Fureur associative alors qu’une grande université allemande conserve le nom d’un antisémite
Une grande université allemande a voté en faveur du maintien de son nom, celui d’un antisémite notoire — suscitant la fureur des associations juives.
L’université Eberhard Karl de Tübingen, près de Stuttgart, ne renoncera pas à son nom malgré les appels en ce sens – le comte Eberhard Im Bart aurait été un antisémite virulent du XVe siècle qui aurait expulsé les juifs de la ville.
Hanna Veiler, vice-présidente de l’Union des étudiants juifs d’Allemagne (JSUG), a déclaré au JC que la décision de l’université était « extrêmement décevante », tandis que Michael Blume, le commissaire contre l’antisémitisme de l’État du Bade-Wurtemberg, où se trouve l’université, l’a qualifié de « mauvaise ».
Mme Veiler a déclaré : « Bien sûr, nous respectons le fait qu’il s’agisse d’une décision démocratique, mais nous sommes très déçus. Nous sommes bien conscients qu’on ne peut pas changer l’histoire, mais nous avons la possibilité d’en tirer les bonnes conclusions, l’université a refusé de saisir cette chance ».
Dans une déclaration écrite au JC, M. Blume a déclaré : « Le fait que l’assemblée de mon alma mater ne m’ait même pas écouté avant de prendre à la hâte sa décision malheureuse, en dépit de ma lettre de soutien aux étudiants juifs, parle de lui-même ».
Fondée en 1477, l’université est internationalement reconnue et compte 11 prix Nobel à son actif.
Dans l’espoir de mettre fin à une controverse qui dure depuis des années, l’université avait confié à une équipe de six historiens experts la charge de déterminer dans quelle mesure le comte Eberhard pouvait être considéré comme antisémite. L’enquête menée par Sigrid Hirbodian, directrice de l’Institut d’histoire régionale de Tübingen, se concluait ainsi dans son rapport : « L’antisémitisme d’Eberhard ne diffère en rien de celui de la grande majorité de ses contemporains et de ses pairs ».
Le conseil d’administration de l’université a voté le maintien de son nom par 16 voix pour, 15 contre et 2 abstentions, comme une majorité des deux tiers était requise, l’université continuera de s’appeler Eberhard-Karls-Universität Tübingen.
M. Blume a déclaré : « Je considère que l’acquittement du comte Eberhard im Bart est historiquement injustifié et intolérable et je suis persuadé qu’il y aura un nouveau vote dans les prochaines années: personne ne devrait être tenu d’étudier dans une université qui porte le nom de quelqu’un qui faisait profession de haïr les Juifs et qui les expulsait ».
Il avait suggéré au recteur de l’université, Bernd Engler, que l’université soit renommée en l’honneur de la mère d’Eberhard, Mechthild von der Pfalz, bibliophile et protectrice des arts.
Les campagnes étudiantes durent depuis les années soixante-dix. Mme Veiler écrivait l’an dernier dans le Jüdische Allgemeine : « Comment se fait-il qu’avec tous ces politiciens allemands qui prétendent en permanence avoir retenu les leçons de l’histoire, que des étudiants juifs doivent encore déambuler dans des bâtiments qui portent le nom d’un antisémite notoire ? Et comment se fait-il que les étudiants soient tenus si éloignés des débats ? Nous sommes décidés à ne plus tolérer davantage la réticence des institutions allemandes à se défaire de leur passé d’antisémitisme ».
Autre nom proposé pour l’université, celui d’Ernst Bloch, un philosophe marxiste juif décédé en 1977 et qui reste une figure populaire auprès des étudiants radicaux. Les bannières portant « Ernst Bloch University Tübingen » sont courantes lors des manifestations de gauche.
Cependant, certains étudiants juifs veulent que le nom reste le même. Josef Peskin, membre du conseil d’administration de l’Association des étudiants juifs de la région de Baden, a déclaré à la JC : « Le JSUD (Jüdische Studierendenunion Deutschland) a lancé l’année dernière une campagne à grande échelle : « Se souvenir, c’est changer ». Mais en précisant que changer ne veut pas dire supprimer et effacer, changer c’est aussi changer de perception : si on se contente d’effacer, on perd définitivement la possibilité de se confronter au personnage ».
Le maire controversé de Tübingen, Boris Palmer, d’origine juive, est également opposé au changement. Il postait ainsi sur Facebook : « Cette demande relève clairement de la culture d’annulation. Les marques d’antisémitisme d’Eberhard ne détonnent en rien dans le contexte de l’époque ». Malgré les tentatives réitérées du JC, M. Palmer n’était pas joignable.
L’an dernier, l’Université Beuth de Berlin avait changé son nom en Université des sciences appliquées et de technologie de Berlin en raison du passé antisémite de l’homme d’État prussien du XIXe siècle Christian Peter Wilhelm Beuth.
Rob Hyde, 4 août 2022
Traduction : Jeune Nation
Source : Fury as top German uni votes to keep antisemite in its name – The Jewish Chronicle (thejc.com)
Non mais c’est qui c’est qui commande à la fin?
Le début de la reconquista?
Cet article est très intéressant, j’y ai appris beaucoup de choses que j’ignorais. Je ne savais pas que dans certaines ( ?) villes d’Allemagne, il y avait des commissaires contre l’antisémitisme… même si l’on n’en manque pas en France, sous d’autres appellations.
Ah, cette accusation » d’antisemitisme » fourre-tout, qui sert à tout, » justifie » et permet tout , contre laquelle bien peu de personnes s’insurgent…
Toutes ces gesticulations philosemites, aussi grotesques soient elles, vont finir par obliger les plus indifférents à la question juive à choisir leur « camp »; et pour les plus rétifs aux dogmatismes les plus totalitaires, ce ne sera pas le camp du shoatisme. Même le juif moyen, aussi loyal soit il à son club, finira bien par s’apercevoir de la supercherie
« refuse de se débaptiser »:
titre plus violent qu’il n’y parait
= refuse de se déchristianiser pour se soumettre à l’étoile à six branches
Par contre, en Californie, la bibliothèque de l’université d’Etat vient d’être « débaptisée »
Ce ne sera plus la bibliothèque Henry Madden, un sympathisant national-socialiste.
https://www.jta.org/2022/07/15/united-states/a-california-university-will-rename-a-library-building-previously-named-after-a-nazi-sympathizer
voir aussi
https://www.washingtonpost.com/education/2021/11/30/fresno-state-library-name-antisemitism/