Au cours de la nuit du 16 au 17 septembre 1943, Modane est bombardée pendant plus d’une heure trente par l’aviation anglo-américaine. La cible du bombardement est la gare, important centre de transit entre la France occupée et l’Italie, à l’époque alliée de l’Allemagne nazie.
A l’issue de ce bombardement, la gare est intacte…
En revanche, la ville est en grande partie détruite. Ce bombardement fait une soixantaine de victimes et plusieurs centaines de blessés, dont de nombreux très grièvement. La totalité des habitants est évacuée dans le bas de la vallée de la Maurienne.
Dans la nuit du 10 au 11 novembre 1943, un second bombardement a lieu, détruisant cette fois la gare mais aussi une grande partie de la ville voisine de Fourneaux. On compte de nouveau plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.
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On trouvera ci-dessous le témoignage – consigné par écrit dans les semaines qui ont suivi – de Lucie Eugénie PAGNEUX, mère de votre serviteur, laquelle se trouvait à Modane lors du bombardement du 17 septembre 1943.
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Rappelons qu’au cours de la seconde guerre mondiale, les bombardements effectués par nos amis-et-alliés-anglo-américains sur les villes françaises ont fait quelque 70.000 morts, soit presqu’autant que la bombe atomique d’Hiroshima. La doxa officielle a parfaitement réussi son opération de réécriture de l’histoire : si les Français ont tous en mémoire l’horreur d’Hiroshima, quasiment aucun – à part les plus anciens – ne connaît le calvaire des villes françaises sous le feu allié de 42 à 45
http://www.chire.fr/A-125685-la-france-sous-les-bombes-americaines-1942-1945.aspx
A la lecture de ce modeste témoignage, on imagine l’enfer qu’ont vécu les populations allemandes dont toutes les villes ont été méticuleusement détruites par l’aviation alliée à partir de l’année 1942. Alors que l’Allemagne était déjà à genoux et que la ville ne présentait aucun enjeu militaire, Bomber Harris a mis un point d’honneur à raser Dresde, en trois vagues successives, entre le 13 et le 15 février 1945.
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Témoignage de Lucie Eugénie PAGNEUX sur le bombardement de Modane
par l’aviation anglo-américaine, 17 septembre 1943
Une heure trente d’épouvante
17 septembre 1943, à 1h05 : notre petite ville s’est à peine remise de l’agitation provoquée par le départ des troupes d’occupation italiennes et l’arrivée des troupes allemandes, reposait dans un silence absolu, lorsqu’une formidable explosion, amplifiée par les échos de la vallée, jetait hors de leur lit les habitants épouvantés.
Habitués qu’ils étaient aux hurlements des sirènes et aux passages quasiment permanents des escadrilles, les Modanais ne prenaient plus la peine de se réfugier dans les caves, mais cette fois, c’était pour nous.
Profitant d’un splendide clair de lune et du rougeoiement des usines en plein travail de nuit, la ronde infernale des bombardiers remplissant le ciel commençait, et avec elle les premiers sifflements lugubre des bombes. Durant une heure trente, sans interruption, ils allaient déverser leur sinistre chargement. Volant très haut, au moins à 4000 mètres d’altitude à cause des montagnes, guidés par des fusées éclairantes dont l’éclat fut bientôt renforcé par la lueur de nombreux incendies, les avions que nulle DCA ne gênait passaient et repassaient sur la ville, lâchant des engins de mort de toutes sortes.
« Rien ne nous a été épargné, de tous les engins connus jusqu’ici », a déclaré un technicien quelques jours après : bombes explosives de 250 à 1000 kilos, bombes à souffle, bombes à retardement, bombes incendiaires, bombes à feux multiples, bombes au phosphore.
Vers 2h30, lorsque le dernier avion se fut éloigné, ceux qui, véritables fantômes nus, avaient couru avec dans les bras des enfants en pleurs vers d’illusoires refuges sur les pentes montagnes, ou s’étaient rués dans la nuit dans les caves après avoir frôlé les ailes d’épouvantes de la mort, se rapprochaient des ruines d’où s’échappaient les gémissements des blessés.
Dégâts inimaginables ! Toute l’agglomération de Modane-ville avait été atteinte, les impacts se répartissant dans un vaste rectangle qui épargnait de justesse le quartier de la gare, s’étendant jusqu’à l’usine Saint Gobain, recouvrant les premières pentes des montagnes dans le lointain, quelques incendies montraient que les villages de Saint André et du Bourget, trois kilomètres de part et d’autre, n’avaient pas été épargnés.
La compagnie des sapeurs-pompiers, sous les ordres du capitaine Henry, rapidement regroupée, dégageait son matériel et s’attaquait aux incendies les plus menaçants pendant que les volontaires de la défense passive, sous la direction du maire, M. Joseph Mistral, s’efforçaient de porter les premiers secours et de dégager les premiers blessés qu’il fallait transporter à l’hôpital de Saint-Jean-de-Maurienne, les postes de secours étant inutilisables.
Dans les obstructions, sans se soucier des bombes à retardement, des incendies, des éboulements, qui malheureusement allaient tuer ou blesser plusieurs d’entre eux, les volontaires fouillaient les décombres pendant que toute une population sortait peu à peu de sa stupeur et du cauchemar.
On faisait des pansements en déchirant des draps, après avoir sommairement lavé les plaies à l’eau minéral, les médicaments venant rapidement à manquer. Les blessés, dont le nombre augmentait sans cesse, furent alors transportés à bras nus place de la gare vers quelques camions qui n’avaient pas été détruits. Un peu de paille au fond de la caisse, et ils partaient aussitôt avec leur chargement sanguinolent.
Et pendant que les premiers secours venant des localités voisines arrivaient peu à peu, on regroupait les morts dans la salle des fêtes, un des édifices les moins atteints. Déjà plus de soixante morts et cent cinquante blessés, dont la moitié très gravement, telle était la triste réalité qui s’imposait lorsque le jour se leva.
Un pitoyable exode
La ville, privée d’eau et d’électricité, de tous les services publics, bientôt sans ravitaillement – presque tous les commerces étant détruits ainsi que la majorité des habitations – tandis que les bombes à retardement éclataient de manière presque continue, rendant très dangereuse l’approche des zones bombardées, le préfet de la Savoie, ayant mesuré l’étendue du désastre, ordonne l’évacuation totale de la population.
Le nombre des bombes à retardement larguées était d’ailleurs extraordinaire, à tel point que la dernière explosion fut enregistrée cinquante jours plus tard, la veille du second bombardement.
Alors commença le pitoyable exode de ceux qui allaient devenir pour tout le monde « les réfugiés de Modane ».
A pied, écrasé par de lourds baluchons, traînant dans de misérables charrettes quelques épaves arrachées aux décombres et au feu, entassé par cinquante ou soixante dans des camions ou des autocars, le triste cortège rejoignait, la mort dans l’âme, le centre de regroupement organisé en hâte à Saint-Jean-de-Maurienne où le Secours national distribuait vivres et couvertures, et du lait pour les petits enfants. La nuit tombée, des sept mille habitants qui avaient dormi chez eux la veille, il ne restait que quelques fonctionnaires attachés à leur poste, les pompiers qui surveillaient les incendies et la municipalité qui, avec le courage admirable que lui insufflait son maire, avait décidé de rester sur place pour diriger les opérations et défendre jusqu’au bout les intérêts de la ville.
Avertis par une aussi rude leçon, tous allaient s’abriter la nuit dans les fortifications qui allaient devenir leur résidence et leur lieu de travail. Des cantines s’ouvraient là où elles pouvaient. Par la force des choses, ce fut la vie en commun, une vie qui reprenait peu à peu le dessus. Mais, triste paradoxe, ce sont ces vieilles forteresses désarmées qui reprenaient vie, alors que Modane devenait ville morte.
Emouvantes funérailles en présence des représentants du Chef de l’Etat et du gouvernement
Trois jours après la nuit de l’épouvante, Modane allait faire à ses morts d’émouvantes funérailles où le Chef de l’Etat, le Maréchal Pétain, était représenté par le colonel Bonhomme, et le Chef du gouvernement par le Garde des sceaux, M. Gabolde.
Dans la salle des fêtes, devenue salle des sanglots et chapelle ardente, les cercueils étaient alignés par dizaine. Combien de scènes déchirantes devant ces innocentes victimes, avant qu’elles ne soient portées au cimetière qui, même lui, n’avait pas été respecté. Derrière ce funèbre défilé de cercueils portés sur les épaules de quelques douzaines d’hommes, à travers ruines, gravas et rues sans âmes, escaladant parfois les décombres, suivaient de braves gens venus d’un peu partout, de la Tarentaise, de Chambéry, de toute la Maurienne, des villages les plus reculés, par tous les moyens de locomotion, parfois à pied, pour rendre à tous ces morts l’ultime hommage des vivants.
Et le 11 novembre, à peu près à la même heure, une nouvelle vague de bombardiers anglo-américains s’acharnait à nouveau sur la ville. On peut dire qu’entre les nuits du 17 septembre au 11 novembre, pas un seul quartier de Modane et de Fourneaux n’a été épargné.
Et avec tout cela, la radio anglaise se flattait de ne toucher que les points stratégiques…
Lucie Eugénie PAGNEUX, 1917-2013
Merci d’avoir livré ce témoignage.
Il y a certainement d’autres témoignages à publier.
L’auteur de l’article aurait donc très bien pu ne pas naître:
naître ou ne pas naître, telle est la question.
Surtout si c’est pour vivre ce que nous vivons aujourd’hui.
Le loup et l’agneau a toujours existé.
Lorsque le loup règne, l’agneau se tait.
Lorsque l’agneau parle, c’est que le loup est malade.
Il va même mourir.
Alors l’espoir renaît.
Mais les louveteaux nourris par la finance
et grandissant à l’ombre de la presse
surgissent de nouveau
et prient les agneaux de regagner leur étable.
Ceux-ci se résignent alors à n’être que des agneaux
Bonjour a vous tous de la redaction.
Je n’ai pas l’habitude de crier « bravo » a tous bouts de champs mais la il faut le dire …bravo,car regulierement vous editez des articles pas tres compatibles avec l’air du temps.
Je ne peut que vous encourager dans cette voie tout en faisant attention.Il vaut mieux vivre pour combattre que d’etre mort…..sauf em martyre bien entendu.Tout le monde n’a pas le destin de mourir en martyr.Cela doit rester une exception.
Je ne dirai qu’un mot,continuez.
claudius
N’oublions pas la Normandie, les villes de ROUEN, le HAVRE, SAINT LO etc…..pilonnées sans cesse durant plus de 4 ans; la volonté voulue par les judéo-fm anglo-américains étaient de détruire le maximum d’églises, cathédrales et chapelles catholiques.
Je sais de quoi je parle !!!
Et ce sont les méchants « nazis » qui ont été accusés de crimes de guerre.
L’inversion accusatoire habituelle de toujours la même clique.
Bel article, Modane martyre. Et pour ne pas oublier, LE HAVRE, septembre 1944, là aussi c’est la ville qui es bombardée, plus de 6000 (six mille) morts, quasi tous civils, la liste est inscrite sur le monument aux morts. RIP.