Vladimir Oskarovitch Kappel (Владимир Оскарович Каппель) est né le 28 avril 1883, près de la ville de Nijnéoudinska dans le Gouvernement de Saint-Pétersbourg.
En 1894, Vladimir Kappel, à l’âge de 11 ans, entre au 2e Corps des cadets de Saint-Pétersbourg et en 1901, il est admis comme Junker à l’école de cavalerie Nicolas. Il sert en 1903 comme au 54e Régiment de Dragons de Novomirgorodsky. De 1903 à 1906, le régiment est caserné dans la province de Varsovie, puis en 1906 – à Perm.
Sa femme, Olga, née Strolman, est la fille d’un Français, directeur d’usine à canons. Le mariage a lieu en 1909 en secret, car il n’est qu’un jeune officier pauvre, même si en 1910, il reçoit l’Ordre de Saint-Stanislas
En 1913, Kappel est diplômé de l’Académie d’État-major-général Nicolas. Ses relations se normalisent avec sa belle-famille quand il est accepté à l’école d’État-major. Ils ont deux enfants : Tatiana et Cyrille. Le 8 mai 1913 l’Ordre de Sainte-Anne lui est décerné. Il sert dans le district militaire de Moscou, puis est affecté à l’école, et étudie la théorie.
Au cours de la Première Guerre mondiale, il part combattre au 5e corps d’armée.
Ensuite, Kappel est envoyé comme adjudant-major principal de la 5e division de cosaques du Don, le 9 février 1915. Il est fait capitaine en novembre 1915 et on le nomme adjudant-supérieur d’état-major dans la 1re Armée.
Du 9 novembre 1915 au 14 mars 1916, il est Premier aide de camp de la 14e division de cavalerie. En novembre 1915, Vladimir exerce temporairement les fonctions de chef d’état-major de la division.
Le 18 mars 1916, il est transféré au Bureau du chef-major général des armées du Sud-Ouest. À l’époque, le général en chef de la cavalerie Alexeï Broussilov commence à mettre au point la plus réussie de toutes les opérations de l’armée de guerre russes : l’Offensive Broussilov. Avec d’autres officiers d’état-major, Kappel trace les plans qui vont mener à la victoire.
Le 15 août 1916 Vladimir Kappel est fait lieutenant-colonel et est affecté sur le front du Sud-Ouest, pour le poste de Chef adjoint du Bureau des opérations du quartier-général.
La révolution de février affecte très sérieusement le moral de Kappel monarchiste convaincu. Il considère ce soulèvement comme une atteinte grave au principe de la monarchie
Pour lui, il faut agir et appeler le peuple russe à exiger que la Russie soit de nouveau dirigeé par les descendants de ceux qui, depuis trois cent années, ont dirigé le pays sans se tromper et sur les chemins de la gloire.
Le 2 août 1917, la veille du discours du début de l’affaire Kornilov, Kappel devient chef d’état-major des armées du Sud-Ouest. Dans une déclaration prononcée à Berdytchiv il est signalé que « le lieutenant-colonel Vladimir Kappel, avec ses supérieurs immédiats, les généraux Anton Ivanovitch Dénikine, chef d’état-major général, et Sergueï Markov sont des adeptes de l’ancien régime monarchique, et des participants au complot contre-révolutionnaire auquel on fait face … qui doivent être immédiatement démis de leurs fonctions ».
Toutefois, à la différence des généraux Dénikine et Markov, Vladimir Kappel n’est pas arrêté. Il est même temporairement autorisé à assumer le poste de chef du Bureau de l’état-major et a également le commandement d’un bataillon de choc.
Le 2 octobre 1917 Kappel démissionne du fait de son état de santé, et va à Perm voir sa famille. Vladimir ne combat plus au front. Son seul ennemi est la révolution qui se radicalise.
Au début de la Guerre civile russe, il vit avec sa famille à Perm.
Le lieutenant-colonel Vladimir Kappel, porte un ancien uniforme d’officier auquel tous les insignes de rang ont été enlevés, préside des réunions clandestines.
En juin 1917, Kappel, pour le Comité des membres de l’Assemblée constituante, commande l’Armée populaire du Comité des membres de l’Assemblée constituante. Le nombre de volontaires dans un premier temps est très faible : deux compagnies d’infanterie, un escadron de cavalerie et quelques autres petites unités, rien en comparaison avec les moyens des rouges.
Tout cela est voué à l’échec. Mais le lieutenant-colonel Kappel est fidèle à ses engagements et respecte les orientations politiques des membres du Comité des membres de l’Assemblée constituante. Il écrit : « Je suis d’accord. Je vais essayer de lutter. Je suis de conviction monarchiste, mais dans le cadre de la lutte contre les bolcheviks, je demande aux volontaires d’être fidèles au Comité des membres de l’Assemblée constituante ».
Lors de la séance 9 ou 10 juin 1918 réunissant des officiers de l’état-major général, situé à Samara, la question du jour est de savoir qui sera à la tête des volontaires. Kappel, récemment arrivé à Samara, se lève et demande à prendre la parole : « S’il n’y a personne de prêt à le faire, temporairement jusqu’à ce que vous trouviez un officier supérieur, permettez-moi de diriger le combat contre les bolcheviks ».
À ce moment, l’histoire voit apparaitre un nouveau visage de la lutte contre les rouges : le lieutenant-major général Vladimir Kappel…
Au printemps 1919, le chef suprême nouvellement élu de la Russie et de toutes les armées blanches, Alexandre Vassilievitch Koltchak, crée le Corps de la Volga.
En avril 1919, l’objectif principal est bel et bien devenu Moscou. En avril, les troupes de Koltchak, qui progressent sur un front de trois cents kilomètres, sont à moins de six cents kilomètres de la capitale
L’Ataman cosaque Alexandre Ilyitch Doutov, commandant les cosaques de l’Oural s’écrie alors : « Dans le courant de juillet, nous serons à Moscou ! »
Pendant cette offensive, des chefs militaires de haute valeur se révèlent, comme le jeune colonel Vladimir Kappel, bientôt nommé général, ou le capitaine Radola Gajda, devenu général russe à moins de trente ans.
Au cours de l’été 1919, beaucoup de blancs trouvent la mort. L’offensive de l’Armée rouge est ainsi contenue, mais Kappel doit à nouveau battre en retraite. Ce faisant, à maintes reprises, il inflige aux rouges un grand nombre de défaites tactiques en particulier dans la région des montagnes de l’Oural et sur la Belaya.
Il lutte contre les meilleures unités de l’Armée rouge. Le 12 septembre 1919, pour ses exploits, Kappel reçoit le grade de lieutenant-général et l’Ordre de Saint-Georges.
À partir de novembre 1919, Kappel est nommé commandant de la 3e armée, composée principalement de prisonniers de l’Armée rouge qui n’ont pas reçu une formation suffisante. Ils sont prêts à la première occasion à rejoindre leurs camarades.
Au moment de l’effondrement du gouvernement d’Alexandre Vassilievitch Koltchak, le chef des armées blanches en Sibérie, le général Vladimir Kappel, continue la lutte le long du Transsibérien et connaît d’immenses privations et une température de 50 degrés au-dessous de zéro, sans précédent dans cette région.
Kappel, en cette fin 1919, fait des prouesses malgré le froid sibérien, la valeur des unités de l’Armée rouge et la trahison de l’Occident.
Le 15 janvier 1920, l’amiral Kolchak est prisonnier d’alliés des bolcheviks.
En apprenant cela, Vladimir Kappel, son adjoint Sergueï Wojciechowski et les maigres troupes qui leur restent, sont décidés à sauver l’amiral à tout prix. Ils décident de passer par la rivière Kan. Ce chemin est dangereux car, dans de nombreux endroits, la glace n’est pas gelée du fait de sources chaudes.
La glace se fend sous son cheval et il tombe dans les eaux gelées. On réussit à le sortir de la rivière, mais il est très gravement malade et ses deux jambes sont condamnées. Le médecin ne dispose pas des outils nécessaires et de médicaments, ce qui entraîne l’amputation du pied gauche et des doigts de la main droite avec un simple couteau sans anesthésie. Malgré une grosse tempête d’hiver, il refuse cependant d’abandonner la cause et ses hommes, et continue son long calvaire en traîneau.
Kappel continue à commander à ses troupes. Il a une pneumonie, il se fait attacher à sa selle, et progresse à moitié mourant. Toutefois, Kappel est à la tête de son armée, lié à sa selle. Un de ses compagnons de galère, Fedorovich, écrira : « Il serre les dents pour ne pas hurler de douleur. Le général hissé puis attaché sur son cheval par ce qu’il reste de ses mains et de son corps. Vladimir salue ceux qui n’ont pas déposé les armes. Et ce n’est qu’à la nuit qu’il s’arrête ».
Le 21 janvier 1920, Kappel se sent incapable de continuer à commander son armée en raison de la forte détérioration de sa santé et il remet le commandement des troupes au général Sergueï Wojciechowski. Kappel envoie son alliance à sa femme et l’une de ses croix de Saint Georges.
Le 22 janvier, mourant, il décide d’accélérer le mouvement de ses troupes vers Irkoutsk au cours d’une réunion présidée par le général Nizhneudinske, pour libérer l’amiral Kolchak et protéger la réserve d’or, convoitée par les pseudo-alliés.
Dans les derniers jours de sa vie, Kappel dicte un appel aux paysans sibériens qui, entre autres, dit : « En venant de l’ouest, les troupes soviétiques vous amènent le communisme, les comités pour gérer la pauvreté et la persécution de votre foi en Jésus-Christ. Lorsque des promesses de la propagande soviétique seront du passé, il n’y aura plus que des ouvriers agricoles, et dans chaque village une petite poignée d’exploiteurs des comités des paysans pauvres prendront ce qu’ils veulent chez vous. Les bolcheviks rejettent Dieu et remplacent l’amour du seigneur par la haine, et vous vous entretuerez. L’évangile publié à Petrograd par les communistes en 1918 va vous amener à la haine du Christ ».
Le 26 janvier 1920, Vladimir Kappel meurt à côté de Touloun, à 350 km au nord-ouest d’Irkoutsk.
Ses dernières paroles sont pour ses troupes : « Dîtes à mes soldats que je les adorais et ma mort au milieu d’eux le prouve ».
Après la mort du général, il est décidé de ne pas enterrer son corps sur les lieux de sa mort pour lui éviter les profanations que les bolcheviks font aux cadavres de leurs ennemis.
Pendant près d’un mois, le cercueil du Général est traîné par les survivants jusqu’à Tchita. Kappel est enterré dans la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski. Plus tard, ses cendres sont transférées au cimetière du couvent de Tchita.
Mais, à l’automne 1920, à l’approche de l’Armée rouge, les survivants transportent le cercueil avec le corps du Général à Harbin en Mandchourie. Il est enterré devant l’autel de l’église Iveron.
La tombe est profanée et détruite par les communistes chinois en 1955, sur ordre du KGB.
Considéré du temps de l’Union soviétique comme un ennemi du peuple, il est même caricaturé par un film soviétique dans l »es années 30.
En 2001, à l’initiative d’unités cosaques d’Irkoutsk, dans les environs de Touloun, à l’endroit où il est décédé, a été mis en place un mémorial.
Le 19 décembre 2006, les restes de Kappel ont été transportés de la Chine à Irkoutsk, par des anciens officiers de l’armée blanche. Il est d’abord inhumé dans cette ville.
Le 13 janvier 2007,par une cérémonie officielle organisée par l’Armée Russe et l’Église Orthodoxe, la dépouille de Vladimir Kappel a été enterrée au monastère Donskoï à Moscou.
L’archiprêtre Dmitri Smirnov, devant un parterre d’hommes politiques, le cercueil recouvert du drapeau national russe, 80 ans après la révolution bolchévique et la guerre civile russe , déclare : « Nous rendons hommage à un guerrier remarquable, instruit et courageux qui a rempli entièrement son devoir ».
Le général blanc repose ainsi auprès d’Anton Ivanovitch Dénikine et d’Alexandre Soljenitsyne.
Il revit le 8 octobre 2008 dans une superproduction cinématographique russe L’Amiral, à la gloire d’Alexandre Vassilievitch Koltchak et qui obtient un succès jamais vu dans toute la Russie.
Bravo
Un des plus grands stratèges et tacticiens de l’histoire de l’Armée Russe. Et Un très grand Chrétien, qui aimait ses hommes autant qu’il était aimé d’eux. De la minorité aristocratique « germano-balte » comme un quart des principaux chefs de l’Armée blanche, il est avec KORNILOV et Pepeliaiev un des personnages des plus exceptionnels et singuliers de cette croisade salutaire contre les Bolcheviks, héritier de la Révolution et Terreur anti française.
En lisant les mémoires des autres Chefs, dont celles de Wrangel, on apprendra quel grand Russe il fut ; sa famille comme la plupart des autres Russes blancs trouvèrent refuge en France, leurs seconde partie puisqu’ils parlaient et écrivaient tous parfaitement le Français. Et ce sont aussi les Français qui leur auront finalement témoigner le plus grand et fidèle soutien, malgré la République.
Il est à noter que les soldats russes sur les fronts de France furent parmi les meilleurs combattants et ceux qui connurent le plus de morts soit un tiers.
Honneur à la Sainte Russie et à nos frères Russes, éternels martyrs des ennemis du genre humain.