Deuxième classe en 1936, colonel en 1956, dans l’Armée c’est un nom, chez les Paras, c’est un profil pour une médaille.
Pierre Yvon Alexandre Jean Chateau-Jobert est né à Morlaix le 3 février 1912.
Son père ayant été tué au front en 1915, il est pupille de la nation. Deux pleurésies successives l’empêchent de préparer l’École navale.
Après son service militaire qu’il effectue en 1934-1935, il reste dans l’armée et suit, comme sous-lieutenant, les cours de l’École d’application de l’artillerie et du génie à Fontainebleau.
Affecté au 154e régiment d’artillerie, il suit les cours de l’école d’observateurs en avion de Dinan. Blessé durant la bataille de France, il rejoint l’Angleterre et s’engage dans les Forces françaises libres, à Londres, le 1er juillet 1940, sous le nom de Conan, afin que sa famille ne souffre pas de représailles des Allemands. Ce surnom lui restera toute sa vie.
Lieutenant à la 13e demi-brigade de Légion étrangère (DBLE), il se bat en Érythrée, en Syrie et en Libye où il est blessé en février 1942. Le 7 novembre 1942, capitaine, il prend le commandement du 3e SAS qui devient, en juillet 1944, le 3e régiment de chasseurs parachutistes (RCP).
Le 3e RCP opère sur les arrières de l’ennemi, par petites unités, dans des régions non encore libérées du territoire métropolitain, du Poitou à la Bourgogne. Chef de bataillon en décembre 1944, il transmet le commandement du régiment au lieutenant-colonel de Bollardière.
Adjoint du colonel de Bollardière, puis commandant de la Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes SAS, il est engagé à la fin de 1947 et en 1948, au Cambodge, en Cochinchine et en Annam. Après un séjour à Vannes-Meucon où il commande en second la 1re DBCCP auprès du colonel Gilles, il retourne en Indochine en 1950, comme lieutenant-colonel, à la tête de la 2e DBCCP, pour se battre au Tonkin et en Cochinchine jusqu’en avril 1952.
Le 7 avril 1952, alors que Chateau-Jobert va quitter l’Indochine, à la fin de son deuxième séjour, le général Salan, commandant en chef des forces en Extrême-Orient préside la cérémonie d’adieux.
Après un passage en métropole, il est affecté à l’état-major des Forces terrestres, maritimes et aériennes à Alger de 1953 à 1955, puis, en novembre 1955, au commandement du 2e régiment de parachutistes coloniaux (RPC).
Colonel, lors de l’affaire de Suez, le 5 novembre 1956, il est parachuté au sud de Port-Saïd à la tête d’une partie de son régiment renforcée de commandos du 11e Choc et y atteint tous ses objectifs jusqu’à l’ordre du cessez-le-feu. L’autre partie du régiment commandée par le lieutenant colonel Albert Fossey-François saute avec succès sur Port-Fouad le même jour.
Dans les premiers jours de 1957, le colonel Chateau-Jobert, de retour en Algérie après l’affaire de Suez, vient se présenter au général Salan, commandant supérieur interarmes. Il lui fait part de sa déception de ne pas avoir reçu l’ordre de pousser ses parachutistes au-delà de Port-Saïd et de Port-Fouad, jusqu’au Caire et à Suez.
En 1957, il commande à Bayonne la Brigade de parachutistes coloniaux où il succède au général Jean Gracieux.
Dans les semaines qui suivent le 13 mai 1958, il y est en liaison avec des délégués d’Alger, tel le commandant Robert Vitasse.
Affecté au Niger en février 1961, il se solidarise avec les officiers qui, le 22 avril 1961, autour du général Maurice Challe, ont saisi le commandement à Alger, ce qui lui vaut plusieurs mois d’arrêts de forteresse.
Le 13 janvier 1962, alors qu’il est affecté à l’état-major de l’amiral préfet maritime de Cherbourg, il rejoint clandestinement l’Algérie et se met aux ordres du général Salan, chef de l’OAS.
À la fin de janvier 1962, à son arrivée à Alger, Pierre Chateau-Jobert est d’abord reçu par Jean-Jacques Susini, puis par le général Salan qui lui confie le commandement de l’OAS du Constantinois qui manque chroniquement de cadres supérieurs. Cette nomination est officialisée par une note de service du général Salan diffusée largement en Algérie.
Responsable du Constantinois, il y retrouve le lieutenant Michel Alibert et y noue, en vue de leur ralliement, de nombreux contacts avec des officiers supérieurs et subalternes des régiments qui y sont stationnés, 13e Dragons, 6e Cuirassiers et 2e REC.
Le général Michel Multrier, commandant de la zone Est Constantinois dira : « l’OAS progresse vite dans le Constantinois quand Château-Jobert en prend la tête ».
Désapprouvant les « Accords Susini-Mostefaï », il quitte l’Algérie le 30 juin 1962 à bord d’un cargo qui le ramène en métropole. Clandestin, en France et en Espagne, il continue son combat ; en 1965, il est condamné à mort par contumace pour son action au sein de l’OAS.
Il met à profit ses années de clandestinité pour étudier les idées de la Contre-révolution catholique.
Il réapparaît à Morlaix le 3 novembre 1968, après la première amnistie de juin 1968.
Gracié en 1968, il se consacra à l’écriture de livres de doctrine d’action politique, et publie plusieurs ouvrages d’analyse et de réflexion, basés sur son vécu personnel, ayant toujours cherché à comprendre les guerres qu’il faisait.
Le colonel Chateau-Jobert publie en 1978, aux Presses de la Cité, ses Mémoires sous le titre : Feux et lumières sur ma trace.
Mais il publie aussi des livres de doctrines contre révolutionnaire : Doctrine d’action contrerévolutionnaire, Éditions de Chiré, Chiré-en-Montreuil, 1972 ; Manifeste politique et social, Éditions du Fuseau, 1964 ; La confrontation révolution contrerévolution, Diffusion de la Pensée Française, 1975 ; La Voix du pays réel, Nouvelles Éditions latines, Paris, 1981 etc…
Le 16 mai 2001, le PC du 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMA) à l’île de la Réunion, héritier direct du 2e régiment de parachutistes coloniaux, est baptisé « PC Lieutenant-colonel Chateau-Jobert ».
Il décède le 29 décembre 2005 dans la maison de retraite de Caumont l’Eventé et son corps est inhumé à Morlaix.
Un buste à son effigie a été inauguré le 22 octobre 2010 dans l’enceinte de l’École des Troupes Aéroportées de Pau.
Superbe biographie d’un héros nationaliste, félicitation à l’auteur de l’article.
L’article, comme le commentaire, sont de haute volée.
Toutefois, comme beaucoup d’entre nous, Chateau-Jobert s’est mépris sur la vraie nature de l’état d’Israel qu’il admirait sans réserve. Je fis de même à une époque : comme je le regrette ! Comme j’en ai honte !
Ayant moi même servi au 3ème RPIMa issu du 3BCCP j’ai eu l’honneur de rencontrer cet immense gloire française lors d’une cérémonie au monument des fusillés de Perpignan. C’était parmi les officiers rebelles à l’abandon de l’algérie française le plus engagé. Il nous faudrait aujourd’hui de tels chefs pour refondre le roman national détruit par 40 ans de politique stupide et laxiste. Gloire à nos héros.
Vous trouverez sur :
https://www.chire.fr/recherche/chateau-jobert
tous les livres disponibles du Colonel, ainsi que des articles dans Lectures Françaises, Lecture et Tradition et Cahiers de Chiré ; il fut un grand ami de Jacques Meunier, Christian Lagrave et moi-même de l’équipe de Chiré et il participa à de nombreuses réunions de direction-gestion pour notre librairie ( y compris des réunions familiales et privées ) .
Jean Auguy
CBA/CR Jacques TORRES.
J’ai eu l’honneur et le privilège de rencontrer plusieurs fois « Conan » au cours de mes activités de Réserve dans la 32e DMT, CAEN… Le colonel honorait de sa présence nos prises d’armes et les commémorations. Un impérissable souvenir d’une grande figure historique et d’une légende vivante.