Avant de dire qu’Hitler était un peintre raté, jetons un œil sur quelques-unes de ses productions, et puis, comparons avec un peintre de la même catégorie – celle des hommes politiques: Winston Churchill.
La comparaison est hilarante, Churchill peint surtout le ciel, du sable et de l’eau, et on comprend pourquoi.
Nous donnons plus bas des exemples des deux, chacun pourra se faire son idée.
Chez Hitler, la maîtrise architecturale du dessin et de la perspective – qui s’étend des monuments proprement dits aux paysages alentour – est étonnante, sa liberté d’artiste s’exprime dans le choix nuancé, précis et cohérent des couleurs, un choix sans mièvrerie ni naïveté excessive.
Après, bien sûr, ce n’est pas vraiment un peintre accompli, ses œuvres seraient plutôt de belles illustrations pour n’importe quel livre gothico-romantique du 19e, mais les deux pôles d’un tableau, la surface et l’artiste dans ce qu’il est en train de faire, ne sont pas remis en jeu dans le tableau, en sorte qu’on ne débouche pas sur un objet différentiel qui s’interpose devant nous.
Dans un vrai tableau, le peintre anime la surface autant qu’il tire une animation de la surface, chez Hitler, ça se retrouve un peu, mais à minima, dans la mesure où c’est inévitable dès qu’on peint.
Mais à ce compte-là, Dali n’est pas un vrai peintre non plus, tout ce qu’il a de réellement pictural, c’est la lumière de ses tableaux, mais cette lumière, il l’a emprunté à Vermeer, pour le reste, ses montres molles, une formidable idée au demeurant, mais qui tient elle aussi plus de l’illustration, de la littérature – surréaliste cette fois – que d’une idée picturale, contrairement à ce que fait Miro dont les tableaux sont vraiment du surréalisme incarné.
Churchill à côté joue à la pâte à modeler, il n’y a pas grand-chose à sauver, son flou artistique n’est pas l’affirmation d’ambition moderniste, c’est simplement qu’il ne faut même pas qu’il s’essaye à dessiner l’escalier monumental d’un jardin de Lenôtre ou celui tournant d’un palais renaissance, il n’a absolument pas le niveau.
Le choix des couleurs n’est pas mal, mais ce n’est pas vraiment un choix, c’est sa subjectivité, mais même ça, ce n’est pas fait exprès, c’est-à-dire que ce n’est pas du subjectivisme.
Si, il y a quand même une chose pour laquelle Churchill restera à jamais dans l’histoire le de l’art, c’est pour sa maîtrise souveraine de la gravure au Lancaster de Dresde, un genre dont il est redevable à Néron, mais qu’il dépasse de mille coudées.
Chez WC, le traitement de la ligne d’horizon (les sommets des montagnes) et correcte, de même que la matérialisation des lignes de fuites (colonnade ou berges de rivière), mais effectivement, ce sont là des intentions de peintre élémentaires.
WC, un peintre raté, c’est pour ça qu’il a fait Premier ministre, avec le résultat qu’on sait …
J’attends avec impatience une anthologie des œuvres artistiques de ces deux hommes. En matière d’art, il est stupide de dire que l’un est meilleur que l’autre vu qu’ils n’ont pas le même style ni les mêmes sujets d’intérêt. Sans doute Sir Churchill est il plus impressionniste, et Herr Hitler plus académique mais leurs peintures respectives sont empreintes d’une certaine beauté. Et puis imaginons… Si le Führer et le 1er ministre anglais étaient restés peintres, au lieu d’entamer les carrières que l’on sait, Dresde (sans s, svp) serait encore une ville magnifique.
super sujet, merci.
En fait, c’est l’académie des beaux arts de Vienne qui est responsable de tout, puisqu’elle a refoulé le jeune Adolf. Celui-ci a toujours regretté de ne pas avoir pu être artiste peintre ou mieux architecte. C’est extraordinaire quand on y pense…
et oui, on remercie l’Académie de l’avoir refoulé……