Le traité de Versailles et les procès de Nuremberg ont un point commun, le révisionnisme. Mais tandis qu’il est recommandé aux bacheliers d’éreinter le traité à tout-va, il est absolument interdit de toucher un cheveu des procès.
Voici par exemple une référence très précise donnée par Ingrid Weckert dans son livre « Feuerzeichen », elle cite un extrait de l’édition du 23 mars 1933 du Berliner Tageblatt :
« … En second lieu, comme nous l’avons déjà fait remarquer, la propagande d’atrocités est le dernier espoir des antirévisionnistes en Europe. Il y a chez certains une volonté constante d’étouffer dans l’œuf tout retour à la prospérité en Europe, et ce sont précisément ces ennemis jurés d’une juste intégration de l’Allemagne dans l’Europe de l’après-guerre qui, pour des motifs qui n’ont rien à voir avec ses buts affichés, font le plus usage de cette propagande de haine dirigée contre l’Allemagne elle-même. »
Un révisionniste, dans l’entre-deux-guerres, était un partisan de l’abrogation de tout ou partie du traité de Versailles, en particulier de son article 231 plus connu sous le nom de clause de culpabilité de la guerre. Culpabilité, tout est là, il s’agissait déjà à l’époque d’infliger une condamnation morale à l’Allemagne.
Pour donner une idée de l’esprit dans lequel cet article a été rédigé, voici un extrait du discours de Raymond Poincaré, Président de la République, le 4 août 1914 au moment où la guerre éclate, discours dit de l’Union sacrée :
« Dans la guerre qui s’engage, la France aura pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l’éternelle puissance morale. (Vifs applaudissements unanimes)
Et déjà de tous les points du monde civilisé viennent à elle les sympathies et les vœux. Car elle représente aujourd’hui, une fois de plus, devant l’univers, la liberté, la justice et la raison. (Vifs applaudissements répétés) ».
Argumentation qui aurait pu être reprise verbatim par les procureurs et les juges de Nuremberg.
Mais comment croire que les mêmes Alliés condamnant la même Allemagne à l’issue d’une conflagration mondiale d’ampleur similaire soient, dans le premier cas, des revanchards étriqués à l’esprit partisan, égoïste et bassement intéressé, dans l’autre les représentants irréprochables de la justice universelle ?
Francis Goumain
Une carte de l’Europe après les procès de Nuremberg aurait été parlante aussi pour bien suivre la destruction de l’Allemagne.