« La fin de la guerre d’Espagne s’est produite dans une Europe si troublée par d’autres événements, si anxieuse d’un conflit universel, qu’elle a risqué de ne pas être entièrement comprise » écrivait Robert Brasillach dans son récit de la Guerre d’Espagne.
L’offensive finale de la guerre d’Espagne se déroule du 26 mars au 1er avril 1939 et voit la chute de la Seconde République espagnole (dirigée par une junte militaire sous l’autorité du colonel Segismundo Casado après son coup d’État contre le gouvernement du premier ministre Juan Negrín le 6 mars de la même année) avec la prise de pouvoir par les nationalistes de Francisco Franco qui établissent un régime de salut national dans le pays. C’est le début de l’« Espagne franquiste » qui durera jusqu’à la mort de Franco en 1975 et conduira le pays entier de succès en succès, pensant les plaies de la guerre et entamant un impressionnant processus de développement économique et social.
Le 1er avril 1939, Franco émet un communiqué de guerre dans lequel il déclare que « la guerre est terminée » (« La guerra ha terminado »), mettant fin officiellement à trois années de guerre civile. Les crimes des républicains, comme celui des fusillades de Paracuellos dans les derniers mois de 1936, vont pouvoir être connus de l’Europe entière et mettre fin aux mensonges érigés par le gouvernement communiste espagnol en méthode de gouvernement.
Après la chute de Barcelone et du pouvoir sécessionniste de la Catalogne en février 1939, la situation militaire des républicains était sans espoir. La République espagnole contrôlait toujours la capitale et 30 % du territoire mais avait perdu 220 000 soldats, la seconde ville du pays ainsi que les ressources industrielles de la Catalogne. Le président Manuel Azaña démissionne le 27 février et le Royaume-Uni ainsi que la France reconnaissent le gouvernement nationaliste.
L’Armée populaire de la République espagnole est encore forte de 250 000 à 500 000 hommes, mais elle ne dispose plus que de 40 à 150 avions (trois escadrons d’avions bombardiers soviétique Polikarpov R-Z, deux escadrons de Tupolev SB et 25 Chatos et Moscas) et n’a presque plus d’artillerie ni d’armes automatiques. Le gros de la marine républicaine a quitté les côtes espagnoles pour l’Afrique du Nord afin de se rendre aux autorités françaises. De nombreux soldats ne sont pas armés (l’armée républicaine ne dispose que de 225 000 fusils en décembre 1938) et manquent de chaussures et d’uniformes. À Madrid, il n’y a plus que deux mois de réserves de nourriture et pénurie d’eau courante, de chauffage et de médicaments. En face, l’armée nationaliste dispose de plus d’un million d’hommes à la fin de l’année 1938, dont 35 000 Marocains, 32 000 Italiens et 5 000 Allemands, ainsi que de 600 avions.
Le 16 février, le haut commandement de l’armée républicaine indique au Premier ministre Juan Negrín que résister davantage est impossible. La plupart des membres de l’État-major, ainsi que le PSOE, l’UGT et la CNT estiment l’ouverture de négociations de paix nécessaire. Toutefois, le socialiste Negrín, soutenu par les communistes et d’autres républicains, est déterminé à poursuivre le combat : le nationaliste Francisco Franco n’a donné aucune garantie quant à de possibles jugements des crimes commis par le gouvernement républicain et ses sbires, et il juge qu’une guerre générale contre le fascisme ne saurait tarder à embraser l’Europe tout entière. Il souhaite également assurer l’évacuation des pires assassins de son régime agonisant, et bien évidemment, en premier, la sienne.
Dans la nuit du 5 au 6 mars 1939, le colonel Segismundo Casado crée à Madrid le « Conseil national de défense » (Consejo Nacional de Defensa), une junte militaire soutenue par les anarchistes de la CNT qui remplace le gouvernement. Le général José Miaja rejoint la rébellion le 6 mars en ordonnant l’arrestation des militants communistes de la ville. Pendant ce temps, dans la localité alicantine d’Elda, Negrín, qui se préparait à se réfugier en France avec son gouvernement, ordonne à l’officier communiste Louis Barceló Jover, commandant du Premier Corps de l’Armée du Centre, d’essayer de reprendre le contrôle de la capitale. Ses troupes entrent dans Madrid et, après un combat féroce de plusieurs jours, sont défaites par les anarchistes commandés par Cipriano Mera le 12 mars et se rendent en apprenant la fuite en France du gouvernement et des dirigeants du parti communiste.
Après sa victoire, Casado commence à négocier un processus de paix avec les nationalistes. Francisco Franco déclare n’accepter qu’une capitulation inconditionnelle.
Les nationalistes déclenchent leur offensive le 26 mars. Ils avancent dans la Sierra Morena, où ils font 30 000 prisonniers républicains. La junte militaire de Madrid ordonne aux soldats de ne pas s’opposer à l’avancée nationaliste et de déposer les armes. Le 28, les nationalistes avancent sur tous les fronts sans rencontrer de résistance. Madrid est prise dans la journée après la reddition du colonel Prada, commandant de l’Armée du Centre. Le 29 mars, c’est au tour de Jaén, Cuenca, Albacete et Sagonte d’être occupées. 50 000 soldats républicains se rendent dans les ports de Valence, d’Alicante, de Carthagène et de Gandie afin d’être évacués, mais la marine républicaine a déjà cessé d’exister et les gouvernements français et britannique refusent de les évacuer. Une minorité d’entre eux, qui avaient payé pour traverser la frontière, fut évacuée par les navires britanniques (entre 650 et 3 500 soldats, parmi lesquels Casado).
Le quartier général du généralissime Francisco Franco émet alors son célèbre communiqué annonçant la fin de la guerre : « Aujourd’hui, les troupes nationalistes ont atteint leurs derniers objectifs militaires. La guerre est finie. » (« En el día de hoy, cautivo y desarmado el Ejército Rojo, han alcanzado las tropas nacionales sus últimos objetivos militares. La guerra ha terminado. »).
Le 30 mars, les nationalistes occupent Valence et les troupes du général italien Gastone Gambara entrent dans Alicante, capturant 15 000 républicains. Gambara s’était dit prêt à permettre l’évacuation des réfugiés politiques, mais les nationalistes prennent le contrôle de la ville dès le lendemain. Des républicains choisissent de se suicider afin de ne pas avoir à répondre des multiples crimes qui ont émaillé leur règne. Le 31, les nationalistes s’emparent d’Almería, de Murcie et de Carthagène et contrôlent dès lors l’ensemble du territoire espagnol. Le 1er avril 1939, un communiqué de guerre émis par le quartier général nationaliste annonce que la guerre est finie (« la guerra ha terminado »), mettant officiellement fin à la barbarie communiste et à la guerre civile.
Convaincu d’avoir lutté contre le Mal, Franco au lendemain de la victoire, après avoir fait célébré un Te Deum déposa son épée devant l’autel en remerciant Dieu d’une telle victoire et prononça ces paroles « Seigneur, acceptez bénévolement l’effort de ce peuple qui fut toujours vôtre, qui, avec moi et en Votre Nom a vaincu avec héroïsme l’ennemi de la Vérité en ce siècle ».
¡ Han pasado !
c’est un contre-sens historique d’assimiler les républicains au bolchéviques, la plupart appartenaient au syndicat majoritaire la CNT et/ou à la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) , les staliniens étaient encore moins nombreux que les trotskistes ( POUM) et ont tout fait pour saborder les réalisations anarchistes. Malraux lui-même affirmait que sans les anarchistes les républicains n’auraient pas existé.
Exact! La gauche espagnole d’alors, la gauche la plus active et la plus nombreuse, était majoritairement anarchiste et très différente des gauches des pays d’Europe du Nord-Ouest, social-démocrates et acceptant le jeu démocratique. Elle se distinguait aussi bien entendu des gauches autoritaires issues du marxisme-léninisme. L’origine de la défaite de la jeune république contre les soudards incultes et écervelés de Franco (Yagüe et Mola ont battu les records d’atrocité et les massacres de Paracuellos ne le cèdent en rien aux ignominies des deux suscités; et si on parlait des massacres inexpiables de Badajoz que rien ne justifiait, juste une victoire de la soldatesque franquiste, je réprouve bien entendu les massacres de Paracuellos, mais cette terreur rouge des débuts de la guerre civile est non pardonnable, mais au moins explicable, elle fut due à ce qu’on appelle en psychologie des foules une folie obsidionale de la population madrilène d’inclination républicaine, Madrid était encerclée et le siège de la capitale par les troupes franquistes allait bientôt commencer) gît ici. La gauche espagnole fut incapable de s’unir pour affronter le bloc conservateur, bourgeois et égoïste d’une droite ultra-réactionnaire sans vision et sans aucune élévation d’esprit. Quant à la gauche démocratique et républicaine de Alcala-Zamora et de Manuel Azaña, la gauche qui fonda peu ou prou la Seconde République en 1931, elle était trop faible pour mettre en respect les anarchistes.
Il ne faut pas trop se laisser abuser par le franquisme, qui ne fut que le bras armé d’une aristocratie expirante depuis très longtemps et d’une bourgeoisie égoïste et stupide jalouse de ses prébendes et de ses rentes (le capitalisme espagnol est encore en partie aujourd’hui un capitalisme de rentiers, une ville comme Saragosse en est un bon exemple, l’immobilier est encore considéré comme le meilleur moyen de s’enrichir). Les vrais phalangistes de notre cher José-Antonio (je suis tout à fait d’accord avec Bardèche, le phalangisme est le mouvement qui s’est le plus rapproché du fascisme pur, le fascisme platonicien en quelque sorte, le socialisme aristocratique authentique indépendant des curés et des possédants, socialisme aristocratique d’honnêtes hommes, de discretos pour employer l’expression d’un de mes maîtres Baltasar Gracian) en furent les pires dupes, leurs idées n’eurent aucune influence dans le movimiento et ils ont fait simplement figure d’ornement et de supplément d’âme au franquisme avec leur phraséologie populiste et socialisante jusqu’en 75.
Quant aux progrès économiques de l’Espagne sous Franco, laissez-moi rire! Le tournant économique inauguré en 1957 en préposant à des ministères techniques des membres de l’opus Dei (Lopez Rodo, Ullastre, Navarro Rubio) a certes apporté enfin à l’Espagne un début de modernisation économique tant attendue depuis deux siècles, mais ce pays était encore en 1975 peu ou prou sous-développé, quand on considère les standards en vigueur en Europe du Nord-Ouest et en Italie à la même époque.
« soudards incultes et écervelés de Franco »? où êtes vous allé chercher ça?
Les cocos de la Jeune République comme vous dites étaient sans doute mieux!
Vous vous êtes trompé d’endroit pour déverser votre fiel. Envoyez donc vos commentaires au Monde ou Libération, un réceptacle pour votre verbiage pédant.
J’essaie simplement d’être dans la mesure de mes facultés objectif, le jugement ne doit pas obéir à d’autres considérations que la vérité sans sacrifier à ses opinions personnelles ou des répugnances irrationnelles. Il est bon de fustiger les massacres de Paracuellos, mais ceux de Badajoz n’en furent pas moins atroces. On ne gagne rien à mentir, omettre ce qui est honteux et partant à ne pas être probe. Il faut savoir aussi reconnaître ses turpitudes, ici ses ignominies. J’ai passé l’âge du romantisme: le croisade anti-bolchévique, l’Espagne una, grande y libre ne furent que des mots, etc. Pareil au Portugal.
Les résultats, on les a vus, ces pays n’ont jamais pu assurer un niveau de vie satisfaisant à l’ensemble de leur population et ils ont connu des émigrations massives durant les années 50 et 60. Et ça continue encore au Portugal aujourd’hui.
Le national-catholicisme des pays d’Europe du sud fut un échec retentissant, tout en déclamations et en paroles incantatoires, et brochant sur le tout toujours avec Dieu dans la bouche, sans incarnation derrière, ce qui est encore plus grave.
Merci monsieur Veysseyre pour votre culture, votre mesure et votre correction. Il est bien dommage que cette épisode de la révolution espagnole non marxiste soit si mal connue car elle a constitué une expérience anarchiste intéressante. Malheureusement ces derniers ont massacré des religieux, les guerres civiles sont toujours plus terribles que les guerres traditionnelles. Merci pour votre brillante analyse.
Quel dommage que l’article soit aussi mal écrit !