En 2014, 901 menaces et agressions ont été recensées contre les médecins par le conseil de l’Ordre. Il ne s’agit que de chiffres indicatifs, de nombreux médecins ne faisant plus état depuis longtemps des agressions verbales ou même physiques ni aux services de police et de justice ni à l’ordre. D’ailleurs, sur ces 901 « incidents », moins de la moitié a eu une suite judiciaire.
Le chiffre total des agressions est en légère baisse par rapport à 2013 (925) ; 4 % ont été réalisées par des individus armés. Les médecins généralistes sont de très loin les plus touchés (61 % des agressions), loin devant les différents spécialistes. Sans surprise non plus, c’est en ville que sont commises la grande majorité (83 %) des agressions. C’est d’ailleurs dans le Nord (63 déclarations), les Bouches-du-Rhône (41), l’Isère (38) et la Seine-Saint-Denis (35) qu’ont été commis le plus d’atteintes. Le conseil se félicite de la diminution continue des agressions dans les cités envahies, oubliant de préciser que la baisse suit celle du nombre de médecins dans ces quartiers dont les patients, de l’ongle incarné aux blessures par balles lors de règlements de comptes, se tournent systématiquement vers les urgences.
Mais ce n’est ni contre l’insécurité qui entoure les médecins désormais, ni contre les problèmes de recrutement, les déserts médicaux, les fermetures de cabinets, voire d’hôpitaux – mais il ne fera évidemment rien contre cela puisque c’est lui qui l’impose – que le gouvernement a décidé d’agir. Dans le cadre de la nouvelle loi santé, les députés de gauche voulaient inscrire la généralisation des « testings » pour traquer et dénoncer les médecins qui refuseraient la multiplication des soins – et des fausses consultations – par les délinquants étrangers qui bénéficient de l’aide médicale d’État (AMÉ) quand de nombreux Français ne se font pas soigner, ou de la couverture maladie universelle (CMU).
À la demande de Marisol Touraine, ils ont adopté l’article 19 du projet de loi santé pour évaluer « l’importance et la nature des pratiques de refus de soins » à ces « bénéficiaires ». Les médecins ont obtenu que le mot de « testing » ne soit pas inscrit dans la loi, mais la formulation revient à la même chose.
« C’est jeter la suspicion et le discrédit sur l’activité des professionnels de santé »,
avait déclaré un député.
« Les médecins ont tous une déontologie et en général ne refusent jamais de dispenser des soins sauf pour des raisons bien particulières »,
avait ajouté un autre, sans préciser quelles étaient ces raisons « bien particulières », ni leur couleur.
L’idée du « testing », réclamée depuis longtemps par les associations antifrançaises, avait été reprise l’année dernière par le Défenseur des droits (sic).