Les 17 et 18 mars 2004 éclatent au Kosovo-Métochie des pogroms et une vague d’exactions antiserbes et anti-orthodoxes, parfois avec la complicité ou l’encouragement de la police et des politiciens ou élus kosovares, sous les yeux des représentants de l’OTAN et de l’ONU qui restent criminellement impassibles !
Selon Amnesty International les violences ont impliqué « environ 51 000 personnes au cours de 33 événements violents dans tout le Kosovo ; dans la plupart des cas des membres de la communauté albanaise ont attaqué des enclaves et des groupes serbes du Kosovo », provoquant également « des destructions de biens à grande échelle. Plus de 4000 personnes ont été forcées de fuir leur domicile ». Amnesty International s’est dit préoccupé par « la complicité de la part de certains membres du Service de Police du Kosovo (KPS, force de police nationale) au cours de violences ».
Depuis la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies (UNSCR – United Nations Security Council Resolution) 1244 /1999 du 10 juin 1999, le Kosovo, tout en restant officiellement partie intégrante de la Serbie-et-Monténégro, est administré par la Mission d’administration intérimaire de l’ONU au Kosovo (MINUK), tandis que la Force internationale de paix au Kosovo (KFOR) , qui dépend de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) demeure la seule force militaire officielle.
Les violences sont commises par des Kosovars (ethniquement Albanais), excités par les médiats diffusant de fausses informations et faisant croire que des Serbes auraient poursuivis de jeunes Albanais jusque dans une rivière causant leur mort par noyade. Selon Amnesty International :
« les violences de mars ont éclaté au Kosovo lorsqu’on a signalé que trois enfants de la communauté albanaise s’étaient noyés après que quatre d’entre eux avaient sauté dans la rivière Ibar le 16 mars, près de la ville de Mitrovica/Mitrovicë dans le nord du pays. Le quatrième garçon, qui avait survécu, aurait prétendu qu’ils avaient été attaqués par des Serbes et qu’ils avaient sauté dans la rivière pour leur échapper, bien que l’enquête officielle sur les menée par un procureur international n’ait trouvé aucun élément de preuve montrant qu’ils avaient été attaqués par des Serbes »…
En apprenant la nouvelle de la noyade des trois garçons, des foules nombreuses d’Albanais et de Serbes se sont rassemblées le 17 mars à Mitrovica/Mitrovicë – où par le passé se sont produits de violents affrontements inter-ethniques – de part et d’autre du pont sur la rivière Ibar qui divise la ville entre le nord à majorité serbe et le sud albanais. Les violences ont éclaté, et des grenades ont été lancées sur des soldats de la KFOR : on a signalé sept personnes tuées et des centaines de blessés. Parmi les blessés se trouvaient onze soldats français de la KFOR qui tentaient de maintenir l’ordre, apparemment en utilisant des balles en caoutchouc et des grenades incapacitantes.
Alors que la situation semblait s’être calmée dans la soirée du 17 mars et qu’un un couvre-feu d’une durée de dix-neuf heures était imposé à la ville, la violence avait pourtant gagné un certain nombre de villages dans tout le Kosovo et notamment la capitale, Pristina, ainsi que presque toutes les grandes villes.
Les exactions auront fait 19 tués et 900 blessées parmi la population serbe, 34 églises détruites, 5 000 Serbes et non-Albanais expulsés de leurs maisons.
Le 30 avril 2004, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a fait un rapport sur les événements de mars devant le Conseil de sécurité. Il a déclaré à cette occasion :
« L’attaque menée par des extrémistes kosovars contre les communautés serbe, rom et askhali du Kosovo a constitué une campagne organisée, généralisée, et ciblée. Des attaques contre les Serbes du Kosovo se sont produites dans tout le Kosovo et principalement dans les communautés bien établies qui étaient restées au Kosovo en 1999, ainsi que dans un petit nombre de lieux où des Serbes sont rentrés depuis peu. Des biens ont été détruits, des services publics comme des écoles et des dispensaires ont été anéantis, des communautés ont été encerclées et menacées et les résidents forcés de quitter leur domicile. Les habitants de villages entiers ont dû être évacués et, après leur départ, de nombreuses maisons ont été totalement incendiées et rasées. Dans d’autres cas, on a noté des tentatives d’occupation illégale et, dans certains cas, d’attribution des biens abandonnés… Environ 730 maisons appartenant aux minorités, principalement des Serbes du Kosovo, ont été endommagées ou détruites. Au cours des attaques contre le patrimoine culturel et religieux du Kosovo, 36 églises orthodoxes, monastères et autres lieux religieux et culturels ont été endommagés ou détruits. »
À de très rares exceptions, les politiciens kosovars n’ont pas condamné les violences mais au contraire beaucoup les ont justifiées implicitement ou en ont rendu responsables la MINUK et les institutions et initiatives serbes… Les municipalités dominées par les Kosovars ont été spécialement critiquées par le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan dans son rapport sur les événements de mars au Conseil de sécurité le 30 avril 2004. Il a déclaré :
« Dans l’ensemble, les municipalités, à de rares exceptions près, n’ont pas réagi de façon adéquate à la crise et n’ont pas pris en temps opportun les mesures nécessaires pour contenir ou prévenir la violence. Au plus aigu de la crise, la réaction des autorités municipales a généralement été lente ou marquée par la passivité. Dans la plupart des cas, les autorités municipales n’ont pris aucune mesure pour empêcher l’extension des violences. La plupart des municipalités ont condamné les violences par des déclarations publiques ou devant l’assemblée municipale ; mais il y a eu également des proclamations anti-serbes… »
En même temps, les actions de nombre d’autorités municipales ont causé une plus grande instabilité. Des dirigeants de partis politiques d’Urosevac (région de Gnjilane) ont tout d’abord fait une déclaration incendiaire, même si l’assemblée municipale a publié plus tard une déclaration condamnant la violence. Suite à l’incendie volontaire de dix-neuf maisons de Belo Polje à Pec, zone de retour des serbes au Kosovo, qui a entraîné le déplacement de vingt-quatre personnes, le président de la municipalité de Pec, qui avait repoussé à plusieurs reprises des appels à se rendre sur ce site pour saluer les Serbes de retour, s’est rendu dans le village le 19 mars 2004 après la destruction de toutes ces maisons, pour déposer une couronne à l’endroit où un Kosovar avait été abattu par un policier de la MINUK au cours de l’évacuation des Serbes victimes de l’attaque. L’assemblée municipale de Malisevo a adopté une motion incendiaire soutenant ceux qui perpétraient les violences, condamnant les ‘criminels’serbes et accusant la MINUK de tuer les manifestants.
La plupart des municipalités ont continué à réagir négativement après que les violences se furent calmées. A Pristina et Malisevo, des drapeaux albanais ont été hissés sur le bâtiment municipal comme symbole de défi et d’intolérance, alors qu’à Pec un drapeau albanais a été placé face au bâtiment municipal. A Kamenica la municipalité et son président ont demandé que les Serbes du Kosovo soient radiés de leurs fonctions en raison de leur absence au travail… »
Aucun responsable n’a eu à répondre des violences commises et des crimes perpétrés qui se sont inscrits dans une politique plus générale de purification ethnique à rebours contre les Serbes du Kosovo (qui n’a jamais cessé), de la part des autorités indépendantistes mais aussi de la communauté internationale qui les a mises en place.