L’Alliance atlantique, qui avait concédé à la fin des années 1990 à la Russie de ne pas installer de bases permanentes sur son flanc, est en train de basculer dans une autre logique.
Présents de façon autonome de l’Otan, les États-Unis sont déjà implantés à Mihail Kogalniceanu (57e base aérienne de l’armée de l’air roumaine), de l’autre côté de la piste d’aéroport. Et depuis 2022, de 2000 soldats à l’époque, leur base est passée à 4500 hommes pour devenir la plus grande plateforme militaire du sud-est de l’Europe. C’est par exemple de ce détachement que sont ravitaillés ou affrétés des Boeing P-8A Poseidon de l’US Navy opérant en mer Noire pour des patrouilles anti-sous-marines.
Quelques jours après le début l’opération militaire spéciale russe, les soldats français sont aussi arrivés et ont planté leurs tentes là, dans le froid et la boue. Le camp français sur la base de Mihail Kogalniceanu (MK), près du port de Constanta, en Roumanie, s’y est implanté. La France, en tant que « nation cadre », assume la charge de la « mission Aigle » pour « réassurer » les défenses roumaines, et « dissuader » une attaque russe… En mars 2022, l’alors ministre de la Défense Florence Parly, se rendait déjà dans la base militaire roumaine de l’OTAN de Constanța, près de la frontière avec l’Ukraine, exhortant –déjà– « l’Europe » à intensifier son effort de guerre.
En réalité, le plan de guerre de longue date dans le secteur, qui semble confié à la France vassalisée, est de s’implanter en Moldavie pour en faire une base arrière menaçant la Transnistrie et, si possible, retarder la chute d’Odessa.
La base est située près de la ville de Constanta, au bord de la mer Noire, à environ 130 km de la frontière avec l’Ukraine et à 100 km de la frontière bulgare. Mais aussi tout proche de la Moldavie et de la Transnistrie.
Ainsi, après Kuçovë en Albanie, l’OTAN vient donc de décider d’agrandir aussi cette base pour pouvoir accueillir plus de dix mille soldats et s’étendre sur environ 2 800 hectares avec un périmètre total de 30 kilomètres. Le projet dont le coût est estimé à 2,5 milliards d’euros, prévoit l’agrandissement de l’aéroport de Constanta et la construction de nouvelles pistes, de hangars, d’une tour de contrôle de pointe, de zones de stockage de munitions, de carburant et de matériel d’entretien et de réparation, d’écoles, de commerces, de logements, d’écoles, de pharmacies et d’un hôpital.
L’infrastructure principale de l’expansion est en cours de construction sur place, avec le projet éventuel de relier la piste existante de la base à une nouvelle et de la connecter à l’infrastructure de l’aéroport international.
Lorsque la base sera achevée, elle sera nettement plus grande que la 99e base militaire de Deveselu, qui abrite des éléments du système de défense antimissile américain Aegis Ashore, et 20 % plus grande que la base de l’US Air Force à Ramstein, en Allemagne, qui est actuellement la plus grande base de l’OTAN en Europe.
L’OTAN justifie sa présence militaire croissante dans la partie orientale de l’Europe par « le comportement agressif récurrent de la Russie envers ses voisins et envers la communauté transatlantique au sens large » affirmant que « la Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique ». Drôle d’inversion quand on remet en perspective : c’est bien l’OTAN qui vient muscler cette base à moins de 300 km de la Transnistrie et d’Odessa, et moins de 400 km de Sébastopol en Crimée où est le siège de la flotte russe en mer Noire.