Un district de la province de Badakhchan aux mains des talibans
L’offensive qui a conduit à la prise de Koundouz lundi s’inscrirait dans un contexte plus large de stratégie des talibans dans le nord-est du pays. Les combattants islamistes prépareraient ou mèneraient déjà des attaques contre Pol-e Khomri (Baghlan) et Taloqan (Takhar), la dernière ville conquise lors de l’achèvement de l’unité afghane sous la domination talibane en janvier 2001.
Des civils ont fui ces villes et ont témoigné de leur peur d’être pris dans de nouveaux combats dans ces zones. Des autorités provinciales ont annoncé jeudi la chute du district de Warduj (Badakhchan). Un district du nord du Takhar aurait également été conquis par les talibans.
Situation indécise à Koundouz
Cinq jours après la prise de la ville par les talibans, la situation est contestée à Koundouz, l’une des principales villes d’Afghanistan. Les autorités afghanes ont annoncé la reprise de la ville dans la nuit de mercredi à jeudi, mais des combats se déroulent toujours sur place cette nuit selon des témoins locaux.
Plusieurs sources officielles américaines avaient nié la réalité de la reconquête, dénonçant la lenteur et l’incohérence de la contre-attaque de l’armée afghane. Les forces spéciales ont temporairement repris le contrôle du centre-ville, mais auraient dû reculer dans la journée. Le seul point bien contrôlé par les autorités afghanes reste l’aéroport dans le sud de la ville.
L’attaque rappelle l’offensive de l’État islamique contre Mossoul en 2014 ; malgré des forces supérieures, l’armée irakienne avait été incapable de s’opposer à la conquête de la région puis de la reprendre. Cela explique la mobilisation des Américains, principaux soutiens du régime qu’ils ont installé après leur conquête du pays à partir de 2001, et l’énervement non dissimulé du commandement.
Les renforts principaux ne sont toujours pas parvenus à Koundouz, freinés par des mines, des engins explosifs, mais aussi par des embuscades. La route entre Baghlan et Koundounz est bloquée en plusieurs points.
La décision dans les mains de l’OTAN
Les troupes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) pourraient être contraintes à intervenir plus fortement à Koundouz et dans la région pour tenter d’empêcher la chute rapide d’autres villes du nord-est du pays. Des militaires américains et britanniques, anciennement déployés dans le cadre de Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS/ISAF), sont déjà présents dans la zone de Koundouz, où l’aviation de l’organisation a mené plusieurs raids aériens. Des soldats américains ont participé aux combats hier, répliquant, selon l’OTAN, à des tirs des talibans. Ils ont donc bien été déployés en première ligne.
Officiellement, la mission Soutien résolu (RS, Resolute Support) (approuvée par une résolution de l’Organisation des Nations unies (ONU)) ne comprend pas la participation active aux combats. Si les forces de l’OTAN étaient contraintes à intervenir plus massivement, ce serait une double mauvaise nouvelle pour les autorités américaines. Cela démontrerait l’échec des investissements massifs en Afghanistan pour la formation et l’équipement de l’armée afghane qui serait incapable de faire face seule à une insurrection locale avec quelques centaines de combattants. L’intervention ne manquerait pas d’être utilisée par la propagande des talibans pour montrer l’occupation du pays et l’inféodation du gouvernement à l’étranger.