Les comptes prévisionnels de l’agriculture pour 2014, établis par l’INSEE, prévoient une augmentation des quantités produites, mais une telle baisse des prix que la valorisation totale de la production pour 2014 (quantités en hausse multipliées par leurs prix unitaires en baisse = prix de vente pour les agriculteurs) sera en diminution de près de 1% par rapport à 2013 !
Résultant souvent d’une cotation par les spéculateurs internationaux, au premier rang desquels ceux qui, à Chicago, ont « fait Obama », les prix des produits des produits agricoles peuvent fluctuer et laissent souvent, pour leur survie, les paysans dépendants de subventions publiques… elles aussi en baisse cette année.
Comme les paysans sont éparpillés et que le pouvoir de marché de leurs coopératives demeure très limité, ils se voient souvent imposer des prix très faibles par les puissants acheteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution.
Ainsi, le Groupe multinational Lactalis, en collectant 22% du lait en France, occupe une position de « faiseur de prix » dans certaines régions, ce qui est contraire au dogme libéraliste de leur prétendue « concurrence pure et parfaite [sic] ». Pour cette raison, il avait été la cible de la colère paysanne en 2009, mais a perdu son procès en 2011. Au demeurant, le lait est actuellement « acheté » seulement 36 centièmes d’euro le litre aux agriculteurs.
Maigre consolation, les prix d’achat des matières consommées (fourrage à bétail, engrais…) ont baissé dans des proportions comparables, ce qui devrait, en moyenne, sauver les revenus des agriculteurs d’ici la fin de l’année.
Dernière considération économique plus globale : on voit ici que la récession économique – opposé de la « croissance » – est possible malgré une plus grande quantité produite ! De plus, la baisse des prix peut créer une spirale déflationniste, tout le monde repoussant ses achats le plus tard possible pour profiter au maximum des prix plus bas, ce qui fait encore plus diminuer les prix par manque de demande par rapport à l’offre, etc.. Ainsi va la vie du libéralisme et de ses crises à répétition –les plus graves précédant souvent des conflits armés majeurs – tandis que politiciens et bureaucrates supranationaux (Union européenne, OMC, FMI et banque mondiale) prétendent lutter contre les « imperfections du marché » libéral… en libéralisant encore plus, alors que c’est une régulation nationaliste du marché qui serait souhaitable !