Le titre de Moufti désigne chez les Musulmans un juriste ou un légiste qui a l’autorité de distribuer des Fatwas (ordonnances) ou des renseignements qui ont force de loi. Il administre et gère le financement des biens religieux.
Mohammed Amin al Husseini désigné par ce seul titre de « Grand Moufti de Palestine », fut, suivant une tradition des familles de notables de Jérusalem, après des études primaires et secondaires en turc et bien formé en langue française, instruit en arabe et en droit au Caire, envoyé à 16 ans à la prestigieuse université Azhar, de 1911 à 1914. Comme, en majorité, les Musulmans de Palestine suivaient l’école de droit chafiite répandue aussi en Egypte, la fonction de Moufti avait échu à la famille des Al-Husseini qui appartenait, depuis le début de la domination ottomane, soit dans ces Temps Moderne où tout débute, au XIV-XVe siècle, à cette branche de juridiction dite, d’un nom emprunté, dit-on, à un juriste irakien de Koufa, « hanafite », courante en Turquie.
Histoire de sa famille, et de son importance politique
« Dans les années précédant la première guerre mondiale la charge de Moufti, ou, à parler exactement, de Grand-Moufti , était entre les mains de Sayyid Tahir Al-Husseini. Il portait, comme ses prédécesseurs le titre de Grand Moufti, car il était Moufti de Jérusalem au-dessus de tous les des districts du gouvernement de Palestine. Sa position était d’autant plus élevée que comme clerc islamique suprême de son secteur, il administrait aussi les Lieux Saints. Ainsi le Grand Moufti Tahir est-il un homme important dont l’influence, comme celle de ses prédécesseurs, loin au delà des murs de Jérusalem, atteignait les frontières de la Palestine. Son frère Mussa Kazim Pascha Al Husseini, avait suivi la voie de la fonction publique et cela lui avait apporté des honneurs. Il s’éleva jusqu’à la qualité de Wali ou gouverneur de la province ottomane de Diyarbekir ».
« Sayyid eut plusieurs fils dont Kamil qui ,après lui, reçut la charge de Grand Moufti. Un autre est Fachri qui obtint la charge d’avocat. En 1895 lui naquit son plus jeune fils qui reçoit le nom d’Amin ». (cf. la biographie allemande d’El Husseini citée infra, p.47).
Jérusalem formait un gouvernorat particulier, autonome, mais l’autorité du Grand Moufti s’étendait à la Palestine. Deux familles avaient une grande influence sur la politique locale, entre les deux guerres, l’une, patriote intransigeante qui animera le 26 avril 1936, après l’insurrection populaire débuté le 19, le Haut Comité Arabe, et l’autre plus accommodante avec les puissants du jour.
Dans le Premier Conflit Mondial que Churchill présentait comme une Croisade contre l’Empire ottoman christiano-musulman, afin de rebâtir le temple de Jérusalem, selon une rêverie maçonnique et autre, Hadj Amin fut officier d’artillerie de l’armée impériale ottomane sur le front de Chypre. Son expérience militaire lui permettra d’organiser dans le siècle des groupes de combat palestiniens contre les envahisseurs.
Intronisé en 1921 par le premier gouverneur du mandat britannique, militant sioniste et plus tard leader du parti libéral fait Lord, Herbert Samuel, Haj ou Hadj Amin demeurera la figure la plus populaire et la plus redoutée des adversaires du peuple palestinien qui veulent la mort de la nation.
Qui, proscrits sur la terre et citoyens du monde,
Traînent de mer en mer leur misère profonde
Et d’un antique amas de superstitions
Ont rempli dès longtemps toutes les nations,
(Voltaire, Poème La Henriade, 1728, Chant Cinquième)
En 1929 des luttes sanglantes causée par les installations de baraques près du soi disant Mur des Lamentations, pour signifier qu’ils imposeraient leur loi, firent 133 morts sionistes et 110 victimes palestiniennes. Les autorités anglaises montrèrent leur équité : elles condamnèrent un sioniste à mort et 25 Arabes !
« Le Congrès arabo-palestinien qu’unit tous les partis arabes musulmans et chrétiens, réclame comme un droit naturel l’introduction d’un gouvernement national élu par le peuple arabe, après dix années d’un régime colonial absolu. La Palestine n’est pas restée en arrière des pays frères arabes voisins, qui dans une large mesure jouissent de diverses institutions parlementaires. Les Palestiniens ne peuvent pas et ne supporteront pas le présent régime colonial absolutiste et réclament – en accord avec tous leurs droits – la création d’un corps représentatif qui va esquisser la Constitution palestinienne, garantira à la Palestine une vie nationale… » proclamait Amin !
La célèbre grève générale des Palestiniens du 19 avril 1936 dura 177 jours !
Comme analogiquement hier le « Printemps Arabe » orchestré par la subversion étrangère, anglo-américaine au sens large, la « Révolte Arabe » durant la guerre de 1914 fut une illusion, tout autant que les mouvements des clubistes démocrates turcs ou arabes qui étaient des mines posées par l’Angleterre et le mouvement sioniste naissant et important chez les dits « Jeunes Turcs » (mouvement comprenant ethniquement plus de non turcs que de Turcs authentiques, dont des sionistes comme Danone, qui laissa son nom à une marque de laitage et d’autres extrémistes de ce genre), pour dynamiter l’édifice impérial. Le jeune Mohammed Amin entra, comme la jeunesse avide de justice, dans ces sociétés secrètes composées de bonnes volontés, et son biographe allemand a brossé un tableau de cette situation confuse pendant la Première Guerre :
« L’insurrection Arabe est entrée dans l’Histoire comme une des grandes, tragiques illusions. Pendant que les Anglais promettaient aux Arabes la liberté, ils assuraient aux Sionistes un foyer juif en Palestine, concluaient un accord avec la France et la Russie tsariste par lequel le Proche-Orient était divisé entre ceux-ci. L’accord Sykes-Picot qui prévoyait le partage des pays arabes, ne portait pas en vain le nom de Picot. L’homme était ancien consul général à Beyrouth, qui, à l’éclatement de la guerre, abandonna à la hâte son poste, en sorte que tous ses dossiers tombèrent entre des mains turques. Entre autres se trouvaient aussi les rapports secrets sur le mouvement arabe, qui offrirent aux Jeunes Turcs le prétexte d’exécutions (p.61)
Il s’agit des 21 condamnés à mort par le tribunal de guerre de Al-Alya, pour trahison, pendus le 21 août 1915.
Dans sa préface allemande à un excellent livre paru à Berlin en 1943, écrit par un étudiant syrien Mamun al-Hamui ou Hamawi (né en 1916) sur la politique britannique en Palestine, « Die britische Palästina-Politik », Amin al Husseini corrige des inexactitudes historiques sur les liens arabo-turcs : lui-même, comme nous l’avons écrit plus haut, avait été formé, enfant, à l’école turque, avant de s’exercer à la littérature arabe juridique et théologique en Egypte.
« Le peuple arabe n’a, à toutes les périodes de son histoire connu que l’autonomie et la liberté, et ne s’est jamais soumis à une puissance étrangère, pas même dans la longue période où il vivait en partageant les mêmes droits ensemble avec les Turcs dans l’Empire ottoman. Au temps de cette vie commune le peuple arabe n’a pas été soumis à une domination étrangère, mais obéissait au gouvernement du Calife légitime. Ce n’est que lorsque les hommes du parti de l’Unité et du Progrès eurent tiré la puissance à eux, et commencèrent leur politique nationaliste qui conduisit à la détérioration de l’égalité de droit entre les deux composantes de l’Empire que se produisit un divorce entre les deux peuples. »
Le manifeste des forces de l’Axe du Vendredi 22 novembre 1940
La qualité de Haj, attachée à Amin al Husseini, et dont la racine est arabe, mais aussi, par une rencontre étonnante, russe et notamment « bulgare » (comme le montre une inscription en lettres cyrilliques sur une pierre tombale chrétienne que l’on peut voir sur la toile) puisqu’elle désignait dans la vieille langue liturgique slavonne, ceux des Chrétiens qui avaient fait le pèlerinage en Terre-Sainte, formé à partir du mot Hojdenie, « marche », s’attache à Mohammed Amin al Husseini ayant accompli le pèlerinage à la Mecque, à 18 ans, en 1913 ; et pour comprendre son engagement religieux, militaire et politique, au sein de de cette famille ancienne de la Jérusalem moderne, lignée d’où descendent encore des Palestiniens illustres, suivons ce conseil de Jean-Jacques Rousseau : « Il faut étudier la société par les hommes, et les hommes par la société: ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien ni à l’une ni à l’autre. » (Livre quatrième de L’Emile ou de l’éducation, 1762).
Qu’est ce qui décida ce chef politique et religieux de la résistance aux Anglo-sionistes (né à Jérusalem et décédé à Beyrouth le 4 juillet 1974), chef du Haut Commandement Arabe, qui se réfugia dans le sanctuaire de la mosquée Al-Aksa et par mer,le 13 octobre 1937, quitta de nuit la Palestine alors mandat britannique (que l’Angleterre avait imposé et non reçu, comme il se lit, de la Société des Nations qui n’avait fait qu’entériner l’occupation cruelle ), et ce avec l’aide d’agents du mandat français de Syrie (une photo le représente à son arrivée en Syrie, avec une grande djellaba sombre et des lunettes de soleil, près d’ un haut fonctionnaire de la sûreté française vêtu de blanc, cf. la biographie allemande du Haj citée plus bas, p.64), pour ensuite se réfugier à Bagdad puis, sa tête ayant été mise à prix, d’abord 25.000 £,comme il est dit aux actualités allemandes de décembre 1941, puis, selon son biographe Kurt Fischer-Weth, à 100.000 £ par l’Angleterre après la répression de l’insurrection de Rachid Ali – Al Gailani à Bagdad, le 2 mai 1941, à Téhéran, suivi par ce même patriote Al-Gailani, et pour aussi rejoindre, après l’invasion combinée anglo-russe du 25 août 1941 de l’Iran germanophile, l’Italie et l’Allemagne, avec l’aide de la légation du Japon ?
Ce fut la publication par les forces de l’Axe, le 22 novembre 1940, d’un Manifeste de soutien à la liberté des peuples Arabes. L’Allemagne et l’Italie promettaient de s’engager à favoriser la lutte arabe pour la liberté. Cet acte allait être renouvelé en 1943, et le Japon, que Haj Amin soutenait en appelant les Musulmans à suivre sa politique d’émancipation de l’Asie de la tutelle étrangère, y était associé. Mais le débarquement anglo-américain en Sicile, aidé par la maffia locale, mit fin à ce projet.
Quel était cet homme entré depuis 1919 dans la lutte contre l’oppression britannique et son protégé sioniste au Proche-Orient?
En 1943 parut à Berlin, ville où le Grand Moufti avait inauguré, le 18 décembre 1942 un Institut Central Islamique, la courte biographie d’un certain Kurth Fischer-Weth, que nous citons deux fois plus haut, intitulée Amin Al-Hussein Grossmufti von Palästina aux éditions Walter Titz, 95pp. En voici la conclusion toujours actuelle : « Les ennemis du Grand Mufti, comme ses amis, les peuples jeunes, révolutionnaires d’Europe, savent l’influence qu’il exerce sur le peuple arabe. Ils savent que les Arabes sont prêts, sous sa direction, à combattre pour leur liberté, leur indépendance et leur culture. Mais ils savent aussi qu’il ne parle pas seulement aux Arabes, mais à tout le monde islamique, quand il élève sa voix et appelle au combat. »
Comment l’Allemagne et l’Italie ont vu l’Islam ?
Il y a une différence de point de vue entre l’Allemagne, à certains égards l’Italie et l’Espagne, et les autres pays européens ou américains dans le jugement général porté sur l’Islam. En témoignent les nombreuses chaires universitaires, les travaux de tous ordres, qui font de ce pays, avec ses plus de 7000 associations culturelles sunnites et 200 chiites, le plus avancé dans les études, depuis trois siècles, sur cette matière. Goethe s’était, pour la connaissance du Koran, fait initier à la langue arabe par un théologien protestant orientaliste précepteur de son fils, comme en témoignent des feuilles manuscrites au musée de Weimar.
Martin Luther fit publier une traduction latine, dont nous avons lu la préface, du Koran pour vérifier l’exactitude des propos rapportés sur le Mahométanisme. Ce scrupule honore cette nation sérieuse.
L’Empereur d’Allemagne et Roi en Prusse, Guillaume II (1859-1941) avait, dans sa tournée au Proche-Orient, répondu au toast de bienvenue du maire de Damas, par l’engagement personnel de secourir, pour reprendre son propos enthousiaste « les 250 millions de fidèles qui dans le monde reconnaissent l’autorité du Calife » et refusé, au cours de ce même voyage qui l’avait amené à Jérusalem, céder un terrain des missions protestantes aux Franciscains, de recevoir le dit Théodore Herzl, auteur du livre « L‘Etat des Juifs. Essai d’une solution de la Question juive » (Der Judenstaat. Versuch einer Lösung der Judenfrage) qui n’avait pu tenir son Premier Congrès Sioniste Mondial qu’à Bâle, avec ses délégués venus du monde entier, y compris de la Chine, et non à Munich comme il l’avait espéré, car le Judaïsme officiel allemand refusait raisonnablement cette aventure orientale. Elle s’achèvera dans un désastre général !
Bien sûr, le sentiment personnel du Chancelier du Troisième Reich était favorable, comme en témoigne une réflexion privée tenue en 1942 devant deux témoins, dont un amiral, à l’esprit martial de cette confession et à son idée d’un Dieu invisible qu’aucune image ne doit limiter, reprenant, de mémoire ou paraphrasant, à cette occasion, sans citer ni l’ouvrage ni l’auteur, un passage du livre intitulé « L‘Antéchrist », de Nietzsche, en regrettant, puisque le Judaïsme s’était déjà imposé à la nation et à l’Europe, que la Germanité se fût plutôt orientée vers le type, que nous connaissons, de Christianisme entravant son essor.
Benito Mussolini, auquel les Libyens avaient donné le titre de la Spada del Islam, « l’ Épée de l’Islam » (et Hajd Amin eut cette gloire) partageait semblable idée et l’occasion est ainsi donnée de rappeler que pour montrer la sympathie de l’Italie nouvelle avec le mouvement de libération palestinien et avec tout le monde islamique, le Duce offrit au Dôme du Rocher, à Jérusalem, à l’occasion de longs travaux dus à un glissement sismique, débutés en 1938, en 1939, une suite de belles colonnades en marbre de Carrare, que l’on admire aujourd’hui. La chose était autrefois très connue, et elle est tue désormais ou signalée avec des cris antifascistes qui les jugent exécrables, et la volonté sensible de les détruire sous prétexte d’exhumer un temple imaginaire.
A lire, citée par le biographe du Grand Moufti, cette juste appréciation d’un biographe berlinois de Mahomet (formé de l’italien Mahometo traduisant le Mehmet turc) Dagobert von Mikusch (1874-1950), turcologue par ailleurs connu pour sa biographie de Mustapha Kemal dit Atatürk parue en 1935 : « Toute fonction intermédiaire, que ce soit par la déification d’un Prophète, que ce soit par des saints ou des prêtres, devait être supprimée, l’être humain et Dieu ramenés à une relation immédiate. C’est le noyau et l’origine de l’Islam, l’unique chose nouvelle que voulait Mahomet; si l’on peut parler avec cela de nouveauté. A une chose toute semblable visait aussi Luther. » (op.cit.p.5). En bref, Mahomet est non pas un fondateur de religion, comme Jésus ou le Bouddha, mais un réformateur. Ce qui était sensible à la culture allemande.
Le biographe de Mahomet cite le célèbre historien allemand Leopold von Ranke (20 décembre 1795-23 mai 1886), qui dit de la réaction ou lutte des dénommés Empereurs byzantins contre le culte des images et de la réforme de l’Empereur Heraklius de résoudre la question des deux natures du Christ dans un sens monothéiste : « c’était l’approche de l’idée de l’unité inconditionnelle de la divinité, sur laquelle repose la Réforme de Mahomet » (« auf der Mohammeds Reform beruht »).
Mais un autre motif glorieux de compréhension entre le monde islamique et chrétien repose sur la personnalité de l’Empereur allemand Frédéric II de Hohenstaufen (1212-1250) qui fut roi de Jérusalem et de Sicile, et sa profonde connaissance des valeurs de l’Islam, en rien comparable à la caricature offerte par ce pur produit des laboratoires de psychologie militaire anglo-américaine, à parler discrètement, que sont les « islamistes » du jour ! Frédéric, selon l’histoire académique, poussé à la Croisade par le Pape Honorius III, et qui y rechignait, conclut à Jérusalem un accord de respect mutuel entre les deux confessions. Le Pape l’excommunia, mais le pacte islamo-germanique, la réconciliation des deux religions était scellée, et marquera profondément la tradition impériale allemande et de la Nation allemande.
N’oublions pas que grâce à l’appui militaire allemand une armée entière indo-anglaise fut défaite en Irak pendant la Première Guerre, que les Alliés ne purent débarquer en Turquie malgré l’envoi massif de troupes coloniales, et que le futur Grand Amiral Dönitz, dernier Président du Reich, servit sous le drapeau turc dans l’arme sous-marine en Mer Noire!
Invité en Jordanie, en mai 1970, mon hôte, le Prince turc Nazem, qui devait administrer la compagnie aérienne à Londres, me conta, ravi que je connaisse l’Allemagne et sa littérature, le siège de Jérusalem qu’il défendit avec des Allemands et des Austro-Hongrois contre les assauts britanniques et de leurs alliés franco-italiens.
L’œuvre constructive de Hadj Muhammad Amin al Husseini à Jérusalem
Elle y fut esthétique, intellectuelle, et militaire.
1. A Jérusalem, en 1922, élu Président du Conseil Supérieur Islamique, le Grand Moufti fit dorer pour la première fois le Dôme du Rocher, augmentant sa beauté, en le rebâtissant après les dégâts causés par les combats et le feu de l’artillerie employée pour la prise de Jérusalem par le général Allenby entré, à la tête des troupes anglaises et coloniales, dans la ville, le soir du 9 décembre 1917. Et l’on peut ;admirer, en effet, sur toutes les vues de la ville cette rénovation aussi admirable qu’inoubliable de l’édifice, symbole de la Jérusalem musulmane attachant le regard, et qui fut obtenue par une contribution financière du monde musulman, les meilleurs donateurs étant l’Afghanistan, l’Iran et l’Inde musulmane, alors un des plus grands foyers de cette religion que les Britanniques, poussant à la guerre civile, divisèrent, après la seconde guerre mondiale, par la formation d’un Pakistan (ou « pays pur ») rival de l’Inde.
2. Son second grand mérite, proprement intellectuel, fut de créer une université arabe, pour faire opposition à l’université hébraïque qu’autour du chimiste Weizmann, émigré d’Allemagne en Angleterre où il forgea l’arme chimique des gaz de combat, futur Premier Président d’Israël, Albert Einstein et Sigmund Freud avaient inaugurée en 1925, les fondations ayant été posées, sur le mont Scopus, en 1918.
Ces deux faits cités, le revêtement de la mosquée et l’affirmation de l’université arabe, sont connus de l’ancienne génération palestinienne et libano-syrienne formant en réalité un même peuple, mais sont effacés de la mémoire des générations présentes.
3. Il fut toujours partisan de combattre militairement l’occupation étrangère, et le sionisme qui était selon lui une base locale d’une puissance mondiale. Aussi instruisit-il le peuple pour répondre aux agressions armées de gens, parmi eux, exercés déjà aux armes et au terrorisme de masse bolcheviste.
Depuis 1919-1920 des heurts se produisaient entre les immigrés venus principalement de Pologne, de Biélorussie et d’Ukraine et les indigènes à majorité arabe, mais aussi arméniens, grecs etc… Ce n’était pas une lutte religieuse, mais patriotique.
La spoliation des terres par la société financière nommée l’Agence juive (Jewish Agency), qui certes se faisait condamner par les tribunaux du mandat, mais ne restituait jamais les biens mal acquis, amenait des paysans ruinés à grossir les villes et causa la révolte de 1936, les mouvements les plus violents se produisant au port d’Haïfa.
Avant de se rendre à Berlin, Mohammed Amin Al Husseini, venant de Turquie, s’est entretenu avec Benito Mussolini qui lui a dit son goût de la lecture du Koran posé sur son bureau, et dans le cours de la guerre, il visitera la maison mère du Fascio à Milan. Après lui Bourguiba et tant d’autres iront admirer le nouveau Forum romain bien plus grand que l’original, et le leader tunisien parlera à la Radio de Bari, au sud de l’Italie, tenue par des Palestiniens. Un ancien Premier ministre tunisien Nouïra, libéré avec Bourguiba (par Klaus Barbie qui leur signifia personnellement leur liberté, d’où le nombre d’avocats arabes musulmans venus le défendre avec Maître Vergès) en 1942, après l’occupation de la zone libre, suite au débarquement d’Alger de novembre, de la prison où l’avait enfermé, avant guerre, le Front Populaire, choisira, plus révolutionnaire, Berlin.
Lettre française du Grand-Moufti de Palestine à A. Hitler, du 20 janvier 1941
La maîtrise du français le fait s’adresser en cette façon à celui qui porte désormais depuis l’Anschluss ou rattachement de l’Autriche le titre de Guide la la Grande Allemagne (le petit Reich étant l’Allemagne proclamée Empire dans la Galerie des Glaces de Versailles, sur proposition de Louis II de Bavière).
« Bagdad, le 20 janvier 1941
A Son Excellence
Le Führer de la Grande Allemagne
Herrn Adolf Hitler
Berlin
Excellence,
L’Angleterre, cette ennemie acharnée et rusée de la véritable liberté des peuples, ne s’est jamais lassée de forger au peuple arabe des chaînes pour l’asservir et le subjuguer, tantôt au nom d’une perfide Société des Nations et tantôt par affichage de faux et hypocrites sentiments d’humanité pour les autres , mais toujours en vérité pour les plus impérialistes desseins camouflés derrière les principes d’une démocratie et d’un internationalisme mensongers.
Le peuple arabe s’est trouvé par une coïncidence géographique au milieu des carrefours terrestres et maritimes qui forment d’après les Anglais le nœud principal des « Communications Impériales Britanniques ». Pour cela rien ne fut épargné pour créer des obstacles perpétuels entravant la liberté et le développement du peuple Arabe. On peut même dire que la paix relative qui dure depuis plus d’un siècle entre la France et l’Angleterre, était due en bonne part à l’entente tacite entre ces deux Puissances pour tenir sous leur joug les populations Arabes, observant ainsi la loi d’un ignoble partage qui créait en tout cas un équilibre d’ambitions sans toucher à l’artère sensible des communications britanniques « sacrées »! D’ailleurs ce partage d’influence entre la France et l’Angleterre servait à briser la résistance et les réactions des Arabes en les laissant aux prises avec des Puissances différentes et fortes. Mais la politique anglaise n’a pas pu à la longue défier le réveil du nationalisme arabe, d’où l’activité incessante de l’Angleterre pour créer aux Arabes de nouveaux obstacles contre l’acquisition de leur indépendance et de leur liberté. Et alors c’est l’histoire lugubre des dernières décades qui offre aux yeux du monde le spectacle d’une lutte constante et acharnée.
En Irak, l’Angleterre dans sa politique traditionnelle de diviser pour régner, conçut le projet d’installer quelques millions d’hindous apportés des Indes Britanniques, ceci à côté de la population arabe autochtone. Le projet fut déjoué par une révolution sanglante et l’Angleterre a dû alors se plier devant le fait accompli, et vouer ses soins à l’exploitation immédiate du pétrole irakien. En un mot le roi Feycal Ier (1885-1933) a accepté un modus vivendi et signa, malgré l’opposition de la majorité du peuple, un traité avec l’Angleterre, achetant ainsi l’indépendance relative du pays au prix de concessions pétrolifères. L’attitude la Turquie pour adjoindre Mossoul à son territoire, dictait au feu roi la nécessité de cette politique.
Quant à la Syrie, elle était livrée à la France pour briser son unité nationale et l’appauvrir économiquement afin de pouvoir mieux mâter son esprit nationaliste. Après dix-huit ans de lutte, elle a pu arracher à la France le traité boiteux de 1936, reconnaissant son indépendance, mais au prix de concessions et de réserves unilatérales. Et alors l’Angleterre surgit pour barrer la route de la liberté à la Syrie, et se mit d’accord avec la Turquie pour neutraliser l’effet du traité franco-syrien, ceci de concert avec les Juifs qui craignaient une Syrie indépendante à côté de sa sœur, la Palestine en révolte. C’est de ce temps là que naquit l’accord anglo-franco-turc contre les Puissances de l’Axe. Ainsi fut le prélude de la question d’Alexandrette et d’Antioche qui devait aboutir à la cession par la France de la dite région à la Turquie d’une part, et à l’abolition sine qua non du traité de 1936 entre la France et la Syrie. Donc, de nouveau un jeu « très démocratique » de l’Angleterre au dépens de la Syrie, ceci malgré les commissions et les rapports d’enquête de la Société des Nations, tous favorables à la thèse syrienne.
Par tour de rôle je passe à l’Egypte. Déjà depuis 1882, l’Angleterre s’y est installée « provisoirement! » Parce que le peuple en révolte demandait au Khédive une constitution nationale qui devait mettre un frein à la prodigalité du prince et organiser le budget, selon les intérêts et les besoins du pays. Mais la soi-disant démocratique Angleterre occupa le pays pour sauver le trône du Khédive sous prétexte d’assurer l’ordre à Alexandrie, tandis que la perfide Albion tissait de ses propres doigts les intrigues et fomentait les troubles et les désordres au moyen de ses propres agents provocateurs. La vérité est qu’il s’agissait du Canal de Suez et des communications impériales. L’Egypte a attendu 1936 pour obtenir elle aussi son traité boiteux avec les réserves connues. Ce fait n’était pas dû à la générosité britannique, loin de là, mais tout simplement à la rupture de l’équilibre des forces en Méditerranée : l’Italie se dressant plus forte et plus menaçante aux « intérêts » britanniques.
Vient maintenant après tant d’autres pays encore de la péninsule Arabe, la Palestine. Vous connaissez bien, Excellence, sa cause, car elle a dû aussi souffrir de la perfidie anglaise. Il s’agit de créer un obstacle à l’unité et l’indépendance des pays Arabes en les mettant en prise directe avec les juifs du monde entier, ennemis dangereux dont les arme secrètes sont la finance , la corruption et les intrigues qui s’ajoutent d’ailleurs aux baïonnettes britanniques. Depuis vingt ans nous nous trouvons face à face avec ces forces différentes. Armés d’une foi invincible dans leur cause, les Arabes de la Palestine ont combattus avec les moyens les plus rudimentaires. En outre, la question palestinienne a réuni tous les pays Arabes dans une haine commune contre les Anglais et les juifs. Si l’ennemi commun est le prélude de la formation de l’unité nationale, on peut dire que le problème palestinien a hâté cette unité. Au point de vue international, les juifs du monde entier se sont inféodés à l’Angleterre dans l’espoir que, victorieuse, elle puisse réaliser leurs rêves en Palestine et même dans les pays Arabes environnants. En aidant les Arabes à abattre les visées sionistes, les juifs et surtout ceux des Etats-Unis, seront tellement démoralisés en voyant l’objet de leur rêve tomber dans le néant qu’ils perdraient leur enthousiasme à aider la Grande-Bretagne et se rétracteraient devant la catastrophe.
Je prie Votre Excellence de ne pas m’en vouloir d’avoir relaté ci-dessus d’une manière sommaire l’histoire de l’antagonisme Arabe avec l’Angleterre, comme paraît nécessaire de mettre en relief les causes essentielles qui agitent le monde Arabe contre les Anglais. J’ai tenu surtout à préciser que ces causes ont leurs racines profondes dans des intérêts primordiaux et des problèmes vitaux et non dans des questions futiles à effets superficiels et passagers. La sympathie la plus chaleureuse des peuples Arabes pour l’Allemagne et l’Axe et d’ores et déjà une chose acquise. Aucune propagande ne peut cacher cette vérité. Libérés de certaines entraves matérielles, les peuples Arabes sont prêts à réagir, comme de juste, contre l’ennemi commun et à se dresser avec enthousiasme avec l’Axe pour l’accomplissement de leur part dans la défaite méritée de la coalition anglo-juive.
Le nationalisme Arabe doit à Votre Excellence, une dette de gratitude et de reconnaissance, pour avoir soulevé à plusieurs reprises dans des retentissants discours la question palestinienne. Je tiens par la présente à réitérer mes remerciements à Vôtre Excellence, et vous assurer, Excellence, des sentiments d’amitié, de sympathie et d’admiration que le peuple arabe voue à Votre Excellence, ô grand Führer, et au grand peuple Allemand.
Je saisis cette occasion pour déléguer auprès du Gouvernement Allemand mon secrétaire privé pour entamer, au nom de la plus vaste organisation Arabe et en ma propre personne, les négociations nécessaires pour une coopération sincère et loyale dans tous les domaines.
Je peux résolument ajouter que les Arabes sont disposés à se jeter dans la balance et offrir leur sang dans la lutte sacrée pour leur droits et leurs aspirations nationales, pourvu que certaines préoccupations d’ordre moral et matériel soient assurées. Il s’agit de précautions nécessaires à prendre devant un ennemi perfide et puissant qu’il est nécessaire de bien calculer les moyens et la force , vu le caractère stratégique des pays Arabes qui pourraient alors mettre en danger les communications impériales et rendre caduc tout contact des Indes avec la Méditerranée et la Turquie par le Golfe Persique, tout en amenant la cessation de l’exploitation et de l’écoulement du pétrole au profit de l’Angleterre.
Je conclus en souhaitant à Votre Excellence une longue et heureuse vie, et la victoire éclatante et la prospérité pour le Grand Peuple Allemand et pour l’Axe dans l’avenir le plus proche.
Je prie Votre Excellence de croire à mes sentiments de grande amitié, de reconnaissance et d’admiration.
Grand Moufti de Palestine
Mohammed Amin El-Husseini »
Cité dans les Mufti-Papiere etc. publiés par le Dr. Gerhard Höpp, Klaus Schwarz Verlag, Berlin, Zentrum Moderner Orient etc. Studien 16,2004. 243pp, pp.17-19, lettre tirée des Archives Fédérales de Göttingue.
Dans un discours aux membres turkmènes de la Waffen-SS (op.cit.p.237), non daté, et signé de sa main, il est rappelé qu’au sommet des Puissances de l’Axe se tient l’Allemagne « qui n’a jamais été un ennemi de l’Islam ni n’a jamais agressé un pays islamique, et ne possède également pas cette intention de les conquérir. L’Allemagne qui combat notre ennemi commun pousse la monde islamique à un avenir sûr et heureux. »
Est bien connue son adresse également politique, religieuse et militaire, aux Imams de la division SS bosniaque du 4 octobre 1944, l’une des plus nombreuses divisions, que « l’unité de conduite est la loi principale de l’Islam » donnant l’exemple historique du Calife, et après citation de versets du noble Koran, de noter que non seulement plusieurs autres passages vont dans le sens de cette unité de guidance, mais « que le National-Socialisme est de même bâti sur le Principe du guide et tend à la centralisation de tous les compétences du pouvoir dans la main du guide. » (Mufti-Papiere, p.219).
Il cite dans son discours d’ouverture de l‘Institut Islamique Central de Berlin, le 18 décembre 1942, un mot de Chaim Weizmann, le chimiste déjà mentionné plus haut, leader sioniste, après le débarquement de la mi-novembre en Afrique du Nord, que « l’Algérie constituera le premier pont entre les deux puissants centres juifs, entre New York et Jérusalem ».Ce sont les termes mêmes de Weizmann ! « C’est un signe net que leur avidité insatiable ne connaît pas de limites ».
Imaginons un instant que par quelque miracle Haj Amine revienne sur terre, et s’entretienne avec sa progéniture et son peuple, ou la communauté musulmane de par le monde, sur ce qui s’est produit après la guerre et après sa mort en 1974. Dirait-il je me suis trompé ? La Palestine va enfin trouver la paix et aussi le Proche-Orient, toute l’Asie ! Ma stratégie de lutte était généreuse, mais vaine, les négociations ont réussi ! Les Accords d’Oslo, par exemple, ont produit de bons fruits…
Toujours en réponse à un discours de Chaïm Weizmann, le 17 juin 1943, il dit à la radio berlinoise, selon le document italien des Archives fédérales, que « le camps de concentration des Arabes en Rhodésie est en train d’engloutir les héros arabes [sta inghiottendo gli eroi arabi] l’un après l’autre » et de citer le dernier, Sayyid Arif el-Giu’uni qui, dit-il, avait rendu de grands services et fait de grands sacrifices « à la cause arabe », en appelant sur lui la clémence de Dieu. Mais qui nous parle aujourd’hui de ces camps d’internement de patriotes en Rhodésie?
Il parlait de « la Nation Arabe », et avançait qu’elle avait besoin d’indépendance et d’unité. Que même comme partie de l’Empire ottoman, précisait-il, elle avait conservé son unité. Que « ce n’était que dans la dernière période qu’elle a appris à connaître l’éclatement, quand elle devint une victime des désirs impérialistes » (sermon berlinois tenu à la fête de rupture du jeûne Id al -fitr, le 1er octobre 1943)
Chaque année, il organisait une manifestation, le 2 novembre, pour rappeler l’infâme Déclaration Balfour de 1917. A la dernière, Heinrich Himmler, qui n’avait pu y assister, retenu sur le front de l’Est, lui a adressé un télégramme de sympathie dans lequel il marque que dès le début du mouvement national-socialiste était inscrit sur ses drapeaux le soutien à la lutte du peuple palestinien.
En 1944, Haj Amin de lancer cet appel prophétique à la prudence politique : « J’avertis les frères de combat dans le pays, dont la Nation a appris à connaitre le juste combat et leur épreuve courageuse, de ne pas s’illusionner par l’incorrection des Alliés et se laisser tromper par le mirage (la Fata Morgana).qui tient la soif pour l’eau, en sorte que par après il ne trouve plus rien. »
Félicitations à l’Empire Japonais pour sa protection des Musulmans, et proposition de collaboration militaire, 1943
« A M. le ministre Impérial Japonais des Affaires Etrangères,
Berlin,
Votre Excellence,
La sage et juste politique du Gouvernement Impérial Japonais envers les peuples d’Asie Orientale et la déclaration d’indépendance de la Chine », de la Birmanie et des Philippines et la formation d’un gouvernement libre dans ces Etats, aussi bien que la déclaration de liberté pour l’Inde et la déclaration de liberté pour le monde islamique et arabe, que Votre Excellence a délivrée le 9 février 1943, donnent occasion aux peuples asiatiques en général et aux peuples musulmans en particulier de collaborer sincèrement avec le Japon.
Le monde islamique attend maintenant du Gouvernement Impérial Japonais que cette sage politique s’étende aussi aux Indonésiens qui comptent 60 millions de Musulmans. Je voudrais pour cela attirer l’attention du Gouvernement ami Impérial Japonais, sur ce que l’indépendance de l’Indonésie est le vœu du monde islamique, et qu’un traitement juste des Indonésiens comme il le fut du côté du Gouvernement Impérial Japonais pour les autres peuples asiatiques, ferait une grande impression sur le monde islamique.
A cette occasion je voudrais proposer la mise sur pied d’une armée islamique issue des des peuples islamiques d’Asie Orientale, laquelle, aux côtés des troupes japonaises irait combattre pour la liberté des pays islamiques et contrer le péril des Anglo-Américains.
Moi et l’Organisation du Congrès Mondial islamique sommes volontiers prêts à collaborer avec le Gouvernement Impérial Japonais à la mise sur pied de cette armée. Cette armée déploierait une grande activité en Asie Orientale, et rencontrerait un très bon un écho dans tout le monde islamique comme un signe de la collaboration réelle entre le Japo et le monde islamique.
Agréez, Excellence, mes sentiments distingués,
Le Président du Congrès Mondial Islamique. »
Nous ne pouvons, dans le continent asiatique, que renvoyer à ses discours à l’endroit des Musulmans indiens qui formeront, avec un drapeau montrant l’unité des fois hindoues et musulmanes, dans l’armée du mouvement « Free India » qui comprenait de nombreuses femmes…
Extraits du Discours radiophonique berlinois français adressé aux Indiens, du 22 août 1942
« Les Anglais affectent d’être des amis, des conseillers, et sèment en secret, hypocritement la haine et la discorde.
La politique anglaise essaie de vous imposer aux yeux du monde comme des partisans alors que la vérité dont nous sommes sûrs est tout à fait le contraire, parce que le plus grands mal des Anglais vous a atteint à vous avant les autres nations. Nous connaissons très bien combien est grande votre haine contre celui qui a fait succomber votre Empire.
Comment les Musulmans peuvent-ils encore être trompés par l’Angleterre. Est-ce possible?
Comment peuvent-ils avoir confiance en elle ou surtout l’aider après ce qu’ils ont vu d’elle, après qu’elle ait fait table rase de toutes ses promesses alors que notre Prophète dit : « Le croyant n’est jamais piqué deux fois par le même trou de serpent. »
L’Angleterre a fait à l’Egypte 65 promesses successives d’évacuer son territoire dont elle n’en a tenu aucun compte puisque ses troupes y sont encore et bien d’autres promesses ont été faites par elle à d’autres pays Arabes dont aucune n’a été tenue. A vous aussi pendant l’autre guerre elle vous a fait la promesse de sauvegarder les lieux saints de l’Islam, puis, la guerre terminée, l’a reniée en faisant la Déclaration Balfour qui veut faire de la Mosquée El Aksa et de tous les autres lieux saints de la Palestine une propriété juive… Déjà nombre de mosquées dans les villes et les villages palestiniens ont été détruites par les Anglo-Juifs et on en voit plus à présent aucune trace.
L’occasion qui se présente maintenant pour vous débarrasser à jamais des Anglais doit être saisie par tous les Musulmans dans tous leurs pays. Il sera peut-être très difficile qu’une semblable occasion se présente encore une autre fois. Elle est le moyen le plus sûr pour affranchir les Indes de l’esclavage auquel l’Empire britannique l’a soumis pendant très longtemps, et dans ce but a réduit au même sort tous les pays qui se trouvaient sur sa route, comme l’Egypte, la Palestine et l’Irak et d’autres pays de l’Orient…
La propagande anglaise cherche à répandre la légende de son invincibilité : mais vous Musulmans vous savez et vous le répétez toujours : Dieu est plus grand. Et que la tyrannie tombe finalement sur la tête de son auteur. »
L’Après guerre ou la guerre continuée
Pendant les bombardements de Berlin, le Gouvernement, sur ordre personnel d’A. Hitler, demanda au Grand Moufti de Palestine de quitter cette zone dangereuse, et selon un témoignage personnel reçu de notre cher ami de l’armée autrichienne, dans les Gardes Frontières, Walter Held, le Grand Moufti se rendit à Bad Ischl, dans la fameuse propriété impériale d’été de François-Joseph – que nous visitâmes en compagnie d’un des jeunes archiducs Habsbourg-Lorraine – , puis, après la fin des hostilités, capturé au Lac de Constance, il fut tenu en France en résidence surveillée à Saint-Maur, en région parisienne, alors que l’infâme diable et faux Croate, faut-il le souligner, surnommé Tito (que Staline qualifiait de « cochon de Walter » !) réclamait sa tête et que l’Angleterre faisait mine de l’appuyer, mais la France fort prudemment, ne le livra pas, craignant des réactions très violentes dans ses domaines arabes du Maghreb et surtout de Syrie-Liban.
Aussi la carrière politique et religieuse se poursuivit-elle, refusant toute incorporation de la Palestine à la Jordanie, à travers des Congrès Islamiques, comme celui, en 1947, de Karachi qui lui firent expliquer et défendre la cause palestinienne. Il aurait vainement proposé à Nasser d’inclure la Palestine dans la République Arabe Unie. L’Histoire donnera raison à ce projet. En 1955, Hadj Amin parla à la Conférence de Bandung où fut actif l’avocat Ahmad Choukheiri qui précéda Arafat ! Arafat se réclamait, non sans audace ou culot, sorte de Schutzpah, de sa lignée, ce que Hadj Amin démentit toujours, ayant chargé, au contraire, le ministre des Affaires Etrangères et syndicaliste marocain Allal el Fassi, mort, quelques mois avant le Grand Moufti, au cours d’un voyage officiel en Roumanie, d’enquêter sur la racine « marocaine » de cet homme, de son père en particulier, natif du village marocain d’Al Qoudouwa (cf. « Yasser Arafat, et la solution sioniste de la crise en Palestine », chez l’éditeur damascène Azzarhi, par le Dr. Ghazi Hussein, secrétaire du bureau juridique et politique de l’OLP) – et dont l’épouse seule était une Husseini.
Nous sommes plongés dans le Livre d’Esther !
La longtemps porte-parole des Palestiniens, l’intelligente avocate de la cause palestinienne, Leïla el-Husseini Shahid, en revanche, est de son sang, sa mère étant la petite nièce du Grand-Mufti. Elle même avoue que cet accord d’Oslo et ses négociations interminables sont un échec total et de la poudre aux yeux.
C’était le tenant d’un islamisme patriotique en accord avec le patriotisme arabe chrétien, et non pas l’islamo-bolchevisme destructeur des nations, pièce de l’artillerie anglaise et de la City, et qui est encadré par la progéniture d’un bolchevisme qui n’a pas lâché prise depuis un siècle !
« Ce n’est pas toi que cela regarde, soit que Dieu leur pardonne ou qu’il les châtie; ce sont des méchants ».
Post-Scriptum : Attitude louable de la France refusant de livrer le Grand Moufti, le 6 Mai 1946
Documents diplomatiques français,1946, tome I, (1er janvier-30 juin) P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, Bern etc
La France diplomatique refuse dignement de céder à la demande anglaise de livrer le Grand Moufti de Palestine et s’en explique :
« Le jurisconsulte du Département M. Basdevant, s’est en son temps prononcé contre la légalité d’une telle mesure dont le caractère arbitraire sauterait aux yeux des moins avertis, un an surtout après la fin de la guerre en Europe. L’opinion musulmane est très alertée à ce sujet des Indes jusqu’au Maroc.
La Grande- Bretagne a cependant encore insisté au mois de février dernier pour la remise du mufti en invoquant, sans avoir d’ailleurs l’intention de l’appliquer, une ordonnance palestinienne n°24 aux termes de laquelle le mufti comme citoyen de Palestine aurait été passible de la peine de mort s’il était convaincu de déloyauté en raison de son allégeance vis-à-vis de la couronne d’Angleterre qu’il aurait trahi comme un véritable… Le gouvernement français, qui a été en toute circonstance, plus libéral en ce qui concerne l’interprétation des liens juridiques créés par le mandat, ne pourrait envisager un seul instant de s’associer à la thèse anglaise et de la soutenir devant une organisation internationale quelconque, notamment devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui pourrait bien être finalement saisi de tout le problème de Palestine. »
Note explicative du diplomate Ponsot, du 9 juin 1946, non reproduite :
« Au mois d’août 1937, les autorités britanniques procédaient à l’arrestation de tous les membres du Comité arabe à Jérusalem pour leur opposition violente à la politique de colonisation sioniste de la la Palestine. Tous les membres du comité, les cousins et parents du mufti, ainsi que ses secrétaires furent déportés en Rhodésie. Seul le mufti réussit à se réfugier dans l’enceinte sacrée de la mosquée d’Omar. Les Britanniques hésitèrent à se saisir de lui et le placèrent sous une surveillance étroite. Cependant, le 13 octobre, il réussissait à s’échapper et à s’enfuir au Liban puis vers l’Irak, l’Iran, la Turquie, l’Italie et finalement l’Allemagne. Le 7 mai 1945 il chercha à gagner la France via la Suisse. Refoulé vers Lindau par la Suisse, l’armée française s’en saisit et l’expédia à Paris, où il arriva le 18 mai. »
Pierre Dortiguier