Lorsque les armées allemandes envahirent l’Union soviétique lors de l’opération Barbarossa, elles mirent au jour, sur information, plusieurs charniers secrets contenant les corps de milliers de victimes de la terreur rouge du NKVD, la police politique secrète soviétique. Les plus connus furent ceux de Katyn près de Smolensk, en Russie, à la frontière avec la Biélorussie, de Bykivnia dans la banlieue de Kiev et de Vinnytsia également en République socialiste soviétique d’Ukraine.
Récit d’un témoin oculaire : M. Seleshko
Vers la fin du mois de février 1944, alors que je purgeais une peine dans une prison allemande à Potsdam, j’ai été transféré dans la cellule numéro 20, déjà occupée par plusieurs autres prisonniers. Après avoir fait brièvement connaissance, j’ai appris que l’un d’entre eux était un Ukrainien des environs de Vinnytsia. Nous avons fait plus ample connaissance et il m’a raconté sa vie. Il avait alors vingt-trois ans, était né et avait grandi dans l’Ukraine soviétique. Il avait été endoctriné par le parti communiste et avait été un communiste au sens plein du terme. Les idéaux communistes étaient les siens. Il a combattu sur le front germano-soviétique. Après sa capture par les Allemands, il a été contraint de travailler dans l’artillerie antiaérienne pour les Allemands à Berlin. Pour cause de négligence dans l’exercice de ses fonctions, il a été jeté en prison. C’est là que nos chemins se sont croisés.
Je n’arrêtais pas de lui poser des questions sur la vie sous les Soviétiques. Il avait appartenu à une unité civile de patrouille frontalière. Membre du Comsomol [l’organisation de jeunesse soviétique], il prenait ses fonctions au sérieux et aidait à traquer les agents de renseignement étrangers, nombreux à tenter de franchir la frontière pour entrer en Union soviétique. Il y avait d’autres jeunes patriotes comme lui dans les villages et les districts.
Il m’a parlé des mesures prises par les Soviétiques en Ukraine pour préparer la guerre. Au sein du parti communiste, au moins dès 1937, on estimait que la guerre contre l’Allemagne était imminente. Des instructions confidentielles adressées aux membres du parti et du Comsomol soulignaient cette éventualité. Ces instructions ordonnaient que l’arrière-pays ukrainien fût purgé des ennemis du peuple. Par « ennemis du peuple », on entendait non seulement tous ceux qui travaillaient activement contre le régime soviétique, mais aussi ceux que l’on croyait enclins à l’hostilité envers le gouvernement, y compris ceux dont le dévouement total au régime ne s’était pas clairement manifesté.
C’est là que se situe l’histoire de la tragédie ukrainienne de Vinnytsia, révélée au monde en 1943. (Vinnytsia est une ville ukrainienne qui se trouvait, avant 1939, à une centaine de kilomètres de la frontière orientale de la Pologne).
Mon jeune compagnon est aujourd’hui un patriote ukrainien, et beaucoup de choses à son sujet ne doivent pas être rendues publiques. Tout ce qu’il a dit a complété ma propre connaissance de la tragédie de Vinnytsia et a aidé à compléter l’image que je m’en étais faite au cours de mes expériences à Vinnytsia.
Au cours de l’été 1943, je vivais à Berlin sous l’étroite surveillance de la Gestapo, suspecté en tant qu’étranger, qui plus est, citoyen polonais. Le 2 juillet 1943, à midi, j’ai été appelé au téléphone par le Service de confiance ukrainien. Il s’agissait d’une agence gouvernementale allemande qui enregistrait tous les Ukrainiens en Allemagne et tentait de se gagner leur soutien.
Le chef de cette agence m’informait que, dans un avenir proche, une commission spéciale chargée d’enquêter sur les meurtres de masse en Ukraine partirait pour faire son travail sur place. Il m’a également dit que j’avais été nommé interprète pour cette commission en raison de ma connaissance de l’allemand, de l’ukrainien, du russe et du polonais, et aussi parce que je savais taper à la machine en allemand et en ukrainien. Il m’a suggéré d’accepter ce poste volontairement tout en soulignant que si je refusais, je serais réquisitionné en vertu du règlement de mobilisation.
Je n’avais pas le choix mais j’ai demandé qu’on m’accorde un petit délai de réflexion. J’ai aussitôt pris contact avec mes amis, dont le Dr Oleh Kandyba-Olzhych, le poète ukrainien, qui vivait à l’époque illégalement à Berlin. Nous sommes convenus qu’il valait mieux que je me joigne à la commission, même si sa destination n’était pas connue. Je n’avais pas osé le demander, car en Allemagne, pendant la guerre, il valait mieux ne pas se montrer trop curieux.
Deux heures plus tard, je rappelai le service de confiance et annonçai ma décision d’accompagner la commission, on me répondit d’attendre les instructions. Le jour même, vers 17 heures, le siège de la police criminelle me rappelait et m’ordonnait de me présenter à leur adresse où je devrais demander un dénommé Denerlein. Je m’y suis rendu.
Denerlein, un homme amical d’un âge plutôt avancé, me présentait à plusieurs fonctionnaires de son service et m’a dit que nous allions partir incessamment pour l’Ukraine. Après de brèves entrevues, on m’a remis les documents de voyage militaires appropriés et on m’a autorisé à rentrer chez moi.
Le siège de la police grouillait d’agents en uniforme, dont certains portaient un brassard marqué SD, ce qui signifiait qu’ils appartenaient à la section politique spéciale Sicherheits-dienst. En recoupant plusieurs bribes de conversation, j’en déduisais que notre groupe se rendrait en première ligne. Parmi les membres de la commission se trouvaient Raeder, Krupke et Groner, tous trois commissaires. Le conseiller d’État Klass, président de la commission, se trouvait déjà sur place.
Nous sommes partis le 4 juillet 1943, en passant par Varsovie, Lublin, Kovel et Shepetivka. Avant notre départ, on m’avait donné un pistolet pour parer à toute éventualité. Nous n’avons pas été inquiétés à Varsovie, bien que nous étions alors en pleine bataille du ghetto, mais au-delà, notre itinéraire traversait une région infestée d’insurgés ukrainiens de l’UPA [nationalistes ukrainiens initialement favorables au Reich, mais s’étant retournés contre lui suite au refus d’Hitler de reconnaître une Ukraine indépendante].
Dès la sortie de Varsovie, nous avons croisé de longs convois carbonisés. À Kovel, dans la province ukrainienne de Volyn, nous avons dû changer de train. Des mesures de protection étaient prises et, de façon assez ridicule, je recevais l’ordre de tenir mon pistolet à la main, paré à répliquer aux mitrailleuses et aux mines. Nous esquivions cependant une première attaque, les insurgés mitraillant le train de chars factices qui avait été envoyé à dessein devant nous, nous en étions quittes pour la peur. À la gare de Shepetivka, en revanche, nous avons été confrontés à une action de plus grande envergure. Après que notre train, bourré de soldats allemands, se soit arrêté à la gare, les Ukrainiens ont détruit les quatre voies ferrées menant à Shepetivka, et nous n’avons pas pu poursuivre le voyage. Nous avons quand même réussi à atteindre Vinnytsia sans casse, vers 11 heures du soir. Nous avons été conduits dans des véhicules de police au numéro 5 de la rue Mazepa. Sous les bolcheviks, c’était la rue Dzerjinski [fondateur de la Tcheka] et le bâtiment abritait le siège régional du NKVD.
Les fouilles à Vinnytsia
À Vinnytsia, j’ai été informé de l’objectif de la commission par l’un de ses membres, un photographe arrivé dans la ville avant nous. Avec l’aide de la population civile, des fosses communes avaient été découvertes dans lesquelles des milliers de cadavres avaient été entassés que nous étions chargés d’identifier. Ironie, notre commission résidait et travaillait justement dans l’ancien quartier général du NKVD d’où étaient dirigés les massacres. Elle comptait parmi ses membres des spécialistes allemands des enquêtes criminelles.
Les exhumations à Vinnytsia ont commencé le 25 mai 1943 et se sont déroulées en trois endroits. La population estimait qu’il y avait eu environ 20 000 victimes pendant les années qui avaient précédé la guerre [1938 – 1939]. Outre notre commission, deux autres organes – une commission juridique et une commission médicale – participaient aux investigations.
Notre comité a déballé son matériel, installé son bureau et, le 7 juillet, après le déjeuner, est parti en voiture pour le lieu des exhumations – un jardin le long de l’autoroute de Lityn, qui mène de Vinnytsia à Lviv en passant par Lityn.
Grâce à la conversation des policiers, qui étaient logés dans la même caserne que nous, j’ai pu me faire une idée plus ou moins précise de ce qui s’était passé, mais même prévenu, la vue des cadavres était horrifiante, la puanteur qui s’en dégageait saisissante. C’était une chaude journée d’été, et il fallait avoir les nerfs solides pour supporter le spectacle. J’avais été soldat dans l’armée ukrainienne pendant la Première Guerre mondiale et j’avais vu beaucoup d’hommes tués au combat, mais ça ne pouvait en aucun cas se comparer à ce que j’avais maintenant sous les yeux dans ce parc.
Affiche placardée en Ukraine occupée par les Allemands, portant le seul mot « Vinnytsia » en ukrainien et représentant un agent du NKVD avec des traits juifs caricaturés.
Un grand nombre de personnes circulaient parmi les arbres du jardin. Tout était imprégné de la chaleur de l’été et de l’épouvantable puanteur du charnier. Ici et là, des ouvriers creusaient la terre. À l’aide de cordes, ils en retiraient les cadavres, certains entiers, d’autres en morceaux. Ils les étalaient soigneusement sur l’herbe. Au début, il m’avait semblé qu’il y en avait des milliers, mais en les comptant, j’ai vu qu’il n’y en avait que 700. Tout le monde affichait un air grave. Les habitants examinaient les corps et les restes de vêtements. Du fond de la fosse, les ouvriers faisaient jaillir les vêtements en lambeaux. Ils étaient mis à sécher sur l’herbe. Une fois secs, ils étaient fouillés à la recherche de papiers et d’objets personnels. Tout était sorti et répertorié; les documents trouvés étaient lus, dans la mesure du possible, et enregistrés; ceux qui n’étaient pas lisibles étaient conservés. De temps à autre, on entendait le cri désespéré d’une femme ou le gémissement d’un homme qui pouvait ressembler à la terreur de la mort. Une femme reconnaissait les vêtements de ses proches, un homme ceux d’un membre de sa famille. Tous, on l’a su plus tard, avaient eu la certitude que leurs proches se trouvaient quelque part en exil, peut-être en Sibérie, en Extrême-Orient ou dans le Nord. Voilà qu’ils comprenaient que le gouvernement soviétique les avait trompés, que leurs proches reposaient sur le sol ukrainien, à Vinnytsia, assassinés par le NKVD. Les autorités leur avaient invariablement répondu que les exilés étaient tous privés du droit de communiquer avec leur famille.
Une fois le premier choc passé et après m’être habitué à l’odeur fétide, je me suis intéressé de plus près aux investigations. Les fouilles étaient effectuées par des détenus de droit commun des environs, sous la garde de la police allemande. On leur servait souvent de l’alcool pour qu’ils puissent tenir le coup. Des hommes et des femmes, habillés ou non, étaient continuellement déterrés. Des hommes aux mains liées dans le dos. Ici et là des têtes défoncées, parfois la nuque portait des traces de blessures par balles. Des cadavres noircis, des cadavres momifiés, des cadavres jaune-noir à l’aspect de cire. Ils étaient restés longtemps dans la terre, pour la plupart déformés par la pression du sol au-dessus d’eux. Les membres de la commission, des criminologues chevronnés habitués des scènes de crime, affirmaient qu’ils n’avaient jamais rien vu de tel. Dans une zone à proximité immédiate des fosses, les médecins procédaient à des autopsies et tentaient de déterminer la cause du décès. Je n’oublierai jamais l’horreur de Vinnytsia, et je doute qu’il se trouve un Dante pour arriver à rendre cet enfer.
Nous nous sommes ensuite rendus au grand parc baptisé en l’honneur du poète russe, Gorki. Ici, la scène n’était pas plus poétique pour autant. Un nombre moins important de cadavres y avait été déterré que sur le long de l’autoroute. Les corps des mères, des pères, des sœurs et des frères avaient été enterrés, et, au-dessus, une estrade avait été placée pour que les jeunes puissent danser et s’amuser, sans savoir que les cadavres de leurs propres parents gisaient sous leurs pieds! Les noms des communistes responsables de ces écœurantes diableries sont connus, et il est à espérer que leur souvenir ne se perdra pas dans l’histoire. La situation était la même dans le cimetière situé en face du parc. À côté et sous les pierres tombales d’origine on retrouvait en masse des victimes de du NKVD.
La Commission à l’œuvre
La commission travaillait à la chaîne. Les témoins étaient interrogés, le lieu des exécutions criminelles déterminé ainsi que l’heure. Les documents trouvés seuls ou sur les cadavres étaient analysés, rien n’était négligé, une minutie allemande de tous les instants qui m’apparaissait parfois proche de l’absurde. Je n’étais pas familier des techniques des criminologues, les indices qu’ils rassemblaient pour arriver aux faits, et souvent, ce qui me semblait incontestable, ils l’acceptaient avec des réserves et cherchaient des preuves irréfutables. Les journées de travail pouvaient s’étendre de 10 à 16 heures par jour. Je servais d’interprète entre les habitants et les spécialistes allemands. Des milliers de personnes se sont portées volontaires pour témoigner devant la commission, et ceci, bien que les bolcheviques les aient menacés de représailles, prétendant que c’était les Allemands qui avaient tué ces personnes et qu’ils cherchaient maintenant à rejeter la responsabilité sur le NKVD. Cette distorsion m’a fait tiquer et j’ai cherché à en vérifier la crédibilité. Pour moi, il ne fait aucun doute que les cadavres déterrés à Vinnytsia sont les premières victimes de la guerre, assassinées par les bolcheviks, dans ce qui était en fait un nettoyage des arrières en prévision du conflit à venir.
Il m’est impossible de décrire l’ensemble du travail de la commission, tout ce qu’elle a constaté et conclu. J’imagine que ses conclusions ont été consignées en détail et sont disponibles quelque part. [Voir les notes de l’éditeur en fin d’article] Ayant l’air d’un Ukrainien en civile, il m’a été facile de me déplacer, je me sentais comme chez moi. Les Allemands, bien sûr, ne jouissaient pas d’une telle confiance, ils étaient venus en conquérants. Cette tragédie sera sans doute un jour écrite en détail par des historiens, quant à moi, il m’était interdit de faire quoi que ce soit par moi-même, en principe, je ne pouvais avoir de contact avec mes amis que par l’intermédiaire du bureau de poste militaire allemand, lequel était contrôlé par la Gestapo. Je ne pouvais pas prendre de notes personnelles, toutefois, grâce à la gentillesse de l’un des membres de la commission, j’ai pu faire parvenir des lettres à des amis ukrainiens à Berlin. Il les remettait au pilote qui assurait la liaison régulière entre Berlin et Vinnytsia. J’ai consigné tout ce que j’ai pu dans ces lettres et mes amis les ont bien reçues. C’est comme cela que je suis en mesure de restituer mes impressions de la tragédie de Vinnytsia.
Quelques anecdotes de mon séjour à Vinnytsia
Voici quelques anecdotes qui pourront éclairer la tragédie.
La femme d’un prêtre qui s’appelait Biletsky, originaire des environs de Vinnytsia, avait reconnu les vêtements de son mari qui traînaient sur un monticule. Elle a nettoyé le vêtement qui était rapiécé par endroits, rapiécé par elle. Pour prouver sa bonne foi, elle est repartie à son village pour, quelques jours plus tard, rapporter à la commission d’autres morceaux du tissu utilisé pour le raccommodage. La commission après examen, a convenu que le bout d’étoffe sur le manteau provenait bien du même tissu. C’était la preuve que son mari avait été fusillé et enterré à Vinnytsia, mais le NKVD l’avait informée que son mari était en exil et qu’il lui était interdit de communiquer avec sa famille…
Hanna Hodovanets, une paysanne ukrainienne qui avait reconnu le manteau ressorti d’une fosse commune de son mari, déclarait à la police qu’il avait été arrêté parce qu’il ne s’était pas présenté à son travail en raison d’une fête orthodoxe. Elle a fait tout son possible pour savoir ce qui lui était arrivé, et un jour de 1938, elle recevait une carte de Moscou, provenant du bureau du procureur et signée par nul autre qu’Andrey Vyshinsky, annonçant que son mari avait été libéré en mars 1938. Cependant, son mari n’est jamais rentré chez lui et elle pressentait un malheur. Ses pressentiments se sont malheureusement confirmés.
Olkhivska, était restée assise pendant des heures sur les petits tertres à attendre que les cadavres soient exhumés. Et soudain elle poussait un cri déchirant. Elle venait de reconnaître son mari, arrêté par le NKVD, à un petit doigt cassé ainsi qu’à ses vêtements. Elle aussi a raconté une histoire qui s’est terminée dans une fosse commune.
Des cas similaires Il y en a eu des centaines, mais pour des milliers d’autres, aucun indice ne venait leur permettre d’identifier leurs proches. J’ai parlé avec eux, j’ai enregistré leurs tragédies, j’ai partagé leurs souffrances. La commission a étudié les méthodes soviétiques d’interrogatoire et de jugement, de torture et d’exécution, de prison et d’exil. Elle a interrogé des milliers de témoins, dépouillé une masse impressionnante de documents de toutes sortes, examiné les biens des témoins.
L’anecdote qui va suivre laisse espérer que la justice peut encore triompher dans ce monde. Un petit mot avait été retrouvé dans le manteau du cadavre exhumé d’un héroïque chrétien. Il était détrempé, comme le cadavre, mais il a été soigneusement séché. Je me suis alors mis au travail pour le déchiffrer. Avec l’aide de plusieurs habitants de la région, nous avons pu reconstituer l’histoire. Le papier était un papier blanc ordinaire, couramment utilisé par les écoliers. D’une écriture sommaire il y était inscrit: «Moi … implore la personne qui trouvera cette note de transmettre à ma femme, Zina … du village … de la région de … que j’ai été dénoncé au NKVD par les personnes suivantes …». Les noms et adresses de sept personnes étaient indiqués là. La note se poursuivait: «Ils ont témoigné contre moi devant le NKVD et ont proféré des mensonges. J’ai été condamné à mort et dans peu de temps je serai fusillé. Dieu sait que je suis innocent. Que Dieu pardonne leur faute, je leur ai pardonné».
Nous n’en revenions pas. Une telle magnanimité de la part d’un simple paysan qui savait qu’il allait mourir c’était incroyable. Tout le monde était ému. Nous avons informé les responsables de l’enquête et, plus tard, nous avons su que tout était vrai. Deux des personnes nommées dans la note étaient décédées dans l’intervalle, deux étaient des officiers de l’Armée rouge quant aux trois derniers, ils vaquaient paisiblement à leurs occupations, personne ne se doutant qu’ils étaient des auxiliaires du NKVD. Durant mon séjour à Vinnytsia, ils n’ont pas été arrêtés. Les Allemands, en revanche, ont soigneusement répertorié tous ces auxiliaires. Certains d’entre eux avaient même réussi à obtenir des postes administratifs pendant l’occupation, souvent en se déclarant d’origine germanique. Les Allemands n’étaient pas dupes de la manœuvre et préparaient une «blitzaktion» – «action éclair». J’ai appris par la suite que cette «blitzaktion» avait bien été exécutée par les Allemands juste avant leur départ de Vinnytsia.
Hulevych, Skrepek – entre autres – ont témoigné de la manière dont le NKVD transportait les corps depuis le quartier général du NKVD, situé au numéro 5 de la rue Dzerjinski, vers les lieux d’ensevelissement. La nuit ils voyaient et entendaient les camions en action et le matin, en se rendant au travail, ils voyaient le sang qui avait coulé des camions et ils apercevaient les subalternes du NKVD couvrir les traces de leur travail sur le site des charniers. Des témoins ont également déclaré avoir observé depuis des arbres ce qui se passait derrière les hauts murs de l’enceinte du NKVD et avoir vu des tombes creusées et des cadavres enterrés. Il était de notoriété publique dans la ville que deux Ukrainiens, qui avaient osé regarder à travers la clôture de planches malgré l’interdiction, avaient disparu et n’avaient jamais été revus. Il était également de notoriété publique qu’un garçon qui avait tenté d’escalader la clôture pour voler des pommes avait disparu sans laisser de trace après que les gardes du NKVD l’eurent pris sur le fait.
Comment opérait le NKVD
J’ai parlé avec les personnes de Vinnytsia qui ont été les premières à divulguer les informations sur la base desquelles les Allemands avaient entamé des fouilles. La commission était tombé sur une femme qui avait travaillé au siège du NKVD pendant quinze ans. Elle était âgée et ne disposait plus de toutes ses facultés mentales, mais elle se souvenait de ce qui s’était passé il y a longtemps comme si cela s’était passé hier. Lorsque les bolcheviks se sont retirés devant l’avancée allemande, elle a réussi à rester à Vinnytsia malgré les efforts des autorités pour la faire partir. Ses révélations, bien que chronologiquement vagues, étaient précieuses en ce qu’elles décrivaient les méthodes soviétiques d’enquête et de contrainte. D’anciens prisonniers du NKVD ont apporté des témoignages concordants.
L’un de ces anciens prisonniers s’appelait Dashchin, il était exilé dans la région de Kolyma et il racontait un épisode survenu dans une colonie d’extraction d’or. Il y avait dans le camp 7 000 détenus provenant de toutes les régions de l’Union soviétique et, à la fin des travaux, il était évident que les prisonniers ne pourraient être emmenés nulle part ailleurs, affaiblis par la malnutrition. Le camp de travail le plus proche se trouvait à des milliers de kilomètres. Le problème avait été résolu très simplement. Les prisonniers furent conduits jusqu’à une falaise minée qu’on a fait sauter. Dashchin était l’un des rares à avoir miraculeusement survécu à l’explosion, à réussir à traverser la Sibérie et à retourner en Ukraine.
Le NKVD procédait généralement aux arrestations la nuit, fouillait les maisons et rédigeait ensuite un procès-verbal. La Commission avait retrouvé un très grand nombre de ces protocoles, soit sur les cadavres eux-mêmes, soit dans une tombe à part où seuls des documents étaient enterrés. Toutes les personnes arrêtées étaient accusées d’être des «ennemis du peuple». Certains avaient refusé de renoncer à leur religion, d’autres s’étaient opposés à la collectivisation de leur propriété privée, d’autres encore avaient tenu des propos dangereux contre le communisme. Certains avaient été victimes de dénonciations ou de vengeances, d’autres ne s’étaient pas présentés au travail à l’occasion d’une fête religieuse, dans nombre de cas, les personnes avaient changé de lieu de travail sans l’autorisation du NKVD. Mais il y avait aussi énormément de témoins interrogés par le comité qui n’étaient même pas en mesure d’expliquer pourquoi leurs proches avaient été arrêtés. Leurs demandes adressées au NKVD ou au juge ne donnaient lieu qu’à une réponse qui tenait sur une carte standard: «ennemi du peuple, exilé pour une longue période sans droit de communication avec ses proches». Les femmes avaient fait appel à Staline et aux autorités soviétiques, mais la réponse était toujours la même. J’ai vu et lu de nombreuses cartes portant ce message. Parmi les objets trouvés dans les tombes, il y avait aussi des restes de vêtements sacerdotaux, des livres religieux et la correspondance des détenus avec les autorités de l’État et la police. Les objets découverts ont été exposés – photographies, lettres, timbres-poste et croix – et de nombreux habitants ont identifié leurs proches disparus grâce à eux.
Un groupe de religieux de la région d’Ulaniv mérite une mention spéciale. Appelé la Secte de Saint-Michel, dix-neuf de ses membres avaient été arrêtés par le NKVD et certains ont pu être identifiés dans les tombes. Ils étaient faciles à reconnaître parce qu’ils avaient coutume d’arborer une croix blanche cousue sur leurs vêtements. Des vêtements portant cette croix ont été retrouvés dans les tombes, parfois seuls, parfois encore autour du cadavre. De nombreux membres de cette secte avaient visité le charnier et reconnu leurs coreligionnaires.
Les Statistiques de la Tragédie
De mai 1943 à octobre 1943, 9 432 cadavres ont été trouvés dans trois lieux de fouilles. Il y avait 91 tombes avec des cadavres, et trois avec seulement des vêtements ou des documents. Quarante-neuf tombes contenaient de 1 à 100 cadavres, 33 de 100 à 200 cadavres et neuf de 200 à 284 cadavres. Il y avait Cent soixante-neuf cadavres de femmes, dont 120 d’un âge avancé. Selon les conclusions de la commission médicale, quarante-neuf femmes étaient jeunes ou d’âge moyen. Les cadavres des femmes d’âge avancé étaient vêtus, tandis que ceux des femmes plus jeunes étaient nus. Cela semble confirmer les rumeurs qui circulaient dans la population selon lesquelles les jeunes femmes arrêtées par le NKVD étaient soumises à des brutalités sexuelles avant d’être exécutées. On a trouvé une femme enceinte qui avait donné naissance à un enfant dans la tombe. La plupart des cadavres étaient ceux de personnes âgées de 30 à 40 ans. La plupart d’entre eux sont morts sous les balles d’un pistolet spécial. Certaines victimes avaient reçu deux balles, d’autres une seule, tandis que d’autres encore en avaient reçu jusqu’à quatre. Il y avait aussi 391 cas de crânes fracassés, vraisemblablement à coup de crosse. Les hommes les plus forts avaient les bras et les jambes liés. Des cas de tirs dans le front et à l’arrière de la tête ont été constaté.
Sur un total de 9 432 corps, 679 ont été identifiés: 468 par leurs vêtements, 202 par des documents et 2 par des marques corporelles. Du point de vue de la profession, les identifiés comprenaient 279 paysans, 119 ouvriers, 92 fonctionnaires et 189 membres de l’intelligentsia. Au point de vue de la nationalité, les identifiés se répartissaient en 490 Ukrainiens, 28 Polonais et 161 incertains, bien que les noms de ce dernier groupe suggèrent presque toutes les nationalités de l’URSS, et certaines d’Europe également.
Ces statistiques, même incomplètes, parlent d’elles-mêmes. Seul un site, celui du jardin le long de l’autoroute, avait été examiné à fond, le parc et le cimetière n’ayant fait l’objet que d’une étude partielle. Il n’est pas exclu que de nombreux autres corps aient été enterrés dans ces lieux. D’autres sites de la ville qui, selon les rapports de la population locale, avaient également été le théâtre de massacres n’ont pas été inspectées. Il a été établi que d’autres villes ukrainiennes qui avaient été des sièges régionaux et de district du NKVD avaient également été le théâtre d’exécutions massives. Des efforts ont été déployés pour vérifier les rumeurs circulant parmi la population au sujet des fosses communes à Kiev, Odessa, Jytomir, Berdychiv, Haisyn, Dnipropetrovsk, Krasnodar dans la région du Kouban et ailleurs, mais les enquêtes ont tourné court du fait des conditions chaotiques qui régnaient en Ukraine. On sait cependant avec certitude qu’à Krasnodar, où les cosaques du Kouban luttaient farouchement contre les bolcheviks pour gagner leur indépendance, le NKVD a utilisé une machine spéciale qui broyait les corps des personnes abattues et souvent encore vivantes comme s’il s’agissait de viande, et déversait automatiquement cette masse de chair dans la rivière Kouban. Cette brutalité a été confirmée par des témoins oculaires qui ont rapporté les différentes phases du massacre.
Mon compagnon de la prison de Potsdam m’a raconté qu’en 1937, des instructions avaient été données au parti communiste et au Comsomol pour nettoyer les districts frontaliers de l’Ukraine des «ennemis du peuple». Cette purge a été menée à bien. Les révélations de cet ancien Comsomol rejoignent et complètent les résultats obtenus par la commission d’enquête.
Source : iHR – Vinnytsia — The Katyn Of Ukraine (ihr.org) – Publié pour la première fois dans The Ukrainian Quarterly (New York), été 1949 (vol. 5, n° 3), pages 238-248. L’auteur, «M. Seleshko», est identifié comme un «journaliste ukrainien vivant actuellement au Canada». Republié dans The Journal of Historical Review, printemps 1980 (vol. 1, n° 4), pages 335-347.
Note de l’éditeur : Les conclusions et les travaux des commissions d’enquête mises en place par les autorités allemandes en 1943 sont détaillés dans un livre, Amtliches Material zum Massenmord von Winniza (« Matériel officiel sur le massacre de Vinnytsia »), publié à Berlin en 1944. Une édition en fac-similé de cet ouvrage a été publiée en 1999. Les conclusions des commissions qui ont enquêté sur les massacres de Vinnytsia en 1943 sont aujourd’hui reconnues par les historiens comme valables et exactes. De même, les historiens reconnaissent aujourd’hui la validité des conclusions de la commission internationale organisée par les Allemands en 1943, qui a enquêté sur les fosses communes de Katyn où avaient été enterrés des officiers polonais tués par le NKVD soviétique en 1940.
Notes critiques du Traducteur :
1 – Ce ratissage du NKVD de 1938 – 1939 qui s’est poursuivi après les purges de Moscou de 1936 -1938 et qui ne concernait que l’Ukraine, zone arrière d’un éventuel conflit avec l’Allemagne, plaide effectivement pour la thèse de Victor Suvorov dans le Brise-glace : l’Union soviétique n’a pas été surprise par la guerre, elle la préparait à grande échelle et dans tous ses aspects, elle a seulement été surprise par l’offensive allemande, du point de vue de Staline, c’est L’Union soviétique qui devait attaquer, elle a été prise à contre-pied par Barbarossa. Suvorov consacre un chapitre entier au rôle du NKVD, initialement conçu comme machine répressive sur toute l’URSS, mais réformé avant guerre dans le but exclusif de sécuriser les arrières de l’Armée rouge. Mais curieusement, Suvorov ne dit rien de Vinnytsia.
2 – La minutie, la rigueur, le sérieux de l’enquête allemande, qu’on a qualifiée de propagande, est à mettre en regard de certaines procédures de l’immédiate après-guerre de la part des Alliés, qu’on a donné en exemple de probité et de droits de l’homme.
3 – Par contre, on reste assez dubitatif devant certains témoignages, le témoin miracle qui réchappe de la falaise minée et qui parvient à traverser la Sibérie et à revenir à Kiev, la machine à hacher la viande – parfois encore vivante – pour rejeter la masse de chair dans la rivière, l’enfant disparu après avoir tenté de voler des pommes, histoire que la ville connaissait «de notoriété public» … C’est exactement le genre de témoignages que les révisionnistes auraient rejeté s’agissant de Nuremberg.
4 – En réalité, l’auteur du récit a eu tort de ne pas séparer nettement les résultats sérieux du travail d’enquête de la commission des racontars qu’il avait recueilli lui-même auprès de la population, au lieu de cela, il se permet de critiquer la «rigueur absurde» de la commission.
5 – Le récit reste néanmoins intéressant, premièrement en ce qu’il témoigne du travail de la commission, et, deuxièmement, en ce qu’il permet, indirectement, de bien faire la différence entre un travail d’enquête criminologique et un simple travail d’amateur, voire, d’affabulateur, voire de propagandiste.
Malheureusement, les Ukrainiens d’aujourd’hui ne font absolument pas la différence entre les Russes et le NKVD.
NKVD, c’est-à-dire, ceux dont les descendants piègent les biper à l’explosif pour tuer des femmes et des enfants à l’abri derrière leurs sociétés écrans.
Or, les Russes ont tout autant été victimes que les Ukrainiens du NKVD.
Pourtant, l’immense Soljenitsyne avait bien senti le danger d’un égarement des opinions des peuples d’Europe Centrale au lendemain de la fin de l’URSS. Fils d’un Russe et d’une Ukrainienne, il ne pouvait envisager une séparation entre les deux pays, et il dénonçait la pernicieuse attribution des crimes bolcheviques aux seuls Russes qui en étaient pourtant les principales victimes.
« Frères ! clamait Soljenitsyne, ce cruel partage ne doit pas avoir lieu ! C’est une aberration née des années de communisme. Nous avons traversé ensemble les souffrances de la période soviétique. Précipités ensemble dans cette fosse, c’est ensemble que nous en sortirons. »
Et maintenant, Kiev devient Kyiv – Kharkov devient Kharkiv.
Cela n’a l’air de rien, mais cela revient à passer de la prononciation historique russe à la prononciation galicienne.
Et c’est cette prononciation que nos médias veulent nous imposer maintenant.
Par exemple ici:
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/kyiv-annonce-avoir-a-bombard%C3%A9-deux-entrep%C3%B4ts-militaires-en-russie/vi-AA1qXAJd?ocid=msedgdhp&pc=ACTS&cvid=eecb541107af423fbc72b0dbe83ef194&ei=72
Les nazis ne valaient pas mieux que les communistes. Cependant, cela permet de nous rappeler ce qu’est le socialo-communisme, à l’heure où des néo-marxistes comme Mélenchon agitent ouvertement les spectres sinistres de Robespierre et Trotsky.
Le communisme ? C’est plus de 100 million de morts dans le monde !
Où trouvez-vous 100 millions de victimes du National Socialisme ?
A moins, évidemment, de décider, comme le veut la doxa, que certaines victimes sont d’une essence tellement supérieure qu’elles font oublier les autres ?
Les autres ? Pourquoi pas les victimes civiles d’Hiroshima… de Nagasaki… de Dresde… de Hambourg… s’ajoutant aux victimes du marxisme ?
Mais non ! Menu fretin, comparé à certaines victimes autoproclamées du nazisme, servilement mises en avant par les enfonceurs de portes ouvertes.
Si cet article a pour but de nous faire apprécier l’Ukraine et les Ukrainiens, désolé mais en ce qui me concerne, c’est râté !
L’irrédentisme ukrainien ne date pas d’aujourd’hui et il faudrait parler des tentatives de l’Ukraine pour se détacher de la Russie à la faveur de la révolution bolchévique. On a parlé de Stepan Bandera, il ne faudrait pas oublier Simon Petlouria.
Ce qui a pu se passer à Vinnytsia s’explique par ce conflit russo-ukrainien bien plus que par la répression communiste envers des opposants politiques, et n’a rien à voir avec cette soi-disant « préparation à grande échelle et dans tous ses aspects de la guerre contre l’Allemagne » (un fantasme qui lui-même ne s’explique que par le tropisme qu’exerce sur certains esprits, même chez nous, l’allemagne nationale-socialiste).
On veut bien soutenir les Russes, mais …
La semaine 38 de 2024, celle que nous venons de vivre, est sans doute la plus noire depuis le début de l’année.
1 – Destruction par les Ukrainiens de l’arsenal de Toropets au nord de Moscou
2 – Les Israéliens qui réussissent un super coup avec l’histoire des pagers piégés à l’explosif et programmés pour exploser en même temps.
3 – De plus, des frappes aériennes israéliennes tuent les principaux dirigeants militaires du Hezbollah.
4 – Une seule localité libérée cette semaine, Ukrainsk, l’autre localité, Georgievka avait déjà été annoncée la semaine d’avant et de nouveau annoncée cette semaine, une manipulation qui n’est pas un très bon signe.
5 – On apprend que l’Inde, membre des Brics, fournit des obus aux Ukrainiens, l’Inde est un pays faible qui a tendance à se mettre du côté du plus fort, et en l’occurrence, elle pense que c’est l’OTAN qui tient la corde et pas la Russie.
–> Dans les deux cas, Russe et Hezbollah, ils payent leur attentisme, leur absence d’initiative et d’imagination.
–> Leur refus de l’escalade n’est pas du tout une preuve de sagesse mais trahit leur faiblesse: ils ne veulent pas de l’escalade parce qu’ils ont peur de la perdre.
–> Les Russes sont incapables d’aider efficacement l’Iran et la Syrie en ne leur donnant pas les moyens d’abattre les F16 Israéliens.
–> Une retenue russe au Moyen-Orient d’autant plus coupable que la guerre contre l’Iran est voulue autant par les USA que par Israël, pour les USA, tout simplement parce que c’est le flanc sud de la Russie et que la Russie doit être définitivement détruite maintenant.
–> Rappel, les Israéliens, de leur côté, n’hésitent pas à fournir des armes à l’Ukraine.
–> Dans l’ensemble, les Russes enregistrent quelques succès, mais ils donnent l’impression de marcher en sens inverse sur un tapis roulant qui va plus vite qu’eux.
Je suis entièrement d’accord avec tout ce que vous expliquez, chez Monsieur X.
La Russie se trouve effectivement en situation d’échec total à la suite de son initiative en Ukraine. C’est un triple échec : une défaite militaire, désormais patente ; un échec politique puisqu’il a entraîné un réveil de l’otan et l’adhésion de nouveaux membres ; un recul diplomatique avec une image de la Russie partout ternie – probablement même auprès de ses quelques alliés.
Et cet échec pourrait n’être que l’arbre qui cache la forêt, c’est-à-dire qui dissimule un problème plus grave encore, et que vous avez bien senti en énumérant les signes de faiblesse multiples qu’elle montre dans tous les domaines : totalement inerte, ne faisant plus que proférer des menaces jamais mises à exécution, incapable de gagner sur le terrain, incapable d’éviter les coups, incapable de les rendre, plus encore incapable de prendre l’initiative sur les théâtres extérieurs (alors que les Ukrainiens ont fomenté, en Afrique, la récente attaque contre Wagner !), la Russie en vérité n’est plus une puissance !
Et qu’on ne nous parle pas de ses 6500 ogives nucléaires : pour commencer, je voudrais savoir combien de ses sous-marins lanceurs d’engins sont encore capables de prendre la mer… il y a gros à parier que la moitié sont rouillés dans leurs ports de mouillage.
Mais c’est pour cela qu’il faut la soutenir. En souhaitant qu’elle parvienne à se relever ou au moins qu’elle résiste assez pour ne pas disparaître comme l’aimeraient tant les étasuniens.
Qu’elle ne réussisse pas en Ukraine, qu’elle ne soit plus une réelle puissance sur l’échiquier international ne rend pas ses ennemis plus honnêtes et moins criminels.
Si la Russie passe à la trappe, il n’y aura plus de frein à l’hégémonie étasunienne et même les jours de la Chine pourraient bien être comptés.
Et à la fin, ce sera la mondialisation, avec un gouvernement unique qui sera à Washington. Ce que même les communistes dans leurs pires rêves n’étaient pas parvenus à faire.
Je ne vois pas très bien en quoi NOUS soutenons les Russes !
Ce sont plutôt EUX qui nous soutiennent et ont marqué des points AU BENEFICE DE TOUTES LES NATIONS en faisant reculer, pour la première fois depuis des décennies, la suprématie du dollar qui est la force principale de l’oligarchie mondialiste génocidaire.
Ce que les Russes n’ont pas encor gagné sur le terrain, dans leur province multiséculaire d’Ukraine, ils l’ont gagné à l’international.
Et de manière parfaitement inattendue…
Quand je dis « nous », il est évident que je veux dire nous les nationalistes, et que ce « soutien » ne va pas plus loin que la sympathie que nous avons pour la Russie, puisque nous ne sommes pas au gouvernement et n’avons aucun moyen d’agir.