Par quoi va-t-on commencer, la pièce de théâtre ou la lettre pour lever des fonds ? Marlon Brando en survivant de l’holocauste !
I – A Flag is Born – Free Palestine !
A Flag Is Born est une pièce de 1946 qui défendait la cause sioniste : la création d’une patrie pour le peuple juif sur l’ancienne Terre d’Israël, alors Palestine Mandataire sous administration britannique. Avec une distribution comprenant Paul Muni, Celia Adler et Marlon Brando, la première a lieu à Broadway le 4 septembre 1946. La pièce est écrite par Ben Hecht, réalisée par Luther Adler, la musique est de Kurt Weill. La production est assurée par l’American League for a Free Palestine, une organisation dirigée par Hillel Kook (connu en Amérique sous le nom anglicisé de Peter Bergson), et vise ouvertement à collecter des fonds pour les combattants de la cause sioniste et l’immigration en Palestine des Juifs d’Europe.
On ne sera pas sans relever l’ironie grinçante du parallèle entre la situation en 1946 et celle que nous connaissons en 2025, excepté que la signification de Free Palestine a dans l’intervalle diamétralement changé, le terrorisme passant mystérieusement dans le même temps de « lutte héroïque » à « apologie monstrueuse et indéfendable du mal absolu ».
La pièce s’en prend sans vergogne à « l’oppresseur britannique » qui venait de les libérer de Bergen-Belsen, et occulte totalement les autres communautés présentes en Palestine, les chrétiens (25% de la population à l’époque) et les musulmans.
II – Marlon Brando repenti (il lui sera beaucoup pardonné !)
Pour Marlon Brando, il semble qu’il ait fait amende honorable par la suite, dans When Vicitims Rule, de nombreux passages des mémoires de Brando sont cités qui le montrent en repenti, il y explique que dans ses débuts d’acteur, les Juifs étaient à la fois ses professeurs et ses employeurs, qu’il regrettait d’avoir joué dans A Flag is Borne, un pur morceau de propagande, et d’avoir financièrement contribué à la cause sans savoir qu’il soutenait des terroristes qui s’en prenaient à d’innocents civils Palestiniens. L’ADL lui a même reproché des attaques antisémites, voici les principaux passages intéressants :
1 – « En 1997, Marlon Brando était attaqué par l’ADL pour des remarques qu’il avait faites dans l’émission télévisée de Larry King sur ces Juifs qui contrôlent Hollywood» – un grand classique de l’antisémitisme au demeurant.
2 – Le premier psychanalyste à qui j’ai eu affaire au début de ma carrière, déclarait Brando, était un Juif, un certain Bela Mittelman, « l’homme le plus froid que j’aie jamais connu … » [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 124] … Jouer m’a offert le luxe de pouvoir dépenser des milliers de dollars chez des psychanalystes, dont la plupart n’ont fait me convaincre que la plupart des psychanalystes de New York et de Beverly Hills sont eux-mêmes des cinglés, surtout anxieux d’aider les patients à se séparer de leur argent tout en aggravant leurs problèmes psychologiques. [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 243]
3 – Lorsque la future star a débarqué à New York pour se lancer dans la carrière d’acteur, il a commencé par suivre les cours de la New York School for Social Research, entièrement dominée par les juifs. Il était plongé dans un univers juif : « J’ai été en grande partie élevé par ces Juifs », dit-il, « J’ai vécu dans un monde de Juifs. Ils étaient mes professeurs ; ils étaient mes employeurs. Ils étaient mes amis » … [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 72, 74]
La fameuse « méthode Brando » lui a été enseignée par une juive, Stella Adler, envers qui il reconnaît une dette énorme ; il a même eu une relation … en pointillé avec sa fille, Ellen Adler. [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 98 – 99]
4 – Adler a également assuré à Brando son premier rôle important dans une pièce de théâtre. [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 101] C’était dans A Flag Is Born, la pièce était écrite par un fervent sioniste, Ben Hecht, et mise en scène par le frère de Stella Adler, Luther : tous deux Juifs. Comme le note Brando, « c’était ni plus ni moins une pièce de propagande en faveur de la création de l’État d’Israël … Tout le monde dans A Flag Is Born était juif sauf moi … Je n’avais pas alors conscience que les terroristes Juifs tuaient aveuglément les Arabes et qu’ils en faisaient des réfugiés pour s’emparer de leur terre … La pièce, ainsi que mon amitié avec les Adler, m’ont poussé à me faire un ardent défenseur d’Israël ». Brando, manipulé par ses mentors, s’est même impliqué dans des discours de propagande pour une organisation sioniste, The American League for a Free Palestine.
5 – Brando a aussi contribué financièrement à Irgun. Il écrivait à ses parents : « Je suis convaincu comme jamais » [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 107-111]
6 – Finalement, Brando ouvrait les yeux. « Maintenant », affirmait-il en 1994, « je comprends beaucoup mieux la complexité de la situation qu’à l’époque… » [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 111] … J’avais pris le parti des terroristes sans savoir qu’ils sacrifiaient des Palestiniens innocents pour créer l’état d’Israël … [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 231] …
Il concluait : « C’est en grande partie du fait du poids politique des Juifs dans notre pays que notre gouvernement a adopté une politique autrement incompréhensible en investissant des milliards de dollars et des effectifs Américains pour aider Israël à récupérer une terre qu’ils disent avoir été occupée par leurs ancêtres il y a trois mille ans. » [BRANDO/LINDSEY, 1994, p. 388]
III – Lettre aux Terroristes de Palestine
Le même Ben Hecht, auteur de la pièce A Flag Is Born, Vice-Président de l’American League for a Free Palestine qui l’a produite, va, au nom de cette Ligue, rédiger dans le New York Post du 14 mai 1947, un appel pour lever des fonds qu’il intitule : Letter to the Terrorists of Palestine.
Cette annonce dans le New York Post suscitait, le 19 mai 1947, une protestation officielle du gouvernement britannique auprès de l’administration Truman, s’indignant de ce qu’on puisse ainsi publiquement faire campagne en Amérique pour soutenir des terroristes criminels en Palestine. On parlait alors des Juifs des organisations sionistes, pas du Hamas, on l’aura compris.
Le public britannique était particulièrement remonté contre une lettre qui non seulement «demandait des millions pour la cause », mais « se félicitant chaque fois qu’un soldat britannique tombait » ; lorsque le 29 juillet 1947, deux sergents sont retrouvés pendus par des cordes de piano dans un bosquet d’eucalyptus près de Netanya, c’est une véritable Nuit de Cristal bis qui se déclenche à travers tout le Royaume-Uni.
Cette lettre, en voici une traduction :
« Lettre aux Terroristes de Palestine,
Mes braves amis,
Vous pourriez ne pas croire ce que je vous écris tant l’air que nous respirons est vicié. Mais je vous en donne ma parole de vieux reporter, ce que j’écris est vrai. Les Juifs d’Amérique sont pour vous.
Vous êtes leurs champions.
Vous êtes leur sourire.
Vous êtes la plume sur leurs chapeaux
Au cours des siècles, pas un pays d’Europe qui ne s’en soit pris, à un moment ou à un autre, aux Juifs.
Cette fois, ce sont les Britanniques qui sont du côté du manche et vous êtes la réplique qui fait battre le cœur du Nouveau monde. Chaque fois que vous faites sauter un dépôt, une prison, un train, que vous dévalisez une banque, ou déchaînez le feu de vos armes et de vos bombes sur la tête de ces Anglais qui envahissent traîtreusement votre patrie, les Juifs d’Amérique ont le cœur en fête. Pas tous les Juifs, bien sûr. La seule fois où les Juifs présentent un Front Uni, c’est quand ils s’empilent par millions dans les fosses. Je me passe de ce front-là, je préfère le vôtre.
Dans l’histoire, les cadavres des Juifs ne sont impressionnants que par leur nombre, ils ne témoignent pas de notre vaillance, ils ne font que dénoncer la brutalité des Européens qui les ont empilés. Les Juifs d’Amérique sont derrière vous parce que le cadavre d’un soldat de l’Irgun est d’une qualité autre, d’une essence plus élevée. Le cadavre de Dov Gruner suspendu à sa potence n’est pas une stèle en souvenir de la brutalité anglaise, c’est une stèle érigée à la vaillance hébraïque qui lutte pour la patrie et la dignité de tous les Juifs, même si comme moi ils ont une patrie ailleurs.
Mes chers et courageux amis, j’imagine ce que vous pouvez vous demander en ce moment : « Si les Juifs d’Amérique sont derrière nous, pourquoi ne nous envoient-ils pas d’argent pour nous aider ? » C’est une interrogation légitime. Je vais essayer d’y répondre. Il se trouve qu’un certain petit pourcentage des Juifs d’Amérique n’est pas encore derrière vous. (Rappelez-vous que vous n’avez pas encore gagné). Malheureusement, ce petit pourcentage, ce sont les riches, les importants, les influents, les chefs des organisations que les journaux disent représenter notre communauté. Eux sont contre vous. À chaque fois que vous portez un coup aux Britanniques, ils font une crise de nerfs.
Ils hurlent à la mort, se dépêchent d’agiter des mouchoirs blancs, se répandent en alibis. Ils ne sont pas à la hauteur ! Les gens respectables ne se battent pas. Ils bavardent. Cet étalage de ventres mous, de faibles dépourvus d’épine dorsale, pourrait, si ce n’était qu’un travers propre à nous, rester comme la marque la plus infamante jamais accolée au mot « Juif ». Mais l’histoire montre, hélas, que la position et la richesse ne vont jamais de pair avec la minorité combattante d’une révolution.
Les insurgés emmenés par George Washington sont longtemps restés sans chaussures, sans armes, sans nourriture. Les colons aisés étaient flattés de l’admiration que leur portait la couronne britannique, il la préféraient à leur liberté. Ils trouvaient qu’il était de mauvais goût de s’allier au bas peuple contre les Britanniques. Ils n’auraient pas versé un centime pour la cause, au contraire, ils jouaient les informateurs. On voit à quel point la respectabilité n’a peu changé depuis 1776.
Mais la respectabilité peut aussi présenter un autre visage. Je vais vous raconter une histoire qui l’illustre. Je suis allé voir, en compagnie d’un magnat Juif d’Hollywood, le match de championnat du monde de boxe qui opposait Max Schmeling à Max Baer. Il s’est assis à côté de moi, pendant neuf rounds il n’a pas osé lever la tête vers le ring. Il ne pouvait pas supporter le spectacle d’un Juif battu par un Allemand. Mais au dixième round, il a levé les yeux. Il n’a pas seulement vu, il a bondi sur ses pieds, il s’est époumoné si fort et si longtemps qu’il en est resté enroué pendant trois jours.
Schmeling était sur le dos, l’arbitre le comptait. Il n’avait pas l’air bien. Max Baer, avec son étoile de David cousue sur le short, était debout et souriait dans son coin. Il avait l’air bien. Mes amis, fiers combattants, je peux vous promettre que tous ces Juifs, aussi respectables et riches qu’ils soient, seront tous debout à vous acclamer quand viendra le dixième round. Ils seront tous là quand vous n’en aurez plus besoin. C’est ainsi, il en va de même chez tous les peuples. Pour l’heure, notre élite est courageusement occupée à roucouler devant la Cour des Nations.
Laissez-moi vous dire ce qu’un Juif d’Amérique comme moi pense de ces carpettes, cela pourrait vous faire rire entre deux séjours en prison. Nous savons que les Britanniques jouent la carte de l’ONU parce qu’ils ont peur de vous. Ils craignaient que votre lutte farouche pour votre patrie ne vous attire la sympathie du monde entier.
Il semblait que le public des gradins était pour vous. Alors ils ont sorti le ballon du jeu et l’ont confié à l’arbitre qui était un ami à eux. Les Britanniques espéraient que le verbiage de nos élites juives au tribunal mondial couvrirait le son de nos armes en Palestine.
Laissez-moi vous dire, mes braves amis, qu’il n’en est rien. Certes, notre élite fait un peu de bruit en ce moment. Nos « représentants » plaident, du bout des lèvres, pour une sorte de réserve, un peu comme ces défenseurs de la nature, l’enthousiasme en moins, qui réclamaient un espace protégé pour les manchots en voie de disparition. C’est à peu près du même ordre. Il s’agit d’obtenir un petit rocher où pourraient se regrouper les derniers Juifs en attendant le Messie, on leur lancerait des poissons pour les nourrir. Nos compatriotes manchots se contentent de ce qu’on les écoute à l’ONU. Pendant ce temps, les Britanniques et les Arabes, eux, nous attendent au tournant, prêts à abattre tout Juif qui passe à leur portée, les pingouins comme les autres. Grâce à Dieu, vous êtes là !
Votre lutte exemplaire contre les envahisseurs britanniques est juste et sacrée, c’est ce qui est arrivé de mieux à la cause du judaïsme si meurtrie depuis 1500 ans.
Ce ne sont pas les vaines péroraisons de nos bien-pensants qui feront l’histoire, mais votre combat épique. C’est votre combat qui gagnera aux Juifs du monde entier ce qu’ils n’ont jamais eu : le respect de leurs ennemis et une terre un peu plus honorable qu’une réserve ornithologique.
Courage les amis, nous travaillons à vous aider. Nous levons des fonds pour vous. Nous frappons aux portes en faisant circuler le chapeau, nous essayons de faire se relever les têtes avant le septième round. C’est dur, même pour nous qui ne sommes qu’aux marges de cette lutte pour notre liberté. Alors veuillez nous excuser si notre récolte est encore maigre, les riches sont courageusement occupés à fournir des sandwichs aux survivants du massacre allemand.
Mais ça change, nous, Juifs d’Amérique, il ne nous suffit plus de répondre aux gémissements pour soulager notre conscience, nous commençons à entendre le courage des hébreux. Nous entendons le cri de guerre par-dessus les bavardages de Flushing Meadows [en France, nous dirions : de Roland Garros]. Nous entendons les braves qui continuent à se battre malgré la torture, la calomnie, le manque de tout et les pronostics tellement défavorables !
Nous vous entendons.
Nous sommes là pour vous récolter des millions.
Et l’argent ne vient pas seulement des Juifs, mais de tous les Américains.
Parce que l’Amérique n’est pas qu’une commission d’enquête et un département d’État. L’Amérique, c’est aussi un rêve de liberté, un élan du cœur pour tous les hommes qui se battent sans relâche.
Tiens bon l’ami, l’argent est en route.
À vous comme toujours
Ben Hecht»
Dans ce cas bien sûr, il n’y a pas apologie de terrorisme, il serait même particulièrement malvenu et antisémite de le prétendre. Mais qu’on essaye de remplacer Irgun par Hamas et Juifs par Palestiniens …
Sources :
A Flag Is Born – Wikipedia
Politics Forum – Letter to the Terrorists of Palestine by Ben Hecht of the PALESTINE RESISTANCE FUND Letter to the Terrorists of Palestine by Ben Hecht – Politics Forum.org | PoFo
Août 1947 – Nuit de Cristal en Angleterre suite à l’affaire des sergents pendus en Palestine Jeune Nation
When Victims rule victims.book
Très intéressant et un pied de nez à ceux qui nient le terme même de Palestine. Dans le cinéma hollywoodien le choix était limité. Il y avait tous les intervenants askénazes, acteurs, producteurs, distributeurs, agents,…Les acteurs protestants sionistes. Et quelques isolés qui devaient se taire pour travailler. Les USA avaient quatre fers au feu pour assurer leur domination: Le plan Marschall, Hollywood, la OSS/CIA, Coca-Cola.