Le 10 aout 2018 à 20h43, un Bombardier Dash 8 Q400 appartenant à la compagnie « Horizon Air » s’écrase à Ketron Island, une zone non habitée de Puget Sound, dans l’État de Washington. Le pilote et unique victime de ce drame s’appelle Richard Russel, plus connu depuis sous le pseudonyme de « SKY KING ».
Richard Russel avait tout de l’américain moyen, sans histoire. Marié depuis 2012 avec sa compagne rencontrée dans le cadre d’une organisation chrétienne de campus, ancien propriétaire d’une patisserie dans l’Orégon, il travaillait comme bagagiste pour la compagnie « Horizon Air » depuis que lui et sa femme avaient décidé de déménager pour l’État de Washington afin de se rapprocher de sa famille. Très apprécié de ses collègues, passionné d’aviation bien que cloué au sol avec les bagages, Russel semblait partager tranquillement sa vie entre son job à bas salaire – le fameux « minimum wage » américain -, sa vie de famille et son goût pour les simulateurs de vol. Ne manquant pourtant pas pour autant d’ambition, il avait obtenu un diplôme en Sciences sociales pour gravir les échelons de la compagnie aérienne. Toujours énergique, affable et très impliqué dans son église, rien ne laissait présager des événements qui allaient se dérouler le 10 août.
Pourtant, à cette date, au Seattle–Tacoma International Airport, un appareil modèle Bombardier Dash 8 est signalé comme manoeuvrant sans autorisation sur une voie de décollage. La tour de contrôle tente en vain d’entrer en communication avec le pilote encore inconnu ; à 19h30 heure locale, le Bombardier prend son envol à la stupeur des contrôleurs aériens. Le Dash 8 – piloté par Russel – enchaîne ensuite des manœuvres aussi aléatoires qu’acrobatiques, traduisant une absence manifeste de planification ainsi qu’une grande capacité de pilotage – certains parleront même d’expertise
La tour de contrôle, en pleine panique, détourne le trafic aérien prévu dans cette zone et prévient les autorités qui dépêchent deux chasseurs F-15 pour escorter l’appareil volé à la compagnie et le neutraliser si nécessaire ; ils ne tardent pas à arriver jusqu’à lui. C’est alors qu’on rentre en contact avec le pirate voltigeur. Le contrôleur donne le nom et le numéro correpondant à l’appareil, comme le veut la procédure ; il parle vite, enchaînant les nombres et les formules professionnelles de circonstances – et d’urgence. À Russel de répondre, sur un ton oscillant entre la gêne et le franchement jovial : « Mec ! Je suis un agent de sol, j’ai aucune idée de ce que tu me racontes ! »
Un dialogue surréaliste s’ensuit :
-
Excusez moi, pouvez-vous répéter ?
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Désolé, mon casque était tombé. J’ai un peu gerbé. Je suis vraiment désolé pour ce coup là. J’espère que je ne suis pas en train de ruiner votre journée les gars.
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Vous pilotez aux alentours, au hasard, tout va bien ?
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La vache oui, c’est génial ! Je me suis beaucoup entraîné sur des jeux vidéos vous savez donc, heu, je sais un minimum ce que je fais.
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D’accord, et vous pouvez voir toute la zone autour de vous ? Aucun problème de visibilité ou quoi que ce soit ?
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Nope, tout est impec ! Absolument impec ! J’ai fais un petit cercle autour de Rainer, c’est vraiment magnifique. Je dois avoir assez de carburant pour faire une balade du coté des Olympics.
Après quelques tentatives de la part des contrôleurs pour le convaincre de se poser et des vérifications avec lui sur ses conditions de vol, la conversation prend un tour plus tragique. Russel commence à parler de lui, et à tenir un discours qui ne laisse rien présager de bon pour notre gentil corsaire :
« J’ai beaucoup de gens qui tiennent à moi. Ca va les décevoir quand ils vont apprendre toute cette histoire. J’aimerais m’excuser auprès d’eux, à chacun d’entre eux. Je suis juste un type paumé. Je ne m’en étais pas vraiment rendu compte jusqu’à maintenant mais… les choses ne vont pas bien. »
Il continue : « Juste au salaire minimum ! On va dire que c’est ça. Au moins ça les fera un peu chier, à ceux d’en haut, ce bordel. »
Il semblerait que Russel face ici référence aux patrons de sa compagnie ; d’autres ont spéculé qu’il voulait incriminer une plus large portion d’une certaine classe américaine.
Le contrôleur essaye de raisonner Russel, de lui proposer des endroits sûr pour se poser. Ce dernier décline d’un air toujours mi tragique mi rigolard ; tout ce qui lui importe c’est de ne blesser personne.
« Je n’ai jamais prévu l’atterrissage classique à vrai dire », glisse Russel.
« De toutes manières c’est probablement la prison à vie un coup comme ça, pour un mec comme moi non ? »
Là, le dialogue devient révélateur. Le contrôleur propose une dernière possibilité d’atterrissage, une manœuvre assez périlleuse, surtout pour un autodidacte.
- « Si j’arrive à gérer ça tu crois qu’ils vont m’offrir un job à Alaska Airlines ? », plaisante Richard.
- « Si tu arrives à gérer ça je pense que tu pourras avoir tous les jobs que tu veux ! », enchaîne le contrôleur.
- Et SKYKING répond : « Ouai surement !… Non je suis un blanc .
- Pour finir, il délivre un dernier message : « Bon, je vais le poser. De façon prudente et sûre pour tout le monde. Je tente une dernière pirouette et si c’est une bonne, j’arrête là pour la journée. »
Russel exécute alors un parfait « Barrel roll » qui surprendra les pilotes et les enquêteurs qui se pencheront bientôt sur les vidéos de son vol. Il s’écrase volontairement après 90 minutes de vol, dans une zone isolée, certain de ne commettre aucun dommage collatéral.
C’est ainsi que Richard Russel se donna la mort, à 29 ans.
À la suite de ce qui aurait pu être un fait divers parmi tant d’autres au pays de l’oncle Sam, Richard Russel est rapidement devenu un symbole pour une certaine couche de la population américaine. Celle des blancs de la classe moyenne ou pauvre, plutôt jeunes, voir adolescents ou approchant la trentaine, plus ou moins radicalement à droite. C’est surtout sa phrase sur le fait qu’être blanc était devenu pour lui un fardeau qui fit de lui une sorte d’icône aux yeux de ceux que son histoire a su toucher, dans une société américaine complètement asservie au marxisme culturel, à la promotion des minorités et autres mouvements LGBTQ de la grande « révolution arc-en-ciel » très bien décrite par Martin Peltier. En effet c’est toute une génération, ou du moins une partie de celle-ci, qui rejette cette société inversée, de mort, qui nous est depuis parvenue, et qui exprime en ce moment même son apothéose avec le mouvement Black Lives Matter.
Seulement, le SKYKING – ce titre lui fut attribué sur le cèlèbre forum « 4chan » – n’aurait pu émouvoir des blancs d’Amérique simplement en étant une victime. C’est une logique dont ceux-ci n’ont que trop soupé. Il y a dans cette histoire une certaine beauté du geste. Richard Russel ne s’est pas seulement donné la mort en criant à l’injustice comme le dernier des vaincus ; il s’est donné la mort selon ses propres termes en réalisant son rêve : rejoindre les nuages et y être libre. Même pendant son action, aucun signe de misérabilisme, aucun manque de pudeur. Il su resté jovial, blagueur, tout en mesurant la gravité de sa situation et les conséquences pour ses proches et les autres. En plus d’une maîtrise impressionante dans le pilotage de la part d’un novice – ayant littéralement improvisé son coup -, il s’assura de ne blesser personne et à aucun moment les F-15 chargés d’avoir un œil sur lui n’ont eu à intervenir. On connaît à notre époque et sur nos terres, des candidats au suicide moins soucieux du bien d’autrui et des soi-disant victimes qui ont fait de l’étalage de leurs maux – souvent imaginaires – une véritable profession. Pour ne pas dire une religion.
Étrangement, je pense maintenant à Drumont, et sa comparaison entre l’Aryen et le sémite. Un hasard, sans doute. Je pense aussi à Floyd et aux Traorés, des criminels propulsés au rang de martyrs avec tout l’appareillage médiatique et dont l’héritage factice n’est qu’excuses, chantages et prétextes à la destruction de la culture qu’ils n’ont pas bâtie et qui leur à tout donné : la notre. Je pense définitivement de plus en plus à Drumont…
Je te salue, SKY KING, où que tu sois maintenant. Après tout n’est-ce pas l’Aryen qui, toujours, regarde vers le ciel ?
Marginal de Retz