L’énarque Philippe De Villiers n’a cessé, depuis son entrée dans la vie politique, de naviguer entre le RPR et une sage périphérie. Retournant une fois encore dans le giron gaulliste, il qualifiait à la fin des années 2000 son parti de « flotteur droit » du mouvement libéral-conservateur. Pour justifier ces revirements, il avança – argument imparable – que c’est avec l’UMP (ses prédécesseurs et ses successeurs) « qu’il a réalisé ses meilleurs scores ».
« J’accepte une proposition de Nicolas Sarkozy : intégrer, à la rentrée, le comité de liaison de la majorité présidentielle. Avec Jean-Claude Gaudin, Hervé Morin, Jean-Marie Bockel, Éric Besson. Le Mouvement pour la France sera la composante souverainiste de cette majorité présidentielle […] Il sera plus efficace de faire valoir la position du MPF à l’intérieur de la majorité qu’à l’extérieur. […] Il s’agit d’une entrée durable dans la majorité présidentielle pour les prochains combats électoraux »,
affirmait en 2009 Philippe De Villiers après de multiples volte-face sur le sujet (membre de l’UDF, élu RPR-UDF (1987), créateur du MPF (1994), allié au CNIP (La Droite indépendante, 1997), au RPR (1998), cofondateur du RPF (1999), recréateur du MPF (2000), appel à voter pour Jacques Chirac, pour Nicolas Sárközy quand il s’était présenté, alliance avec Libertas (2008), intégration à l’UMP (2009)), avant, l’année suivante, d’abandonner la présidence du conseil général de Vendée. Il laissa entendre ensuite qu’il renonçait à la vie politique, miné par les échecs répétés (moins de 3 % à l’élection présidentielle de 2007), par une grave maladie à la fin des années 2000 et par des problèmes familiaux.
« Ça ne sert à rien, parce que ce Parlement est une illusion d’optique – tout le pouvoir législatif de toute façon est à la Commission de Bruxelles – et puis parce que j’ai tout dit. J’ai accompli ma mission, j’ai tourné la page et puis je m’occupe du Puy-du-Fou. C’est beaucoup plus intéressant que la politique, qui est devenue un cloaque »,
affirmait-il au moment des élections européennes de 2014. Le cloaque pullulant de menteurs, il a donc décidé de replonger. Selon des proches, il s’est persuadé et affirme, comme il l’avait fait avant ses échecs de 1995 et 2007, qu’il dépassera largement les 5 % cette fois, s’appuyant pour cela sur les ventes de son dernier ouvrage – qui approchent les 30 000 exemplaires. Candidat en 2007, il s’était persuadé que le « non » à la constitution européenne l’avait emporté grâce à lui deux ans plus tôt. Il avait fini 6e derrière Olivier Besancenot malgré une catastrophique campagne de Jean-Marie Le Pen – sa directrice stratégique était sa fille Marine Le Pen –, obtenant un score deux fois moindre qu’en 1995.
L’idée d’une énième manœuvre en service commandé pour Nicolas Sárközy semble peu probable au vu de la configuration de l’élection et d’un second tour acquis pour l’heure entre Marine Le Pen et Nicolas Sárközy. Entre le chef du parti Les Républicains (LR, ex-UMP) et la dirigeante du Front national (FN), désormais à la tête d’un parti fantôme, Philippe De Villiers aurait fort à faire pour dépasser les 5 %, a fortiori avec la candidature annoncée de Nicolas Dupont-Aignan, sans compter celles d’Henry de Lesquen, de Carl Lang ou encore de Nicolas Miguet pour l’extrême droite libérale. La quête des signatures pourrait mettre un terme rapide à cette troisième candidature présidentielle : le MPF ne dispose plus qu’un seul parlementaire, un député, cinq conseillers départementaux, dix conseillers régionaux et 23 maires.