Profondément déstabilisé par l’invasion russe de l’Ukraine, qui a remis en cause les approvisionnements énergétiques russes à bas prix de l’Allemagne, le gouvernement a très vite montré des signes de fragilité. Dans la foulée, les trois partis de la coalition au pouvoir ont subi de lourds revers électoraux. Le FDP (Parti libéral-démocrate, « pro-business » et « néolibéral ») en particulier a disparu de plusieurs parlements régionaux. Partisan d’une discipline budgétaire stricte, son ministre des Finances, Lindner, s’est vite retrouvé en porte à faux face au dérapage des finances publiques. Un jugement de la Cour constitutionnelle de novembre 2023, remettant en cause la politique budgétaire du gouvernement, a marqué le début de la fin. Olaf Scholz aurait sommé son ministre des Finances d’abandonner les garde-fous budgétaires. « Je ne pouvais pas accepter cela car cela aurait été une violation de mon serment », a dit Christian Lindner.
Ainsi, après plus d’un an de conflits et malgré des conciliabules acharnés de dernière minute, les trois partenaires qui formaient la coalition gouvernementale dirigée par Olaf Scholz ont été contraints à la séparation. Le divorce s’est conclu sous la forme d’un congédiement visant le ministre des Finances Christian Lindner, débarqué sous décision du chancelier, suivi des ministres libéraux ayant pris le même chemin. La coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz qui a plongé la première économie européenne dans une crise inédite, a donc explosé, ouvrant la voie à des législatives anticipées qui se tiendront le 23 février 2025.
En attendant les élections et la formation d’une nouvelle coalition, le chancelier est désormais à la tête d’un gouvernement minoritaire avec les écologistes.
Aujourd’hui, l’Allemagne adhère aux idéologies de « l’énergie verte » et d’une société zéro carbone, c’est-à-dire une société qui n’émet plus de CO2. Les Allemands semblent prendre leur idéologie au sérieux, ils semblent prendre tout au sérieux. Une fois qu’ils adhèrent à une idéologie, il peut être difficile de les faire changer d’avis.
C’est ainsi qu’est arrivée au pouvoir la chancelière Angela Merkel (2005-2021). Beaucoup oublient qu’elle n’est pas issue de l’extrême gauche verte, même si son parcours laisse à penser que c’est le cas. Elle est en fait issue de la CDU/CSU , le parti de « centre-droit » allemand.
Le bilan de Merkel est clair :
- l’islamisation démographique de l’Allemagne par l’ouverture de ses portes à un flot de migrants étrangers à la culture allemande et apparemment peu enclins à l’intégrer ;
- la destruction du patrimoine nucléaire allemand
Avec la fin de l’énergie russe peu chère, l’Allemagne se retrouve sur une trajectoire d’appauvrissement accélérée. Selon le Süddeutsche Zeitung, le ministère allemand de l’Économie prévoit désormais une contraction du PIB de 0,2 % pour 2024, inversant ainsi sa prévision antérieure de croissance de 0,3 %.
L’Allemagne est également confrontée à un anéantissement industriel.
BASF, par exemple, est un fleuron du secteur industriel allemand depuis 1865 et symbolise la puissance industrielle du pays. Avec près de 400 sites de production dans 80 pays, son cœur de métier reste à Ludwigshafen, en Allemagne, où l’entreprise exploite un vaste complexe de 200 usines et emploie environ 39 000 personnes. Mais ce pôle est récemment devenu le point central des défis de BASF.
Au cours des deux dernières années, l’entreprise a fermé l’une de ses deux unités d’ammoniac et en a mis plusieurs autres au ralenti en raison de leur manque de compétitivité, ce qui a entraîné la perte de 2 500 emplois, explique Chemical and Engineering News. BASF a également connu une baisse significative en 2023, avec des ventes en baisse de 21,1 % et un bénéfice ajusté en chute de 60,1 %. En plus de ces difficultés, BASF a récemment annoncé son intention de réduire les coûts de 1,1 milliard de dollars supplémentaires à Ludwigshafen, ce qui laisse présager de nouvelles suppressions d’emplois.
En conséquence de ce désastre industriel, l’establishment allemand est confronté à une révolte démocratique de segments croissants de sa population, comme le montrent les récentes élections régionales en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg, qui ont vu la montée en puissance du parti de droite AfD, qui exige que l’Allemagne dise adieu aux mythes de l’énergie verte qui détruisent son industrie.
On aurait pu espérer que la droite allemande tirerait quelques leçons du désastre de Merkel. Ce n’est pas le cas. Les sondages fédéraux et les récentes élections régionales semblent s’accorder sur ce point, prédisant un désastre pour la gauche, tandis que la CDU/CSU de centre-droit et l’AfD de droite sont en pleine ascension.
Alors que la logique voudrait que le centre-droit et la droite, qui disposent ensemble d’une large majorité, gouvernent – leurs convergences politiques, que ce soit sur la question migratoire ou énergétique, sont nombreuses -, le centre-droit a clairement affiché son refus absolu de gouverner avec l’AfD, de quelque manière que ce soit.
Cela oblige la CDU à envisager de gouverner demain avec… les Verts, l’extrême gauche la plus radicale d’Europe (avec les écologistes belges et français) — le parti le plus opposé à la CDU sur les questions migratoires, environnementales et de priorité au nucléaire. Le mouvement responsable de la destruction des ressources énergétiques de l’Allemagne, et complice direct du régime russe et sous son patronage – les Verts – qui ont signé et célébré le démantèlement des centrales nucléaires allemandes en pleine guerre en Ukraine après la destruction du gazoduc Nord Stream 2 ; des centrales nucléaires qui étaient encore opérationnelles et auraient pu continuer à produire de l’énergie bon marché pendant des années.
La CDU, l’Allemagne se prépare-t-elle réellement à fermer les frontières avec ceux qui veulent les abolir, à renvoyer les migrants non intégrables malgré l’opposition des Verts à l’expulsion, à baisser les prix de l’énergie avec les auteurs des politiques mêmes qui ont provoqué l’explosion des prix, et à contrer l’islamisme avec l’aide de ses alliés les plus dévoués ?
Cette collaboration est facilitée par une convergence idéologique massive : la CDU et les Verts croient tous deux à la nécessité de la transition énergétique. L’élimination des combustibles fossiles et du nucléaire doit être remplacée par des « énergies renouvelables » – principalement l’éolien et le solaire – qui sont intermittentes, souvent inabordables et d’une utilité pratique limitée. L’éolien et le solaire sont massivement impactés par les conditions météorologiques. Les panneaux solaires produisent moins par temps nuageux et les éoliennes produisent moins par temps calme. Cette variabilité rend difficile la garantie d’une production énergétique constante.
La CDU de centre-droit soutient l’économie de marché, l’alliance atlantique et l’industrie allemande, mais adhère aussi à l’idéologie écologiste. Cette vision explique pourquoi le Parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe politique du Parlement européen, dont la CDU est membre, a nommé Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. Sous sa direction, l’économie s’effondre, l’industrie disparaît et l’islamisme prolifère. Tout cela n’a apparemment aucune importance, car les Européens ont le Saint Graal : la « transition énergétique » vers une Europe « zéro carbone » et plus de réglementations que toutes les autres civilisations réunies.
Malheureusement, cette politique est un mythe absolu.
L’Europe zéro carbone, une impossibilité physique , n’aura jamais lieu. Même si elle se réalisait, elle ne changerait rien à l’explosion mondiale des émissions de CO2. L’Europe ne représente que 8 % des émissions mondiales de CO2 . Même si l’Europe cessait d’exister, cela ne changerait pas grand-chose aux émissions mondiales de CO2. Elles continueraient à augmenter sur les cinq continents. La destruction de l’industrie européenne par la droite allemande n’aurait aucun effet sur le climat : zéro.
Aujourd’hui, alors que les écologistes vantent la « société zéro carbone » et les « énergies 100 % renouvelables », l’Allemagne s’est enfermée dans des mythes. Aujourd’hui comme hier, ces mythes risquent de précipiter la ruine non seulement de l’Allemagne, mais de l’Europe entière.
Qui sortira l’Allemagne et l’Europe de cette ornière ?