Dans une enquête-fleuve (« Des espions ukrainiens étroitement liés à la CIA mènent une guerre fantôme contre la Russie »), le Washington Post met en lumière le rôle prépondérant de la CIA dans la refonte des services secrets ukrainiens, SBU ou GUR depuis 2014. Un travail de près de dix ans, qui a donné à ces services les moyens de mener ses opérations clandestines jusqu’en Russie dont les sabotages et assassinats ciblés.
« Nos services en sont bien conscients depuis déjà longtemps », a déclaré ce 24 octobre à la presse Dmitri Peskov, interrogé sur un article publié la veille dans le Washington Post :
« Nos services secrets ont parlé à plusieurs reprises des informations dont nous disposons qui indiquent une supervision étroite des services de renseignement ukrainiens par les services secrets américains et même britanniques »
La réorganisation des services ukrainiens par la CIA depuis 2014
Dans le papier dont il est question, titrant sur la « guerre fantôme contre la Russie » menée par des « espions ukrainiens étroitement liés à la CIA », le média américain raconte comment l’agence de Langley a repris en main le Service de sécurité d’Ukraine (SBU) ainsi que le renseignement militaire ukrainien (GUR). Le récit est fondé sur « des entretiens avec plus de deux douzaines de responsables du renseignement et de la sécurité ukrainiens, américains et occidentaux, actuels et anciens».
« Depuis 2015, la CIA a dépensé des dizaines de millions de dollars pour transformer les services ukrainiens formés par les Soviétiques en de puissants alliés contre Moscou ».
Un rôle des Etats-Unis en Ukraine qui ne s’est pas limité à des financements et à des fournitures d’équipements.
La CIA a notamment procédé à l’entraînement des agents du SBU : « Les sites de formation étaient situés à l’extérieur de Kiev, où les recrues triées sur le volet étaient instruites par le personnel de la CIA ».
Perçu comme « trop gros pour être réformé », ajoute le journal, « la CIA a travaillé avec le SBU pour créer une direction entièrement nouvelle » et « prosaïquement surnommée la « Cinquième Direction » ». Une sixième aurait été créée, depuis, « pour travailler avec l’agence d’espionnage britannique MI6 », précise le médiat américain.
Et concernant le GUR (service secret militaire ukrainien), l’approche de la CIA aurait été « bien plus ambitieuse ». Le « GUR était notre petit bébé. Nous leur avons donné du nouvel équipement et une formation », relate un ancien responsable du renseignement américain ayant travaillé en Ukraine.
« A partir de 2015, la CIA s’est lancée dans une transformation si vaste du GUR qu’en quelques années, nous l’avions en quelque sorte reconstruit à partir de zéro et la CIA a également financé de nouveaux bâtiments du GUR, de crainte que leurs installations soient probablement compromises par les renseignements russes ».
Grâce à ces nouvelles installations, les Ukrainiens auraient pu intercepter quotidiennement plusieurs centaines de milliers de communications russes, assure un ancien responsable du GUR : « Il y avait tellement d’informations que nous ne pouvions pas les gérer nous-mêmes », précisant que ces données étaient alors « transmises à Washington » afin d’être « examinées par les analystes de la CIA et de la NSA ».
Les opérations clandestines, sabotages, assassinats ciblés
Mais la montée en gamme des services ukrainiens, sous la houlette des Etats-Unis, ne s’est pas limitée au seul renseignement. L’encadrement par la CIA des recrues visait notamment à « former des unités « capables d’opérer derrière les lignes de front et de travailler en tant que groupes secrets » », explique le Post, citant un responsable ukrainien. En plus du matériel de communication sécurisé et d’écoute, la CIA a notamment fourni au SBU « des déguisements et des uniformes séparatistes permettant aux agents de se glisser plus facilement dans les territoires » rattachées à la fédération de Russie. Des agents ukrainiens qui ont notamment effectué des « missions de sabotage » ainsi que de « capture ».
Et ces missions clandestines, là encore, ne se sont pas limitées aux territoires peuplés de Russes et que le pouvoir à Kiev continue à revendiquer.
Le Washington Post revient ainsi sur les attaques de drones menées par le GUR contre Moscou, dont le Kremlin, ou encore des projets plus « ambitieux » du SBU comme les deux attentats menés contre le pont de Crimée en octobre 2022 et juillet 2023. La première attaque fut menée grâce à un camion piégé, tuant trois personnes, dont le chauffeur dépeint dans l’article comme un « complice involontaire »… La seconde attaque fut menée « en utilisant des drones navals développés dans le cadre d’une opération top secrète impliquant la CIA et d’autres services de renseignement occidentaux ». Cette attaque « ukrainienne » avait tué un couple d’automobilistes, qui traversait le pont, et blessé leur petite fille.
A ces « victimes collatérales » du cynisme américano-ukrainien s’ajoutent celles des assassinats ciblés. Parmi celles évoquées dans l’article du Washington Post :
- Stanislav Rzhitsky, un ancien commandant de sous-marin, abattu durant son footing à Krasnodar,
- Vladlen Tatarsky, un célèbre blogueur tué dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg
- ou encore Daria Douguina, elle aussi tuée par une bombe placée sous sa voiture, en août 2022.
Concernant cette dernière, détail fourni par les journalistes américains : la bombe qui a tué la jeune femme de 29 ans aurait passé la frontière russe dans un compartiment secret aménagé dans une caisse à chat. Une « opération orchestrée par le SBU », selon les multiples sources du Washington Post, les auteurs précisant « qu’aucune opération majeure du SBU ou du GUR ne se déroulerait sans l’autorisation – tacite ou autre – de Zelensky ».
Notons, au passage, combien ces révélations démontrent le parti pris, la mauvaise foi, voire les velléités de désinformation directe dont font preuve dans les médiats occidentaux, les journalistes et « experts » de plateaux TV, qui ont systématiquement tenté d’accréditer des thèses de diversion quant à l’origine de ces assassinats terroristes : les uns incitant à en chercher l’origine vers le FSB au ordres de la « mafia du Kremlin », les autres vers des « luttes internes à l’extrême-droite en Russie », etc…
Du côté du SBU, les cibles des assassinats de civils sont considérées comme « tout à fait légales ». L’Ukraine « fait tout pour garantir qu’un châtiment équitable « rattrapera » tous les traîtres, criminels de guerre et collaborateurs », aurait lancé à de hauts responsables de la CIA le directeur de l’agence ukrainienne, Vasyl Malyuk, lors d’un déplacement aux Etats-Unis.
« Les responsables de la CIA ont exprimé des objections après certaines opérations, ont indiqué des responsables, mais l’agence n’a pas retiré son soutien », ajoutent les auteurs de l’article, précisant que « les deux parties cherchaient à maintenir une distance prudente entre la CIA et les opérations meurtrières menées par ses partenaires à Kiev ».
Tout observateur intellectuellement honnête pouvait se douter de cette implication occidentale profonde dans la guerre russo-ukrainienne notamment depuis que les États-Unis claironnent leur soutien total à l’Ukraine. Néanmoins les révélations de l’enquête donnent plusieurs confirmations éclatantes.
La CIA est bien comme « chez elle » en Ukraine, pas depuis 2022 et l’opération militaire russe, mais bien depuis 2014 au moins. La CIA est à la manœuvre aux frontières de la Fédération de Russie en Europe, notamment dans cette ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine, pour y créer un proxy anti-russe ; comme elle était dans le Caucase dans les années 90 pour y exciter des velléités takfiristes séparatistes en Tchétchénie par exemple, par le biais et avec l’aide de sa marionnette de l’époque Ben Laden et Al-Qaeda qu’elle avait contribué à enraciner en Afghanistan.
Eclate aussi au grand jour le double discours des puissances occidentales, ces « démocraties libérales » qui se nomment elle-même « camp du bien », face à des États qu’elles qualifient de « voyous » ou « d’Axe du Mal » à raison de méthodes auxquelles, pourtant, elles ne rechignent pas elles-mêmes (soutien à des groupes armés clandestins, assassinats ciblés, sabotages…).
On n’attend plus maintenant, mais que pour la forme, les révélations qui confirmeront l’implication des États-Unis dans le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, ce véritable acte de guerre mené contre l’Europe ; ou encore celles qui détailleront les travaux des bio-laboratoires du Pentagone, implantés hors du territoire américain, sur des souches microbiennes pouvant servir à confectionner des armes bactériologiques…
Pour aller plus loin :
Myrotvorets : la liste ukrainienne de cibles
In memoriam Daria Aleksandrovna Douguina
L’assassinat du mili-blogueur Vladlen Tatarsky
Sabotage des gazoducs Nord Stream : un acte de guerre contre les intérêts énergétiques des Européens
Le Pentagone confirme l’existence de ses bio-laboratoires en Ukraine depuis 20 ans
Les bio-laboratoires américains en Ukraine : Victoria Nuland lâche le morceau
Les États-Unis ont financé des labos de recherche sur l’anthrax en Ukraine
De toute façon, c’est le CIA qui fait la guerre en Ukraine puisque l’armée officielle des USA ne peut pas intervenir (ce serait la guerre directe USA – Russie)
Cela va donc au-delà du renseignement et du sabotage, le CIA organise la logistique, la formation … tout
Malheureusement « les maîtres du monde » « (c’est le titre d’un livre de Léon de Poncins : Les ***** maîtres du monde) – c’est à dire les Américains et les Anglais ou, mieux, ceux qui gouvernent ces États – sont tout-puissants, alors que la Russie n’est plus l’URSS du temps de Staline. La Russie est un État semi-liberal et cette volonté d’être moitié-moitié n’est pas une bonne chose, c’est une source de faiblesse.
Infériorité de l’artillerie russe sur l’artillerie occidentale
https://ria.ru/20231027/svo-1905355655.html
Un article de Ria Novosti assez grave sur l’infériorité en terme de portée de l’artillerie russe sur celle de l’OTAN.
Le fameux Koalitsia, pourtant présenté en 2015 sur la place rouge, brillant par son absence.
Ben,on est pas ignorant..Ce sont les services de la CIA qui ont organisé la révolution du Maïdan en Ukraine,..Ils ont installés leur marionnettes dans tous les services gouvernementaux et militaires ,afin de préparer leur » offensive » contre la Russie..Ils ont mis en action leur marionnette pour créer la guerre contre la Russie,sans y impliquer les USA,qui agissaient en « sous marin »,avec leurs complices asservis des pays de l’UE..Et ce sont les diktateurs américains qui ont interdit aux pays européens de commercer avec la Russie ( surtout en fourniture de gaz moins cher que celui des USA )