L’armée syrienne a repris le 8 février la ville clé de Saraqeb, située à la jonction de deux autoroutes stratégiques dans l’est de la province d’Idleb. Les troupes poursuivent ainsi la reconquête, lancée mi-décembre, de cette enclave jihadiste du nord-ouest syrien qui échappe encore au contrôle du président Bachar el-Assad, malgré les nombreuses mises en garde de la Turquie qui a, de nouveau, menacé de représailles en cas d’attaque de ses avant-postes militaires dans la région, le même jour.
« Des unités de l’armée (syrienne) contrôlent désormais la totalité de la ville de Saraqeb », a rapporté la télévision publique syrienne le 8 février, diffusant en direct des images de quartiers de la ville.
Saraqeb se trouve à la jonction de deux autoroutes clés, M5 et M4, que le gouvernement syrien cherche à reconquérir en vue de relancer une économie ravagée par près de neuf années de guerre.
Fin janvier, les forces du gouvernement syrien, appuyées par leur allié russe, avaient déjà reconquis la ville clé de Maaret al-Noomane, la deuxième plus grande de la province d’Idleb, également traversée par la M5, l’axe routier le plus long du pays.
Puis le 16 février, l’armée syrienne a, pour la première fois depuis huit ans, repris le contrôle de 28 poches contrôlées par des groupes islamistes à la solde d’Erdogan (notamment Hayat Tahrir al-Cham, dont l’une des composantes est le Front al-Nosra, ancienne branche syrienne d’al-Qaïda) à l’ouest et au nord d’Alep. Au grand désespoir d’Ankara alors que alors que la Turquie, qui soutient certains groupes islamistes dans la région, avait envoyé, le 7 février, 350 véhicules chargés de commandos et de munitions pour renforcer ses positions à Idleb.
Les combattants jihadistes ont été contraint de se retirer de leurs avant-postes vers la frontière turque, laissant la totalité de la périphérie d’Alep aux mains des forces de Bachar el-Assad, ce qui n’était pas arrivé depuis 2012.
Une progression et des victoires qui contrarient donc les plans du « sultan » d’Ankara qui n’a jamais vraiment cessé de jouer avec le feu et de soutenir le terrorisme jihadiste en Syrie, rejoins par Donald Trump, vexé d’être évincé de la région par les alliés russe et iranien de la Syrie.
Réagissant à la volonté de Donald Trump de voir « la Russie cesser son soutien aux atrocités du régime d’Assad », détaillée dans un communiqué de la Maison Blanche publié le 16 février après une conversation téléphonique entre les présidents américain et turc, Moscou a réaffirmé soutenir l’armée syrienne dans sa lutte contre le terrorisme :
« Les forces armées russes, les conseillers russes continuent à soutenir les forces armées syriennes dans leur lutte contre les terroristes. Nous continuons à déplorer l’intensification des activités des terroristes à Idleb », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov.
La situation dans la province d’Idleb a récemment été rythmée par des épisodes de tensions entre Damas et Moscou d’un côté, et Ankara de l’autre, dans le cadre de la reconquête par l’armée syrienne de la zone qui correspond à l’une des dernières enclaves jihadistes du nord-ouest du pays.
Le 8 février, alors que l’armée syrienne reprenait la ville clé de Saraqeb, la Turquie a menacé de représailles en cas d’attaque de ses avant-postes militaires dans la région. La situation s’est aggravée quand la Turquie a affirmé le 10 février avoir « neutralisé » plus de 100 soldats syriens (information non confirmée par Damas) en réponse à une attaque qui aurait fait cinq morts le même jour dans les rangs de l’armée turque dans la région. Deux jours plus tard, Recep Tayyip Erdogan menaçait, en cas de nouvelle attaque contre ses forces armées, de frapper les troupes syriennes partout en Syrie tout en adressant une critique à l’égard de la Russie, accusée de se rendre responsable de massacres.
Une nouvelle crispation a été provoquée par les propos d’un député turc, proche allié d’Erdogan, qui avait soutenu le 11 février que la Russie portait la responsabilité de la mort des soldats turcs à Idleb. « Nous considérons inacceptable d’utiliser les événements tragiques pour « marquer des points » dans le débat politique national », a rétorqué le ministère russe des Affaires étrangères deux jours plus tard.
Néanmoins, quelles que soient les ratiocinations turco-américaines, la reconquête de tout le territoire syrien et le rétablissement de la souveraineté totale du président Assad, seul autorité légale et légitime en Syrie, est en marche.
Dimanche 16 février les forces gouvernementales ont reconquis la ceinture de localités entourant la métropole d’Alep, repoussant ainsi djihadistes et rebelles qui tiraient des roquettes sur la deuxième ville de Syrie.
Lundi 17 février, le président syrien s’est engagé à poursuivre l’offensive dans le nord-ouest du pays pour «libérer» l’ultime grand bastion tenu par les djihadistes et les rebelles, au lendemain de la reconquête par ses forces des abords de la métropole d’Alep :
«Nous sommes pleinement conscients que cette libération ne signifie pas la fin de la guerre, ni la chute des complots, ni la disparition du terrorisme, ni la reddition des ennemis», a assuré le président Assad. «Mais cette libération signifie certainement qu’on leur a fait mordre la poussière en prélude à la défaite totale, tôt ou tard», a-t-il martelé.
«La bataille pour la libération des provinces d’Alep et d’Idleb se poursuit, indépendamment des discours criards vides qui viennent du nord. La bataille se poursuit pour libérer tout le territoire syrien, éliminer le terrorisme et instaurer la stabilité», a lancé le président Assad, en allusion aux avertissements répétés de la Turquie voisine.