Cigarillos & Calva est un podcast littéraire et politique de Bruno Hirout, publié un vendredi sur 2 à 19h.
Ce Cigarillos&Calva est une entrevue, en l’occurrence celle de Monsieur l’abbé Du Thail qui présente son nouveau livre intitulé « National-socialisme et catholicisme, l’impossible conciliation ? »
Source : Soundcloud
On aimerait pouvoir dire que Catholicisme et Occident ne font qu’un.
Mais ce n’est pas la thèse défendue par le Vatican.
Le Christ lui-même nous aurait bien aidé s’il était apparu à Rome ou à Athènes, mais il est apparu à Jérusalem. Pourquoi?
Selon
Selon les travaux de Fernand Crombette (1880-1970), « un catholique français » assurait que Jérusalem était le centre de l’octogone qu’avait la forme de la Pangée, c’est à dire de la terre avant le Déluge selon la Genèse, premier livre du Pentateuque. Le premier Adam y fut enterré au lieu dit le Golgotha (Le crâne) et le Nouvel Adam (Jésus-Christ) y fut crucifié.
On ne peut concilier Jérusalem, Abraham, Salomon, la Torah (autre nom de l’Ancien Testament), le « peuple élu » et une vision du monde ethnocentrée visant effectuer le nettoyage définitif de l’Europe de toutes formes d’infestation étrangère, en premier idéologiques, d’origine proche-orientale, sources du mondialisme, et qui ont tenté par tous les moyens de détruire les traditions autochtones authentiques européennes. Nietzsche a dit : « Deviens celui que tu es ». Telle était la grande maxime du national-socialisme. On pourrait préciser REdeviens celui que tu as toujours été. Le pape Pie XI n’avait-il pas dit que les chrétiens sont des Juifs de l’esprit ? La réponse est faite !!!
Athène, Bibracte, Les Externsteine, Stonehenge, Rome, Upsala, Tripilye, et non Jerushalaim, sont les lieux sacrés de l’Europe. Aryo-païens, réveillez-vous !!! La maladie qui frappe l’organisme européen doit être soignée si l’on veut éviter toute rechute. Le national-socialisme a aussi lancé un appel au monde : Peuples de la Terre, libérez-vous de l’impérialisme des monothéismes proche-orientaux, gardez votre sang et vos traditions. Ce sont vos vrais trésors. (Kurt Eggers, La naissance du millénaire).
A méditer sérieusement
C’est Pindare qui a écrit le vers que vous nommez dans une de ses épinicies, la deuxième Pythique (Pour Hiéron à la course des chars), vers 73: Γένοι᾽ οἷος ἐσσὶ μαθών, « sois tel que tu as appris à te connaître ». Nietzsche a repris la formule simplement; c’est en outre une vérité universelle, mais comme souvent ces dernières furent prononcées en premier par les Grecs de l’Antiquité. Avant d’être philosophe, Nietzsche était un philologue accompli et comme l’élite scolaire de son temps dans l’Allemagne du XIXe siècle, il avait joui d’une éducation humaniste très complète. On ne peut s’imaginer l’abîme existant entre les élèves de l’époque et les cancres qui sont au pouvoir depuis 45 en Allemagne et ailleurs, mais ledit abîme est plus grand en Allemagne, car elle est montée très haut dans l’intelligence, la science et la haute culture à partir du XIXe siècle. Vous pouvez me repartir que l’Espagne et l’Italie ont eu aussi leur acmé, et pas uniquement dans la pensée, le savoir, elle l’eut aussi dans le bon goût, les bonnes manières (point de vue goût, comportement, élégance, formation d’un homme universel, l’Allemagne = 0), la guerre, mais il y a très longtemps et elles ont eu tout loisir de redescendre. Quant à la France, elle est montée moins haut que l’Espagne et l’Italie en leur temps, mais elle est descendue moins bas ensuite. L’humanisme bien compris, c’est étudier ce qu’il y a d’universel, de noble et de bon goût chez les hommes et comme les civilisations grecque et romaine ont enfanté les premières cultures développées et complètes, j’allais dire humaines, de notre histoire (je ne voudrais pas oublier les civilisations du Proche-Orient antique bien antérieures à la civilisation gréco-romaine, mais les magnificences orientales de l’Egypte et de la Mésopotamie ne m’abusent pas, elles se sont limitées aux monuments, à des codes de lois et à des instructions à des fonctionnaires, civilisations déséquilibrées fondés sur la primauté du prince ou plutôt sur le caprice du despote, elles furent bien moins universelles et humaines dans leurs témoignages, donc moins intéressantes pour la formation et l’éducation des hommes), qu’elles furent également à l’origine de toute la haute culture des nations qui se sont formées en Europe de l’Ouest subséquemment, il est très profitable intellectuellement et moralement d’examiner ce qui valait pour eux et pour nous aujourd’hui, partant d’entrevoir ce qui est universel chez les Anciens (Grecs et Romains) et les Modernes (Européens de l’Ouest).
Nietzsche avait donc fait parfaitement sien tout cet héritage antique et en tant que moderne, il a su le renouveler et l’exploiter avec profit et bonheur pour sa pensée propre.
Quant à vos autres développements, souffrez que je vous dise que ces débats récurrents sur la nocivité du christianisme ayant extirpé l’aryanité spirituelle et culturelle des Européens sont oiseux et intempestifs. Il faut essayer d’avoir une vue cavalière de toute l’histoire de l’Europe depuis le néolithique et les premières invasions indo-européennes dans la péninsule de l’Eurasie (cad ici) il y a 5000 ans. La question est beaucoup plus complexe, on ne peut répudier une religion qui s’est impatronisée dans nos contrées il y a 2000 ans. Si elle s’est maintenue et qu’elle a connu la fortune que l’on sait pendant ces deux millénaires, il y a quelques raisons. Elle correspondait vraisemblablement à un besoin confus et secret du coeur humain de connaître une morale supérieure et plus incarnée, quoi que l’on puisse en dire. Ces morales supérieures existaient dans le stoïcisme et le néoplatonisme antique, mais elles étaient trop philosophiques et inaccessibles aux couches plébéiennes. A l’inverse, il ne faut pas répudier non plus ce qui est propre à l’esprit européen originel, qui est l’honneur (à ne pas confondre avec l’orgueil). L’honneur, c’est agir conformément à son devoir et à un intérêt autre que le sien propre (patrie par exemple, défendre sa parentèle calomniée, venger une offense, poursuivre une injustice, mais aussi des objectifs moins avouables comme la gloire) indépendamment des conséquences qui risquent de sanctionner les actes commis pour sacrifier à celui-ci. Cette attitude est universelle, elle est dans toute les civilisations, mais on peut quand même protester qu’elle est plus propre aux Européens qu’aux autres. Nous avons pléthore d’exemples pour l’attester: de la devotio des consuls des débuts de la République romaine aux charges de chevalerie complètement vaines de Sedan (même le brave roi de Prusse et futur Guillaume Ier d’Allemagne se serait récrié « Ah les braves »), on a toujours le même sentiment qui anime la personne.
Mais vous comprenez bien qu’on ne peut fonder une civilisation uniquement sur l’honneur, elle serait bien incomplète, on ne peut vivre toute la journée « héroïquement », à part pour le mytho moyen d’extrême droite, souvent conspi j’ai remarqué. Le reste, c’est le christianisme qui l’a heureusement apporté, c’est la charité et l’humilité. La charité (le mot est demi-savant et pas toujours bien compréhensible, il vient du latin chrétien caritas, lui-même traduction du grec ἀγάπη, qui a donné agapes en français), c’est la bienveillance immédiate que l’on doit à son prochain (je sais que ce n’est pas toujours évident, ces valeurs chrétiennes ne sont pas toujours très naturelles, elles sont justement divines); quant à l’humilité, c’est rester à sa place, connaître ses limites et ne pas prétendre à plus que ce qui nous échoit dans l’ordre du monde (vaste programme…).
Le seul problème est que ces valeurs chrétiennes sont devenues folles, comme dirait l’autre et qu’il en est resté avec le temps un faux humanisme cosmopolite avec un retour au christianisme originel non discipliné par l’Eglise. Je vous exhorte vivement à lire l’article formidable de Paul-André Delorme sur Dominique Venner dans l’édition de Rivarol de l’été 2023 (26 juillet au 29 août 2023) p. 18 et 19, il revient sur ces questions. Moi-même j’en dispute beaucoup dans mon histoire du peuplement de l’Europe de l’Ouest à paraître aux Ecrits de Paris.
L’européanité bien comprise, résultat de nos meilleurs héritages, cher Monsieur, gît dans cet équilibre très difficile je le confesse (mais avec la maturité on peut y arriver) entre honneur, charité et humilité. Un homme moderne digne de ce nom, l' »homme accompli » il est ici et il est universel, c’est peu ou prou avec quelques inflexions ici et là le gentilhomme du bas Moyen Âge tardif (chez les ducs de Bourgogne par exemple), le courtisan des cours italiennes de la fin du XVe siècle et campé de manière immortelle dans le Courtisan de Castiglione, l’honnête homme français du XVIIe siècle classique chez La Bruyère, le Discreto de B. Gracián dans l’Espagne baroque du XVIIe siècle (on l’entrevoit bien dans le Discreto éponyme, dans l’Oraculo manuel et à enfin dans le drame du Criticon), le gentleman britannique de l’Angleterre victorienne. Si vous regardez bien, on a toujours les mêmes éléments qui se combinent avec des variations infinies, c.à.d avec des pondérations différentes: l’idéal chevaleresque du Moyen Âge (honneur et charité) et l’idéal culturel de l’humanisme de la Renaissance (homme versé dans toutes les disciplines de l’esprit).