Depuis plus de vingt ans c’est le Parti Populaire Danois (DPP) qui tirait l’échiquier politique du pays vers la droite en menant la charge contre l’immigration le multiculturalisme et les transferts de souveraineté vers Bruxelles. Mais aujourd’hui, le DPP se trouve lui-même confronté au défi d’une concurrence sur sa droite. Le Nye Borgerlige, ou « La Nouvelle Droite », dirigé par une jeune femme de 44 ans, Pernille Vermund, affiche un programme économique ultra libéral et veut renforcer le contrôle de l’immigration dans un pays qui a déjà les lois les plus restrictives d’Europe de l’Ouest en la matière
Diplômée en architecture, Vermud a appelé à l’interdiction du voile à l’école et dans les administrations. Son parti veut accorder l’asile uniquement dans le cadre du programme de l’agence pour la réinstallation des réfugiés des Nations Unies ou si le demandeur peut justifier d’un emploi à brève échéance ; en outre elle souhaite limiter l’octroi de la citoyenneté danoise qu’à ceux qui « contribuent positivement » à la société. « Ceux qui ne sont pas capables de se prendre en charge, nous devons leur demander d’aller voir ailleurs » martèle Vermund.
Fawaz Taha Zatto, un professeur arrivé il y a quatre ans de Ras al-Ayn en Syrie, se dit « déconcerté et déçu » par la rhétorique anti-immigration du Nye Borgerlige’s : « On ne peut contribuer positivement à la société que si on se sent bien accueilli par la communauté et les autorités » dit-il.
Le parti de Vermund ne veut pas seulement quitter l’Union Européenne, mais aussi dénoncer la convention avec l’ONU sur les réfugiés et les apatrides. Elle souhaite par contre resserrer les liens avec des pays comme le Royaume-Uni ou la Norvège et maintenir avec eux la libre circulation économique tout en « se débarrassant de l’UE ». Après le referendum sur le Brexit, Vermund a pris contact avec le dirigeant de L’UKIP, Nigel Farage, mais comme elle le reconnaît « ça n’a rien donné ».
Depuis son bureau de la banlieue chic de Copenhague à Christianshavn, Vermund choisit ses mots avec précaution, elle ne veut pas de malentendus. « Quand on connaît une progression aussi rapide, on se fait toujours des ennemis » dit-elle en souriant.
Une conservatrice venue du nord
Originaire de Snekkersten, dans la banlieue sud de Helsingør à 45 kilomètres au nord de Copenhague, Vermund a étudié l’architecture à la Royal Danish Academy of Fine Arts. En 2009, elle est élue au conseil municipal de Helsingør sous l’étiquette du Parti Conservateur mais s’est mise en congé de la politique en 2011 pour « remettre sur pied » sa famille après un divorce. Elle a trois fils âgés de 8 à 14 ans. Mener de front ses affaires, un divorce et la politique ont mis ses finances à rude épreuve. Si on en croit les journaux danois, il n’y a encore pas si longtemps elle était serveuse à mi-temps. « Ca prend à tous les niveaux de créer un parti à partir de rien » avoue-t-elle. « Pour le meilleur et pour le pire, je ne peux plus me promener incognito dans la rue. J’ai déjà fait l’objet de menaces ou de harcèlements ».
Vermund a fondé le Nye Borgerlige en octobre 2015 avec Peter Seier Christensen, un ingénieur chimiste. Le duo a quitté le Parti Conservateur suite à l’échec de Vermund aux élections législatives de juin 2015. « Nous sommes des conservateurs, Peter et moi. Des vrais conservateurs » précise Vermund. « Nous pensons que le parti qui siège actuellement au parlement danois n’est plus réellement conservateur. »
La rupture avec les conservateurs s’est principalement jouée sur l’Europe. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’était le soutien du parti à l’adhésion du pays à Europol, une adhésion à laquelle Vermund était vivement opposée. « On m’a dit que si je voulais continuer avec eux, je devais ou bien mettre mes opinions en veilleuse, ou bien en changer ». « Aucun des partis de droite existants n’est contre l’UE. Certains sont critiques, mais pas au point de vouloir en sortir ». Quelques mois plus tard, les Danois votaient la sortie de l’Europol.
Surenchérir sur l’extrême droite
Le Nye Borgerlige, qui compte environ 3 000 adhérents, a réuni les 20 109 signatures nécessaires pour participer aux prochaines élections législatives en 2019. Les sondages donnent au parti entre 2,6 et 4,5 — au-dessus du seuil des 2 pour cent requis pour entrer au parlement danois. Même avec cette audience relativement modeste, le Nye Borgerlige compte peser significativement sur la politique danoise par le jeu du système proportionnel en vigueur lequel place souvent les petits partis en position d’arbitre lors de la formation des coalitions gouvernementales. Et il n’est pas rare de voir sur la scène politique au Danemark des nouveaux partis rapidement en mesure de tirer leur épingle du jeu lors des tractations : L’Alliance Libérale, un nouveau membre de l’actuel gouvernement, a été fondé en 2007.
Selon des récents sondages Gallup, les électeurs du Nye Borgerlige sont d’anciens supporteurs du Danish People’s Party. Le DDP qui soutient le gouvernement minoritaire de Løkke Rasmussen a mis de l’eau dans son vin sur l’Europe et a accepté des compromis avec le gouvernement sur la question des réfugiés. « Je pense vraiment que le DDP doit ressentir une certaine pression du Nye Borgerlige » déclare Thomas Larsen, chroniqueur politique au Berlingske.
Si les élections avaient lieu aujourd’hui, le groupe du DDP au parlement passerait de 37 à 24 membres. En partie en raison d’un scandale sur l’utilisation de fonds européens, mais aussi parce qu’une partie de l’électorat se tourne vers le Nye Borgerlige pour sa position plus intransigeante sur l’immigration. « Ils en ont assez du flot de réfugiés » explique Larsen. Le Nye Borgerlige – qui a des positions encore plus libérales que le DDP en matière économique – se verrait bien récupérer ces sièges. Vermund a annoncé une suppression complète de l’impôt sur les sociétés, une position assez révolutionnaire pour un État providence comme le Danemark.
L’avenir du Nye Borgerlige dépend aussi des Sociaux-Démocrates, le parti qui a le plus de sièges au parlement qui a, lui aussi, adopté une position plus stricte sur l’immigration en proposant que les immigrants se voient offrir une prime de 200 000 DKK (26 900 €) pour « rentrer chez eux ». Le parti de Vermund pourrait orienter le débat politique encore plus à droite et forcer les grands partis à avoir des politiques anti-immigration. Selon Larsen, le DPP est déjà en train de durcir sa rhétorique en prévision. « Ils cherchent à faire passer le message aussi bien auprès du gouvernement que du public, qu’ils veulent renforcer leur politique sur les réfugiés ».
« Le plus grand défi du parti sera de faire en sorte que chaque Danois sache qui nous sommes et pourquoi nous nous battons » — Pernille Vermund. Pour autant, les positions du Nye Borgerlige sur d’autres sujets restent mystérieuses. Lors d’une interview à la télévision danoise Vermund paraissait prise au dépourvu sur les questions des retraites, des transports et des soins. « Ce n’est pas une politicienne très chevronnée » juge Larsen. « Je ne pense pas que Pernille soit en mesure de changer la donne ».
Mais Vermund passe outre les critiques, elle souligne que le parti a rapidement réuni les 20 000 signatures qu’il lui fallait « bien plus rapidement que n’importe quel autre parti auparavant ».
Vas Panagiotopoulos
Source : Article paru en anglais sur Politico le 14 février 2017 sous le titre « Meet Denmark nex anti-islam, anti-immigration and anti-tax party. » Traduction : Francis Goumain
Quelle Photo!
Au fond, c’est exactement pour ça qu’on se bat,
comme dit David Lane dans sa phrase de 14 mots (David Lane 14):
« Because the beauty of the White Aryan women must not perish from the earth. »
Et comme par hasard, cette beauté n’est absolument pas médiatisée en France.
Pour ceux qui en veulent plus, ça, c’est son blog:
https://nyeborgerlige.dk/pernilles-blog/