L’anthropologue et sociologue Gustave Le Bon est présenté par le docteur en médecine et en philosophie Georges Torris comme un « esprit universel et polygraphe ». De formation médicale, il se tourna plus tard vers l’anthropologie et fut chargé d’une mission archéologique en Inde. Ayant publié près de 43 livres, traduits en une douzaine de langues, il a entre autres écrit l’ouvrage Lois psychologiques de l’évolution des peuples, paru en 1895.
C’est dans cet ouvrage, réédité par les éditions KontreKulture en 2022, qu’il analyse le phénomène qui pourrait être désigné comme « l’auto-destruction » des civilisations. Ses observations se veulent universelles et atemporelles, et aboutissent à une loi générale. Cette dernière se manifesterait graduellement, suivant un schéma identique pour toutes les cultures du monde.
Pour commencer Le Bon présente et établit une dépendance entre l’Homme et son environnement, dépendance dont l’impact sur le psychisme humain serait fondamental pour comprendre l’histoire des hommes :
« Pas plus que les espèces anatomiques, les espèces psychologiques ne sont éternelles. Les conditions de milieux qui maintiennent la fixité de leurs caractères ne subsistent pas toujours. Si ces milieux viennent à se modifier les éléments de constitution mentale, maintenus par leur influence, finissent par subir des transformations régressives qui les conduisent à disparaître. Suivant des lois psychologiques, aussi applicables aux cellules cérébrales qu’aux autres cellules du corps, et qui s’observent chez tous les êtres, les organes mettent infiniment moins de temps à disparaître qu’il ne leur en a fallu pour se former. Tout organe qui ne fonctionne pas cesse bientôt de fonctionner. »
Cette analogie entre le corps et la mentalité des individus comme des peuples est essentielle dans son propos. Cependant la croissance et le déclin du corps et du psychisme ne sont pas symétriques :
« (…) un organe qui a demandé peut-être des milliers de siècles pour se former par de lentes adaptations et accumulations héréditaires, arrive à s’atrophier fort rapidement, lorsqu’il cesse d’être mis en action. »
Et l’atrophie de cet état d’esprit civilisationnel, dès qu’il se manifeste, a vocation à détruire la société en anéantissant toutes les qualités positives de la civilisation qu’elle portait :
« La constitution mentale des êtres ne saurait échapper à ces lois psychologiques. La cellule cérébrale qui n’est plus exercée cesse, elle aussi, de fonctionner, et des dispositions mentales qui avaient demandé des siècles pour se former peuvent être promptement perdues. Le courage, l’initiative, l’énergie, l’esprit d’entreprise et diverses qualités de caractère fort longues à acquérir peuvent s’effacer assez rapidement quand elles n’ont plus l’occasion de s’exercer. Ainsi s’explique qu’il faille toujours à un peuple un temps très long pour s’élever à un haut degré de culture, et parfois un temps très court pour tomber dans le gouffre de la décadence. »
Cette chute n’a absolument rien d’intellectuelle : ce n’est pas le nombre de savants qui s’effondre. C’est aussi le signe que les savants ne suffisent pas à porter le destin des peuples :
« Quand on examine les causes qui ont conduit successivement à la ruine les peuples divers dont nous entretient l’histoire, qu’il s’agisse des Perses, des Romains, ou de tout autre, on voit que le facteur fondamental de leur chute fut toujours un changement de leur constitution mentale résultant de l’abaissement de leur caractère. Je n’en vois pas un seul qui ait disparu par suite de l’abaissement de son intelligence. »
A l’instar de l’historien Fustel de Coulanges, qui fut son contemporain, Le Bon affirme que ce n’est pas la décadence des mœurs qui est à l’origine de la chute de la civilisation, mais bel et bien la faiblesse du caractère, lequel est dépendant de l’environnement des peuples. C’est cette faiblesse qui aboutit à une « mécanique identique de dissolution ».
Mais comment un peuple en arrive-t-il à pareille catastrophe ?
« Arrivé à ce degré de civilisation et de puissance où, étant sûr de ne plus être attaqué par ses voisins, un peuple commence à jouir des bienfaits de la paix et du bien-être que procurent les richesses, les vertus militaires se perdent. L’excès de civilisation crée de nouveaux besoins, l’égoïsme se développe. N’ayant d’autre idéal que la jouissance hâtive de biens rapidement acquis, les citoyens abandonnent la gestion des affaires publiques à l’État et perdent bientôt toutes les qualités qui avaient fait leur grandeur. Alors des voisins barbares ou semi-barbares, ayant des besoins très faibles mais un idéal très fort, envahissent le peuple trop civilisé, puis forment une nouvelle civilisation avec les débris de celle qu’ils ont renversée. »
Les plus grands empires n’ont pas résisté à cette inéluctabilité :
« C’est ainsi que, malgré l’organisation formidable des Romains et des Perses les Barbares détruisirent l’empire des premiers et les Arabes celui des seconds. Ce n’étaient pas certes les qualités de l’intelligence qui manquaient aux peuples envahis. »
Les civilisations avaient perdu « cet élément fondamental qu’aucun développement de l’intelligence ne saurait remplacer : le caractère. Les Romains des vieux âges avaient des besoins très faibles et un idéal très fort. Cet idéal -la grandeur de Rome- dominait absolument leurs âmes, et chaque citoyen était prêt à y sacrifier sa famille, sa fortune et sa vie. »
L’un des exemples les plus accessibles au lecteur français de 1895 était bel et bien celui de l’empire des Césars :
« Lorsque Rome fut devenue le pôle de l’univers, la plus riche cité du monde, elle fut envahie par des étrangers venus de toutes parts et auxquels elle finit par donner les droits de citoyen. Ne demandant qu’à jouir de son luxe, ils s’intéressaient fort peu à sa gloire. La grande cité devint alors un immense caravansérail, mais ce ne fut plus Rome. Elle semblait bien vivante encore, mais son âme était morte depuis longtemps. »
Cependant, il faut impérativement noter que cette éternelle loi de décadence s’est complexifiée depuis l’Antiquité. En effet, la science, après avoir ruiné l’autorité des religions constituées, a joué un rôle fondamental dans son évolution :
« Des causes analogues de décadence menacent nos civilisations raffinées, mais il s’en ajoute d’autres dues à l’évolution produite dans les esprits par les découvertes scientifiques modernes. La science a renouvelé nos idées et ôté toute autorité à nos conceptions religieuses et sociales. Elle a montré à l’homme la faible place qu’il occupe dans l’univers et l’absolue indifférence de la nature pour lui. Il a vu que ce qu’il appelait liberté n’était que l’ignorance des causes qui l’asservissent, ce que, dans l’engrenage des nécessités qui les mènent, la condition naturelle de tous les êtres est d’être asservis. Il a constaté que la nature ignorait ce que nous appelons la pitié, et que tous les progrès réalisés par elle ne l’avaient été que par une sélection impitoyable amenant sans cesse l’écrasement des faibles au profit des forts. »
Rompant avec toute explication surnaturelle du monde, la science a contribué à remplacer Dieu par le vide :
« Toutes ces conceptions glaciales et rigides, si contraires à ce que disaient les vieilles croyances qui ont enchanté nos pères, ont produit d’inquiétants conflits dans les âmes. Dans des cerveaux ordinaires, ils ont engendré cet état d’anarchie des idées qui semble la caractéristique de l’homme moderne. Chez la jeunesse artiste et lettrée, ces mêmes conflits ont abouti à une sorte d’indifférence morne, destructive de toute volonté, à une incapacité complète de s’enthousiasmer pour une cause quelconque, et à un culte exclusif d’intérêts immédiats et personnels. »
Les dommages viennent non pas tant de la fin de la croyance mais de la perte des principes qui s’y rattachaient : « Le vrai danger pour les sociétés modernes tient précisément à ce que les hommes ont perdu toute confiance dans la valeur des principes sur lesquels elles reposent. »
Des masses humaines ne viendront pas les solutions :
« Les foules se tourneront toujours vers ceux qui leur parleront de vérités absolues et dédaigneront les autres. »
Au fond c’est le doute permanent qui tue les peuples, plutôt que les Barbares :
« (…) nous pouvons dire que pour un âge donné et pour une société donnée, il y a des conditions d’existence, des lois morales, des institutions qui ont une valeur absolue, puisque cette société ne saurait exister sans elles. Dès que leur valeur est contestée et que le doute se répand dans les esprits, la société est condamnée à bientôt mourir. »
L’époque de la chute se manifeste aussi par un néant spirituel et intellectuel :
« (…) le nihilisme philosophique, que des voix autorisées propagent aujourd’hui dans de faibles esprits, les fait immédiatement conclure à l’injustice absolue de notre ordre social, à l’absurdité de toutes les hiérarchies, leur inspire la haine de tout ce qui existe et les mène directement au socialisme et à l’anarchisme. »
Sans doute pourrions-nous aujourd’hui remplacer « socialisme » et « anarchisme » par wokisme, et gauchisme en général, autrement dit pacifisme, égalitarisme et progressisme.
La période de transition entre une époque de foi (en des valeurs) et une autre qui en est dépourvue est redoutable :
« Ce fut toujours pour un peuple une heure redoutable que celle où ses vieilles idées sont descendues dans la sombre nécropole où reposent les Dieux morts. »
Il ne semble pas absurde de faire un parallèle entre les analyses de Gustave Le Bon sur les sociétés européennes de son temps et l’état de l’Occident à notre époque :
« Elles perdent chaque jour leur initiative, leur énergie, leur volonté et leur aptitude à agir. La satisfaction de besoins matériels toujours croissants tend à devenir leur unique idéal. La famille se dissocie, les ressorts sociaux se détendent. Le mécontentement et le malaise s’étendent à toutes les classes, des plus riches aux plus pauvres. Semblable au navire ayant perdu sa boussole et errant à l’aventure au gré des vents, l’homme moderne erre au gré du hasard dans les espaces que les dieux peuplaient jadis et que la science a rendus déserts. Il a perdu la foi et du même coup l’espérance. Devenues impressionnables et mobiles à l’excès, les foules, qu’aucune barrière ne retient plus, semblent condamnées à osciller sans cesse de la plus sérieuses anarchie au plus pesant despotisme. On les soulève avec de mots, mais leurs divinités d’un seul jour seront bientôt leurs victimes. »
Pour continuer l’analogie avec notre époque, on peut affirmer que l’une de ces « divinités du jour », l’universalisme, mode lancée par la gauche dans les années 1980 pour mieux faire accepter l’immigration de masse voulue par ses alliés objectifs, le grand patronat et la finance, a été attaqué, puis détrôné, par le wokisme.
Le Bon mettait déjà en garde quant à la versatilité des masses, qu’il nomme toujours « les foules » :
« En apparence [les foules] semblent souhaiter la liberté avec ardeur ; en réalité elles la repoussent toujours et demandent sans cesse à l’État de leur forger des chaînes. »
De nombreux français étaient favorables aux gilets jaunes, et ont parfois rejoint leurs rangs, mais beaucoup ont négligé de continuer, même à leur échelle et à leur manière, une quelconque forme d’opposition.
« [Les foules] obéissent aveuglément aux plus obscurs sectaires, aux plus bornés despotes. »
Gustave Le Bon semble nous décrire, non les réalités de 1895, mais celle de 2024 :
« L’État, quel que soit le régime nominal, est la divinité vers laquelle se tournent tous les partis. C’est à lui qu’on demande une réglementation et une protection chaque jour plus lourdes, enveloppant les moindres actes de la vie des formalités les plus byzantines et les plus tyranniques. »
Quid de la jeunesse ?
« La jeunesse renonce de plus en plus aux carrières demandant du jugement, de l’initiative, de l’énergie, des efforts personnels et de la volonté. Les moindres responsabilités l’épouvantent. »
L’âge de la chute, c’est aussi la mort du débat politique lui-même, de la réflexion, et même d’une certaine conception du Beau :
« L’énergie et l’action sont remplacées chez les hommes d’État par des discussions personnelles effroyablement vides, chez les foules par des enthousiasmes ou des colères d’un jour, chez les lettrés par un sorte de sentimentalisme larmoyant, impuissant et vague, et de pâles dissertations sur les misères de l’existence. »
C’est aussi le temps du triomphe de l’égoïsme :
« Un égoïsme sans bornes se développe partout. L’individu fini par n’avoir d’autre préoccupation que lui-même. Les consciences capitulent, la moralité générale s’abaisse et graduellement s’éteint. L’homme perd tout empire sur lui-même. Il ne sait plus se dominer ; et qui ne sait se dominer est condamné bientôt à être dominé par d’autres. »
Passé ces constats, que faire ? Le remède suggéré par l’anthropologue est simple :
« Pour les peuples qui s’affaissent, une des principales conditions de relèvement est l’organisation d’un service militaire universel très dur et la menace permanente de guerres désastreuses. »
C’est donc bien l’état de tension permanente qui sauve les peuples. Autrement dit, la proximité continue avec le danger mortel.
Pessimiste sur l’avenir de l’Europe, Gustave Le Bon considère que les peuples, en particulier les Latins, voudront un tyran qui à défaut de liberté leur donnera l’égalité, relative bien sûr. Ce sera l’avènement d’un âge socialiste, au sens péjoratif, marxisant et oppressif du terme, lequel précédera l’invasion de l’Europe par des Barbares, et la fin de son histoire. La civilisation européenne sera ainsi née, aura vécu, puis aura disparu, comme tant d’autres avant elle.
Échapper à cette destinée est-il possible ? A moins d’un remède de choc, non. La fatalité finira par regagner ses droits. Et de toute évidence, comme l’affirmait Gustave Le Bon :
« L’histoire tourne toujours dans le même cercle. »
Entièrement d’accord, la civilisation Aryenne n’est pas une civilisation qui s’écroule comme d’autres avant et après, elle est le Monde et son Histoire.
Si elle s’écroule, c’est le Monde et l’Homme qui s’écroulent.
G. Le Bon, polymathe… soit, versé dans différents domaines scientifiques de haute exigence. L’édition russe de sa « Psychologie des foules », rassemble également les écrits de le Bon qui s’y rapportent, en matière e réalisme racial. C’est parfait.
Je remarque que, pour des gens de ma génération, si la collection Quadrige n’avait publié, il y quelques décennies déjà, la « Psychologie des foules », cet honnête homme et grand voyageur demeurait un illustre inconnu.
Cet ouvrage forme l’argument du premier de « Cinq Éssais de psychanalyse » de Sigmund Freud, pour y être dénigré au motif qu’il n’y aurait pas de psychologie collective (i.e. que toute considération ethno-culturelle, ne peut relever que d’une curiosité malveillante), sinon par addition de phénomènes individuels, aisément mystifiés en complexes « sexuels » ; tel fond de commerce de fort mauvais et fastieux critiques littéraires, montés en graînes à la faveur de « La Science » en plates profondeurs…
G. Le Bon est un chercheur et, mieux encore, un chercheur qui « trouve »… Crucial, Gustave L. B., à la jonction de la seconde moitié du dix-neuvième siècle et le vingtième. Des Russes l’ont compris… et l’ont traduit en conséquence.
Évidemment… fort tristement nous n’y avons rien appris collectivement ! Bien !… il est vrai que G. Le Bon ne fut republié, enfin, qu’une fois les « jeux étant faits »… L’internet, pour contrer telle malfaisance, étant arrivé quelque en retard…
D’où, de façon quelque peu paradoxale, le beau travail des Éditions KontreKulture ! Précipitez-vous-y.
Comme tout Homme de qualité, G. Le Bon n’est pas exempt de défaut, tel que vous et moi… Ainsi, un livre de lui, sur la barbarie germanique… versus la civilisation latine, pour sublimer les prodromes de la Première Grande guerre civile européenne, nous apparaît, aujourd’hui, « positivement » inqualifiable.
A Messieurs GAMBIER, X et MARTEL…
Qu’avez-vous fait, malheureux ?
Comment ? Vous auriez insinué qu’en politique comme ailleurs un effet pouvait avoir une cause ?
Que cette cause pouvait être elle-même l’effet d’une volonté collective ?
Et que cette collectivité pouvait être identifiée ?
Ce que vous auriez tenté de suggérer, hors limites du politiquement correct ?
Vous n’auriez pas compris – c’est à peine imaginable ! – qu’en matière politique tout ce qui ne s’inscrit pas dans la logique égalitaire et mondialiste définie à Nuremberg fait de vous des « CONSPIS » ?
Erreur énergiquement rectifiée – merci à lui ! – par 120 lignes bien serrées de « David », dont la générosité pédagogique va jusqu’à convoquer Auguste… Marc-Antoine… Marius… Sylla… Pompée… César… Tite-lIve… Sallustre… Catilina… Virgile,.. Horace… Cincinnatus… Pline le Jeune… Sénèque… Cicéron…
Sans omettre – car il a des acquis culturels « David » ! – Antoine de Brabant.., Philippe de Bourgogne… Jean d’Alançon… Charles d’Albret…
Personnages remarquables, certes, mais dont les béotiens que nous sommes ne saisissent pas très bien le rapport avec le débat initial…
Mais qu’importe, après tout, « David » nous a démontré l’étendue de son savoir !
Mais qu’entends-je parmi les cancres au fond de la classe ?
Quelqu’un aurait dit « Cuistre » ?
Ho ! J’ose à peine le croire…
Excellent article, très instructif, stimulant et éclairant et sans verser dans les outrances des commentaires ci-dessus, toujours et encore ultra-conspis, qui rivalisent autant de méchanceté, que de mauvais goût, d’outrecuidance et d’orgueil d’ethnie mal placé: « c’est en gros nous les meilleurs, mais les autres, en l’occurrence les juifs, viennent nous détruire! » Décidément attribuer un tel pouvoir aux juifs les rend vraiment surhumains et je ne suis pas sûr que l’effet que l’on se propose avec de telles assertions soit efficace, c’est plutôt le contraire. On a un peu la même configuration avec un amant craignant les prétendues assiduités d’un rival auprès de sa dame et succombant à des transports de jalousie intenses, lui interdisant ensuite tout commerce avec lui et en disant du mal, il ne s’avise pas que de tels procédés poussent à maints égards la dame à aimer l’autre, car la crainte d’être délaissé auprès de lui démontre qu’il se reconnait inférieur à ce dernier en mérites et en valeur. Il y a d’autres moyens de combattre les juifs, beaucoup plus rationnels et moraux, je pense à cette duplicité permanente, ici souvent libéral-libertaire et au bord du Jourdain tout le contraire, on dirait en écoutant les conspis que le juif est une super entéléchie dont le monde entier, l’Occident surtout, serait l’actualisation, je pense que le monde est un peu plus complexe…
Ce qui est dit dans cet article n’explique pas tout, mais expose en partie l’étiologie de la décadence occidentale, qui n’a rien de conspi, comme on peut le voir. C’est un processus impersonnel et assez rationnel, l’exemple de Rome est opportun: après des efforts, des sacrifices longs et patients pour établir son empire et sa gloire, on veut jouir ensuite de sa tranquillité, on veut vivre tout simplement. Après avoir conquis le monde, les Romains se sont entretués pendant 50 ans: des guerres sociales avec Marius et Sylla en -90 (tous les Italiens du nord au sud voulaient jouir de la citoyenneté romaine, ce qui était loin d’être la cas en -90 encore, alors que l’Italie était complètement romaine depuis -242, d’où le vers « I’talie, esclave de Rome » dans l’hymne actuel capiteux de l’Italie, l’inno de Mameli) à Actium en -31, lutte à mort entre Auguste et Marc-Antoine. Mais dans ces 50 ans, il y eut d’atroces guerres civiles, les guerres les plus funestes pour un pays, celles entre Marius et Sylla, ensuite Pompée (lequel représentait le sénat et la vielle Rome) et César et enfin Auguste et Marc-Antoine.
Le passage de la République à l’Empire sous Auguste a signifié un grand soulagement pour tout le monde. La vielle Rome avait disparu depuis longtemps et ses antiques vertus sont devenues un lieu commun nostalgique chez les poètes et les prosateurs du siècle d’or de la littérature latine, qu’on appellera le siècle d’Auguste: Tite-Live, Salluste, notamment au début du récit de sa Conjuration de Catilina (il faut lire le passage pathétique qui ne manque pas de sel sur les anciens Romains, surtout que Salluste n’a pas trop incarné ce qu’il professait dans ses livres), Virgile, Horace, etc. Je ne suis pas sûr cependant que tous auraient voulu revenir aux temps des anciennes guerres puniques, des guerres samnites, des guerres latines menées par l’ancienne République… Moi-même j’aurais préféré vivre avec Pline le Jeune au début du IIe second siècle après notre ère qu’avec Cincinnatus, le « moine-soldat » héroïque et vertueux de la République. Pline le Jeune est l’achèvement de la civilisation gréco-romaine dans ce qu’elle a de plus grand et de plus noble, il est homme tout simplement, il est excellent homme même. Lisez sa correspondance, qui mérite d’être un des plus grands monuments de la littérature mondiale. Rome était à son époque complètement dégénérée, mais elle était aussi à son apogée dans la mesure où elle n’avait pas produit d’hommes de cette qualité avant. César lui-même était un héros et un génie, un des plus grands hommes de tous les temps, mais un orgueilleux et un mégalomane; Cicéron un très grand orateur, entendre un homme complet, un homme universel, mais un ambitieux et un parvenu avide de gloire. Pline le Jeune est plus simple, plus discret, moins héroïque, mais non dépourvue de caractère, d’honneur, de grandeur, d’humilité et de dignité. Il recherche la gloire comme ses prédécesseurs, mais il est beaucoup plus fin et la gloire que recherche Pline est différente, c’est une gloire simple d’honnête homme. Il faut lire Cicéron, il parait grossier à côté de lui, on éprouve parfois un malaise parfois devant tant d’infatuation. Avec Pline, on s’acheminait déjà vers notre civilisation helléno-chrétienne (on l’entrevoit chez Sénèque aussi). Comme dit Castiglione dans le Courtisan, on aime contempler le passé, parce que tout y était plus beau et plus grand, mais on oublie que dans notre temps actuel les hommes sont souvent meilleurs, mais ce qui signifie aussi, le mal ne pouvant exister sans le bien, que beaucoup d’autres hommes sont encore plus dépravés. Pour le temps présent, il ne faisait pas bon vivre dans nos campagnes au XIXe siècle, il faut relire Emile Guillaumin qui nous narre la vie d’un paysan dans le Bourbonnais au XIXe siècle, il l’était lui-même. Tous les nobliaux et les bourgeois de Moulins qui employaient les métayers n’était pas juifs, ce qui les empêchait pas d’être de fieffées pourritures.
Le tout est de trouver encore un équilibre entre vie héroïque où l’honneur, le caractère et le tout sont supérieurs à l’individu et vie bourgeoise et individualiste où l’homme vaque paisiblement à ses occupations et ses dilections. L’équilibre est je pense dans une vie bourgeoise traditionnelle, vie paisible et tranquille (tout le monde y aspire, il faut éviter d’être mytho, la gloriole c’est terminé et ce désir de gloire nous mène à des catastrophes sans nom), mais vie fidèle au génie de ses pères s’inscrivant dans une continuité plusieurs fois séculaire, dans l’honneur et la dignité, mais sans pour autant que celle-ci et celle de nos compatriotes soient une agression permanente pour les voisins. On peut se passer de la guerre, surtout avec les armes modernes ou même les armes de trait déjà. Avec un arc par exemple, n’importe quel lâche et gringalet pouvait tuer le chevalier le plus brave, c’est ce qui s’est passé à Azincourt en 1415 (la France y a perdu d’ailleurs la moitié de sa haute noblesse de presque toute sa chevalerie et qui s’en souvient encore aujourd’hui? Antoine de Brabant ou de Bourgogne, Philippe de Bourgogne, Jean d’Alençon, le connétable Charles d’Albret ne se sont même pas survécus dans la mémoire des hommes, cette bataille fut une des pires catastrophes de l’histoire de France). Les guerres antiques étaient plus nobles, on se battait au moins avec sa force physique et l’intelligence stratégique de ses chefs, « stratégiquel » est d’ailleurs un mot savant qui vient du grec strategos et signifiant général (d’armée).
L’honneur moderne, le caractère dis-je, doit donc simplement s’employer à défendre une histoire, un caractère, un art de vivre, un peuple enraciné, une esthétique, une tradition contre toutes les parasites au pouvoir et leurs suppôts qui veulent les assassiner et lesdites ordures ne sont pas toute juives, elles sont souvent bien françaises de souche (accuser les juifs, c’est bien commode, mais ça nous fait passer complètement à côté du problème et nous évite de voir que les autochtones sont les premiers fossoyeurs de leur patrie, voire la Suède et ce qu’elle est devenue en à peine 15 ans), souvent sous-prolétaires et dégénérées dans l’âme, l’intelligence et les dilections et à qui on a laissé faire des études et une fois devenues « intellectuelles » sans la culture, le goût, le goût, l’éducation, l’enracinement, ils détruisent le pays dont ils sont issus pour permettre aux sous-hommes comme eux de parvenir à la même position. Le plouc inculte Macron en est le parangon.
Le caractère doit être là aujourd’hui en Europe de l’Ouest: défendre quoi qu’il en coûte un héritage, il faut seulement bien définir son ennemi et le harceler ensuite, c’est ce que je fais, certes sans grand résultat et avec des problèmes judiciaires, mais au moins j’ai mis mes idées en pratique.
Il faut donc retenir de cet excellent livre de le Bon que le caractère est en effet ce qui est de plus important, il est bien supérieur à l’intelligence et à la connaissance. Les « hauts QI » (il y en a beaucoup apparemment) et les savants ne servent à rien dans la conservation des peuples.
Cher Homère et dans l’aristocratie indo-Européenne, la plus haute qualité était le caractère également, la fameuse racine indo-européenne *men qui désigne dans toutes nos langues modernes l’esprit (mens en latin, mimneskomai en grec ancien, meinen en allemand) a d’abord signifié le caractère, le courage, l’honneur.
Je me demande si Le Bon n’a pas lu avec zèle Nietzsche avant, il professait la même vérité. Dans Jenseits von Gut und Böse (Par-delà le Bien et le Mal) sorti en 1885, Nietzsche le grand philologue avant d’être philosophe affirme la vérité suivante: « Geist allein adelt nicht; vielmehr bedarf es etwas, das den Geist adelt. Was wir in unserer Zeit also brauchen, ist ‘keine Elite’. In unserer Zeit tun Charakter mehr Not als Intelligenzen. Rückgrate mehr als Gehirne. Aber eine ‘Elite des Charakters’ ist nicht irgendeine Elite. Sie trägt einen Namen: es ist eine Aristokratie. Wir brauchen weniger eine ‘neue Elite’ als eine Aristokratie (« L’esprit seul n’ennoblit pas, bien plus il a besoin de qqe chose qui ennoblit l’esprit. Dans notre époque, nous avons plus besoin de caractères que d’intelligences, de colonnes vertébrales que de cerveaux. Mais une élite du caractère n’est pas n’importe quelle élite. Elle porte un nom : c’est une aristocratie. Nous avons moins besoin d’une élite que d’une nouvelle aristocratie »).
J’aimerais savoir ce que les participants de JN pensent des écrits de Rudolph Steiner sur le racialism et sa vision des races Humaines .Est – il est pris au sérieux ou pas ?