Il n’est pas rare de voir utiliser, jusque dans les milieux de l’opposition nationale ou de la « dissidence », les termes « fachisme » ou « nazisme » accolés à des idéologies ou des courants politico-religieux que l’on veut combattre afin de les dénoncer. Comme, en vrac, « islamo-fachisme », « écolo-fachisme », « capitalo-fachisme », « ukro-nazis » ou même « judéo-nazis »… Procédé condamnable à plusieurs titres.
D’abord parce que « fachisme » et « nazisme » sont des concepts qui ont été totalement déconstruits (par rapport aux réalités historiques et politiques que furent le fascisme et le national-socialisme) à grands coups de propagande unilatérale par ceux qui se situent eux-mêmes dans le camp des « vainqueurs » de la Seconde Guerre mondiale.
Ensuite parce que les deux concepts ont été reconstruits de façon fantasmatique par les partisans de l’idéologie « antiraciste » pour en faire des synonymes de « mal absolu » et disqualifier tous ceux qu’il leur plaira de les en affubler.
Et enfin, en conséquence, parce que leur utilisation conduit à ancrer sa propre pensée et son propre discours dans le cadre mental fixé par les « antiracistes » et donc à en accepter les présupposés biaisés et à en valider leurs falsifications.
Nous reviendrons dans un prochain article sur l’usage, en lien avec l’actualité internationale de la guerre en Ukraine, des barbarismes « ukros-nazis » et « judéo-nazis » qui méritent une attention particulière.
En attendant, voici un extrait d’un article de CE Boilard, publié dans le magazine de nos camarades québécois Le Harfang, contribuant à dissiper certaines des interprétations erronées de la doctrine fasciste.
[…]
Pour avoir une image juste du fascisme, il importe de comprendre ce qu’il n’est pas, ce qui suppose de réfuter les interprétations erronées colportées par ses ennemis pendant plus d’un siècle.
– Le fascisme n’aurait pas d’idéologie et sa doctrine serait irrationnelle
La négation de l’existence d’une véritable idéologie fasciste provient des marxistes et on comprend facilement pourquoi. Chez les marxistes, les discussions politiques prennent la forme d’un verbiage abscons et une divergence mineure sur un point de doctrine peut conduire à l’exclusion, voire à la mort à une certaine époque. Par comparaison, l’idéologie fasciste apparaît fruste. Toutefois, ce n’est pas parce que celle-ci est un syncrétisme s’appuyant sur quelques idées simples puisées à des sources diverses qu’elle colle moins à la réalité et cela ne l’a pas empêchée d’avoir une force de conviction considérable auprès de ses adhérents. Le fascisme fait appel aux sentiments et aux réflexes traditionnels du peuple : sentiment d’appartenance à la communauté, sens du devoir et du sacrifice, goût de l’action et de la lutte. Dans leurs manifestations, les fascistes ont recours à une mise-en-scène spectaculaire, à une esthétisation du politique. Cela ne fait pas du fascisme une doctrine irrationnelle, mais une idéologie qui touche à la fois l’esprit et le cœur et qui est adaptée à la capacité de compréhension du peuple dans son ensemble, plutôt que d’une minorité d’initiés comme dans le cas du marxisme.
– Le fascisme serait anti-démocratique et opposé à tout pluralisme
Tout dépend de ce qu’on entend par démocratie, un mot très galvaudé de nos jours. Si l’on réfère à l’entendement qu’en ont les libéraux, à savoir un régime dans lequel le parti ayant obtenu le plus de votes lors d’élections périodiques manipulées accède au pouvoir, pour ensuite gouverner en se pliant aux pressions des médias et des groupes d’intérêts, alors, le fascisme n’est certes pas « démocratique ». Si être démocrate c’est, comme le prétendent les adeptes du marxisme et de la rectitude politique, reconnaître à des idéologues prétendant connaître le sens de l’Histoire le droit d’imposer leur tutelle au reste de la population, alors, le fascisme n’est pas « démocratique ».
Le fascisme est une autre sorte de démocratie, qu’on pourrait qualifier de mystique (certains ont parlé de socialisme héroïque). Pour le fascisme, la démocratie, ce n’est pas la liberté, l’égalité ou les droits individuels, mais ce qui se produit lorsque tout un peuple, confronté à un danger imminent pour son existence, se montre unanime dans l’expression de sa volonté de survie. Pour catalyser cette volonté générale, le chef charismatique joue un rôle essentiel. Il réalise en sa personne l’unité du peuple, non seulement le peuple actuel, mais également le peuple passé et le peuple futur, ce que le vote majoritaire périodique des régimes libéraux est incapable de faire. L’unité du peuple accomplie par le chef trouve son expression charnelle dans la manifestation de masse, lors de laquelle le peuple exprime physiquement son adhésion, dans ce qui constitue véritablement une forme de démocratie directe. Sans le chef, la population n’est, pour reprendre Hobbes, qu’une masse informe, une assemblée confuse. Le chef peut accéder au pouvoir par une élection, une révolution ou une combinaison politique, mais ce qui légitime son autorité, c’est son aptitude à incarner les aspirations du peuple et à réaliser son unité.
Malgré leur volonté d’unanimité, les régimes fascistes ont laissé subsister un certain pluralisme dans la société. Leur pragmatisme contraste à cet égard avec le dogmatisme des régimes communistes, qui se sont efforcés de faire table rase de toutes les institutions sociales et économiques préexistantes. De leur côté, les fascistes ont plutôt encouragé la famille traditionnelle, maintenu l’entreprise privée et conservé une place à des institutions comme la monarchie, l’Armée, les Églises, le système judiciaire, la haute fonction publique, se contentant de les mobiliser pour la poursuite des objectifs de l’État. C’est pourquoi certains ont décrit les régimes fascistes comme des polyarchies. Rien n’exprime mieux l’approche des régimes fascistes que le propos que Hermann Rauschning prêtait à Hitler, dans le livre auquel il doit sa notoriété : « nous nationalisons les âmes, pourquoi nous tracasserions-nous avec des bagatelles comme la propriété des moyens de production ? »
– Le fascisme serait synonyme de répression et d’atrocités
Cette accusation a été répétée tant de fois qu’elle a fini par représenter toute l’idée que le commun des mortels se fait du fascisme. Venant des marxistes, elle ne peut que susciter de l’ironie. Les régimes communistes sont dirigés par une petite clique coupée de la population culturellement et parfois même ethniquement. Arrivée au pouvoir par la force et sous de faux prétextes, elle se constitue en classe privilégiée qui soumet la société à des expériences sociales et économiques aux résultats souvent désastreux. Un tel régime ne peut se maintenir que par une répression féroce.
La situation est bien différente dans un régime fasciste. Certes, celui-ci ne peut se passer d’une certaine répression, ne serait-ce que pour éviter une résurgence de la révolution marxiste, mais cette répression ne joue qu’un rôle accessoire. Un régime fasciste étant issu d’un sursaut héroïque du peuple, ses principaux ressorts sont l’enthousiasme, le sentiment d’appartenance à la communauté, le sens du devoir et du sacrifice.
Une comparaison des appareils répressifs des régimes communistes et fascistes montre bien qu’ils étaient moins importants dans les seconds, comme d’ailleurs le nombre de personnes incarcérées ou exécutées pour leur opposition. Par ailleurs, il y avait, en 1942, moins de personnes emprisonnées pour leurs opinions politique et leur appartenance ethnique en Italie qu’au Canada !
Quant aux atrocités qu’on reproche au fascisme, il faut souligner que la période1914-1960 fut particulièrement propice aux effusions de sang et que les fascistes ne furent pas les seuls fautifs, loin de là. La guerre 1914-1918 a été marquée par des hécatombes massives, qui ont affaibli le respect de la vie humaine chez plusieurs de ceux qui les avaient vécues, dont plusieurs devinrent les militants politiques des années 1920 et 1930.
De plus, la révolution russe et la guerre civile qui l’a suivie se sont accompagnées de tout un cortège d’atrocités, ce qui a eu pour effet, dans les pays menacés par la révolution communiste, que bien des gens soient prêts à tout pour l’empêcher. Il est néanmoins regrettable que certains régimes fascistes aient choisi de répondre aux atrocités communistes par les leurs. Cependant, sans vouloir se livrer à une comptabilité macabre de l’horreur, une comparaison entre le régime national-socialiste et le régime stalinien révèle que les pertes de vies attribuables au premier sont moins nombreuses que celles imputables au second, lorsqu’on fait abstraction des pertes militaires, pour lesquelles la disproportion s’explique en bonne partie par les tactiques soviétiques consistant à lancer des masses de soldats mal armés dans des attaques frontales sans espoir.
Fait à remarquer, les victimes du national-socialisme furent principalement des étrangers (en incluant les Juifs), alors que le stalinisme s’en est surtout pris à la population de l’URSS. Le bilan en pertes de vies des règnes de Lénine et de Staline a d’ailleurs été surpassé, dans les années 1950,1960 et 1970 par celui de la Chine maoïste.
– Le fascisme serait au service des possédants, un outil du capitalisme
Cette accusation illustre la tendance des marxistes à tout ramener à une lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, mais elle est infondée. Il est vrai que les partis fascistes, surtout lorsqu’ils s’approchaient du pouvoir, ont reçu des contributions de patrons (comme d’ailleurs les bolcheviks en ont reçues provenant de banquiers juifs), mais il s’agissait du tribut versé à une puissance qu’on jugeait prudent de ménager, et non de la solde d’une force mercenaire.
Après la prise du pouvoir, c’est le gouvernement fasciste qui donnait des ordres aux chefs d’entreprises, et non l’inverse.
Héritier de la fraternité des combattants des tranchées, le fascisme n’était pas un parti de classe. Toutes les classes étaient représentées parmi les dirigeants, les militants et les électeurs du parti, même si le contingent le plus important provenait des classes moyennes. Refusant l’égalitarisme dogmatique, le fascisme s’est efforcé de favoriser une mobilité sociale guidée par le principe du mérite. En raison de sa vision communautaire de la Nation, il s’est montré très sensible aux questions de justice sociale et les gouvernements fascistes ont été, dans l’Europe de l’entre-guerres, des précurseurs en matière de programmes sociaux.
– Le fascisme serait réactionnaire et tourné vers le passé
L’attachement du fascisme aux traditions est un corollaire de son nationalisme et c’est pourquoi il s’oppose à ceux qui, par goût de la nouveauté à tout prix, sont prêts à en faire table rase. Toutefois, le fascisme n’est enclin à défendre les valeurs et institutions issues de la tradition nationale que dans la mesure où les comportements qu’elles favorisent contribuent à la survie de la Nation. Il est prêt à modifier ou remplacer ce qui n’est plus fonctionnel, en s’efforçant de réaliser une synthèse optimale entre tradition et modernité.
[…]Source : Le fascisme, au-delà de la caricature, CE Boilard, Le Harfang, vol.10, n04, été 2022
Cette analyse est très intéressante, mais reste toujours à approfondir.
Les populations ne font que reprendre, en fonction de ce qu’il ont entendu, quelques éléments réducteurs. Les fascismes, les communismes, les démocraties sont différents les uns des autres en fonction de leurs contenus idéologiques, de leur application, des époques. C’est aussi valable pour les nationalismes, les socialismes, les anarchismes, les écologismes, les islamismes. De plus, les différences entre toutes ces idéologies sont souvent minces.
Je suis peut-être idéologiquement genre, lol, ou plus sérieusement, que moi-même, car je trouve qu’il y a des éléments intéressants auxquels j’adhère, dans toutes les vraies idéologies ( que je ne confonds pas avec les partis politiques avec leurs cuisines électorales). Je suis hostile au mariage pour tous, au droit à l’avortement ( comme si enlever la vie pouvait être un droit) hormis pour les cas exceptionnels de mise en danger de la maman ; je suis pour le pluralisme identitaire. Je pense que chacun est propriétaire de son identité et que les identités ne s’opposent pas. Je suis aussi antiraciste au nom des droits humains et de l’égalité humaine, mais contre l’usage raciste et sélectif des lois dîtes » antiracistes ». Je suis aussi pour le pouvoir de l’humain souverain et contre le pouvoir des lobbies.
En marge de ce très intéressant fil :
– Le poids idéologique des fascisme et nazisme détermine toujours les références des discours et des pseudo-réflexions politiques. C’est utile à trop de monde…
– l’image fantasmée du nazisme et du fascisme pèse lourdement sur les modes des jeunes nationalistes, d’où le folklore « nazillon » bien connu (depuis soixante ans), et l’impossibilité de sortir d’un « nazisme » de caricature qui fait le fond de certains milieux censés décomplexés, mais inefficaces (DP).
– La bataille pour les mots a été perdue avec, ou avant, celle des armes.
– Il est vain de chercher à « réhabiliter » fascisme et nazisme (c’est l’illusion d’un Vincent Reynouard, qui aurait mieux fait de se concentrer sur des points historiques précis sans grandes proclamations NS).
Nous savons bien que fascisme et nazisme, ce n’était pas « cela ». Mais l’enfermement dans le dilemme « endosser » ou « s’excuser » est l’un des plus dangereux ennemis des nationaux. Incapables de reformuler et d’actualiser ?
Faudrait commencer par proscrire complètement l’emploi du mot « Nazisme » .
Inventé par un journaliste juif pour discréditer le National socialisme, ce fut un succès total puisque c’est un synonyme de mal absolu.
Le pire est qu’il est encore et toujours employé dans nos milieux nationaux, par ignorance, inconscience ou facilité. Rendons hommage à Vincent Reynouard qui n’est jamais tombé dans ce piège et qui s’est attaché à démontrer les qualités de la doctrine et ses effets sur le redressement de l’Allemagne Hitlérienne.
Oui, c’est vrai.
On dit national-socialiste ou plutôt Socialiste national.
Mais j’ai bien peur que le courant ne puisse pas se remonter.
La notion de socialisme est bien dévalorisée, et celle de nationalisme marginalisée.
Nous savons aussi que l’une et l’autre ont servi à couvrir bien des marchandises, et bien des échecs (et sanglants, qui laissent des traces…). On peut bien sûr idéaliser une doctrine sous ces mots, mais il sera difficile de les remettre en circulation avec un contenu qui ne soit pas un boulet.
Par-delà les doctrines, pouvons-nous inventer de nouveaux champs sémantiques, comme certains avaient su le faire il y a un siècle ?
Les travaux de Reynouard auraient eu plus de portée s’il s’était abstenu de se présenter (sincèrement) comme un N-S et réhabilitateur de AH. Porter des coups à l’ennemi par des travaux exacts, ce n’est pas sortir de la tranchée en gants blancs face aux mitrailleuses… Malheureusement, c’est l’attitude d’un Ryssen, d’un Aigle Noir, d’un Reynouard, et d’autres. Rien à reprocher à leur travail, ni à leur courage, mais où est la stratégie ?
La révélation de certaines vérités tombera à plat, parce que quatre-vingts ans de rééducation ne se remontent pas, et qu’il faut compter avec un facteur nouveau : l’indifférence aux savoirs. « Hommage à AH », « Réhabiliter le Nl-Sme », pourquoi pas ? Mais quel est le résultat pratique ? Est-ce que la proclamation politique est utile à la critique historique et à sa vulgarisation globale ? Ca ne va pas Le ramener, hum.
Je ne prétend pas avoir de réponse toute prête.