RIVAROL septuagénaire ! Pour mesurer ce que sept décennies représentent, il suffit de se remémorer l’état du monde en janvier 1951 : Staline était le maître incontesté de l’Union soviétique, Pie XII régnait sur l’Eglise, le Maréchal Pétain finissait ses jours à l’île d’Yeu, les prêtres portaient la soutane et les militaires l’uniforme, l’avortement restait un crime, l’homosexualité un délit, la France possédait un immense empire colonial et n’était pas encore en proie à un urbanisme délirant, à une immigration massive, à une insécurité galopante, à un chômage endémique, à une apostasie générale. Le monde a plus changé en soixante-dix ans qu’en deux mille. Toutes les valeurs ont été subverties, le sens des mots inversé, les institutions anéanties, les intelligences perverties, les consciences détruites, les principes et vertus délaissés.
L’invasion de la techno-science, la déchristianisation généralisée, le matérialisme triomphant ont profondément bouleversé la façon de penser et de vivre de nos contemporains. Pendant tout ce temps RIVAROL est sur l’essentiel resté fidèle à lui-même et il est toujours là, debout : fluctuat nec mergitur. La devise de la ville de Paris s’applique bien à l’Hebdomadaire de l’opposition nationale et européenne. Voilà quelles sont, me semble-t-il, ses caractéristiques fondamentales :
RIVAROL est d’abord le journal de l’engagement. Ces dernières décennies ont vu la disparition progressive des journaux d’opinion sacrifiés par la société capitaliste. Les groupes bancaires et industriels qui contrôlent la quasi-totalité de la presse écrite ne détestent rien tant en effet que les lignes éditoriales trop marquées, pas assez policées. De sorte qu’aujourd’hui du Figaro à Libération, du Monde à L’Humanité, de L’Express à Rouge, c’est le même conformisme idéologique, la même soumission aux puissances du jour, la même pusillanimité. Car comme le remarquait déjà à son époque le prophète Edouard Drumont dans La France juive : « Notre siècle est effroyablement lâche. » Il est tellement plus facile de s’en prendre à des vieillards inoffensifs qu’à la tyrannie de certains lobbies et à la malfaisance de nos gouvernants !
RIVAROL est le journal du risque. Anticommuniste à une époque où toutes les élites intellectuelles avaient les yeux de Chimène pour le petit père des peuples, antigaulliste à un moment où toute la presse bien-pensante manifestait la plus extrême déférence envers le fondateur de la Ve et le fossoyeur de l’Algérie française, révisionniste depuis le premier jour, ayant régulièrement rendu compte des travaux et écrits d’un Bardèche, d’un Rassinier, d’un Faurisson, d’un Reynouard, et leur ayant donné la parole alors qu’ils étaient proscrits, chassés, vilipendés, ne se soumettant pas au lobby judéo-sioniste que la plupart, même dans nos milieux, n’osent pas nommer par crainte des représailles, il n’a jamais reculé devant les procès, les amendes, les saisies dont il détient le record, ce qui dans les temps actuels est la plus belle des décorations. Dans notre société qui tolère et promeut toutes les violences, toutes les incivilités, toutes les goujateries, qui fait de la vulgarité une fin en soi, jamais la liberté d’expression, de pensée, de critique, de recherche, de polémique, et même de simple information du public, n’a été aussi menacée. Jamais la vérité, qu’elle soit religieuse, historique, politique, morale, statistique ou biologique, n’a été à ce point occultée, mise sous le boisseau. Jamais la liberté de l’écrivain, du publiciste, n’a été si entravée.
Avec l’empilement des législations mémorielles et de l’arsenal de répression antiraciste (unilatéral), de la loi Pleven (1972) à la loi Gayssot (1990), en passant par la loi Lellouche (2003) et Perben (2004). Avec la mise au pas des réseaux sociaux, comme en témoigne la fermeture récente de dizaines de milliers de comptes Twitter, Facebook, YouTube, Instagram, VK, tant en France qu’outre-Atlantique. Les géants d’Internet se permettent de réduire au silence n’importe quelle personnalité, même le président en exercice des Etats-Unis d’Amérique, ainsi qu’on l’a vu avec la clôture définitive du compte Twitter de Donald Trump qui comptait pourtant plus de 88 millions d’abonnés. Et chez nous on ose supprimer, sans aucune possibilité de recours, et à titre définitif, les chaînes YouTube d’un humoriste comme Dieudonné (qui comptait plus de 400 000 abonnés), d’un essayiste comme Alain Soral ou d’une publication vieille de soixante-dix ans comme RIVAROL.
Et que dire de l’embastillement pour une durée indéterminée d’un écrivain et essayiste comme Hervé Ryssen, incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis depuis le 18 septembre 2020 ? Comment justifier pareillement que des artistes, des publicistes, des polémistes, des humoristes, des écrivains n’aient d’autre choix que l’exil s’ils veulent éviter la prison pour délinquance de la pensée ? Il est stupéfiant que dans un pays qui se targue de défendre la liberté et qui a placé ce concept dans le triptyque de sa devise et sur les frontons de ses bâtiments officiels, de plus en plus de personnalités en première ligne du combat se posent sérieusement la question du départ définitif de notre pays. D’où cette situation inouïe : les immigrés rentrent, s’implantent, se multiplient, et les Français à la pointe de la résistance doivent, eux, songer à partir. Boris Le Lay s’est ainsi exilé à Tokyo au Japon en 2014, Vincent Reynouard à Londres en Angleterre en 2015, le pianiste Stéphane Blet à Istanbul en Turquie en 2017, Alain Soral à Lausanne en Suisse en 2020. Et Dieudonné, lui aussi harcelé judiciairement, pourrait bien rejoindre prochainement le Cameroun.
Face à cette tyrannie oppressante, le journaliste libre a un devoir de vérité, d’impertinence et d’insoumission. Et pour poursuivre inlassablement le combat frontal contre ce Système mortifère, il nous semble absolument nécessaire de défendre et de développer la presse papier. Car il reste beaucoup plus difficile, beaucoup plus lourd d’obtenir l’interdiction d’une publication imprimée, disposant d’un dépôt légal et d’un numéro de commission paritaire, paraissant régulièrement en kiosques depuis des décennies, que de supprimer un site Internet, un blog, un compte Twitter, Facebook ou VK. En un instant, tout le contenu d’un site sur la Toile peut être anéanti, réduit en poussière. Alors que ce qui est imprimé reste. Scripta manent.
Ce n’est certes pas une mince gageure de défendre aujourd’hui la presse papier. Les imprimeries ferment les unes après les autres, les titres disparaissent, réduisent considérablement leur tirage ou ralentissent leur périodicité, et de ce point de vue-là les confinements successifs, ceux passés et celui que l’on annonce comme imminent, n’arrangent rien. Au contraire, ils précipitent et amplifient la crise. Les différentes études dont on espère de tout cœur qu’elles se trompent estiment que la presse imprimée pourrait totalement disparaître d’ici une dizaine d’années, les plus optimistes se risquent à quinze ans, les plus pessimistes évoquent une échéance comprise entre cinq et huit ans. Ces pronostics sont préoccupants mais nous avons toutefois une chance à RIVAROL, c’est que notre ligne éditoriale est unique, fort dissemblable de tous les autres titres, et que l’on peut y lire des informations, des analyses et des commentaires que l’on trouve difficilement ailleurs, surtout dans la sphère francophone. Des amis qui voyagent régulièrement à l’étranger nous confient combien RIVAROL est une exception dans la presse européenne et occidentale. Il n’y a pas, selon eux, l’équivalent de ce titre ailleurs, ni quant à son ancienneté, ni quant à sa régularité et à sa fréquence de parution, ni quant à sa radicalité, ni quant à la complémentarité et à la diversité de ses plumes.
RIVAROL est l’organe du refus radical et constant du système hérité de la Seconde Guerre mondiale et fondé sur le mensonge. Il s’adresse à cette minorité de Français qui ont gardé encore intacte en eux la capacité de se révolter contre l’imposture. Il exprime le rejet d’un ordre établi qui n’est jamais qu’un désordre organisé, qu’une subversion légalisée. Il tente de repérer, de traquer, de dénoncer la duplicité, le cynisme d’une classe politique corrompue et arrogante qui vole, triche, ment pour s’étonner ensuite que beaucoup de Français et de néo-Français agissent comme elle. Notre journal a d’autre part le souci constant de démythification et de démystification de toutes les idéologies (antiracisme, droit de l’hommisme, shoahtisme, homosexualisme, théorie du genre…) qui s’érigent en absolu et sont autant de machines de guerre lancées contre l’Occident.
RIVAROL est le journal de l’intransigeance et de la radicalité. Rien ne lui est en effet plus étranger que l’esprit de compromis, de concession, de modération, autant de mots qui masquent souvent des compromissions voire des capitulations. Beaucoup de défaites de la droite catholique et nationaliste depuis deux siècles s’expliquent précisément par cette tentation de composer avec le régime en place, voire dans certains cas de le rallier. Or, on ne réforme pas un monstre ; on ne discute pas avec ; on le combat de manière frontale, et on cherche à l’abattre. C’est pourquoi il n’est rien à attendre des partis politiques actuels acquis à la décadence et à l’inversion, de tous les modérés, de ces conservateurs qui au final ne conservent rien. Le Christ dans l’Ecriture ne dit-il pas qu’il vomit les tièdes ? Et tous les grands bouleversements historiques n’ont-ils pas été menés à bien par des gens ne renonçant à rien parce que croyant de toutes leurs forces et de toute leur âme à leur idéal ?
RIVAROL est le journal de la fidélité. Et d’abord de la fidélité à nos morts. A tous ceux qui ont combattu contre le communisme, contre le mensonge sous toutes ses formes et pour la sauvegarde de l’Europe blanche et chrétienne. Fidélité à une ligne politique, fidélité à un idéal, celui d’une France enfin libérée de l’immigration-invasion, de la colonisation marxiste, de la domination des forces occultes, de la tyrannie de coteries puissantes et nocives, des revendications exorbitantes des minorités ethniques et sexuelles, et prête alors à renouer, si Dieu veut, avec sa vocation millénaire à la grandeur et au prestige.
RIVAROL est enfin le journal de l’espérance française. Sans doute ce mot vous surprendra-t-il tant souvent vous nous faites le reproche d’être trop pessimistes. Mais notre devoir est de regarder la vérité en face, et la réalité est sombre : notre pays est aujourd’hui envahi, avili et affaibli par la pornographie et les infanticides de masse, menacé de démembrement par les menées séparatistes, vidé de sa substance par l’européisme d’inspiration mondialiste. Le français lui-même est mis en cause par le franglais et par l’émergence de l’horrible “parler-Jeune”. Le franc, notre compagnon de route depuis Jean II le Bon, a disparu en 2002 de sorte que les enfants des écoles n’apprennent plus à compter avec notre monnaie nationale. On efface ainsi de leurs structures mentales jusqu’au mot même de France, alors que nous étions le seul pays au monde dont la monnaie portait le nom, et dont le nom était une vertu. De plus, toutes les capacités de résistance ont été méthodiquement mises à bas : l’armée réduite à néant, la famille éclatée et parodiée, l’école ruinée par les pédagogies rousseauistes et assiégée par les nouveaux barbares, la patrie anéantie. Les Français eux-mêmes de courageux, travailleurs, polis, élégants, vifs, honnêtes qu’ils étaient sont trop souvent devenus pleutres, paresseux, grossiers, débraillés, amorphes, corrompus.
Il n’est plus de chrétienté, plus de civilisation, mais une société déstructurée, déracinée, atomisée, un agrégat d’individus réduits au statut de consommateurs. Nous vivons l’époque de l’absurde et du néant, mais à la différence du XXe siècle, il est fort peu d’artistes, de dramaturges, de philosophes, de poètes ou de théologiens pour dire cet absurde. Nous connaissons un de ces moments historiques où il semble impossible de réussir de grandes choses tant l’ennemi paraît avoir tout submergé. Il ne reste alors qu’à sauvegarder ce qui peut l’être. Au moment des grandes invasions barbares, n’est-ce pas ce qu’ont fait les chrétiens en se repliant sur les monastères et en rendant ainsi possible le moment venu une éblouissante renaissance médiévale ?
Plus modestement, notre rôle à RIVAROL, c’est de maintenir et de transmettre notre héritage national et européen. De continuer à faire brûler dans nos cœurs et dans nos âmes, dans nos intelligences et dans nos volontés, la petite flamme de notre civilisation européenne et chrétienne aujourd’hui presque totalement engloutie. Par souci de remplir notre devoir d’état, d’être fidèle à nos racines et à notre foi, de rester debout face aux ruines qui nous entourent, dans les ténèbres où il nous faut survivre. Et dans l’espérance de jours meilleurs. Car, comme l’écrivait dès 1954 dans nos colonnes Pierre-Antoine Cousteau : « L’espérance est nôtre » (RIVAROL du 25 mars 1954). Cette disposition d’esprit, qui ne se confond ni avec le simple espoir (laissons-le à Malraux !) ni avec cet optimisme artificiel qu’on nous vend ici et là, est ce qui nous aide à vivre et à combattre dans ce monde irrespirable où l’air manque à nos poumons. Mais, grâce à vous, amis lecteurs, grâce à votre soutien, vos conseils, votre confiance, votre constance, vos réprimandes le cas échéant (et c’est nécessaire dans une famille qui s’aime), nous nous sentirons encore longtemps la force de crier avec Bernanos : « ILS NE NOUS AURONT PAS ! ILS NE NOUS AURONT PAS VIVANTS ! »
Jérôme BOURBON, RIVAROL.
Quand j’habitais Paris ou sa région, il y a bien longtemps, il m’est arrivé de rencontrer des personnes de sa rédaction au siège de cet hebdomadaire. Je n’en partageais pas toutes les vues, ( déjà !) mais j’étais très touché par leur accueil toujours très amical et par leur écoute. Bien que n’en partageant toujours pas toute la ligne éditoriale de ce titre, j’ai toujours trouvé sa qualité rédactionnelle remarquable. J’ai toujours plaisir à le lire, chaque fois que l’occasion se présente. Je souhaite donc, une très longue vie encore à cet hebdomadaire que j’affectionne et dont je salue le courage de bousculer certains tabous en traitant certains sujets et de donner la parole à des écrivains et chercheurs proscrits.