Bernard Barjolet, ex-directeur de la DGSE, a beau faire preuve sur France Culture d’une suffisance dégoulinante de tous les bons sentiments possibles et imaginables, la France ces dernières années, s’est fait éjecter de Syrie et du Mali, et, concernant l’Ukraine, un petit épisode récent nous fait comprendre que l’état-major de son armée n’a strictement rien vu venir: la démission le 21 juillet 2021 de son CEMA François Lecointre.
Comment imaginer un instant qu’un CEMA démissionne alors qu’il sentirait venir un événement majeur, « la plus grave menace pour la sécurité en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » comme le proclame aujourd’hui, mais un peu tard, le site du ministère de la défense ?
Surtout que François Lecointre n’est pas précisément un rond-de-cuir, deux fois affecté au 3e RIMA (l’infanterie de marine, une unité de choc).
Lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine, le 27 mai 1995, commandant la 1ere compagnie du 3e RIMa à Sarajevo, le capitaine Lecointre reprend la tête de l’assaut mené par la section du lieutenant Bruno Heluin, blessé par un éclat au front, pour reprendre le pont de Vrbanja. Cette opération avait été ordonnée par le général Gobilliard et le colonel Sandahi et elle est à ce jour le dernier combat « baïonnette au canon » de l’armée française . « La reprise du pont de Verbanja restera dans la mémoire de nos armées comme un symbole, celui de la dignité retrouvée, du refus de toutes les humiliations » déclara Jacques Chirac, président de la République française, à Vannes, le 1er juin 1995 lors des obsèques des marsouins Amaru et Humblot tués lors de l’assaut. Ce fait d’armes vaudra au lieutenant Heluin et au capitaine Lecointre d’être faits chevaliers de la Légion d’honneur, par décret du 14 juin 1995.
Quand on sait aujourd’hui que la guerre en Bosnie était la première manche de la guerre contre la Russie, il aurait été d’autant plus logique pour lui de participer à la deuxième manche, cette fois, au plus haut niveau.
Sa démission montre tout simplement à quel point la France est tenue à l’écart au sein de l’Otan par les Anglais et par les Américains, les Anglos-Saxons, eux, n’avaient, il est vrai, aucun mérite à prévoir une guerre contre la Russie puisqu’ils la voulaient et qu’ils ont fait le maximum pour la provoquer : armes, instructeurs, encadrement, renseignement, laboratoires de guerre biologique, Maïdan …
Petite remarque à Barjolet et petit conseil à la DGSE, si vous voulez anticiper les événements, ce n’est pas les Russes qu’il faut espionner en priorité, mais les Américains.
« Dans une guerre moderne (…) être bête et discipliné ne suffit plus » – Otto Skorzeny.
Quid de nos Officiers? Malheureusement nous conservons cette belle tradition d’une guerre de retard, et la France n’est pas prête à s’engager sur quelques champs de bataille que ce soit.
Cela dit notre ennemi n’est pas la Russie du président Vladimir Poutine mais bien notre dérive progressiste et technocratique.