DEUX MOIS ET DEMI après le second tour des législatives et deux semaines et demi après la nomination par le président de la République d’un Premier ministre, la France dispose enfin d’un nouveau gouvernement depuis le 21 septembre au soir. Reste à savoir pour combien de temps (et pour quoi faire) puisqu’il ne peut compter que sur une majorité relative à l’Assemblée et qu’il suffirait que la gauche et le Rassemblement national votent en même temps la censure pour qu’il tombe immédiatement. Le Premier ministre prononcera son discours de politique générale au Palais-Bourbon le mardi 1er octobre. On verra à ce moment-là comment les différents groupes politiques se positionneront. Mais s’il devait échapper à la censure, ce qui est fort probable à ce stade, il le devrait uniquement à Marine Le Pen qui semble avoir fait le choix pour l’instant de le laisser gouverner. Les 126 députés RN et leurs 16 alliés ciottistes ne devraient pas en effet voter la motion de censure qui sera déposée par le Nouveau Front populaire.
Sur ce point la gauche n’a donc pas tort d’affirmer que le gouvernement Barnier n’existe et ne peut durer que grâce à la bienveillance voire à la complicité active du RN — preuve, soit dit en passant, que ce parti fait plus que jamais office d’opposition contrôlée, comme en témoignent aussi les dîners parisiens organisés au domicile de Thierry Solère, proche conseiller de Macron, entre Marine Le Pen et Edouard Philippe et entre Jordan Bardella et Sébastien Lecornu — mais les socialistes, les écologistes, les communistes et les insoumis restent mal placés pour donner des leçons car eux-mêmes, en participant activement au Front républicain lors des législatives, ont assuré mécaniquement la réélection de dizaines de députés macronistes sortants qui, sans ces retraits, auraient été battus, ce qui a permis à la pseudo-majorité présidentielle non seulement de sauver les meubles mais même de continuer à occuper une place prépondérante voire centrale.
ON L’AVAIT déjà vu avec la réélection au Perchoir de la macroniste (et très sioniste) Yaël Braun-Pivet. On le voit, de manière encore plus spectaculaire, avec la formation du nouveau gouvernement majoritairement composé de macronistes alors que les soutiens du chef de l’Etat ont pourtant perdu leur majorité relative à l’Assemblée. Non seulement plusieurs ministres proches du chef de l’Etat conservent leur portefeuille, et non des moindres, comme Sébastien Lecornu à la Défense et Rachida Dati à la Culture, mais sur 39 membres composant le gouvernement Barnier, 17 au moins sont macronistes. 12 en effet sont étiquetés Renaissance (le parti présidentiel), trois appartiennent au MoDem (celui de François Bayrou), deux sont chez Horizons (celui d’Édouard Philippe). Comme le note Le Figaro, « à l’instar des rapports de force à la Chambre basse, un bon tiers du gouvernement reste plus ou moins fidèle à la ligne du président de la République. Signe qu’Emmanuel Macron garde tout de même la main sur son camp, c’est Renaissance qui décroche le plus grand nombre de ministres de plein exercice (sept), de ministres auprès du Premier ministre (trois), et de ministres délégués et de secrétaires d’État (deux). »
Quant aux LR (les Républicains), ils sont eux aussi plutôt bien lotis. Alors qu’ils sont arrivés bons derniers (en quatrième position) aux législatives, avec moins de 10 % des voix et seulement 47 députés sur 577 — et encore beaucoup n’ont sauvé leur siège que par la “grâce” du Front républicain —, l’ancien parti de Chirac et de Sarkozy se taille la part du lion. Les Républicains obtiennent en effet onze postes. Celui d’abord de Premier ministre (Michel Barnier). Trois personnalités LR sont par ailleurs ministres de plein exercice, deux ministres auprès du chef du gouvernement, cinq ministres délégués et secrétaires d’État. Et il faut ajouter à cela la présence de quatre personnalités étiquetées « divers droite ». La Droite dite républicaine hérite surtout du stratégique poste de ministre de l’Intérieur, lequel est confié à l’ex-villiériste et fillonniste Bruno Retailleau, jusque-là président du groupe LR au Sénat. On sait à quel point être à la Place Beauvau peut être un atout politique et médiatique majeur. Nicolas Sarkozy a ainsi bénéficié à plein, sous le second mandat de Jacques Chirac, de son long passage à ce ministère — où il est facile d’utiliser des formules choc destinées à séduire l’opinion, tant le magistère de la parole tient lieu d’action — pour conquérir l’Elysée. Dans une moindre mesure, et pour des succès électoraux plus limités, avant lui, Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement avaient eux aussi, en leur temps, fait fructifier leur fonction de « premier flic de France ».
LA NOMINATION du Vendéen Retailleau, comme celle de la LR Laurence Garnier — qui devait hériter du ministère de la Famille et qui n’obtient au final qu’un modeste secrétariat d’Etat chargé de la Consommation auprès du ministre de l’Economie —, a fait l’objet d’une levée de boucliers de la part de la gauche, et même au Modem et chez une partie des macronistes. On reproche à ces deux personnalités d’avoir été actives dans la Manif pour tous, d’avoir voté et milité contre le “mariage” homosexuel et d’avoir été hostiles à la constitutionnalisation du « droit à l’avortement ». C’est toujours ainsi que la gauche procède : dès que quelqu’un est considéré comme un tant soit peu conservateur voire réactionnaire, elle crie au scandale par avance, ce qui tue dans l’œuf toute velléité, à supposer d’ailleurs qu’elle existe, de remettre en question de mortifères réformes sociétales. D’ailleurs, sans surprise, le Premier ministre, interrogé le 22 septembre au journal télévisé de 20 heures sur France 2, a clairement indiqué que son gouvernement ne reviendrait en aucune manière sur les « grandes lois de progrès social ou sociétal » (sic !), comme celles sur « l’interruption volontaire de grossesse, le mariage pour tous ou la procréation médicalement assistée (étendue aux lesbiennes) ». Ces législations, a assuré Michel Barnier, seront « intégralement préservées » et, a-t-il cru bon d’ajouter, « je serai un rempart (resic !) pour qu’on préserve l’ensemble de ces droits acquis » en termes « de libertés, de progrès social. Il n’y a aucune ambiguïté. » Difficile d’être plus clair ! S’applique une nouvelle fois de manière saisissante le principe dit du cliquet selon lequel toute réforme sociétale voulue et votée par la gauche n’est jamais remise en question, abrogée, ni même amendée, encadrée ou limitée, par la droite (ou ce qui en tient lieu). De sorte que le mal est toujours plus profond, que le corps social se délite, que les cerveaux et les cœurs sont toujours davantage empoisonnés, les consciences détruites, les âmes assassinées.
Il est également frappant qu’un Retailleau qui, sur le papier, est un des moins mauvais — et un des plus à droite — parmi les dirigeants des Républicains accepte de participer activement à une équipe gouvernementale qui non seulement ne reviendra sur aucune des réformes sociétales criminelles mises en œuvre ces dernières années et décennies mais très probablement aggravera encore la situation, par exemple en dépénalisant bientôt l’euthanasie et le suicide assisté, comme le souhaitent, semble-t-il, une nette majorité de parlementaires acquis à la culture de mort. Quant à la question des flux migratoires, tout laisse à penser que Retailleau ne fera pas davantage à ce poste que ses prédécesseurs qui ont laissé entrer chaque année des centaines de milliers d’immigrés légaux supplémentaires (sans compter les clandestins dont le nombre est par définition inconnu). Le voudrait-il d’ailleurs qu’il ne le pourrait pas, le Conseil d’Etat en amont et le Conseil constitutionnel en aval détricotant minutieusement toutes les mesures de relative ou d’apparente fermeté au nom des droits de l’homme et du préambule de la Constitution. Mais le rôle du ministre de l’Intérieur sous la Vème République n’est pas d’agir, mais de faire semblant. Il est de parler et de rassurer l’électeur moyen. Mieux encore, si possible, de le séduire, de le tromper en lui faisant accroire qu’on cherche réellement à faire sa volonté. Saint Augustin avait bien raison d’écrire et de prédire que les derniers temps seraient ceux de la séduction !
BREF, il n’est rien de bon à attendre de ce nouvel attelage gouvernemental qui apparaît comme un syndic de faillite et qui poursuivra la même détestable politique que ses prédécesseurs. Il n’est d’ailleurs là que pour cela. Afin de sauver un régime, de faire perdurer autant que possible un système qui parvient de moins en moins à masquer sa nocivité. Compte tenu de l’état catastrophique des finances publiques (un déficit supérieur à 5 % du PIB, une dette de plus de 3000 milliards d’euros), il faut s’attendre à une forte augmentation des impôts dans un pays qui détient pourtant le record d’Europe des prélèvements obligatoires dont le montant exorbitant est déjà confiscatoire. Et on ne peut pas compter sur le fade et européiste Michel Barnier pour défendre l’indépendance de notre pays ni par rapport à la finance internationale qui nous écrase et nous accable, ni par rapport à l’Union européenne dont il est un vassal et un obligé, ni par rapport à l’Otan ou à l’entité sioniste qui est pourtant en train de mettre le feu partout au Proche-Orient, de la Palestine au Liban, et ce dans une impunité totale qui fait froid dans le dos et qui annonce des lendemains effrayants. […]
RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
Merci pour votre analyse. Certaines questions se posent: Pourquoi, après toutes les extrêmes-droites européennes, l’extrême-droite française and C°, sauf JN/Rivarol, est sioniste et n’est presque plus judéo-critique. Pourquoi Riposte Laïque relai de plus en plus des articles de sites dissidents. Une autre remarque concerne le relai systématique des faits divers qui met sur le même point d’égalité les sites sionistes comme Riposte Laïque, Radio Courtoisie, Bd Voltaire, CNews, et d’autres plus anciens et plus pertinents. Il semblerait que le concept identitaire ait bouffé toute la belle droite. Comme si un nationaliste identitaire israélien pourrait être soutenu par un nationaliste identitaire français. Pourquoi l’idée que l’on pouvait être un sioniste français si l’on est identitaire français. Une autre tendance qui ferait son chemin: La doctrine loubavitch serait plus facilement admissible que le sionisme? Si vous rajouter un peu de sauce d’anti-bougnoulisme datant de la guerre d’Algérie vous comprenez de tout cela la glissade vers le Zemmourisme.