La guerre est en principe une situation hautement favorable aux industries de défense, tout simplement parce que les budgets d’armement explosent, des nouveaux marchés s’ouvrent, voir par exemple le cas de la Pologne qui veut devenir la première armée d’Europe, celui des anciens satellites de l’URSS comme la Tchéquie, la Bulgarie, la Roumanie qui se précipitent pour acheter des armements américains pour profiter de la protection géopolitique de l’Oncle Sam, ou encore celui de l’ensemble des pays européens qui ne savent plus où donner de la tête pour relancer leur tissu industriel, base de l’industrie de l’armement.
Le problème, c’est que d’un autre côté, le déroulement de la guerre en Ukraine met sérieusement en péril la réputation d’invincibilité des armements US, le cas le plus typique étant celui de Raytheon, le producteur des Patriot dont la Russie a détruit une batterie à proximité de Kiev. Par conséquent, si les Américains obtiennent de nouveaux marchés, c’est peut-être aussi parce qu’ils sont contraints de baisser leurs prix, et les financiers de la bourse, tout ce qui les intéresse, c’est la marge, la rentabilité, le PER (Price Earnings Ratio), ils se fichent pas mal de savoir que la production augmente, du reste, la production par elle-même est souvent jugée une activité peu rentable, ce n’est pas pour rien que le tissu industriel en Occident s’est défait et que partout on a privilégié la R&D et le marketing.
Au total, si on observe les graphiques des cours des actions des principaux acteurs de l’industrie de défense depuis le début de l’année, l’interprétation la plus simple, c’est que le complexe militaro-industriel américain est en train de perdre la guerre en Ukraine.
Raytheon Technologies
Le 21 mai 2023, peu après la défaite de la batterie Patriot par des missiles hypersoniques, Ri avait publié un article, Raytheon – Patriot, cours de bourse à suivre, c’est le lien le plus direct, le plus parlant, entre la guerre en Ukraine et l’évolution du cours de bourse, aussitôt après la frappe russe – dont nos médias contestaient la réalité ou l’efficacité – le cours s’est mis à baisser, crevant le plancher des 100 dollars, pendant quelque temps, le cours a tenté de repasser à la hausse ces 100 dollars – devenus un plafond, puis, devant l’échec du franchissement à la hausse, on a assisté à deux décrochements successifs, l’action ayant désormais perdu plus de 30% de sa valeur par rapport à son plus haut à 105 dollars en mai 2023.
Lockheed Martin
Le brillant producteur du F-35, après ce qu’on appelle un double top en pince sur 500 dollars en avril 2023 (c’est-à-dire après s’être cogné la tête deux fois sur un plafond à 500 USD), entame une baisse inexorable, elle est aujourd’hui à 420 USD, elle a donc perdu environ 20% de sa valeur en 5 mois.
General Dynamics
Du sport en perspective, c’est le fabricant du char Abrams dont une version vient d’arriver en Ukraine. Après un triple top à 250 USD en début d’année, l’action est repartie en hausse après avoir touché un fond à 205 USD, il sera intéressant de voir l’effet des images des premiers Abrams en flamme, détruits par des Lancet.
Northrop Grumman
Il s’agit du fabricant du bombardier furtif B-2, les Russes affirment voir les F-35 avec leurs radars métriques et décimétriques, ils voient aussi les Storm Shadow et les Scalp dont ils ont abattu une centaine depuis leur entrée en service en Ukraine début mai 2023, le marché semble considérer que le concept de furtivité n’est pas très convaincant tout en étant très coûteux, en tout cas, l’action est passée de 550 USD en début d’année à 440 en ce moment.
Boeing
Le cours de Boeing n’est pas lié qu’au militaire, néanmoins, l’action semble elle aussi partir à la baisse, le double top en pince qu’on voit sous 240 USD est un mauvais signe, on teste un plafond, si le plafond n’est pas passé, la baisse qui suit risque de durer un moment, maintenant, l’action est à 190 USD.
L’indice général de la bourse de New York, le DJ, est actuellement à 15 500, c’était son niveau en début d’année, or, on l’a vu, toutes les grosses actions du secteur de la défense sont nettement en dessous de leur niveau de début d’année.
Donc, voilà la situation, les big pharma ont bien profité de la pandémie, tandis que le secteur américain de la défense ne parvient pas à profiter de la guerre en Ukraine, peut-être tout simplement parce que l’OTAN est en train de perdre la guerre, le cours de bourse anticipant le cours de la guerre.
Se rappeler des deux précédents articles JN sur le sujet, comme quoi, on ne raconte pas trop de bêtise:
En juin 2023 sur Raytheon
https://jeune-nation.com/actualite/geopolitique/patriot-kinzhal-et-cours-de-bourse-de-raytheon
En juillet 2023 sur Boeing
https://jeune-nation.com/actualite/geopolitique/boeing-au-fou-depechez-vous-de-vendre-toutes-vos-actions
Que le ciel entende Léon-Francis !
Mais pour l’instant, IL m’entend.
C’est d’ailleurs bien la première fois.