Si la majorité présidentielle a pu dénoncer une instrumentalisation médiatique derrière l’affaire Benalla, de nouveaux éléments révélés par une enquête d’un quotidien du soir, publiés le 29 mars, semblent prouver que si manipulation il y a eu, celle-ci serait tout au contraire le fait de l’Elysée.
Le proche conseiller d’Emmanuel Macron au « château », de mai 2017 à mars 2019, Ismaël Emelien, a bel et bien utilisé des images du 1er mai, place de la Contrescarpe, récupérées illégalement auprès de la préfecture, montrant notamment un jeune couple lancer des projectiles sur les policiers, quelques instants avant l’intervention d’Alexandre Benalla. Un montage vidéo, avec des images d’une autre scène, montrant cette fois-ci un autre homme, poursuivant un policier avec une chaise, a été ensuite réalisé.
L’objectif présumé ? Permettre de minimiser les actes d’Alexandre Benalla et de discréditer les victimes. Ismaël Emelien a ensuite transféré la vidéo à Pierre Le Texier, responsable du pôle e-influence du parti présidentiel, pour faire diffuser et propager ce montage.
Qui est Ismael Emelien ?
Avant d’être le conseiller « communication et affaires stratégiques » de Macron à l’Élysée, il a été conseiller de DSK en 2006 en vue de sa campagne présidentielle avortée et également celui de… Maduro au Venezuela en 2013 en tant que directeur-conseil de l’officine de communication Havas.
Passé par Sciences Po, il a également travaillé pour la Fondation Jean Jaurès avant de faire carrière chez Havas puis de rejoindre Macron, alors secrétaire général de l’Élysée sous François Hollande, et enfin de le suivre à Bercy comme chargé de la stratégie, de la communication et des discours.
Un très proche de Macron donc, décrit comme « un des trois hommes qui dirigent la France », une intelligence au service de la magouille et de la communication…, mu essentiellement par le but de gagner le pouvoir et le conserver, quel que soit le prix à payer… Le prototype de ces élites mondialisées et très impliquées dans le judaïsme politique.
Affaire Benalla : vent de panique à l’Elysée !
Lorsque le quotidien révèle le 18 juillet 2018 que le conseiller d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, est impliqué dans des violences sur la place de la Contrescarpe le 1er mai 2018, « un vent de panique saisit l’Elysée ». Menée par le chef d’orchestre du palais présidentiel, Ismaël Emelien, chargé de la communication de crise, la contre-offensive est lancée : annoncer qu’Alexandre Benalla a reçu une première sanction au mois de mai 2018 et déclarer que celui-ci ne faisait que « réagir en réponse à des violences ». Le 19 juillet, Emelien veut lancer la bataille médiatique par les réseaux sociaux en récupérant les fameuses vidéos. Il demande à Pierre Le Texier d’utiliser des comptes anonymes pour amorcer cette bataille.
C’est Alexandre Benalla lui-même qui fournira les images, obtenues illégalement auprès de la préfecture. À la police, Emelien assurera qu’il « ignorait leur provenance et donc leur caractère illégal ». Ben voyons…
Ismaël Emelien va également transmettre à Pierre Le Texier des images mélangeant les événements du 1er mai, place de la Contrescarpe et une du même jour, visiblement plus tard dans la, journée, montrant un homme poursuivre un policier, chaise à la main. Le but étant de créer la confusion en assimilant un et même manifestant agressif qui aurait conduit Alexandre Benalla à agir. Evidemment, l’homme qui a été victime des agissements d’Alexandre Benalla le 1er mai n’est pas le même en réalité que « l’homme à la chaise » de la deuxième vidéo.
Sur les réseaux, Pierre Le Texier choisit d’ajouter une légende afin de discréditer le manifestant interpellé sèchement par Alexandre Benalla et d’excuser le comportement de celui-ci : « OK, même si ce n’était pas à #Alexandre Benalla de le faire, ne faisons pas passer cet étudiant pour un garçon bien sous tout rapport. C’était un individu violent qui était sciemment venu place de la contre-escarpe pour casser du flic. » Le 19 juillet 2018, le compte anonyme «@frenchpolitic» met en ligne ce montage. Un journaliste affirme même que l’Elysée a ensuite communiqué l’adresse du compte à des journalistes.
Pierre Le Texier utilise ensuite un autre compte anonyme, dans la journée du 19 juillet, pour diffuser le montage. Quelques heures plus tard, Ismaël Emelien demandera à Pierre Le Texier de supprimer le premier tweet avec les légendes…
La Macronie c’est faites ce que je dis, pas ce que je fais
Interrogé le 28 mars à ce sujet et visiblement agacé, il a tout d’abord justifié l’utilisation de comptes anonymes, pour propager des vidéos, en affirmant que, sur Twitter, c’était « un peu la règle ». Sur la question de la propagation d’un montage vidéo trompeur, puisque mettant à la suite l’une de l’autre deux vidéos qui n’avaient de commune que la date, Ismaël Emelien a répondu qu’il ne savait pas si celle-ci était… mensongère. « Pour moi, elle ne l’était pas », a-t-il justifié, en complétant qu’il n’avait rien à ajouter.
Sacré morgue pour un très proche du président Macron qui, ironie du sort, le 7 février dernier, n’hésitait pas à déclarer dans le cadre du grand débat après qu’une jeune fille lui a demandé comment il comptait s’attaquer au problème du harcèlement en milieu scolaire : « Moi je ne veux plus de l’anonymat sur les plateformes internet ».
Le Président français avait plaidé que pour améliorer la qualité de la démocratie participative, l’on « doit aller vers une levée progressive de toute forme d’anonymat » en faisant mention de « processus où on sait distinguer le vrai du faux et où on doit savoir d’où les gens parlent et pourquoi ils disent les choses ». Macron pense que cela est nécessaire étant donné qu’aujourd’hui, « on a beaucoup d’informations, tout le temps, mais on ne sait pas d’où elles viennent ».
La paille, la poutre…
Et des députés LREM de proposer d’imposer une pièce d’identité à la création de comptes sur les réseaux sociaux : « Nous proposons que soit envisagée l’hypothèse de créer une obligation légale de recueil des pièces d’identité à l’occasion de la création de comptes sur les réseaux sociaux, à l’image de ce qui existe sur d’autres plateformes telles que AirBnb ».
Une façon de « moraliser » y compris jusqu’à… l’Élysée ?
Macron démission !