déportations de masse organisées par Heydrich préfigurant celles qui allaient suivre vers Auschwitz. »8 Les déportés auraient été « reconduits à la frontière et exposés aux mitrailleuses des gardes-frontières polonais. »9 Telle est la teneur des commentaires des historiens d’après-guerre. Quelles que soient les actions entreprises à l’encontre des Juifs, peu importe quand, où et par qui, ce sont toujours exclusivement les Allemands les coupables.
Parmi les personnes emmenées à la frontière germano-polonaise se trouvaient les parents, le frère et la sœur d’un adolescent de 17 ans, Herschel Feibel qui vivait alors à Paris et dont les coups de feu tragiques n’allaient pas tarder à résonner pendant des jours et des semaines dans le monde entier. Écoutons d’abord ce que le père, Zindel Grynzpan, a à nous dire, 23 ans après les faits, au cours du procès Eichmann à Jérusalem. Se plongeant dans ses souvenirs, il en rapporte ce conte mélodramatique :
« Les SS nous faisaient marcher au fouet, ils fouettaient ceux qui ne parvenaient pas à suivre et du sang s’écoulait dans les rues. Ils nous arrachaient les valises des mains et nous traitaient de la manière la plus brutale qui soit. À l’époque, je découvrais pour la première fois la brutalité bestiale des Allemands… Je fus aussi battu et tombais dans un fossé ».10
Pauvre papa Grynszpan – était-ce vraiment si terrible ? Fouetté ? Mais les SS – pas plus que la police allemande – n’avait de fouet, juste des pistolets. Il y avait du sang dans les rues ? C’était fin octobre et il faisait déjà froid à la frontière germano-polonaise. Tout le monde était chaudement vêtu. Des coups de fouet auraient peut-être pu provoquer des contusions mais pas de saignement ou s’il y en avait eu, le sang aurait été absorbé par les vêtements et ne se serait pas écoulé dans la rue !
Si de telles histoires étaient examinées sereinement, on verrait assez vite que les événements qu’elles prétendent rapporter ne peuvent tout simplement pas s’être produits. Le Dr. Friedrich Grimm, un expert internationalement reconnu auprès des tribunaux et qui a enquêté minutieusement sur ce qui s’est passé, l’affirme sans ambigüité : « l’expulsion, aussi amère soit-elle pour ceux qui l’ont vécue, s’est déroulée de façon humaine. »11
Dans l’ensemble, les déclarations du sieur Zindel Grynszpan sont assez romancées. Voici un autre échantillon de sa verve. Lui et sa famille ont dû se présenter au commissariat, rue de Hanovre no 11. Là se trouvaient tout un rassemblement de personne attendant de signer « une chose ou une autre ». « Tout le monde signait, il n’y en avait qu’un qui refusait de le faire. Je crois qu’il s’appelait Gershon Silber. Il a dû se tenir 24 heures dans un coin sans bouger. » Ainsi, le père Grynszpan est resté 24 heures à observer que M. Silber ne bougeait pas ? Vraiment peu convaincant, évidemment, ne serait-ce que parce que 24 heures plus tard, il se trouvait lui-même à la frontière germano-polonaise. Il ne pouvait pas avoir vu quoi que ce soit dans la mesure où, dès qu’il a eu signé son inquiétant document – il aurait mieux fait de le lire, au moins on saurait de quoi il s’agit – il a dû quitter le commissariat pour se rendre au point de rassemblement.
Pendant qu’il était au commissariat où il y avait « un de ces mondes » – plusieurs centaines selon un autre témoignage – le témoin Grynszpan pouvait bien sûr observer les faits et gestes de chaque personne. Et bien entendu, il a pu se rappeler 23 ans plus tard, le nom d’une personne qu’il voyait là pour la première fois : « Je crois qu’il s’appelait Gershon Silber. »
Son convoi a atteint la frontière dans la nuit du 28 au 29 octobre. « Des trains arrivaient de partout, Leipzig, Cologne, Duesseldorf, Essen, Bielfeld, Bremen. En tout nous étions environ 12 000. » On a presque l’impression que les arrivants étaient alignés en sorte que Zindel Grynspan pouvait faire l’appel.
Le rapport du Dr Best parle aussi de 12 000, mais ces 12 000 Juifs ne sont pas arrivés d’un coup et ont été répartis à la frontière en plusieurs endroits et en plusieurs fois. Quelqu’un a dû parler des « 12 000 » à Gryszpan, où il l’a lu quelque part après coup et c’est parti ! Les voilà dans sa mémoire, alignés à la frontière et lui, Zindel Grynszpan, est au milieu d’eux. Pauvre vieux ! Le voilà embarqué à Jérusalem où on lui demande de faire des déclarations en s’arrangeant comme il peut avec sa conscience. C’est que le Dieu des Juifs aussi attend qu’on dise la vérité : dans la vie en général, a fortiori devant un tribunal.
Hannah Arendt, une Juive née à Berlin et professeur de philosophie et de sociologie a couvert pour l’hebdomadaire américain The New Yorker le procès Eichmann à Jérusalem, mais elle voit les choses différemment. Pour elle, aucun des autres témoins « ni avant lui ni après… ne peut égaler la simplicité et la sincérité au-dessus de tout soupçon du vieil homme. »12 Ce qui laisse pantois quant à la nature et à la qualité des déclarations des autres témoins. Comme quoi décidément – et nous l’avons appris à nos dépens ces dernières années – le concept de « sincérité » n’est pas toujours compatible avec celui de « vérité ».
Grynszpan père raconte ensuite comment s’est passé son passage à la frontière :
« Les Polonais ont fait venir un général polonais (!) et des officiers. Ils ont examiné nos papiers et ont vu que nous étions citoyens polonais et que nous avions des « papier d’identité spéciaux ». Ils ont alors accepté de nous laisser passer. On nous a conduit à un village de 6000 habitants. »
Le village en question c’était Bentschen. « De là, j’ai écrit une lettre à mon fils en France. »
Ce qui nous ramène à Herschel Grynszpan, le fils. Voyons ce qui se passe à partir de là.
D’abord la version officielle, nous nous référons ici aux auteurs et aux travaux suivants : Günther Deschner, Reinhard Heydrich, Friedrich Grimm, Politsche Justiz, Joe Heydecker et Johannes Leeb, Bilanz der Tausend Jahr [Bilan des mille ans], Heinz Höhne, Der Orden unter dem Totenkopf [l’ordre à la tête de mort], Erich Kern, Adolf Hitler und das Dritte Reich, Gerald Reitlinger, Die Endlösung [La solution finale], Curt Riess, Joseph Goebbels, Kurt Zentner, Illustrierte Geschichte des Dritten Reichs [ l’histoire illustrée du Troisième Reich]. (Pour les références bibliographiques complètes, voir en appendice.)
Pour venger « l’outrage » subi par sa famille, le jeune homme de 17 ans s’achète un revolver, l’emmène avec lui à l’ambassade d’Allemagne à Paris en ce matin du 7 novembre 1938, et tire sur le troisième secrétaire de l’ambassade, Ernst vom Rath. Grièvement blessé, vom Rath est conduit à l’hôpital où il est opéré, mais il succombe à ses blessures et décède dans l’après-midi du 9 novembre 1938. Le meurtrier Gruenspan (selon l’orthographe de la presse allemande) est immédiatement arrêté sur place par la police française et interrogé à Paris. La machine judiciaire se met en branle. Côté français, l’enquête est menée à plusieurs niveaux : par la police, par le juge d’instruction et enfin par les experts médicaux (en raison du jeune âge de Grynszpan). D’autres enquêtes sont lancées en parallèle par les autorités allemandes. Le juge d’instruction français adresse des demandes d’information sur l’arrière-plan familial de Grynszpan (qui est originaire d’Hanovre) ainsi que sur les circonstances qui ont conduit à l’expulsion de sa famille. Toutes ces procédures sont consignées par écrit : on pourrait donc penser qu’il est facile pour les historiens de présenter avec précision la personnalité du meurtrier et ses faits et gestes. Mais rien que là déjà, on peut voir à quel point la vérité est devenue secondaire pour nos « historiens contemporains » : leur portait de Grynszpan, de sa famille et de la manière dont a été perpétré le crime diffèrent d’un auteur à l’autre et se contredisent – par accident ou délibérément ? voici ce qu’on nous dit :
« Nom du meurtrier : Herschel Feibel Grynszpan, 17 ans. »
Jusque-là, tous les comptes-rendus concordent. Mais ensuite, la confusion s’installe. Son père était un « maître tailleur » (Hoehne et Deschner)13. Non, non pas du tout, c’était un « bottier » rapporte Zentner14, un cordonnier explique Heydecker et Leeb qui en profitent pour préciser que le prénom du père est « Sendel »15. Le dossier d’instruction du tribunal de Paris indique comme profession « raccommodeur »16. Après la guerre de 14-18, lui et ses trois frères – également raccommodeur de vêtements arrivent en Allemagne de Pologne et s’installent à Hanovre.
Hannah Arendt – apparemment pas familiarisée avec les archives juridiques de Paris – proteste : « Il est arrivé en Allemagne dès 1911, et il n’était pas raccommodeur, mais propriétaire d’une épicerie. »
Ses frères ont continué sur Essen, Bruxelles et Paris. En Allemagne, la famille s’en sortait à peu près. Le père a été au chômage un certain temps, mais recevait des indemnités – et ce après 1933 ! – pour un montant de plusieurs milliers de Reichsmark.
Herschel n’était pas doué à l’école. Hannah Arendt dit de lui que c’était « un psychopathe, incapable d’aller au bout de sa scolarité »17. Non seulement ses relevés scolaires étaient mauvais – tout ceci figure dans les archives judiciaires à Paris – mais ses résultats à l’école hébraïque étaient également insatisfaisants. Selon Kern 18, il a fréquenté une école rabbinique à Francfort sur le Main, mais au vu de son faible niveau c’est peu probable ; Kern indique aussi que Herschel Grynszpan est parti d’Allemagne à 15 ans. Il est d’abord allé chez des gens de sa famille à Essen, puis à Bruxelles et finalement chez son oncle à Paris. Là il est vite tombé sur des mauvaises fréquentations, s’est fait pincer dans une descente de police et, le 15 août 1938, s’est vu signifié son expulsion du territoire français. Il n’a pas quitté le pays pour autant. Mais son oncle refusant désormais de l’héberger, il est entré dans la clandestinité. Il est resté illégalement sans permis de séjour, prenant une chambre dans un petit hôtel à Paris, boulevard de Strasbourg, à proximité de l’appartement de son oncle.
Comment a-t-il pu subvenir à ses besoins sans moyens ? Qui payait sa chambre, ses repas, ses charges ? Que faisait-il toute la journée ?
Et puis un jour, il reçoit un mot lui disant que ses parents ont été expulsés d’Hanovre et envoyés en Pologne. Comment a-t-il reçu ces informations ? Par une carte postale de ses parents en Pologne ? (selon Heydecker et Leeb). Non, c’était une carte de sa sœur d’après Grimm. On se souvient que Grynszpan père, lui-même, a déclaré qu’il avait écrit une lettre, pas une carte postale – mais c’était 23 ans plus tard. Bien, mais que ce soit une lettre ou une carte, la poste à Paris devait avoir des employés clairvoyants [en français dans le texte] : clandestin, Herschel n’était répertorié nulle part. Mais la lettre a quand même pu lui être acheminée ? En tout cas, il a reçu la carte le 3 novembre (d’après Kern). Heydecker et Leeb semblent même l’avoir lue, ils écrivent : « En des termes émouvants, il (le père) raconte ce qui s’est passé »19.
Donc, le 3 novembre 1938, Herschel Grynszpan était à Paris, sans papier et sans argent. Il lit la carte postale avec ses mots poignants, et il a commencé à ruminer. Il rumine durant quatre jours. Au matin du cinquième jour, nous sommes à présent le 7 novembre, – il sait ce qu’il doit faire. Il se lève de bonne heure, quitte sa cachette, se rend un pâté de maisons plus loin, rue du Faubourg Saint-Martin, entre dans une armurerie, (selon Heydecker et Leeb) – mais Graml peut nous en dire plus : il s’agit de l’armurerie « Carpe » 20 – et pour 250 francs, il s’achète un revolver. Quand même un petit exploit pour un jeune homme qui n’a ni argent ni papier d’identité, n’est-ce pas ? [En français dans le texte]. Pourquoi un revolver ? Est-ce qu’il savait s’en servir ? Où aurait-il appris à le faire ? En 1938, une telle aptitude de la part d’un jeune psychopathe fils d’un raccommodeur de vêtements n’allait pas de soi. Était-ce vraiment un revolver ? Oui, absolument, un revolver avec un barillet affirment Zentner, Heydecker et Leeb. Mais Hoehne et Deschner n’en sont pas si sûrs, ils parlent d’un « pistolet ». Revolver ou pistolet, acheté dans une armurerie ? Non, dans une brocante ! (d’après Erich Kern).
Il était 7h30 du matin. Empochant son arme, Herschel Grynszpan se rend à pied en une heure à l’ambassade d’Allemagne, rue de Lille. [NdT : vrai, mais pour un quasi-analphabète en pays étranger, trouver l’adresse de l’ambassade dans un annuaire (il faut déjà savoir que ça existe) et ensuite trouver la rue de Lille sur un plan (il faut déjà en avoir un) n’a rien d’évident non plus]. Il y arrive à 8h30 du matin (Kern trouve que c’est trop tôt et fait arriver Grynszpan à 9h40). C’est juste avant l’ouverture. L’ambassadeur d’Allemagne, le comte Welczek, est sur le point de sortir pour sa promenade matinale comme l’explique Grimm qui le tient de Welczek lui-même. Mais Heydecker contredit ce point : le comte revenait de sa promenade. Quoi qu’il en soit, le comte se trouvait dans la cour quand Grynszpan est entré. C’est à lui que Grynszpan s’adresse pour qu’on le dirige vers l’ambassadeur, lequel, pensant que Grynszpan est là pour une affaire de routine, l’envoie vers le chef de bureau, Nagorka. Ce petit intermède échappe à Graml, de qui, comme nous l’avons signalé plus haut, nous tenons le seul compte-rendu détaillé de la nuit de cristal. Il est d’avis que Grynszpan a demandé au fonctionnaire [Nagorka] à voir « un des secrétaires de la légation » 21. Nagorka a conduit Grynszpan au secrétaire de légation vom Rath. À cette heure matinale, c’est le seul présent et c’est lui qui est chargé de recevoir les visiteurs sans rendez-vous.
Un crime est commis ! Tout auteur de romans policiers sait comment fixer les paramètres d’un tel acte. Ça doit être logique et précis, les détails doivent s’emboîter. Qui est la victime ? Où et quand ? Comment ? Malheureusement, nos « historiens contemporains » ne semblent pas se sentir eux-mêmes tenus par ces conventions littéraires – ni par la vérité. Est-ce que l’un quelconque d’entre eux s’est donné la peine de faire des recherches pour établir les faits ? Chacun se pique de savoir quelque chose de particulier, que le détail ait son importance ou pas est secondaire. Grynszpan est conduit à vom Rath, sort son pistolet et tire. Tout simplement ? Non, pas si simplement, ce ne serait pas assez captivant. Il a d’abord fait entendre d’une voix solennelle sa sentence « Je suis juif et je suis venu venger le peuple Juif ! » C’est seulement alors qu’il a sorti son pistolet et a tiré sur vom Rath. Est-ce que cela s’est passé ainsi ? Seul Erich Kern a entendu ces paroles, elles sont restées cachées aux oreilles du reste du monde. Les dépositions de la police à Paris n’en font pas mention, ni d’aucun autre échange de paroles. (Nous verrons plus loin que Kern a probablement emprunté ces paroles à David Frankfurter qui les a prononcées quand il a tué Wilhelm Gustloff.) Depuis quel endroit Grynszpan a-t-il tiré sur vom Rath ? Eh bien, dans le bureau dans lequel on l’a introduit (Graml, Grimm, Kern). Non, devant la porte du bureau (Heydecker et Leeb). Non, pas là, c’était dans l’escalier de l’ambassade (selon Reitlinger et Zentner). Combien de coups de feu ? Deux. Non quatre. Non, davantage, cinq22. Selon le rapport d’autopsie, vom Rath a été atteint de deux balles.
La déposition enregistrée par la police indique que le mobile de Grynszpan pour ce meurtre était le tort fait à ses parents en Allemagne. Du moins c’est l’héroïque déclaration qu’il a faite lors de son premier interrogatoire. Par la suite, il s’est rétracté et a progressivement abandonné cette ligne de défense : c’était un accident, le coup est parti tout seul. En réalité, il avait prévu de se suicider. Il ne savait plus comment c’était arrivé. Il était incapable de se rappeler, il a agi comme un somnambule. Une scène qu’on a déjà vu jouer au procès de David Frankfurter dont nous reparlerons en temps utile et dont le scénario est ici suivi à la lettre.
Hannah Arendt non plus ne croit pas à la vengeance. « Les raisons de l’acte de Grynszpan n’ont jamais été pleinement clarifiées. Son frère, qui avait été appelé par l’accusation lors du procès Eichmann, était étonnamment réticent à ce sujet »23. Elle est d’avis qu’il est très peu probable que la vengeance soit le motif de l’acte. Elle pense beaucoup plus que Grynszpan a été « l’idiot utile » utilisé par un groupe non encore identifié.
C’est là de la part de Mme la professeur Arendt une hypothèse des plus intrigantes sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir.
Nos historiens contemporains aussi se montrent quelque peu hésitants et creusent dans cette direction. Est-ce que Goebbels, le méchant national-socialiste aurait trempé dans l’affaire et, par le biais de ses agents provocateurs, incité Grynszpan au meurtre ? Après tout, un tel scénario n’est pas tellement tiré par les cheveux. Graml l’emprunte à Riess24, le suivant à la lettre, mais finit par concéder avec réticence, « qu’il n’y a aucune preuve pour confirmer l’hypothèse » 25.
Quand un jeune homme, qui s’est fourvoyé sur la mauvaise voie, tire sur un autre homme, il peut le faire pour tout un tas de raisons. Peut-être que les deux entretenaient-ils une relation homosexuelle ? Zentner l’envisage sérieusement. Maser26 s’emballe : mais bien sûr ! Évidemment que c’est ça : Grynszpan avait déjà été condamné pour de tels faits en France. Étrange, les autorités françaises ne s’en sont pas rendu compte lors de leur enquête et n’ont rien relevé de tel. (En général, les victimes de la plume de Maser doivent supporter ce genre de dérives salaces dans leur vie intime dès lors qu’elles ne sont plus de ce monde. Ce qui était auparavant le privilège des reporters des feuilles de boulevard est devenu la marque de fabrique des « historiens contemporains »). Mais peut-être ne devrions nous pas être inutilement dur avec le professeur Maser, il n’est pas le seul à diffamer le diplomate allemand assassiné. Des années plus tard, lors d’un interrogatoire, Grynszpan lui-même a insinué quelque chose de ce genre, mais il a été aussitôt démenti, c’était un mensonge qu’on lui avait soufflé, il s’est alors rétracté.
Nous approchons de la fin de la première partie de « l’affaire Grynszpan ». Elle a été traitée avec un grand professionnalisme par les autorités françaises.
L’enquête préliminaire s’est conclue en août 1939. Le juge d’instruction a procédé à un dernier interrogatoire de l’accusé et a établi un rapport définitif. Sur cette base, le procureur de la république devait saisir la chambre pénale laquelle devait se prononcer sur l’ouverture du procès proprement dit. Le procès aux assises devait avoir lieu en septembre ou octobre 1939. Mais la guerre a éclaté et le procès n’a jamais eu lieu27.
En 1940, après la défaite de la France, la police française a remis Grynszpan aux autorités allemandes qui l’ont transféré à Berlin. Le ministère allemand de la justice considérait qu’il était légitime que Grynszpan soit jugé en Allemagne puisque l’acte a été commis à l’ambassade d’Allemagne, un lieu bénéficiant de l’extraterritorialité, contre un membre du personnel diplomatique de l’ambassade. Le gouvernement français n’a pas vu d’objection à ce que le procès se déroule en Allemagne. Il était prévu que le juge d’instruction français et tous les témoins français seraient invités à Berlin.
Une fois à Berlin, Grynszpan a été interrogé à deux reprises par la police allemande. Lors du premier interrogatoire, coup de théâtre, il retire tout ce qu’il avait déclaré jusque-là. Il soutient dès lors qu’il n’a pas tué vom Rath pour des motifs politiques mais pour des raisons personnelles. Quelqu’un, manifestement, lui avait conseillé de suivre cette ligne au cas où il tomberait aux mains des Allemands. Mais le mensonge était patent et a facilement pu être démonté. Dès le deuxième interrogatoire, il s’est de nouveau rétracté28.
Mais il n’y a pas eu de procès en Allemagne non plus. On ignore pourquoi. Même le professeur Dr. Friedrich Grimm, qui en tant qu’avocat de la famille de vom Rath a assisté à l’enquête préliminaire à Paris et devait suivre l’affaire à Berlin n’a pas réussi à en connaître la raison.
Ce qui n’empêche pas nos habituels pourvoyeurs de l’histoire contemporaine de se montrer toujours mieux informés que les autres. Grynszpan a « naturellement » été exécuté sans procès par les Allemands29. Le « Bundeszentrale für Politische Bildung » (Centre Fédéral de formation politique) enseigne la même chose aux citoyens allemands. Une brochure parue pour le 40ème anniversaire de la nuit de cristal l’affirme de but en blanc : « quand il (Grynszpan) est tombé aux mains des nationaux-socialistes suite à l’occupation Allemande de la France en 1940, il a été exécuté sans jugement » (bien sûr, un de plus ou un de moins parmi les six millions, qu’est-ce que ça change ?) . « Le Juif a été assassiné », ça tombe sous le sens, il n’y a pas besoin de preuves, « c’est un fait historique de notoriété publique ».
Mais ni la famille de Grynszpan, ni Herschel n’ont été tués. La famille de Grynszpan a trouvé un refuge provisoire à Bentshen (en Pologne). Les organisations juives, en particulier l’American Joint Distribution Committee les ont pris en charge et ont facilité leur émigration en Palestine. Herschel a également survécu à la guerre, probablement dans les prisons allemandes. Après la défaite de l’Allemagne, il était libre. Sous un faux nom, avec des faux papiers, il est retourné à Paris31. Il a bien fait de prendre une nouvelle identité. C’était un meurtrier qui, même après la fin de la guerre, aurait pu être jugé. À Paris, il a sans doute retrouvé ses très bonnes accointances.
Ce qui nous ramène au point qui a le plus occupé les enquêteurs à Paris dès 1938 : avec qui à Paris Herschel Grynszpan était-il en relation ? Qui, lorsqu’il a été sous le coup d’un arrêté d’expulsion et qu’il a dû quitter le domicile de son oncle, s’est occupé de son entretien ? Qui a payé l’hôtel ? Qui lui a donné l’argent pour acheter le revolver ? Où a-t-il été chercher l’idée d’assassiner un diplomate allemand ? L’enquête de police a établi que son oncle, Abraham Grynszpan, chez qui il avait vécu rue Martel, n’avait rien à voir dans cette affaire.
Il était clair pour la police, dès lors qu’elle ne croyait pas plus à l’époque à l’histoire de la vengeance que plus tard Hannah Arendt, qu’il avait dû être en contact avec certains cercles qui l’ont persuadé de tuer un officiel allemand. Il y avait largement de quoi soupçonner l’existence d’une relation avec une certaine organisation juive. Mais comme dans un État de droit « les faits de notoriété publique » ne constituent pas des preuves et que Herschel Grynszpan est resté muet comme une carpe, le Parquet a abandonné, à contrecœur, « l’instigation » et s’en est tenu à la « vengeance personnelle » comme motif supposé.
Mais rien ne nous empêche de rechercher les raisons qui peuvent faire penser qu’il y a eu « instigation ».
L’une des raisons étant que Grynszpan, qui – comme déjà mentionné – ne vivait plus avec son oncle depuis le 15 août, avait loué une chambre dans un petit hôtel du boulevard de Strasbourg. Pour autant, les relations avec son oncle n’avaient pas pris fin : Herschel lui rendait visite presque tous les jours. Cela ne lui coûtait rien, l’appartement de son oncle rue Martel n’était qu’à une rue du boulevard de Strasbourg. Sur le chemin entre son hôtel et son oncle, Herschel passait devant un vieil immeuble bien parisien qui n’avait rien de remarquable. Sauf peut-être une petite plaque, pas très lisible, sur la droite, près de la porte d’entrée. C’était la plaque de la LICA.
Une autre raison de suspecter quelque chose, c’est qu’aussitôt après l’arrestation de Grynszpan, un avocat fit son apparition dans le commissariat et déclarait qu’il prenait en charge la défense de Grynszpan. Son nom : Vincent de Moro-Giafferi.
Ingrid Weckert
Source : Ingrid Weckert, Le point de Rupture, chapitre 1
Traduction : Francis Goumain (Cette version française est traduite de la version anglaise de Carl Hottelet parue en 1991 aux éditions Institute for Historical Review)
L’auteur : À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ingrid Weckert était une adolescente dans un Berlin en ruine. Après avoir passé les examens du secondaire, elle a poursuivi en Suisse des études en théologie dont le judaïsme. Familière de l’anglais et de l’hébreu, elle a approfondi sa compréhension de l’histoire juive par différents séjours en Israël. Weckert est libraire de profession, mais elle s’est consacrée ces dernières années aux recherches historiques et à l’écriture. Elle vit à Munich.
Notes :
5 L’original de la lettre du Dr. Best et de ses échanges de correspondances ultérieures se trouvent aux archives fédérales à Koblenz. (L’auteur en possède des photocopies.)
6 Friedrich Grimm: Politische Justiz (Preussisch-Oldendorf:1974) Pour l’affaire Grynszpan voir pp. 117-124. Le Dr. Grimm représentait les membres de la famille de vom Rath lors de l’instruction du procès de Grynszpan à Paris. Il est donc des plus renseignés sur l’affaire.
7 On trouvera un compte rendu détaillé de la « crise des passeports polonais » chez David L. Hoggan der erzwungen Krieg [La guerre imposée] (Tuebingen: 1977), 11e éditions, pp.206 -213.
(Une édition américaine de l’original en anglais du livre est maintenant disponible aux éditions de l’Institute for Historical Review, Costa Mesa, CA 926227).
8 Gerald Reitlinger, Die Endlosung [La solution finale], (Berlin: 1956), p.11, pour la nuit de cristal voir pp. 10-21.
9 Heinz Höhne Der Orden unter dem Totenkopf [L’ordre à la tête de mort] (Munich: 1967), p.312. Pour la nuit de cristal voir pp.312-371.
10 Hannah Arendt: Eichmann in Jerusalem (Munich: 1965), p. 274 (de l’édition allemande)
11 Grimm, Politische Justiz, p.122
12 Hannah Arendt, Eichmann in Jerusalem, p.274
13 Günther Deschner, Reinhard Heydrich: Statthalter der totalen Macht, (Esselingen: 1977), p.169. Pour la nuit de cristal, voir pp. 167-173.
14 Kurt Zentner, Illustrierte Geschichte des Dritten Reiches, (Munich:1965), p.514. Pour la nuit de cristal voir pp. 191, 513-516.
15 Joe Heydecker / Johannes Leeb, Bilanz der tausend Jahre; die Geschichte des III. Reiches im Spiegel des Nürnberger Prozesses, (Munich:1975), p. 210. Pour la nuit de cristal, voir pp. 208-222.
16 à ce sujet et sur les informations qui suivent, voir Grimm Politische Justiz, p.121
17 Arendt, p. 272
18 Erich Kern, Adolf Hitler und das Dritte Reich. Der Staatsmann (Preussisch-Oldendorf: 1971), p. 322. Pour la nuit de cristal, voir pp. 319-332.
19 Joe Heydecker / Johannes Leeb, Bilanz der tausend Jahre, p.210.
20 Hermann Graml, Der 9, November 1938: Reichscristallnacht (Bonn:1958), p.14
21 Graml, Der 9, November 1938, p.13
22 Graml et Heydecker / Leeb certifient 2, Kern pense à 4, Höhne et Deschner parle de 5 coups de feu tirés.
23 Arendt, op. Cité (édition allemande) p. 272
24 Curt Riess, Joseph Goebbels (Zurich:1949), p.226. Pour la nuit de cristal, voir pp. 225-228 (En allemand)
25 Graml, op. Cité, p.15
26 Lina Heydrich, Leben mit einem Kriegsverbrecher – mit Kommentaren von Werner Maser, (Pfaffenhoffen:1976), p.164.
27 Grimm, Politische Justiz, p.122 et suiv.
28 ibid., p.124
29 Graml, op. Cité, p.14. Il cite Riess, Joseph Goebbels p. 228
30 Judenverfolgung. Materialien zur Judenpolitik des Nationalsozialismus, nach den Empfehlungen des niedersächsischen Kulturministers (SVBI 8/78), p.28.
À lire :
La nuit de cristal, une pièce historique au dossier
Note de lecture : L’affaire Grynspan. Un attentat contre la France de Pierre Dumoulin
Août 1947 – Nuit de Cristal en Angleterre suite à l’affaire des sergents pendus en Palestine
https://jeune-nation.com/kultur/histoire/aout-1947-nuit-de-cristal-en-angleterre-suite-a-laffaire-des-sergents-pendus-en-palestine
Ce bouquin de Ingrid Weckert je l’avais lu en une journée. Rarement un bouquin m’avait autant emballé que celui de Ingrid Weckert que je suggère de lire en allemand. J’imagine que mon compatriote belge n’y verrait que de l’affreux complotisme.
Je ne suis pas belge du tout, je suis auvergnat.
Ah non mon cher Glen, vous ne comprenez pas ;-)
1 – Dire que c’est le NASDAP qui a fomenté la Nuit de Cristal, ce n’est pas du complotisme
2 – Suggérer que la Nuit de Cristal était une réaction populaire spontanée, c’est du négationnisme.
3 – Suggérer que la Nuit de Cristal ait été fomentée par les Juifs sionistes eux-mêmes pour provoquer le départ des Juifs d’Allemagne vers la Palestine mandataire, ça, par contre, c’est évidemment du complotisme.
Le principe des « experts » (surtout ceux de l’éducation nationale neutres et objectifs) est toujours le même, sur n’importe quel sujet:
1 – Définir ce qu’il est bien ou mal de dire
2 – En déduire ce qui est vrai et ce qui est faux
Bien dit!
Aux Pays-Bas, des supporters israéliens ont été battus par une foule portant des drapeaux palestiniens
https://tvzvezda.ru/news/2024118751-5QpqE.html
–> L’éternelle Nuit de Cristal
Dans différents quartiers d’Amsterdam, des supporters de football israéliens ont été attaqués.
Dans la capitale néerlandaise, des supporters de football israéliens ont été attaqués et battus. Il s’agit des supporters du club de football israélien Maccabi Tel Aviv. Ils sont venus au match contre l’Ajax local.
Selon RT, citant un certain nombre de médias de l’État juif, certains des assaillants avaient des drapeaux palestiniens à la main et criaient également des slogans pro-palestiniens. La foule a commencé à frapper les Israéliens. De tels affrontements ont été enregistrés dans différents quartiers d’Amsterdam.
« Plusieurs Israéliens ont été blessés, mais il n’y a pas encore de données exactes », ont rapporté les journalistes.
Dans le même temps, Dmitry Gendelman, conseiller au bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a écrit qu’il avait ordonné d’envoyer des avions aux Pays-Bas pour évacuer les citoyens vers leur patrie.
« Le premier ministre a ordonné l’envoi immédiat de deux avions pour évacuer nos citoyens. Les images horribles de l’attaque contre nos citoyens à Amsterdam ne passeront pas inaperçues », a déclaré Gendelman sur ordre du Premier ministre.
En outre, Netanyahu a tenu une réunion pour évaluer la situation avec le ministre des Affaires étrangères et son secrétaire à la Guerre. Il suit l’évolution de la situation et a exigé que le gouvernement néerlandais et les forces de sécurité locales prennent des mesures décisives et rapides contre les émeutiers, ainsi que d’assurer la sécurité des citoyens israéliens.
Sauf que comme d’hab avec « eux », on n’a jamais que la fin de l’histoire, quand ils se font taper dessus, il manque invariablement le début, en réalité, ce sont des supporters israéliens qui ont commencé par arracher des drapeaux palestiniens dans les rues.
https://twitter.com/i/status/1854587933367714118
On va voir si Retailleau va enfin convenir qu’il y a un « risque pour l’ordre public » au sujet du match France – Israël, je connais des tas de réunion de droite qui ont été annulées pour moins que ça.
En résumé:
Un hommage à Jeanne d’Arc par Benedetti:
c’est et – ça doit être – un risque de trouble à l’ordre public.
Un match de foot au stade de France entre Israël et la France:
ce n’est pas – et ça ne saurait être – un risque de trouble à l’ordre public.