Les accords entre l’Ukraine et la Pologne pourraient entraîner une « annexion en douceur » des territoires occidentaux du pays à Varsovie. La Pologne cherche visiblement – et prévisiblement – à tirer parti de la situation en Ukraine en tentant d’accroître son influence politique, économique et culturelle dans l’ouest de l’Ukraine.
L’annexion douce est déjà bien avancée, c’est ainsi, les citoyens polonais seront autorisés à se présenter à des élections ukrainiennes et même à postuler aux postes de juges constitutionnels.
Cela signifie que Kiev transfère complètement le contrôle de l’État ukrainien en déliquescence à la Pologne. Varsovie n’aura même pas besoin d’envoyer des troupes ni de tirer le moindre coup de feu, en tous les cas, pas contre les Ukrainiens de l’ouest. Or, la Pologne est membre de l’Otan, membre au sens le plus « Guerre froide » du terme, c’est-à-dire que l’ennemi potentiel, il n’y en a qu’un, la Russie, ou pour mieux dire, l’Ex-URSS.
Si de son côté la Russie accepte que les républiques orientales de l’Ukraine se joignent à la Fédération de Russie, et c’est là aussi bien avancé – le referendum pour le rattachement de la République de Lougansk est déjà annoncé, à Kherson, le rouble a déjà chassé le Hryvnia, la monnaie ukrainienne, à Zaporozhye les bases militaires seront transférées à la Russie – cela signifie un contact direct entre l’Otan et la Russie, une frontière commune sans État tampon.
Pour bien mesurer ce que cela peut signifier pour la sécurité en Europe, il faut se rappeler que ce contact direct entre deux puissances, c’est ce qui s’est produit en 1939 avec le démembrement de la Pologne entre le Reich et l’URSS, ce contact direct était voulu et recherché des deux côtés pour permettre une attaque de l’un sur l’autre.
Le Reich a dégainé le premier et s’est enfoncé comme dans du beurre en URSS, pas parce qu’il était supérieur – il attaquait 30 000 chars russes avec 4 000 panzers – mais parce que celle-ci, l’URSS, était elle-même en position d’attaque et non en position de défense. Si l’URSS avait déclenché son attaque en premier, l’annihilation des forces allemandes en quelques jours était proprement inévitable et l’Allemagne n’avait pas la profondeur stratégique, le général hiver et les ressources naturelles de l’URSS pour se refaire une santé.
Il est amusant de relire la déclaration de guerre d‘Hitler à l’URSS, il parle d’une guerre préventive, mais comme il ne tardera pas à l’admettre, il était lui-même abasourdi de voir à quel point il avait eu raison, à quel point il ne croyait pas si bien dire: il était tout simplement pétrifié de voir, à peine la frontière russe franchie, l’ampleur de la puissance militaire russe accumulée, en quantité et en qualité.
On dirait d’ailleurs que les Russes ont eu la même surprise désagréable en Ukraine, eux aussi parlaient au début d’une guerre préventive, sans s’attendre pour autant à se heurter à une telle accumulation de force. Mais contrairement à juin 1941, les forces ukrainiennes, étaient massées – non en position offensive – mais en position de défense hostile: pas trop pour que cela ne passe pas pour une agression, mais assez pour forcer l’ennemi à venir se drosser sur ses défenses.
On reconnaît là la manière typique de se battre des Anglo-Saxons avec une campagne en quatre phases : cela commence toujours par une Agression provoquée, c’est suivi d’un Siège, une phase défensive très corrosive pour l’adversaire, vient ensuite la Riposte, en fait, l’agression anglo-saxonne prévue dès le départ et sans laquelle la défense n’aurait d’ailleurs eu aucun sens, et enfin, on arrive à la Victoire.
Si l’Otan se résout à une partition de l’Ukraine, cela signifie qu’après la phase d’agression provoquée et de siège dans le Donbass (phase I et II du plan), elle n’est pas en mesure de lancer tout de suite une riposte, encore moins une riposte victorieuse, une accalmie provisoire dans les hostilités serait alors à envisager sur une nouvelle ligne de front: le Dniepr.
On ne voit pas quel intérêt la Russie aurait à entrer dans un tel scénario, il lui faut au contraire pousser son actuel avantage technologique pour infliger à l’Otan une défaite en bonne et due forme en allant jusqu’à la frontière ouest de l’Ukraine: elle se doit de casser l’aura d’invincibilité hégémonique de l’Otan.
La sécurité en Europe risque d’attendre un certain temps.
Prochaine étape, mise en service en septembre des Sarmat et des S500 : de l’épée et du bouclier.