Edilys – 22 €
Publiée d’après le Manuscrit d’Oxford et traduite par Joseph Bédier, de l’Académie française. Fac-similé de l’édition de 1928, Édition d’Art, Paris.
J’ai le plaisir de vous présenter cette réédition de la chanson de Roland par les éditions Edilys avec, sur les pages de gauche, la version originale en français médiéval et sur les pages de droite, une traduction en français moderne par Joseph Bédier :
Cette chanson de geste, l’une des plus anciennes en langue française, met en scène la guerre entre l’empire de Charlemagne et le royaume d’Espagne aux mains des Sarrasins mahométans et un complot ourdi par le roi musulman Marsile de Saragosse et par Ganelon, beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland, pour faire assassiner Roland car il ne croyait pas à une paix possible avec les mahométans ni à leur sincérité.
Roland et son armée sont d’abord battus et exterminés par les Sarrasins mais l’empereur Charlemagne, prévenu par le cor de Roland peu avant de mourir, envoie le restant de son armée pour venger Roland et vaincre ses ennemis.
Une leçon de bravoure mais aussi un rappel des relations que l’islam et la France ont entretenues à travers les siècles passés.
Les éditions du Lore proposent par ailleurs une version pour enfants et adolescents en grand format et avec de belles illustrations : Roland à Roncevaux
Disponible sur Arts Enracinés
Félicitations pour la publicité salutaire de cette Chanson de geste, l’épopée française par excellence (bien qu’il s’agisse vraisemblablement ici d’une chanson de geste écrite d’abord dans une variété du germanique occidental, vraisemblablement en francique rhénan, presque du vieux haut allemand, à l’instar du Ludwiegslied qui narre une bataille entre Francs et Normand à la bataille de Saucourt livrée non en Allemagne…, mais en Normandie en 881, et mise ensuite en langue romane deux siècles plus tard quand les couches supérieures germaniques de Gaule du nord étaient complètement romanisées et parlaient l’ancien français), précisons cependant qu’historiquement comme le narre Eginhard dans sa Vita Karoli écrite dans un latin médiéval magnifique vers 840 (on commençait à goûter les heureuses conséquences de la renaissance carolingienne, Charlemagne fut vraiment un nouvel Auguste germanique), les prétendus Sarrasins qui tendirent dans les Pyrénées la fameuse embuscade à l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne et dirigé par le préfet de Bretagne Roland, étaient en fait des Basques (Eginhard parle de Wascons).
Petite rectification, j’ai commis une petite inadvertance, le village de Saucourt-en-Vimeu (j’y suis allé en plus), où eut lieu en 881 la bataille entre les troupes carolingiennes de Louis III et les Normands, immortalisée en vieux haut allemand dans le Ludwigslied, se trouve en Picardie et non en Normandie. Le village se trouve non loin de la Somme, mais côté picard et non normand. Ce qu’il faut en retenir cependant est que cette bataille se déroula loin des régions où on parle aujourd’hui une langue germanique occidentale, le néerlandais (linguistiquement du bas allemand, les Francs mérovingiens parlaient une forme antérieure au vieux néerlandais) ou l’allemand (linguistiquement du haut allemand né vers le VIIe siècle dans le sud et le centre de l’Allemagne avec la deuxième mutation consonantique, les Carolingiens devaient parler une forme de vieux haut allemand mélangé à des éléments de bas allemand, comme les dialectes parlés encore aujourd’hui à Aix-la-Chapelle, Cologne et Düsseldorf l’attestent). A la fin du IXe siècle, le nord de la Gaule était donc encore bilingue (roman-germanique), comme en témoigne également l’histoire du droit avec les juridictions basées sur la personnalité des lois encore en vigueur au nord de la Loire jusqu’au Xe siècle (on était jugé différemment si on était gallo-romain ou franc), alors qu’au sud de la Loire la territorialité du droit prévalait déjà depuis deux siècles, on était jugé selon le territoire dont on était originaire et non selon notre nationalité ethnique, ce qui signifie que le métissage entre éléments germaniques et gallo-romains était déjà consommé depuis longtemps.
C’est pourquoi aussi on parle normalement une autre langue au sud de la Loire, langue que l’on appelle l’occitan, ou langue d’oc, provençal, limousin, qu’il faudrait appeler roman d’oc comme le français roman d’oïl (d’ailleurs; les constructeurs de l’autoroute A 20 n’ont pas été sots, au nord de Limoges, quand on arrive de Paris, on peut lire le panneau « pays d’oc » et en remontant on lit « pays d’oïl »). Le superstrat germanique ayant été bien moindre au sud de la Loire, le latin a évolué beaucoup moins loin, alors qu’au nord de la Loire, le mot latin s’est complètement transformé (par exemple lat. cadere > choir en français, cader en langue d’oc, caer en esp., cadere en it.; caballus > respectivement cheval, caval caballo, cavallo), le roman d’oc est plus proche de l’espagnol et de l’italien que du français. D’aucuns me diront que l’on parle aussi des dialectes d’oïl au sud de la Loire comme le Poitevin-saintongeais, le berrichon, mais ce sont des dialectes d’oïl à fort substrat d’oc et on peut penser que c’est une avancée de la langue d’oïl qui s’est produite pendant tout le Moyen Âge.
Merci i.infiniement pour le niveau de précision du commentaire. Je ne pense pas en être le seul ici ã en être friand.