Le 19 juillet, un Ignymontain a reçu ce courrier, un chef-d’œuvre de langue de bois émanant du responsable politique de la police municipale. (Ignymontain = habitant de Montigny le Bretonneux, et Montigny, ça ne s’invente pas, ça veut dire « mont embrasé » (le igny est le même que dans ignifuge : quand le soleil est bas sur l’horizon, la colline semble prendre feu).
Monsieur,
Votre courrier relatif aux nuisances que vous avez subi dans la nuit du 29 juin a retenu toute mon attention [La faute d’accord sur «subies» est d’origine].
Comme vous avez pu le constater, les nuits suivantes, l’ensemble du territoire national a été victime d’émeutes et de pillages.
Vous comprendrez que dans ce contexte où les Commissariats de Police ont été attaqués et parfois détruits, votre appel n’a pu aboutir.
L’ensemble des agents de la ville se sont mobilisés de jour et de nuit pour effacer les stigmates et permettre aux administrés de circuler.
Restant à votre disposition … »
Fin du courrier signé du responsable délégué à la citoyenneté et à la sécurité, rien que le titre de ce monsieur donne une idée de « la fermeté » de la réaction de la Police Municipale.
Ce que le courrier ne dit même pas, c’est que la PM est fermée la nuit, il y a certes quelqu’un de permanence, mais aucune voiture disponible pour intervention, en l’occurrence, il est à peu près certain qu’elle n’est même pas intervenue au cours de ces nuits de violence, elle est sagement restée en observation derrière ses écrans de surveillance (lesquels ne pouvaient rien voir la première nuit puisque l’éclairage public était coupé).
Ce qui est terrifiant dans ce courrier, c’est que l’accent est mis sur « un appel qui n’a pas pu aboutir » et non sur ce que la PM a fait ou n’a pas fait : on ne sait même pas si un appel a pu aboutir ou non, en réalité, les fameux citoyens sont restés livrés à eux-mêmes – ou plus exactement, livrés à ces autres citoyens tout aussi citoyens qu’eux si ce n’est plus.
On ne sait pas quel est l’intérêt d’un courrier aussi creux : s’excuser, rassurer, ou bien faire comprendre à l’auteur de l’appel qu’il est maintenant dûment repéré et fiché comme opposant potentiel au régime.
En clair, on lui signifie que toute la classe politique et toutes les instances gouvernementales et administratives resteront fermes dans leur manque de fermeté vis-à-vis des casseurs, et ferme dans leur fermeté vis-à-vis des nationalistes. Le maire, Lorrain Merckaert, le précise dans son discours du 3 juillet 2023, mais à qui s’adresse t-il vraiment lorsqu’il parle « de notre besoin propre de nous retrouver et de faire corps lorsque notre modèle de société est attaqué, à chaque fois que nos valeurs démocratiques sont remises en cause »?
Et lorsqu’il dit que « nous ne cèderons pas devant la violence et la bêtise qui vont toujours de pair [la faute d’accentuation sur « céderons » est d’origine] », est-ce qu’il pense aux émeutes de la prise de la Bastille et aux violences révolutionnaires dont est issue l’actuelle République ? N’y a-t-il pas une étrange parenté symbolique entre les feux d’artifice du 14 juillet et ceux de ces « jeunes » ?
L’histoire se répète, prenons l’assassinat de Sadi Carnot, le président de la République, le 25 juin 1894. Seul Édouard Drumont avait eu le bon sens de faire remarquer à l’époque que si Ravachol, l’anarchiste, avait déclaré « qu’il n’y avait pas d’innocents parmi les bourgeois », le propre grand-père de Sadi Carnot avait déclaré au moment de la révolution « qu’il n’y avait pas d’innocents parmi les aristocrates », de plus, il fait remarquer que : « Il y a cent ans, des milliers d’innocents étaient égorgés à Lyon en vertu d’un décret du Comité de Salut public, au bas duquel était la signature de Lazare Carnot », et c’est à Lyon justement que Sadi Carnot est assassiné, dans la plus pure tradition révolutionnaire dont est issue la République…
Tout se passe comme si la République de rang N créait les conditions d’apparition de la République de rang N+1, c’est sans doute cela le fin mot de l’histoire, sauf s’il y a une réaction nationale – que par avance le régime cherche à étouffer.
Pour en revenir à Montigny, on ne sait pas combien il y a eu d’appels de la part des habitants ou des commerçants, mais toujours est-il que dans le centre commercial piétonnier, c’est un magasin sur deux qui a été éventré et pillé, tout : sport, parfumerie, vêtement, lunettes, téléphone, alimentation. Manifestement, ces appels n’ont pas abouti non plus, pas plus que les appels des policiers à l’armée !
Notre modèle de société est attaqué? Peut-être est-ce tout simplement parce que ce n’est pas un modèle.
Nous ne voulons ni modèle, ni société, nous voulons la France et c’est tout.
Cher David, pas de panique pour le « Igny » – au demeurant bien utile, un mail a été fait le 24 juillet à la mairie, on attend la réponse, le voici:
///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Monsieur le Maire,
Pour votre information et celle de vos services culturels,
Je discutais avec quelqu’un de l’embrasement de Montigny fin juin et début juillet en soutenant ironiquement – ainsi que les services de votre mairie l’ont écrit quelque part – qu’un tel embrasement était déjà inscrit dans l’étymologie de Montigny:
L’origine du nom MONTIGNY viendrait de deux mots latins : MONS (nominatif) – MONTIS (génitif) signifiant le mont, la montagne, la hauteur et IGNIS, le feu.
Or, voici ce qu’il m’a répondu, attention vous avez affaire à forte partie:
« Attention à ce que l’on appelle les étymologies populaires ou alors vous plaisantez, Montingny ne signifie pas du tout « mont incendié », d’autant plus que le « ignis » latin en question est classique (fin de la République, premier siècle avant notre ère) et on ne le trouve aujourd’hui que dans les mots savants comme ignifuge en effet (les mots savants dont des mots que l’on a repris au latin et grec à partir de la Renaissance et même de l’époque scolastique pour exprimer des notions que nos langues romanes, produits de l’évolution phonétique populaire du latin, ne pouvaient exprimer). Les mots latins qui sont passés en roman appartiennent plutôt à la latinité tardive (IVe et Ve siècle ap. notre ère), au Bas-Empire notamment, et au latin médiéval.
Il faut faire un peu de toponymie. La plupart des toponymes français sont des noms de domaines formés par un anthroponyme d’origine gallo-romaine ou germanique auxquels on a adjoint le suffixe toponymique gaulois pat excellence -acum, signifiant « appartenant à, est la propriété de ». C’est le grand celtisant Henri d’Arbois de Jubainville qui a fait cette découverte à la fin du XIXe siècle dans sa thèse, c’est sa contribution essentielle à la connaissance.
Il ne faut pas être grand clerc pour entrevoir dans Montigny l’union de l’anthroponyme Montanius et du suffice -acum. Ce qui fait Montaniacum, le domaine de Montanus. Tout dépend ensuite de l’évolution phonétique du toponyme. En zone d’oïl et partant en français standard, Montaniacum donnera Montigny; en zone d’oc méridionale (gascon, provençal, languedocien) Montagnac; en zone d’oc septentrionale (auvergnat, limousin, vivaro-alpin) et au sud de la zone d’oïl (berrichon, bourbonnais) Montagnat (mais il y a beaucoup de toponymes en -ac dans le Limousin); dans l’ouest de la zone d’oil vers Angers ou à l’est en Bourgogne-Franche-Comté Montagné ou Montagney; en franco-provençal (lyonnais, Dauphiné, Savoie, Suisse romande) Montagnieu.
C’est presque systématique, c’est pratiquement une loi phonétique, le « -acum » gaulois donne toujours « y » en langue d’oïl standard, « é » à l’ouest et à l’est de la zone d’oïl, « ieu » en franco-provençal, « ac » et « at » dans le Midi. On peut d’ailleurs voir que l’évolution phonétique va moins loin dans le Midi, la romanisation fut plus intense. Dans le nord en revanche, le superstrat germanique est beaucoup plus sensible, les évolution phonétiques sont beaucoup plus poussées. On a d’un côté acum> at et ac; acum > y et é.
Salviniacum, domaine de Salvinius donnera donc respectivement Sauvigny ou Souvigny en zone d’oïl central, Souvigné dans l’Ouest (vers Tours), Sauvagnieu dans le Forez, Sauvagnat en Auvergne, etc.
Floriacum (domaine de Fleurus) > Fleury, Fleurey, Fleurieu-sur-Saône (10 km au nord de Lyon), Fleurat (dans la Marche en Creuse), Florac en Lozère. »
–> Cela dit,
nous ne perdons pas de vue que Montigny s’est effectivement embrasé et que les autorités n’ont rien fait, je cite votre propre police: « votre appel n’a pas pu aboutir », comme si un quelconque appel avait pu aboutir quelque part à SQY avec une vitrine sur deux par terre – et que ce sont les nationalistes qui se trouvent tenus à l’œil.
Nous ne perdons pas de vue que notre président nous dira en fin d’année que 2023 fut difficile mais que 2024 s’annonce – ensemble – très prometteuse. C’est sans doute aussi ce plan que vous suivrez dans votre édito de décembre de l’Ignymontain, un plan qu’on nous répète tous les ans depuis 20 ans. Notre modèle de société est attaqué dites-vous? Peut-être est-ce tout simplement parce que ce n’est pas un modèle.
Nous, nous ne voulons ni modèle, ni société, nous voulons la France et c’est tout.
Bien à vous
Merci bien cher Monsieur, j’ai hâte de prendre connaissance de leur réponse, s’ils condescendent à répondre toutefois.
On pouvait en effet entrevoir dans cette étymologie populaire la réalisation de l’adage latin: nomen omen, le nom présage le destin. C’est pourquoi il faut bien choisir le prénom de ses enfants. Tous les prénoms véhiculent des valeurs, une histoire, une vision. Une femme s’appelant Adélaïde (prénom mérovingien d’origine germanique signifiant « noble lignée ») aura toujours un avantage sur une femme s’appelant Jennifer. Appeler son enfant Kévin, c’est le vouer au néant aux portes de la vie.
Lino Ventura dans la 7ieme cible (1984), à la 34″:
« Tout à l’heure votre collègue m’a demandé pourquoi j’avais pas porté plainte. Bien voilà pourquoi, parce que vous la police quelqu’un vient vous voir avec un couteau dans le dos mais qu’est-ce que vous faites?, et bien vous lui prenez des empreintes. »
Si vous arrivez au commissariat:
1) avec un couteau planté dans le dos, vous serez poursuivi pour port d’armes prohibé
2) avec un bandeau autour de la tête en leur expliquant que des voyous vous ont fait passé au travers d’une vitrine, vous serez poursuivi pour bris de glace
3) avec deux jambes dans le plâtre en leur expliquant que ces mêmes personnes vous ont roulé dessus avec leur véhicule, vous serez poursuivi pour entrave à la circulation.
Juste une remarque au sujet de la réponse de la police:il faut noter également une faute de grammaire supplémentaire, »l’ensemble des agents() se sont mobilisés » au lieu de » l’ensemble des agents() s’est mobilisé »!