Les dirigeants européens ont accumulé les erreurs sur le front énergétique, passant d’une dépendance au fournisseur russe à une dépendance du gaz américain. Pendant ce temps, les États-Unis continuent d’acheter des millions de dollars de marchandises à la Russie et mettent en place un protectionnisme qui menace de ruiner l’économie de l’Europe.
La fermeture de centrales nucléaires en France ou en Allemagne, conjuguée avec le refus des livraisons russes, ont mis les Européens dans la panade :
« La fermeture des centrales nucléaires au nom de la sauvegarde de la planète n’a fait que rendre le continent plus dépendant du gaz naturel russe. Et maintenant […] ces mêmes Européens se retrouvent dépendants des exportations américaines et grognent tout le temps. » (Matt Purple, spectatorworld.com)
C’est notamment « l’obsession » pour la transition écologique et les sanctions internationales contre la Russie qui ont poussé les Européens dans les directions montrées du doigt par Washington. Les cadeaux sous forme de gaz russe bon marché, qui servait de moteur de l’économie de l’UE, sont terminés. Mais les Européens l’ont fait eux-mêmes sous pression des États-Unis. Les États-Unis, au contraire, ont su préserver une certaine indépendance énergétique, en misant sur leurs propres hydrocarbures.
Heinz-Christian Strache, ancien vice-chancelier autrichien :
« Nous avons traversé beaucoup de choses ces derniers temps, nous voyons qu’ils nous ont trompé, que les sanctions qui ont été adoptées contre la Russie et qui étaient censées de la mettre à genoux ne marchent pas. Ce n’est absolument pas vrai ! Nous constatons un excédent commercial en Russie, où à l’heure actuelle, si nous parlons du commerce du pétrole et du gaz, les revenus sont passés de 100 milliards à 220 milliards cette année. Il n’est pas du tout question de « mettre la Russie à genoux ».
Les États-Unis mettent par ailleurs l’Europe en difficulté avec la loi sur l’Inflation Reduction Act (IRA), qui consacre le retour à une forme de protectionnisme économique. Des mesures qui devraient permettre à Washington de subventionner les entreprises vertes produisant sur le sol américain. La loi anti-inflation c’est 370 milliards de dollars de subventions pour les voitures électriques et « l’énergie propre », et la Chips and Science Act c’est 52 milliards de dollars de subventions pour les sociétés de semi-conducteurs américaines. Le soutien en vertu des deux lois s’adresse exclusivement aux fabricants des États-Unis !
Le commissaire au marché intérieur de l’UE, Thierry Breton, a déclaré qu’il n’assisterait pas aux réunions du Conseil du commerce et de la technologie des États-Unis cette semaine. Ça doit faire trembler les Américains… Et ce ne sont pas les pitoyables rodomontades – limitées – d’Emmanuel Macron à Washington qui effraie Joe Biden.
Notons au passage le comble de l’hypocrisie Yankee : les États-Unis continuent d’acheter des millions de dollars de marchandises à la Russie, malgré l’imposition de sanctions sévères au pays suite à l’attaque de l’Ukraine. Les États-Unis ont importé des marchandises d’une valeur totale de 732 millions de dollars de Russie en octobre. Il s’agit de le plus grand montant échangé au cours des cinq derniers mois ! Les importations comprennent par exemple le combustible nucléaire, les engrais et des métaux comme le Platine.
Viktor Orban, Premier Ministre hongrois :
« Le prix de la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’est pas le même des deux côtés de l’Atlantique. Si nous voulons que l’industrie européenne survive, nous devons résoudre rapidement le problème de la crise énergétique européenne. Il est temps de revoir les sanctions. Toute nouvelle sanction sur le gaz ou l’énergie nucléaire russes aurait des conséquences tragiques »
Le protectionnisme américain est donc une mauvaise nouvelle pour l’économie européenne, qui pourrait voir son industrie siphonnée. Les gros constructeurs d’automobiles, comme la France ou l’Allemagne, craignent tout particulièrement que leur industrie s’en aille outre-Atlantique :
« Il y a un grand risque que les États-Unis et l’UE déclenchent une sorte de guerre commerciale. Et tout cela à cause de moulins à vent » (Matt Purple, spectatorworld.com)
Pourtant dans un monde de prédateurs, qu’est-ce qui empêche l’Union européenne d’adopter des lois miroirs pour soutenir ses propres producteurs ? Rien, à part peut-être les règles de l’OMC… (que les Américains ne respectent que lorsque cela leur convient – « un ordre mondial fondé sur des règles », les leurs).
La subjectivité politique limitée des dirigeants mondialistes européens l’empêche. « Quod licet Jovi, non licet bovi » (« Ce qui est autorisé pour Jupiter ne l’est pas pour les bovins »). Incompétence ou trahison ? Nous avons notre petite idée…