Entretien d’Yvan Benedetti à Jérôme Bourbon pour le journal Rivarol paru dans le numéro 3554 daté du 22 février 2023
Militant nationaliste indomptable, infatigable et valeureux depuis plus de 35 ans, ancien président de l’Œuvre française, exporte- parole du Parti nationaliste français (PNF), Yvan Benedetti, 57 ans, devenu chef des Nationalistes en novembre 2022 lors du congrès de refondation, à Lyon, répond en toute liberté à nos questions au sujet de l’actualité politique nationale et internationale, de sa doctrine, de sa stratégie et de ses objectifs. Et aussi de la répression politique et judiciaire qui le touche. Comme nous le répétons régulièrement, les réponses et analyses des personnes interviewées dans nos colonnes et qui s’expriment librement n’engagent qu’elles-mêmes.
RIVAROL : Vous venez d’être condamné le 27 janvier à 10 000 euros d’amende, sous forme de jours-amende et à 3 500 euros de dommages et intérêts et de remboursement de frais d’avocat à la LICRA. Vous faites appel du jugement. Que vous inspire cette condamnation ? Vous avez également d’autres poursuites en cours. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Yvan BENEDETTI : Difficile de tenir mon agenda judicaire à jour tant la répression s’est accrue et durcie depuis que la doublette infernale Darmanin — Dupond-Moretti est arrivée aux affaires. Ils n’ont plus aucune retenue, tant en matière de lutte contre les libertés individuelles que collectives. Ce n’est pas à RIVAROL que je vais apprendre cela. Vous êtes en première ligne dans cette guerre contre la censure. Plus personne n’échappe à leur fureur répressive, ni en exil à l’étranger, ni pour ceux qui mènent le combat en France comme vous et moi. Au terme d’une véritable chasse à l’homme, Vincent Reynouard a été arrêté et incarcéré et Boris Le Lay fait l’objet de toute l’attention de la police politique du régime. Jusqu’à maintenant, le site Démocratie Participative arrive à contourner toutes les formes de censures mais son ton très hara-kiri et célinien fait enrager le pouvoir.
Devant le Sénat récemment, Moussa Darmanin s’est vanté d’avoir dissous onze associations et groupuscules. En cela, il pratique la politique du bouc émissaire qui lui permet de rejeter la violence, principalement issue de l’immigration, sur les nationalistes — quand ce n’est pas sur les supporteurs anglais — et utilise les moyens de l’Etat pour régler des comptes personnels, compte tenu de ses origines et de son grand-père algérien. Naguère, les procédures d’interdiction étaient exceptionnelles. Les hommes de pouvoir savaient qu’il ne fallait pas trop contraindre les oppositions au risque de se prendre un retour de manivelle de l’opinion publique. François Mitterrand s’étaient ainsi personnellement opposé à la dissolution de l’OEuvre française et de l’Association de Défense du Maréchal Pétain exigés par le CRIF. Aujourd’hui, un simple décret et une signature du président de la République, après une procédure contradictoire de pure forme, suffisent pour interdire n’importe lequel des mouvements, qu’il soit de nature locale ou d’envergure nationale. Aux interdictions de structures politiques et associatives s’ajoute l’interdiction de manifester.
L’année dernière, notre défilé annuel en hommage à Sainte Jeanne d’Arc a été interdit dans l’indifférence générale. Nous avons dû nous contenter d’un rassemblement statique au pied de la statue de Rivoli à une heure décalée. Et le 4 février 2023, notre marche aux flambeaux d’hommage aux morts du Six-Février a été interdite par le Préfet de police de Paris, Laurent Nunez, et l’interdiction a été confirmée devant le Tribunal administratif de Paris sous prétexte que l’organisateur, votre serviteur, a été condamné à de multiples reprises, notamment pour maintien et reconstitution de ligue dissoute, concernant l’OEuvre française. On le voit, la répression nourrit la répression. En ce qui me concerne, j’ai cinq procédures en cours : deux en première instance et trois en appel dont celle concernant la vidéo d’Hervé Ryssen sur l’inceste que nous avions diffusée sur notre site d’information Jeune Nation et l’affaire de la caméra du « Petit Quotidien ». Cette dernière exceptée, toutes sont des affaires de presse, jugées par la “fameuse” 17ème chambre correctionnelle de Paris, distributeur automatique de condamnations. Aujourd’hui, que l’on se présente ou pas, que l’on accepte de répondre aux questions ou que l’on se taise, au bout, c’est la même guillotine judiciaire, avec une dérive financière de la justice, à l’anglo-saxonne, des jours-amende. Soit l’on paye, avec une remise de 20 % (qui ne peut excéder 1500 euros) si paiement avant 30 jours, comme pour les soldes, soit c’est la prison. Et j’ai toujours annoncé que je ne payerai pas. Comme je n’ai pas de fortune personnelle, je ne veux pas que l’argent des militants serve à renforcer le système.
Ainsi donc, lors de mon procès du mercredi 15 février 2023, qui concernait un article de Jeune Nation dénonçant l’immigration africaine, j’ai refusé de répondre aux questions et je me suis contenté de lire le poème de Robert Brasillach, « le Jugement des juges », écrit à la prison de Fresnes quelques jours seulement avant son exécution. Autant vous dire qu’ils étaient plutôt en colère ! Je pense qu’il faut hausser le ton vis-à-vis de ces juges très politisés. 4 mois de prison ferme ont été requis contre moi par le ministère public. Jugement le mardi 11 avril.
Face à cela, il ne faut pas se taire et dénoncer la répression partout où elle opère, même si la réciprocité n’est jamais assurée. C’est tout à votre honneur d’avoir soutenu le site d’information France Soir. La lutte contre la répression ne se divise pas. Même si, pour certains, je remarque que le champ de la liberté d’expression s’arrête aux frontières fixées par le judapo. Ils ne comprennent pas qu’après nous, ce sera eux. Avant la dissolution des identitaires, il y a eu celle de l’OEuvre française. Après la répression contre RIVAROL, il y aura celle contre Valeurs Actuelles ou TV Libertés… Il faut aussi serrer les rangs et compter sur l’aide de nos amis. Seuls, nous ne sommes rien. Enfin, la répression ne doit pas nous faire dévier de notre combat dont elle est une des conséquences. C’est pour cela que des associations ont pour objet de nous aider à faire face, afin que l’on ne dévie pas de notre but. C’est le cas de l’association Le Clan qui m’a toujours soutenu. Et je tiens à l’en remercier pour cela.
R. : Que pensez-vous de la techouva de Dieudonné ?
Y.B. : Tout cela est bien triste et le spectacle ne nous fait plus rire. Au-delà d’une nouvelle provocation de l’artiste, il y a des propos qui ne sont pas anodins et qu’il faut dénoncer. On ne peut pas mettre à égalité Israël et la Palestine, les bourreaux et les victimes, les tueurs de femmes et d’enfants, de journalistes et d’infirmières et des Palestiniens qui ne font que défendre une terre qui leur a été volée. Mais cette reconnaissance implicite de l’entité sioniste devait être le prix à payer pour que sa demande de pardon, publiée dans Israël magazine, fût validée tout à la fois par l’ambassadrice d’Israël et par le grand rabbin.
Mais demande de pardon ne veut pas dire pardon. Dieudonné espère Yom Kippour, j’ai bien peur qu’il n’y ait pour lui que Pourim et vengeance d’Esther. Il est allé trop loin dans la contestation du Dogme. Détestables aussi sont ses références constantes à ses seules racines africaines, lui le métis de Breton qui a fait toute sa carrière en France. Il dit chercher un humoriste juif qui pourrait monter sur scène pour donner la réplique à un comique iranien. Pourquoi ne demanderait-il pas à Eric Zemmour de tenir ce rôle ? Les comiques sépharades ont la côte dans le cinéma français. Trêve de plaisanterie ! Cette demande de pardon où il convoque Jésus, Benoît XVI, Poutine, Zelensky relève d’un bric à brac intellectuel improbable. Cela n’a pas de sens. Quand on se moque de tout, on ne respecte plus rien. Le Dieudo qui ravalait la religion shoatique au rang de simple superstition nous faisait rire. Celui qui propose au grand rabbin de France d’aller ensemble à Auschwitz… nous ferait presque pleurer.
N’oublions pas qu’à la mort du professeur Faurisson, il avait écrit qu’ il était le seul homme pour lequel il allait s’imposer un devoir de mémoire. En fait, le seul côté positif de cette histoire, c’est la désignation, par ricochet, des censeurs et des véritables maîtres du jeu politique. Quand Houellebecq tient des propos qui déplaisent au recteur de la mosquée de Paris, le grand rabbin intervient, l’écrivain s’excuse. Quand Dieudonné veut présenter sa demande de pardon, le grand rabbin intervient, Israël magazine publie. CQFD ! Il faut faire preuve de cécité pour ne pas voir l’évidence. Cela dit, la peur rend aveugle. Lors du discours de création du Parti Nationaliste en 1959 déja, Pierre Sidos avait exigé la séparation de la synagogue et de l’Etat. Cette priorité est toujours d’actualité. Plus qu’une demande de pardon, qui par bien des aspects a une dimension commerciale, comme souvent avec l’artiste, j’ai l’impression que Dieudonné demande pitié. L’homme arrive au bout d’un parcours.
On voit là les limites de l’engagement individuel, fondé uniquement sur le ressentiment personnel. Lui, le porte-parole des antiracistes, il avait compris qu’on lui avait menti et qu’il avait été manipulé : il avait joué le rôle du bon “nègre” manipulé par les “bwanas” de l’UEJF lors de la création de SOS Racisme afin de manipuler les colères naissantes des enfants d’immigrés moins soumis que leurs parents. Un engagement militant doit avoir une dimension positive. En ce qui nous concerne, nous nationalistes, ce moteur est celui de l’amour. Amour que nous avons pour notre France, sa terre, ses morts, son histoire, amour que nous portons pour notre sang, notre sol et notre Ciel. Jamais nous ne trahirons cela. C’est pourquoi je peux vous affirmer, sans hésitation, vous pouvez me faire confiance, la techouva ne passera pas par moi
R. : Approuvez-vous les manifestations contre l’actuel projet de réforme des retraites ?
Y.B. : Non seulement je les approuve mais je les soutiens ; et cela sans y participer et sans me faire d’illusions. Je les soutiens parce que l’ampleur de la mobilisation démontre que ces manifestations dépassent de beaucoup la seule résistance à une énième réforme des retraites. Elle est la conséquence d’un ras-le-bol général contre Emmanuel Macron, sa suffisance, son mépris et sa politique.
Nous avons tous pris en pleine figure l’explosion des prix de l’énergie comme dans l’alimentaire. nous vivons tous, au quotidien, les conséquences terribles de l’inflation galopante avec la vie qui se durcit et notre épargne qui fond au soleil à mesure que l’endettement des ménages augmente. Et voilà que la Macronie engage une nouvelle réforme où il est demandé à tous encore plus de sacrifices. D’autant plus que les conditions de travail se sont très fortement dégradées à mesure que les petites et moyennes entreprises sont peu à peu remplacées par les grands trusts internationaux et que la politique migratoire appliquée sans discontinuité depuis 60 ans a cassé les barrières protectrices des travailleurs et tiré les salaires vers le bas. Dans notre pays fracturé et divisé comme jamais, il n’y avait aucune urgence à toucher au système actuel, comme annoncé par le Conseil d’Orientation des Retraites dans son rapport de septembre 2022. Il s’est stabilisé après l’arrivée en masse des nouveaux retraités consécutifs au baby-boom d’après-guerre favorisé par la politique familiale de l’Etat français. Une nouvelle fois, le gouvernement souscrit aux injonctions de Bruxelles, notamment pour la suppression des régimes spéciaux. Sa politique fait peser le déficit abyssal et le poids de la dette sur le travail, au moment où celle-ci s’alourdit sous l’effet de la politique virusarde du « quoi qu’il en coûte » et de l’augmentation des taux d’intérêts. Les plus grosses fortunes du CAC 40 ont vu leurs profits croître de manière indécente.
Cette politique en faveur des seuls intérêts oligarchiques, qui répond à la loi générale de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes, exaspère les frustrations, crée du ressentiment et nourrit la colère. C’est cette colère qui s’exprime aujourd’hui dans la rue. Mais je ne participe pas aux manifestations et je ne me fais aucune illusion parce que ce mouvement est encadré par les syndicats et récupéré par la gauche et l’extrême gauche, ceux-là même qui ont pourri et contribué à enterrer le mouvement des Gilets Jaunes. Dans ce nouveau combat, il faut renvoyer dos à dos gouvernement et syndicats qui entretiennent une lutte des classes passéiste afin de servir des intérêts idéologiques et matériels. En tant que nationaliste, je pense qu’il ne faut jamais se couper de son peuple quand il est mû par une colère légitime. L’erreur est de déserter le front du travail et de le laisser à la seule gauche. Il ne faut pas non plus opposer les luttes entre elles. L’addition des colères, de la Manif pour tous, à l’opposition au passe sanitaire, en passant par les gilets jaunes, crée un terreau favorable qui permettra aux graines du changement radical de germer.
R.: Quelles sont les solutions que vous préconisez en matière de retraite ?
Y.B. : Pour maintenir le système de retraite par répartition, mis en place par le Maréchal Pétain, et le rendre plus juste et moins contraignant fiscalement, il convient de prendre des mesures drastiques. A commencer par l’annulation pure et simple de la dette et le retour à une pleine et entière souveraineté, monétaire et financière, réalisable avec le seul Frexit. Il faut redevenir maîtres de nos lois.
Ensuite, il y a urgence à relancer une forte politique nataliste pour inverser le processus de vieillissement de la population. C’est une mesure qui s’inscrit dans le temps long. Aussi fautil tout à la fois, et rapidement, faire des économies en s’attaquant au problème numéro un de l’immigration. La seule solution — et elle ne vaut pas que pour les retraites — tant elle s’impose comme une nécessité, c’est la remigration. En même temps, il faut réserver les retraites aux seuls Français de souche et lutter contre les fraudes massives des retraités vivant à l’étranger.
Ensuite il faut créer des richesses, mettre fin au racket fiscal, relancer une politique industrielle, seule capable de créer des emplois générateurs de flux de revenus sans lesquels aucun financement des retraites et aucune politique de justice sociale ne sont possibles.
Enfin il faut un profond changement des institutions, par la suppression de la lutte des classes, génératrice de conflits et de blocages permanents. Nous devons réorganiser les métiers et les professions en corporations regroupant patrons, cadres et employés, chacune devant gérer leurs propres conditions de travail, notamment le régime de retraite, selon les critères spécifiques à chacun des métiers.
Ce n’est que par l’application de ce programme cohérent, que nous pourrons rendre possible ce qui est nécessaire, c’est à dire procurer à chaque Français, y compris les plus âgés, un salaire décent et un travail digne qui permettent de nourrir des familles nombreuses.
R. : La guerre russo-ukrainenne semble s’inscrire dans la durée. Comment analysez- vous ce conflit, ses ressorts et ses conséquences ?
Y.B. : Cette guerre n’a pas commencé l’année dernière, le 24 février 2022, mais huit ans plus tôt en 2014, après le coup d’Etat de Maïdan, l’annexion de la Crimée par la Russie et les affrontements armés dans le Donbass qui avaient causé plus de 13 000 morts dont près de 3 500 civils. Elle a débuté en conflit local, pour évoluer aujourd’hui en conflit global et devenir peut-être demain une guerre mondiale.
C’est à l’origine un conflit local pour résoudre ce qu’Alexandre Soljenitsyne a appelé « le problème russe ». Lors de la désagrégation de l’Union Soviétique, en l’espace de quelques jours, vingt-cinq millions de Russes, soit 18 % de la population globale, se sont retrouvés sans bouger en dehors des nouvelles frontières de la Russie. Arrivé au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine est confronté à ce problème majeur. Loin d’être « un fou » ou « un nostalgique », il n’a eu de cesse de rétablir l’ordre et le pouvoir de l’Etat, au service de l’unité de la Fédération de Russie, en prise avec deux menaces, la dislocation externe par la montée des revendications séparatistes et islamistes — comme en Tchétchénie — et le démembrement interne sous l’effet des pillages des richesses par des oligarques sans scrupules ; et donc aussi de défendre ces Russes de l’extérieur. C’était le sens de la guerre de Géorgie et la création en 2008 des deux républiques d’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.
En ce qui concerne l’Ukraine, tout est plus compliqué. D’une part, parce que le pays dans ses frontières actuelles est de création récente, à la suite des découpages de Lénine, la Crimée étant rattachée d’un simple décret à la République soviétique d’Ukraine par Khrouchtchev en 1954 ; et d’autre part parce qu’elle partage avec la Russie un espace historique et culturel commun. Ce qui faisait qu’avant les troubles, 63 % de la population était russophone et que 22 % des habitants étaient russes. Population qui regroupe aussi de très nombreuses minorités ethniques et religieuses, fruit d’une histoire très compliquée et d’une situation géographique au carrefour de toutes les influences civilisationnelles.
Conflit global, pourquoi ? Parce que ce qui se passe là-bas a des conséquences politico-économiques majeures sur tous les continents. Ce n’est plus une guerre “russo-ukrainienne” mais une guerre par procuration, entre l’Otan, bras armé de l’impérialisme américain, et la Russie ; ce que Zbigniew Brzeziński a appelé en anglais « war by proxy ». Et dans laquelle nous nous trouvons de plus en plus impliqués par les livraisons d’armes effectuées par le gouvernement français et les effets boomerangs de la politique des sanctions. Et dans un conflit global qui nous touche directement, on ne peut pas rester neutre. On est obligé de prendre position. Et cette prise de position ne peut se faire que selon les seuls intérêts de la France.
Notre pays n’est pas menacé par la Russie mais par les fruits pourris du mondialisme cosmopolite sous magistère du judaïsme politique et par la vassalisation de l’Europe à l’hégémonie américaine, l’un de ses bras armés. Nul besoin ici de dresser la liste des maux qui détruisent nos sociétés et nul besoin d’en indiquer l’origine à vos lecteurs. L’enjeu de cette guerre pour nous n’est pas entre un inter-national-socialisme ukrainien et un néo-communisme russe. Mais entre le maintien du nouvel ordre mondial issu de 1945 ou une recomposition multipolaire du monde et la fin de l’hégémonie du dollar. L’ONU agonise sous nos yeux et de nouvelles alliances se nouent. Si le XXIe siècle a débuté en 1914 à Sarajevo, je pense que le XXIe siècle a débuté en Ukraine en 2014 avec Maïdan. Gardons- nous d’analyser les événements d’aujourd’hui avec les paradigmes d’hier.
R. : Vous avez tenu à la mi-novembre 2022 à Lyon un congrès de refondation, le Parti nationaliste français (PNF) cédant la place aux Nationalistes dont vous dirigez la structure. Pouvez-vous nous en dire plus sur le choix du moment de cette refondation et sur ses motifs, quelle est la doctrine du mouvement que vous présidez et quels sont les principaux objectifs que vous vous fixez ?
Y.B. : Après l’interdiction de l’Œuvre française revendiquée par Manuel Valls en juillet 2013, les nationalistes qui désiraient continuer le combat se sont regroupés au sein du Parti Nationaliste Français (PNF) qui existait avant la dissolution de l’Œuvre. Ses dirigeants m’avaient demandé d’assurer la fonction de porte-parole. Cette structure a permis à des jeunes de se former dans l’action, au contact de militants chevronnés. Il était temps qu’ils accèdent à des responsabilités. C’est la prise en compte de ces nouvelles forces qui a conduit à la création des Nationalistes en tant que mouvement. Mouvement qui correspond mieux aussi à notre doctrine qui combat le régime des partis comme division artificielle du peuple français. Ces jeunes m’ont demandé de prendre la tête de cette formation. J’ai accepté d’autant plus qu’au regard de la répression de plus en plus forte, je voulais prendre mes responsabilités sans que mes prises de position en tant que porte-parole n’engagent un président autre que ma personne. Dans l’engagement militant, il est important d’assumer ses actes.
Le Congrès s’est tenu à la date symbolique du 11 novembre. Il a permis de faire l’état des lieux politique après la séquence de la présidentielle et des législatives du printemps 2022. Notre mouvement se veut comme l’incarnation militante et combattante de la doctrine nationaliste qui, née de la contre-révolution, s’est enrichie des apports successifs de ses maîtres à penser. Nous n’avons rien à découvrir de nouveau mais notre travail consiste à appliquer nos principes, qui sont intangibles et permanents, aux problématiques nouvelles de la société. Nous nous opposons à toutes formes d’idéologie et nous combattons les abstractions et les concepts en politique. Le nationalisme est né de l’observation et de la défense des lois anthropologiques et sociologiques qui ont permis à une communauté humaine de s’ériger en Nation. Il est l’application et l’expression des lois naturelles dans le temporel. Car nous considérons que la Nation, résultat de 1500 ans d’histoire, s’impose à nous comme la communauté humaine la plus large et la plus protectrice du bien commun.
Mais au-delà d’une pensée, le nationalisme a une méthode d’action. Il s’attache à combattre les causes du mal plus que ses conséquences. Comme un médecin au chevet du malade, il dresse un diagnostic précis à partir des symptômes dont souffre le pays afin d’appliquer le bon remède. Et il résout tous les problèmes par rapport à la France. Nous affirmons en toutes choses la primauté du politique et nous incarnons, par nos principes et notre expérience collective, la légitimité française au-delà des contingences électorales et institutionnelles.
R. : Le 11 mars prochain nous commémorerons les soixante ans de l’exécution de Jean Bastien-Thiry. Que vous inspire la figure de ce jeune lieutenant-colonel qui s’est sacrifié pour ses convictions et pour protester contre la trahison au plus haut niveau de l’Etat ? Son exemple vous paraît-il toujours actuel et est-il de nature à toucher et galvaniser les jeunes générations militantes ou tout cela est-il au contraire déjà dépassé ? Y a-t-il des leçons à tirer de son action encore valables dans le combat nationaliste aujourd’hui ?
Y.B. : Jean Bastien-Thiry est un héros. Au moment où De Gaulle refusa le grâce du colonel, il eut ce mot : « Au moins celui-là, ils pourront en faire un héros. » Nous le considérons comme tel. C’était un patriote, avec un grand sens politique. Ingénieur sorti de Polytechnique et de l’Ecole supérieure de l’Aéronautique, c’est lui qui mit au point les fameux missiles balistiques SS10 et SS11, qui firent la fierté de l’Armée française dans les années soixante. Il avait épousé Geneviève Lamirand, fille de Georges Lamirand, secrétaire d’Etat à la Jeunesse de 1940 à 1943 du maréchal Pétain. Issu d’une famille de militaires pourtant très gaulliste, catholique pratiquant, rien ne le prédisposait à prendre la tête du commando du Petit-Clamart qui tenta d’assassiner De Gaulle lors de l’opération baptisée Charlotte Corday. Homme d’honneur et de discipline, il n’avait pas supporté les mensonges et la duplicité du personnage : « L’homme contre lequel nous avons exercé le droit de légitime défense est ruisselant de sang français et il représente la honte de la France. » avait-il dit à son procès. Son intelligence politique est d’avoir compris que faire pression sur le régime pour garder l’Algérie à la France ne suffirait pas et qu’il fallait frapper à la tête. « Morte la bête, mort le venin » comme disait Pierre Sidos et comme titrait en une RIVAROL fin avril 1969 au moment de la démission de De Gaulle.
C’est d’ailleurs sur des indications du chef de Jeune Nation, renseigné par le commissaire général Jacques Cantelaube, pourtant chargé de la sécurité de De Gaulle, que l’attentat a pu être monté. Pierre Sidos, arrêté trois mois avant le Colonel Bastien-Thiry, le retrouvera dans une cellule qu’ils partageront au Palais de Justice de Paris, cellule où un gardien les avait regroupés malgré les interdictions. Pierre Sidos a souvent répété qu’il avait été impressionné par cet homme et par le fait d’avoir discuté avec un mort en sursis.
Pour beaucoup, ce combat pour l’Algérie française peut sembler d’arrière-garde. Et pourtant, le maintien de l’Algérie dans l’Empire français, c’était tout à la fois l’assurance de notre indépendance énergétique grâce au pétrole et au gaz du Sahara, et le rempart contre une invasion migratoire qui maintenait les barbares aux marches de l’Empire. Quand vous n’êtes pas chez les autres, ils sont chez vous. Faute d’avoir une Algérie française, nous avons une France africaine. A mesure que croissent des revendications communautaristes de plus en plus fortes, nous pourrions connaître demain des affrontements violents comme le prolongement de cette guerre passée.
Seule une politique forte et juste de remigration pourra nous éviter de nouveaux drames. Et le retour au pays de toute une génération d’Algériens, nés et ayant grandi en France, permettra, n’en doutons pas, de renouer des liens sincères entre nos deux pays. Notre passé et nos intérêts communs nous l’imposent.
R. : Que vous inspire la situation politique actuelle au sein du camp dit populiste avec le Rassemblement national, Reconquête, Debout la France et les Patriotes ? Qu’est-ce qui vous distingue de ces groupements ? Que reprochez-vous à leur action ?
Y.B. : Tous ces mouvements font partie du système même s’ils sont de nature très différente. Marine Le Pen n’existerait plus politiquement aujourd’hui, si la Macronie ne lui avait pas fourni les signatures nécessaires à sa candidature présidentielle. Emmanuel Macron avait besoin d’elle comme caution démocratique et pour se faire élire au 2e tour. Elle s’est définitivement déconsidérée quand elle a exclu son père à qui pourtant elle doit tout. De reniements en reniements, elle a cédé sur tout : défense de la famille, de la vie, de l’identité et de la souveraineté. Elle a soutenu l’avortement inscrit dans la constitution, refuse de dénoncer le grand remplacement qui s’impose comme une évidence et a renoncé au Frexit. Dernièrement, dans une surenchère répressive, elle écrivait à Moussa Darmanin pour lui demander d’interdire les différents groupuscules dont ceux de notre mouvance. Et ce n’est pas le ripolinage effectué lors du Congrès avec l’accession du béni-oui-oui Bardella à la présidence qui changera quoi que ce soit.
Comme c’était prévisible, le Front national dédiabolisé en Rassemblement National a rendu les armes. Il n’est pas la solution mais une composante du problème. Cette logique de dédiabolisation a ouvert un boulevard dans lequel n’a pas manqué de s’engouffrer un petit renard rusé de la politique. La grenouille a voulu se faire plus grosse que le bœuf dans une surenchère rhétorique propre à ces juifs d’Afrique du Nord.
Néanmoins j’ai été tout de même stupéfait de voir comment Eric Zemmour avait réussi à convaincre beaucoup de nos camarades, notamment parmi les catholiques de tradition. Car son éruption dans le sérail politique relève d’une double imposture. En premier lieu, ce n’est pas à un nouveau converti au nationalisme de porter la bannière. Où était-il toutes ces années quand Jean-Marie Le Pen dénonçait les politiques migratoires comme mortelles pour notre pays, lui qui s’est vanté de ne jamais avoir voté pour le Front National ? Et même si sa sincérité ne pouvait pas être mise en doute, ce n’est pas à un juif pratiquant, d’origine berbère, de prendre la tête du combat pour le rétablissement de la France qui doit rester blanche et catholique. Enfin, il y a beaucoup de duplicité chez Zemmour, avec un décalage systématique entre le discours et le programme. Il est prétendument contre Bruxelles mais il veut rester dans l’UE et ne remet pas en cause l’Euro ; même position ambiguë vis-à-vis de l’Otan, de l’avortement, du “mariage” homosexuel ou de la peine de mort. Même en matière d’immigration, son cheval de bataille, il est contre la suppression de la double nationalité, ce qui s’explique aisément par sa proximité avec l’extrême droite israélienne. Il ne veut pas nuire à ses congénères qui, pour beaucoup, ont les deux nationalités, française et israélienne. Enfin passer d’Edouard Drumont à Eric Zemmour démontre le recul en matière de pensée politique ! Mais en ce qui nous concerne, rassurez-vous, les zémouroïdes ne passeront pas par nous.
Quant aux souverainistes, c’est l’inverse de Reconquête. Leur défense du souverainisme prime sur celle de l’identité. Les deux sont dans l’erreur. On ne peut pas défendre notre identité raciale et civilisationnelle, si l’on ne redevient pas maîtres chez nous. Et recouvrer notre souveraineté n’a de sens que si nous redevenons ce que nous sommes collectivement. En cela, le nationalisme est la solution puisqu’il défend tout à la fois le souverainisme et l’identité. Pour sortir de l’impasse, il faut sortir de leur république. L’espérance est nationaliste.
R. : Comment aujourd’hui parvenir à inverser les choses et à conquérir le pouvoir ? La voie électorale est une impasse, un soulèvement militaire est impensable sous nos climats et on a vu avec l’épisode des gilets jaunes que la rue ne suffisait pas pour prendre le pouvoir. Quant à ceux qui ont essayé la voie de l’action directe, ils se sont tous cassé les dents. Par conséquent, que peut-on faire aujourd’hui politiquement à part maintenir et raviver la flamme du nationalisme en nous et autour de nous ?
Y.B. : Nous sommes à une période charnière. C’est de plus en plus compliqué. Le système gouverne très mal mais se défend bien. Nous sommes pris en tenaille entre une répression féroce et la promotion d’oppositions tacites ou contrôlées qui collaborent. Nous devons nous adapter à cette situation. Le danger, dans ces périodes, c’est de se décourager et de s’isoler. C’est le premier réflexe : se recroqueviller sur soi-même ou sur sa famille. C’est une erreur, rester seul, c’est mourir ! Il faut s’isoler, oui, mais du système, là est la nuance. Il faut tisser des liens forts et authentiques. Sortir individuellement du système, c’est la première étape. Refuser son information, ses comminations, ses dogmes, ses symboles, sa règle du jeu…
Ensuite, il faut organiser et regrouper collectivement ceux qui, individuellement, ont fait sécession. Ces entités forment les corps intermédiaires de la Révolution nationale. Car la seule solution, c’est la révolution. Les révoltes sont stériles, seule la révolution est salvatrice. Il n’y a pas de génération spontanée. Les corps intermédiaires de la Révolution sont ces communautés humaines qui vivent selon des lois qui sont en accord avec nos principes et qui s’affranchissent des règles que veut nous imposer le régime. Il faut se forcer à chasser le système de notre quotidien. Les formes de ces corps sont multiples. Cela peut-être un journal comme RIVAROL, des communautés participatives ou d’entraides, des associations culturelles ou sportives, des lieux de vie communautaires, des réseaux économiques, des librairies ou maison d’édition, des écoles, des paroisses, etc. Cela n’est possible que si nous nous regroupons géographiquement autour de la cellule de base que constitue la famille traditionnelle et que nous constituons un réseau de famille de familles autour desquelles se joignent les volontés individuelles, tout cet ensemble humain formant le pays réel.
Deuxième erreur à ne pas commettre, il ne faut pas se couper du politique. Le mouvement politique a vocation tout à la fois à forger la minorité révolutionnaire qui incarne et porte l’ordre nouveau, à coordonner les volontés du pays réel quand cela sera nécessaire et à constituer le point de levier et de bascule. Il faut continuer à aller vers notre peuple dans le but de conquérir les esprits, de les former et de révolutionner les âmes. Dans un seul but : la conquête de l’Etat. Nous sommes très peu, contre presque tous, mais nous œuvrons pour tous, inaccessibles au découragement. Au pessimisme facile issu des réalités et du quotidien, il faut que vive l’espérance nourrie par le combat et le triomphe de la volonté.
R. : Un dernier mot pour les rivaroliens et pour notre hebdomadaire qui va souffler, avec deux ans et demi de retard, le samedi 24 juin prochain à Paris, ses 70 bougies ?
Y.B. : J’ai une affection toute particulière pour RIVAROL. Plus qu’un journal, c’est une œuvre collective, une œuvre française ; c’est une institution dont la légitimité repose sur la durée. C’est-à-dire qu’elle dépasse très largement son équipe actuelle comme le maillon d’une chaîne. Quand je pense à RIVAROL, je pense à ces grands noms comme René Malliavin, Albert Paraz, Ralph Soupault, Pierre-Antoine Cousteau, Lucien Rebatet, Robert Poulet et tant d’autres. Je pense à tous ces maudits, ces hommes d’exception. Et je pense aussi à mon père… Aussi loin que ma mémoire remonte, je revois le journal sur le bureau de son cabinet médical à la Réunion. Il avait commencé à lire RIVAROL sur les conseils de mon grand-père, parce que le rédacteur en chef était originaire du même village que nous en Corse. Il s’agissait de Pierre Dominique qui était le nom de plume de Pierre-Dominique Lucchini, de son vrai nom, décédé il y a un demi-siècle cette année, le 6 mai 1973. RIVAROL a été un compagnon de cette longue route qui a contribué à l’éveil et au renforcement de ma conscience politique.
Aujourd’hui le combat s’est durci. Les journaux du camp national disparaissent les uns après les autres. Grâce à votre courage et à votre ténacité, Jérôme Bourbon, RIVAROL se maintient sur ses positions, malgré la tempête. Hommage et honneur à vous !
Propos recueillis par Jérôme BOURBON.
» …Vincent Reynouard a été arrêté et incarcéré et Boris Le Lay… »
J’aurai ajouté Hervé Ryssen et aussi Soral, même si je peux comprendre qu’il ne soit pas sur les mêmes valeurs que Jeune Nation, malgré les passerelles entre les équipes.
Un constat indéniable oublié dans cet article interview : la DÉMOGRAPHIE
La France comme les autres pays occidentaux est un pays vieillissant, fatigué. résigné… Nous ne voyons aucun parti politique ni aucun leader digne de ce nom qui puisse nous relever …..
Ces paroles de Léon Bloy résonnent en moi comme une prière :
» j’ attend les cosaques et le Saint Esprit «
En dehors des volets » immigration » et » Algérie française », je partage assez les vues de Y. Benedetti. Je pense que par delà nos divergences de vues, nous devrions tous nous mobiliser contre la répression qui touche ou qui est susceptible de toucher ceux qui pensent et vivent en dehors des lignes imposées.
Nécessité fait loi, nous sommes bien obligés d’adopter une stratégie minoritaire …
en attendant que les forces de l’histoire et de la race nous redonnent la possibilité d’une stratégie majoritaire.
Propager la vérité et maintenir une lueur d’espoir:
JN en France, National Vanguard, notre ami Américain.
Richard Berkeley Cotten: Freedom is not free; free men are not equal; and equal men are not free