Point de situation en RCA
L’association d’extrême-gauche Amnesty International a ignoré le sort des chrétiens de République centrafricaine (RCA) persécutés durant des mois par les miliciens islamistes. Aucun membre de l’association ne s’est rendu dans le pays pour y réaliser à l’époque des vidéos. Elle s’est inquiété au contraire du sort des populations musulmanes et a réalisé une vidéo titrée improprement « preuves sur le nettoyage ethnique en RCA », se contentant en réalité de témoignages.
La situation sur le terrain, très loin des discours officiels rassurants de la France, du gouvernement d’occupation aux chefs militaires sur place, est très loin d’être stabilisée. La légitime colère des milices chrétiennes s’est muée en épuration violente contre tous les musulmans. Le nouvel État instauré par les Français se montre incapable jusqu’ici d’endiguer la violence. La présidente a affirmé avoir « déclaré la guerre » aux « milices anti-machettes ». Face à la situation humanitaire et aux dizaines de milliers de réfugiés, le Programme alimentaire mondial a créé un pont aérien entre le Cameroun à la RCA.
Jean-Yves Le Drian s’est félicité hier de l’amélioration de la situation ; au même moment le Haut Commissaire de l’Onu pour les réfugiés Antonio Guterres déclarait : « Nous sommes les témoins d’une catastrophe humanitaire en République centrafricaine. Un nettoyage ethnico-religieux est en cours », après la découverte d’une fosse commune contenant au moins une dizaine de corps près d’une caserne où sont cantonnés des miliciens islamistes.
Des faits qui démontrent une fois encore que derrière les discours mondialistes et gauchistes, la guerre est la seule issue pour les régimes multi-ethniques.
Le secrétaire général de l’ONU a évoqué la partition du pays, face à cette impossible cohabitation.
« Personne n’acceptera quelque partition que ce soit. Il faut absolument l’empêcher. Pour la France, il n’y a et il n’y aura qu’une seule Centrafrique, qu’une seule chef de l’État. Toute tentative de penser autrement rencontrera l’opposition de la France et celle de la communauté internationale »
s’est empressé de déclarer le ministre de la Défense français Jean-Yves le Drian présent sur place. Étranges propos quand on se souvient que le gouvernement français – socialiste à l’époque – s’était fermement engagé aux côtés des séparatistes albanais en Serbie. Une histoire qu’il connaît pourtant bien puisqu’il était à l’époque membre de la commission Défense de l’Assemblée et du groupe d’étude baptisé « Kosovo ».
Il feint également d’ignorer que la plupart des interventions militaires occidentales ces dernières années ont conduit de fait à la partition des territoires comme c’est le cas en Irak, en Libye ou au Mali.
Nous publions ci-dessous un communiqué de Bernard Lugan consacré à cette situation.
Réflexions sur les interventions françaises au Mali et en RCA
Au Mali comme en RCA, des conflits récurrents et résurgents opposent des populations que tout sépare ; or, depuis des décennies, au nom du mythe universaliste du « vivre ensemble », la seule solution proposée est électorale. L’expérience a pourtant montré que les élections n’ont jamais traité en profondeur les causes des affrontements ethniques car elles n’effacent pas plus les réalités géo-ethnographiques que la pluie les rayures des zèbres.
Mais il y a encore plus grave : l’ethno-mathématique électorale confirmant à chaque fois la domination démographique, donc démocratique, des plus nombreux, les ressentiments des peuples minoritaires en sont à chaque fois aggravés. Résultat : le feu qui couve se rallume périodiquement ; voilà pourquoi nos interventions militaires successives, pourtant couronnées de succès, sont suivies d’échecs politiques.
Au Mali, les élections n’ont pas réglé le problème nord-sud. Tout au contraire, légitimés par le scrutin, les politiciens sudistes refusent de prendre en compte les revendications nordistes. De plus, pour Bamako, les ennemis ne sont pas les islamistes que combattent les soldats français, mais les séparatistes Touareg qui les aidèrent dans cette lutte.
En RCA, le Quai d’Orsay explique que la solution est dans la reconstruction de l’Etat, ce qui, là encore, passe par des élections. L’aveuglement des diplomates semble sans limite car le fossé de sang creusé entre nordistes et sudistes interdit toute reconstitution d’un « Etat » centrafricain. Quel administrateur sudiste osera en effet s’aventurer dans le Nord pour s’y faire massacrer et quel fonctionnaire nordiste décidera de venir se faire lyncher à Bangui? Les élections ne changeront donc rien à la situation qui prévaut sur le terrain, à savoir la partition, réalité masquée par la présence des troupes françaises.
Dans les deux pays, la question de la définition, de la durée et de la finalité des missions de l’armée française doit donc être posée.