Comme tout observateur objectif pouvait le prévoir, la déferlante macroniste a bien eu lieu emportant tout sur son passage. Les électeurs se sont servis du bulletin La République en marche pour rejeter tous les partis politiques traditionnels, du PS aux Républicains, du PCF aux Verts en passant par le Front national. Certes l’abstention est très élevée (plus de 51 %), ce qui constitue un record pour des législatives depuis 1958, mais il ne faut pas se tromper sur sa signification. Il ne s’agit pas pour l’essentiel d’une manifestation de rejet des politiques ou de la démocratie (sinon les Français ne se seraient pas rués vers les urnes le 23 avril) mais d’une démobilisation somme toute logique des électeurs après un an d’une campagne électorale permanente, de multiples débats télévisés et à l’issue de huit tours de scrutin (deux tours des primaires à droite, à gauche, chez les écologistes puis deux tours de la présidentielle). En Allemagne et en Angleterre il suffit d’un seul tour de scrutin pour que le Premier ministre puisse gouverner pendant cinq ans, en France il faut gagner quatre tours de scrutin, présidentiel puis législatif, sans même parler des primaires. De plus, avec l’élection du chef de l’État le 7 mai, de nombreux électeurs ont considéré que les jeux étaient faits et qu’il fallait laisser sa chance au nouvel élu.
Ce premier tour des législatives démontre également que lorsqu’une vague se forme, elle emporte tout sur son passage. Richard Ferrand, ancien secrétaire général d’En Marche, malgré sa mise en cause très médiatisée dans une affaire peu reluisante, n’a nullement pâti de cette incrimination (il est arrivé largement en tête dans sa circonscription du Finistère) car il avait l’étiquette actuellement gagnante, celle de la Macronie. La déferlante que nous vivons (32,32 % pour l’ensemble La République en marche-MoDem) ressemble à celle de 1958 en faveur de De Gaulle, à celle de 1981 en faveur des socialistes après l’accession de Mitterrand à l’Élysée et à celle de 1993 en faveur du bloc RPR-UDF. Il ne fait aucun doute que le président de la République disposera dimanche soir d’une très large majorité, probablement supérieure à 400 députés (sur 577) et qu’il aura donc une grande marge de manœuvre, au point même de pouvoir procéder à des réformes constitutionnelles avec une majorité qualifiée. Mais n’oublions pas que le dessein de Macron c’est de tout changer pour qu’à l’arrivée rien ne change. On crée un nouvelle étiquette mais le produit est toujours le même. On change d’écurie et de cheval mais la politique menée est toujours la même, la course vers l’abîme se poursuit à vive allure.
Si Macron est incontestablement le grand gagnant du scrutin, en face il n’y a que des perdants. L’effet amplificateur du scrutin majoritaire à deux tours a fait des ravages si bien que le PS (9,51 % en comptant ses alliés) ne devrait disposer au mieux dimanche soir que d’une trentaine d’élus, que ses principaux dirigeants ont d’ores et déjà été battus, souvent sèchement, depuis son premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis à Paris jusqu’à son candidat à la présidentielle Benoît Hamon dans les Yvelines, en passant par Elisabeth Guigou, le vallsiste Malek Boutih qui a valsé, Patrick Mennucci à Marseille, Matthias Fekl, le dernier ministre de l’Intérieur de Hollande, Aurélie Filippetti, l’aubryste François Lamy et que Najat Vallaud-Belkacem est dans un ballotage très défavorable dans le Rhône. Les électeurs n’ont pas fait de différence : qu’ils appartiennent à l’aile droite ou à l’aile gauche du PS, les sortants socialistes ont tous été sanctionnés. Sauf ceux qui avaient pris le train En Marche et qui manifestement ont eu le nez creux puisqu’ils obtiennent des résultats remarquables comme le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
S’ils sont désormais la deuxième force politique du pays et qu’avec leurs alliés UDI et divers droite, ils obtiennent 21,56 % des suffrages (soit à peine plus que Fillon à la présidentielle), les Républicains pourraient diviser par deux leur contingent de députés et n’en sauver qu’une petite centaine. Eux aussi subissent de plein fouet la vague macronienne et d’autant plus violemment que le Premier ministre astucieusement choisi par le président est issu des Républicains et que les dirigeants et cadres LR sont divisés sur l’attitude à adopter à l’égard de l’Exécutif. Plusieurs dizaines de parlementaires LR et UDI pourraient ainsi voter la confiance au gouvernement.
Le résultat de la France insoumise n’est pas non plus un franc succès. Jean-Luc Mélenchon qui est certes en ballotage favorable à Marseille est bien loin de rééditer pour son mouvement le résultat obtenu le 23 avril. Avec 11,02 %, il divise quasiment son score par deux. Il est vrai que l’électorat jeune et citadin, souvent issu de l’immigration arabo-musulmane, qui l’avait plébiscité, a cette fois déserté les urnes. Mélenchon n’est donc pas certain de pouvoir constituer avec les seuls futurs élus de la France insoumise un groupe parlementaire autonome. Il aura peut-être besoin de l’appui de députés communistes, ce qu’il aurait voulu éviter, d’autant que les relations sont désormais très dégradées entre lui et “Fabien”.
Quant au Front national, il enregistre une cuisante défaite. Il subit même une véritable fessée. Que son score baisse quelque peu entre la présidentielle et les législatives subséquentes est assez habituel car il a du mal à remobiliser un électorat essentiellement populaire et peu politisé. Pour autant il n’avait jamais autant reculé en voix et en pourcentage en l’espace de seulement quelques semaines. Il perd plus de huit points (de 21,3 à 13,2 %), et même plus de vingt si l’on prend comme référence le score du 7 mai (de 33,9 à 13,2 %) et surtout il perd près de cinq millions de voix entre le 23 avril et le 11 juin, chutant de 7 679 493 à 2 990 592 bulletins. Il fait moins bien en voix et en pourcentage qu’aux législatives de 2012 : 13,2 contre 13,6 % il y a cinq ans et 2 990 592 voix contre 3 528 663. Il perd donc près de 600 000 voix alors même que cette fois il a été au second tour de la présidentielle. Son financement public devrait donc être amputé d’environ un million d’euros par an pendant cinq ans, soit cinq millions en tout. Ce n’est pas rien pour un parti déjà lourdement endetté, aux perspectives électorales plutôt sombres, miné par les divisions, dont le chef est complètement décrédibilisé et qui doit faire face à une cascade d’affaires politico-financières qui connaîtront toutes leur développement judiciaire dans les mois et les années à venir. Et dire que les dirigeants du parti se vantaient il y a peu encore d’être le premier parti de France et promettaient l’élection d’une centaine de députés !
Il y a tout juste vingt ans, du temps de Jean-Marie Le Pen, alors même qu’il y avait huit millions et demi d’inscrits en moins, le FN obtenait aux législatives près de quatre millions de voix (3 785 383 très exactement) et 14,94 % des suffrages exprimés. Autrement dit, à l’époque, sur une ligne droitière et avec un programme plutôt radical, le FN faisait nettement mieux. En vingt ans, alors même que le Grand Remplacement s’est fortement aggravé et accéléré, que l’on a connu des attentats terroristes spectaculaires et des vagues successives de nouveaux migrants, le mouvement n’a finalement pas progressé, bien au contraire. Isolé, sans alliés (l’accord avec Dupont-Aignan, en ballotage très défavorable dans sa circonscription de l’Essonne, n’aura duré que le temps d’une poignée de mains pour la photo), sans véritable ancrage territorial, hormis quelques rares îlots, sans forte personnalité, sans perspective, avec un chef discrédité à la suite d’un débat désastreux et indigne, le FN d’aujourd’hui ne saurait en rien incarner une quelconque espérance.
Pour mesurer l’ampleur de la déroute, rappelons qu’aux législatives de mars 1986, il y a plus de trente et un ans, soit l’espace d’une génération, alors que le FN venait à peine d’émerger sur la scène nationale, il obtenait déjà près de trois millions de voix (2 703 442) avec dix millions d’inscrits en moins (37 562 173 contre 47 571 350 aujourd’hui). Ce n’est même pas du surplace, c’est du rétropédalage intensif !
Cela remet en perspective les six ans de marinisme que nous venons de vivre. Pendant quelques années, la night-clubbeuse bientôt quinquagénaire a bénéficié dans les urnes, sans le mériter nullement et sans avoir fait quoi que ce soit pour cela, de la notoriété du nom de Le Pen et du FN que les Français identifiaient à des décennies de combat contre l’immigration massive et pour la défense des terroirs, des racines, de l’identité. Profitant par ailleurs des déboires, échecs et désaveux des grands partis dits de gouvernement, la Gianfranco Fini à la française a ainsi pu faire illusion quelques années. Même si un esprit attentif pouvait déjà remarquer son inculture, sa vulgarité, ses approximations dans les débats, notamment sur les questions économiques et fiscales, et son manque de conviction, de solidité doctrinale. Des naïfs croyaient qu’elle avait le feu sacré alors qu’en réalité elle ne faisait qu’aboyer. Les optimistes pensaient qu’elle était animée d’une flamme intérieure alors qu’elle n’a eu de cesse de détruire l’âme et la flamme du FN (au propre comme au figuré) et qu’elle n’est qu’une outre vide.
Si le Front national obtient un résultat catastrophique et qu’il n’aura évidemment pas de groupe parlementaire (il est même fort possible que Marine Le Pen soit la seule élue dimanche soir à Hénin-Beaumont dans une circonscription en or, à la sociologie très marquée), les autres formations que les media qualifient d’extrême droite ont également mordu la poussière. L’Union des patriotes, un cartel électoral réunissant des candidats du Parti de la France, des Comités Jeanne, du Siel et de Civitas, ne bénéficiera pas de financement public puisque seulement 41 de ses candidats (il en fallait au moins 50) franchissent le seuil des 1 % (18 pour le PDF, 15 pour les Comités Jeanne, 6 pour le SIEL, 1 pour Civitas et deux divers droite rattachés administrativement à ce cartel). Jean-Marie Le Pen, Carl Lang, Alain Escada espéraient que la déception voire le désarroi engendrés par la fin de campagne calamiteuse de Marine le Pen profiteraient à leurs candidats. Il n’en a rien été, car pour le grand public le FN reste le navire amiral de la droite nationale, et lorsque ce dernier est affaibli ou démonétisé, c’est l’ensemble de la mouvance nationale qui en subit immédiatement le contrecoup, même ceux qui avaient dénoncé depuis longtemps à cor et à cri l’impasse et l’imposture du marinisme.
Il ne faut pas se le cacher : alors même qu’aucun des maux du pays n’a été guéri (comment d’ailleurs pourraient-ils l’être dans le cadre actuel ?), que l’on s’enfonce chaque jour davantage dans le chaos moral, social, ethnique, civilisationnel, spirituel, jamais le camp dit national ne s’est trouvé dans une situation aussi désastreuse, aussi humainement désespérée. Sans chef, sans perspectives, sans corpus doctrinal, sans solutions concrètes, réalistes et crédibles. Le camp national ressemble à un immense champ de ruines. Il nous manque un Rebatet pour écrire (et décrire avec talent) ces nouveaux décombres.
L’évidence devrait aujourd’hui éclater aux yeux de tous : Marine Le Pen n’aura été qu’une marchande d’illusions. Lorsqu’elle a émergé médiatiquement sur France 3 le 5 mai 2002, au soir d’une lourde défaite de Jean-Marie Le Pen face à Jacques Chirac à l’issue de la quinzaine de la haine, elle a vendu du rêve : il suffisait, assurait-elle, de professionnaliser le mouvement, de le doter d’une culture de gouvernement (ce qu’en réalité elle n’a d’ailleurs jamais fait) pour pouvoir franchir l’écueil du second tour et parvenir enfin aux responsabilités. Il fallait surtout œuvrer à ce qu›elle appelait une dédiabolisation du parti. C’est ce à quoi elle s’est employée en éliminant ou en marginalisant les cadres et militants historiques rétifs à cette démarche dont ils avaient compris qu’elle conduirait à une dilution voire à une trahison des fondamentaux. Et c’est ainsi que l’on a fait entrer en masse des individus que rien ne rattachait dans leur histoire, dans leur parcours, dans leurs préoccupations à la droite nationale, et c’est ainsi que l’on s’en est pris pan après pan à la ligne droitière du mouvement, procédant par étapes.
Par exemple Marine Le Pen ne dit pas ouvertement dès le départ qu’elle était sans aucune réserve pour le droit à l’avortement et pour son remboursement intégral car cela était trop ouvertement contraire au programme traditionnel du mouvement et aux convictions intimes de nombreux cadres et militants. Elle procéda donc par paliers, selon la technique du voleur chinois consistant à déplacer chaque jour un objet de manière imperceptible jusqu’à ce qu’il disparaisse pour de bon sans que l’on s’en aperçoive. Dans un premier temps il fallait maintenir la loi Veil mais ne plus rembourser dans tous les cas l’IVG. Et aujourd’hui on en est à « la sanctuarisation du droit à la contraception et à l’avortement », à l’exaltation de « la liberté pour les femmes de disposer de leur corps », c’est-à-dire d’éliminer froidement un être humain doté d’une âme immortelle et d’accélérer ainsi le Grand Remplacement. Et quand on lui fait remarquer qu’en 2012 elle envisageait de dérembourser « les avortements de confort », elle assure désormais que c’était un gage donné à l’aile gollnischienne du mouvement, encore non négligeable à l’époque, mais qu’en réalité elle n’en pensait pas un mot et qu’aujourd’hui elle est elle-même. De même agit-elle en matière de révisionnisme. Lorsque Bruno Gollnisch fut attaqué pour des propos très généraux et fort prudents tenus dans une conférence de presse à propos de la question des camps et des chambres à gaz, Marine Le Pen hurla avec les loups, en condamnant ses déclarations, mais sans oser ouvertement réclamer le maintien de la loi Gayssot. Elle n’a plus aujourd’hui ses pudeurs, s’étant prononcée explicitement chez Bourdin le 17 avril dernier contre l’abrogation de cette loi mémorielle.
Des cadres du Front national commencent à comprendre que toute perspective est bouchée avec le maintien à la tête du mouvement d’une Marine Le Pen, véritable boulet. Dans un long texte publié sur Facebook il y a quelques jours, et intitulé « pourquoi je quitte le Front national », un responsable et élu frontiste de Carpentras, Julien Langard, ne mâche pas ses mots : « Depuis le 7 mai dernier et le débat catastrophique de l’entre-deux tours des présidentielles, n’importe quel Français sincère et lucide sait que Marine le Pen ne sera jamais présidente de la République, ni dans cinq, ni dans dix, ni dans quinze ans… […] elle s’est échouée dans un véritable Trafalgar télévisuel face au candidat le plus à sa portée, à savoir le dauphin de François Hollande, président le plus impopulaire de toute la Vème République ! Comment réagir devant ce constat cruel mais réaliste ? Incapable d’incarner demain celle qui pourra rassembler la droite, Marine le Pen nous conduit aujourd’hui dans une impasse. Le FN, même sous un nouveau nom, est condamné à devenir le PCF des années 70. Assis sur une grande base populaire mais incapable de la dépasser, il s’enfermera dans le rôle stérile d’éternel opposant. Personnellement je me refuse à entretenir un faux espoir de victoire auprès des militants et des électeurs qui nous font confiance. Par fidélité à un parti ou à son chef, les Patriotes français sont-ils condamnés à s’engager dans une voie que l’on sait sans issue ? Je crois pour ma part que l’opposition perpétuelle n’est pas une vocation politique. Les partis ne sont ni plus ni moins que des outils au service des valeurs que nous croyons bonnes pour notre pays. L’éviction de son président d’honneur et le départ de Marion Maréchal le Pen […] laissent un vide que la structure actuelle ne peut combler. En interne le poids des contradictions est devenu insurmontable. On ne peut prôner les valeurs d’enracinement et fonctionner selon un centralisme parisien exacerbé, on ne peut prôner la méritocratie et accepter les investitures de complaisance ou les parachutages de candidats qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. […] Enfin, on ne peut prétendre réaliser l’union des Patriotes tout en menant une guerre fratricide contre nos alliés naturels, par exemple la Ligue du sud. […] Fort de ce constat et dans le sillage du départ de Marion Maréchal le Pen, j’ai donc décidé de mettre fin à toutes mes responsabilités au sein du Front National. Dans le vaste mouvement de recomposition politique amorcé par la dernière élection présidentielle, la droite nationale, identitaire et sociale n’échappera pas à un devoir d’inventaire. Les victoires du futur seront au prix d’une union véritable, affranchie de l’ombre des partis et des chefs discrédités. »
Le problème, c’est que Marine Le Pen peut rester à la tête du FN (qui prendra un autre nom lors du prochain congrès, dans quelques mois) pendant encore vingt ou trente ans et profiter à plein, elle et quelques proches, d’un petit matelas de voix lui permettant de disposer d’un financement public non négligeable, de mandats électifs rémunérateurs lui assurant sans travailler et sans se fatiguer un grand train de vie. Que le néo-FN (ou la structure qui le remplacera) fasse 5, 10, 15 ou 20 % des voix, selon les scrutins et selon les circonstances, cela lui est amplement suffisant pour vivre très confortablement sur la bête, de disposer de domestiques, de chauffeurs et de gardes du corps, de fréquenter assidûment des palaces, de boire tous les jours, entre deux bouffées de cigarette électronique, du champagne (elle adore ça !), d’aller s’éclater, se déhancher et se trémousser sur les dancings en dansant le rock, la samba ou en entonnant les célèbres tubes de la bande à Basile, de la chenille à la queue leu leu, de se faire maquiller avant d’aller sur les plateaux télé, d’être prise en selfie par quelques derniers admirateurs transis, heureux de l’avoir vue à la télé, d’être applaudie à tout rompre par quelques naufragées de la vie traînant derrière elles leurs chihuahuas et s’époumonant jusqu’à l’apoplexie « Marine, Marine, Marine », d›être encensée par une cour de gitons lui répétant qu’elle est la plus belle, la plus intelligente, la plus merveilleuse des créatures que la terre ait portée. N’oublions pas que cette night-clubbeuse invétérée, élevée avec une cuillère d’argent dans la bouche, n’a pour ainsi dire jamais travaillé de sa vie et a vécu gracieusement chez son père jusqu’à ses presque cinquante ans. Un père qu’elle a chassé et humilié du parti qu’il avait fondé et dirigé alors que ses conseils, sa culture et son expérience irremplaçable eussent pu lui être fort utiles pendant la campagne présidentielle et lui auraient sans doute évité bien des erreurs et des ratages.
Mais que la France et son peuple crèvent, la Marine n’en a cure tant qu’elle garde sa sinécure. Elle a plusieurs fois répété qu’elle ne devait rien à personne et a redit au soir du premier tour : « Nous n’avons rien à nous reprocher » Un tel aveuglement, un tel orgueil laissent pantois. D’ailleurs des responsables FN de Roubaix et de Tourcoing font face actuellement à une procédure disciplinaire en vue de leur exclusion car ils avaient osé critiquer publiquement la campagne et le débat de la harpie. Un crime de lèse-majesté ! Preuve que son mea culpa du bout des lèvres pour sa prestation pathétique du 3 mai était une pure opération de communication dépourvue de toute sincérité. Comment une telle personne pourrait-elle de toute façon se remettre sérieusement en question, elle à qui tout est dû ?
En s’obstinant à rester à la tête du mouvement pour garder son magot électoral et financier et mener la dolce vita, avec sa bande de fêtards amoraux et dégénérés, elle neutralise et tue à la source toute possibilité de créer une alternative crédible à sa droite car pour cela il faut des moyens matériels très importants, un chef incontesté et il faut être invité par les grands media, sinon l’on n’existe pas politiquement. Or dans le camp national et nationaliste aucune de ces trois conditions nécessaires à une véritable émergence politique n’est actuellement remplie. Et les media ont tout intérêt à continuer à ériger Marine Le Pen en seule représentante légitime du camp national tant elle le caricature et le discrédite par son incompétence et tant elle le trahit par ses réflexes et son tropisme de gauche. Le plus probable est donc qu’une Marine Le Pen totalement carbonisée et privée de toute espérance du pouvoir continuera à diriger un parti croupion vidé de ses militants et de têtes pensantes et où ne resteront que des apparatchiks, des opportunistes en quête de nouvelles investitures et des émoluments les accompagnant et des habitués des chars de la Gay Pride. Et dire que tant de personnes sincères ont sacrifié leur travail, leur vie de famille, leurs loisirs, leurs deniers pour en arriver là ! C’est peu de dire que le gâchis est immense.
Éditorial de Rivarol n°3287 du 15/6/2017