Hier les tracteurs de Belgique et de France ont convergé vers le Parlement européen à Bruxelles où avait lieu une session en présence des ministres de l’agriculture de tous les états membres.
Comme la dernière fois – le 1er février où les agriculteurs avaient érigé des barricades devant le parlement européen qu’ils avaient assiégé – les policiers belges avaient placé des hérissons anti-char et des barrières, mais ils ont été rapidement repoussés par les tracteurs qui se sont frayés le chemin vers le Parlement.
Aux côtés des principales organisations belges et françaises, des délégations d’Espagne, du Portugal et de la puissante confédération syndicale italienne Coldiretti étaient attendues pour marteler leurs revendications près du Conseil européen.
Les manifestations des agriculteurs contre la politique de Bruxelles se sont donc poursuivies ce 26 février à Bruxelles pour exprimer leur mécontentement face :
- aux prix bas,
- aux coûts de production élevés,
- aux normes « écologiques » de l’UE imposées par des lobbys financés par des puissances étrangères
- et aux importations bon marché.
Les ministres de l’Agriculture des Vingt-Sept discutent de propositions pour simplifier et assouplir la PAC, sous la pression de centaines de tracteurs défilant dans la capitale belge :
- les obligations de maintien des prairies permanentes devraient ainsi être assouplies cette année pour les éleveurs en reconversion, afin qu’ils ne perdent pas de revenus,
- une tolérance serait accordée aux agriculteurs ne respectant pas les exigences de la PAC en raison d’épisodes climatiques extrêmes,
- les exigences de déclaration seraient allégées
- et un recours à l’imagerie satellitaire contribuerait à réduire «de jusqu’à 50%» les visites de contrôle.
Des mesures qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les agriculteurs exigent l’« arrêt définitif » des négociations commerciales avec les pays sud-américains du Mercosur, Bruxelles ayant pour l’instant simplement reconnu que les conditions « n’étaient pas réunies » actuellement pour les conclure.
Surtout, ils réclament un « meilleur partage de la valeur » avec les géants industriels et distributeurs. « Il faut garantir (aux exploitants) des prix justes et stables protégés de la spéculation», martèle la coordination paysanne alternative Via Campesina. «L’agriculture est dans un étau économique se resserrant chaque année», entre d’un côté l’inflation des prix des engrais et de l’énergie, et de l’autre la chute des prix de vente.
À cela s’ajoute que « les contingents de blé ukrainien coulent le marché ». Certes, Bruxelles a proposé des mesures de restriction des importations ukrainiennes, déjà approuvées par les Vingt-Sept et désormais discutées au Parlement européen : sucre, volaille et œufs ukrainiens seraient plafonnés, mais seulement au niveau de 2022/2023, jugé beaucoup trop élevé, et cette restriction ne concerne pas les céréales.
Le sujet reste explosif. Et après avoir paralysé la frontière ukrainienne, des agriculteurs polonais en colère ont commencé à bloquer le 25 février un important poste frontalier avec l’Allemagne.
Haut les fourches !