Depuis plusieurs mois et la fin des restrictions et privations de liberté (sauf pour « suspendus » pompiers, médecins, infirmières, militaires…) imposées au prétexte d’une pandémie de Covid-19(84), Emmanuel Macron et ses partisans ne manque pas une occasion de se vanter d’un « retour au plein emploi » en France. Comme le 14 février dernier dans un tweet présidentiel d’autosatisfaction : « Le chômage est à son niveau le plus bas pour la deuxième fois depuis 40 ans. Objectif plein emploi ! ». Et quelques jours plus tard, Elisabeth Borne se rendait à la convention organisée par le parti présidentiel, anciennement « La République en Marche » rebaptisé récemment en « Renaissance » (que les macroniens désigne souvent par sa traduction anglaise « Renew »…), pour plancher sur les bases d’une future loi « plein emploi ». Où en est-on réellement du chômage en France et surtout en comparaison des pays de l’Union européenne et de la zone euro ?
État des lieux à mi-2022
Selon les chiffres publiés par Eurostat pour juin 2022, le taux de chômage en France était tombé à 7,2 % de la population active, soit une baisse annuelle de 0,9 point. C’était effectivement le plus bas niveau depuis 2008, où il s’établissait à 7,7 %.
Mais rien de bien glorieux considérant le retour à l’activité de nombreuses entreprises et commerces après des mois de confinements et de restrictions qui avaient mis la France à l’arrêt contraignants nombre d’acteurs économiques à licencier leur personnel. Une baisse du chômage qui n’était qu’une correction due à un retour à la normalité de l’activité dans l’Hexagone.
Malgré cela, le chiffre du chômage en France en cet été 2022 (7,2 %) restait supérieur à la moyenne européenne (6 %). Et seul nous devançait alors l’Espagne (12,6 %), la Grèce (12,3 %), l’Italie (8,1 %) et la Suède (7,6 %). La France restait l’un des pays de l’UE où le chômage est le plus élevé.
Le cas de la Suède est un peu particulier puisque le modèle de « flexisécurité » des pays scandinaves leur permet de faciliter les licenciements mais ils offrrent dans le même temps une couverture assurantielle élevée couplée à une politique active d’aide au retour à l’emploi.
État des lieux en ce début 2023
En ce début 2023, le taux de chômage s’est établi en France à 7,1 %, en légère baisse par rapport à mi 2022. Mais la France reste toujours dans le peloton des mauvais élèves de l’UE : la France n’est toujours devancée que par l’Espagne (13 %) et la Grèce (10,8 %), ainsi que l’Italie (7,9 %) et la Suède (7,3 %).
Et la France se situe encore au-dessus de la moyenne européenne (6,1 %) mais aussi de celle de la zone euro (6,7 %). Alors que partout ailleurs dans l’UE, le nombre de demandeurs d’emploi baisse continuellement depuis plus d’un an.
Et les nouvelles ne sont pas bonnes concernant le chômage des jeunes. En France, leur taux de chômage a augmenté sur un an, passant de 16,3 % en novembre 2021 à 18,3 % un an après, avec une moyenne de 15,1 % dans l’UE.
Perspectives
Globalement, alors que le chômage est au plus bas de l’histoire de la zone euro (Le Monde, 10 janvier 2023) Emmanuel Macron et son ministre des Finances qui promettait de « mettre l’économie russe à genoux » il y a un an, n’ont pas permis à la France de profiter pleinement de ce retour à l’emploi qu’on constate dans l’Union européenne et même dans le monde.
Sans même parler des tripatouillages des chiffres dont les gouvernements sont coutumiers et que Macron a poussé jusqu’à l’abus avec sa réforme de l’indemnisation des chômeurs qui a provoqué une augmentation spectaculaire du nombre de « radiés ». Ainsi leur nombre a atteint un record fin 2022, augmentant de 10,4 % au dernier trimestre, jusqu’à représenter 9,7 % des sorties (Le Monde, 26 janvier 2023). Novembre 2022 étant même un nouveau record en la matière, avec 58 100 personnes radiées, une première depuis le début de ces statistiques, en 1996 !
Même si l’évolution du nombre de radiations n’explique pas la légère baisse du nombre de demandeurs d’emploi en 2022, pas de quoi à pérorer et pavoiser !
Et on reste donc très loin du « plein emploi » selon sa définition économique classique, une situation dans laquelle le chômage d’un territoire est réduit au chômage frictionnel incompressible, soit à un taux inférieur à 5 %. Les sanctions et l’inflation n’augurent rien de bon dans ce domaine, de nombreuses entreprises – notamment dans le secteur industriel ou ce qui nous en reste – envisageant d’aller produire là où l’énergie est moins chère.