Akribeia, 468 pages, 35 €
Peu de chercheurs ont abordé l’histoire des relations qui, après la Première Guerre mondiale, s’établirent entre les gouvernements italiens et allemands et quelques partisans des mouvements de libération arabes et islamiques du tiers-monde, en particulier ceux d’Afrique septentrionale et du Moyen-Orient.
Dans le présent ouvrage, fruit d’un long travail d’enquête dans les archives de nombreux pays, se dessine un tableau inédit des étapes de la politique de collaboration qui se développa entre les puissances de l’Axe et les principaux interlocuteurs du nationalisme arabe, notamment en Palestine et en Irak.
Dans une première partie, « Le fascisme, le national-socialisme et la décolonisation », est analysée la période qui s’écoule du milieu des années trente à 1945. L’auteur y met en évidence les affinités idéologiques et les contradictions de la politique de Mussolini et d’Hitler à l’égard des Arabes et de l’Islam, ralliés à Rome et Berlin dans le but d’obtenir des aides et des appuis dans la lutte contre les puissances coloniales qu’étaient la France et la Grande-Bretagne.
Dans la seconde partie, intitulée « Le Glaive et l’Islam », il est question de la courte et symbolique expérience des détachements arabes dans l’armée italienne et surtout de l’histoire des unités militaires que les Allemands constituèrent avec des volontaires musulmans.
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Mais justement, il faut remarquer que l’alliance, malgré son intérêt d’opportunité, ne s’est jamais faite:
Il est évident que les « indigènes » se méfiaient, à juste titre, de l’idéologie raciale du Reich, et que, de par son idéologie raciale, le Reich n’avait pas vraiment de goût pour ce genre d’alliance, déjà que le Reich ne voulait pas de division Ukrainienne, ce n’était pas pour monter des divisions indiennes, arabes, africaines …
Je dirais qu’il y avait encore moins de contact entre le Reich et le monde musulman qu’il y en a aujourd’hui entre Israël et les pays arabes, mille fois moins.
J’ai longuement étudié ce sujet d’un fort intérêt afin d’en déceler les tenants et aboutissants, et j’ai observé que le fascisme était plutôt tiraillé entre sympathie et pragmatisme envers le monde arabo-musulman. Philippe Baillet a bien décortiqué ce phénomène dans son ouvrage « L’autre tiers-mondisme » en établissant une nette distinction entre d’un côté une aile gauche plutôt idéaliste, tentée par l’orientalisme comme alternative au capitalisme culturel occidental, rigoureusement islamophile, et d’un autre une aile droite réaliste, portée au premier chef par les intérêts civilisationnels aryens, mais sachant évolué géopolitiquement au gré des circonstances. Respectivement, Hitler et Mussolini appartenaient à la seconde tendance, tandis que la première était représentée par un courant généralement néo-païen, d’inspiration « nationale-bolchevique », flirtant avec l’exotisme slave ou arabe, et admirant dans la religion mahométane la solide armature mystique qu’elle pouvait contenir – et qu’ils ne trouvaient plus dans le christianisme agonisant de leur époque -, comme rempart à la décadence occidentale (Baillet tient cette branche comme la source des idées directrices qui président à la dissidence soralo-dieudonnesque, celle-ci n’étant pas née par hasard puisque sa ligne découle de ladite nouvelle droite – notamment par la médiation de Christian Bouchet -, et le Führer à ce titre a personnellement consacré un chapitre édifiant dans « Mein Kampf » où il exécrait ces réconciliationnistes avant l’heure qui prédominaient déjà en son temps). Toujours est-il que les relations diplomatiques entre la nation allemande ou italienne et les peuples régis par l’islam ne datent pas d’hier. Les Arabes furent longtemps les protégés de l’empire romain dont Mussolini entendait restaurer les frontières dans une partie de l’Afrique septentrionale, tandis que la Prusse était en bons termes, au moins depuis le Kaiser, avec les Ottomans et dont l’opposition à la déclaration Balfour les rendit étroitement liés en attirant à l’Allemagne toute l’admiration du Proche-Orient (du reste, il était naturel pour Hitler d’exploiter ce filon nourri par des affinités antérieures, quand il dut déstabiliser les Britanniques). Ces alliances ont aussi permis de cultiver un terrain véritablement propice à la naissance d’un fascisme chez eux, après-guerre, à travers l’épopée nassérienne en Égypte vantée par Maurice Bardèche, ou encore l’exemple du grand Saddam en Irak (soutenu par Léon Degrelle durant la guerre du Golfe). Il est même intéressant de noter que leur fascisme était très laïque et farouchement anti-islamiste (cela est surtout dû au fait que la grande majorité des théoriciens du nationalisme arabe étaient des chrétiens de rite byzantin, et mirent l’emphase sur la distinction des pouvoirs séculier et religieux).