Les échecs de la Division 30
Malgré les millions déjà dépensés, le gouvernement américain a annoncé la refonte totale de son projet de formation de troupes rebelles en Syrie. De fait, il peut être considéré comme terminé. Il s’agissait théoriquement de former des Syriens pour combattre l’État islamique (ÉI) en Syrie, sous commandement syrien et avec le soutien de la coalition américaine. Le très grand nombre de réfugiés syriens en Turquie et en Europe notamment, formé pour l’essentiel de jeunes mâles, laissait espérer un afflux rapide de volontaires pour sauver leur pays. Il n’en fut rien. Les ‘réfugiés’ ont aussi peu envie de sauver leur pays, leurs familles, leurs proches, qu’ils brûlent devenir profiter des richesses de l’Occident. Sur le terrain, les combattants déjà actifs n’ont vraisemblablement pas voulu apparaître plus encore comme les soldats de l’oncle Sam.
Plusieurs graves échecs ont été rendus publics ces derniers mois. Plusieurs centaines de Syriens de groupes rebelles auraient ainsi tenté en vain de quitter la Syrie pour rejoindre le programme. L’entraînement des rares premiers volontaires n’a commencé avec retard qu’en mai dernier ; le groupe n’était alors composé que d’environ 90 hommes. En juillet, 54 hommes, à bord d’un convoi d’une trentaine de véhicules et sous le commandement de Nadim el-Hassan, avaient rejoint la Syrie. Peu après, le Front pour la victoire du peuple du Levant (Jabhat an-Nuṣrah li-Ahl ash-Shām dit Front el-Nosra), la branche de La Base (el-Qaïda) en Syrie, annonçait avoir enlevé le commandant de l’unité et plusieurs de ses soldats des « Forces syriennes nouvelles ».
Leur déploiement se limitait à la fin de l’été à quelques hommes – « quatre ou cinq » de l’aveu d’un responsable militaire interrogé par des parlementaires –, pour seulement quelques dizaines d’hommes formés au total au lieu des 5 400 prévus pour la première année (et 15 000 en cinq ans).
Les autorités américaines, après avoir nié, ont reconnu en septembre que le deuxième groupe envoyé avait livré du matériel, y compris six véhicules et des munitions, aux islamistes du Front el-Nosra en échange d’un droit de passage, contrairement à toutes les règles d’engagement notamment. D’autres sources ont même affirmé que ces combattants avaient rejoint le Front el-Nosra.
La « transformation » du programme
L’accumulation des problèmes et l’insuccès du recrutement – seulement 200 hommes en tout étaient formés à ce moment-là, avaient conduit le gouvernement américain à mettre le programme en pause fin septembre.
Le désastre a conduit le président américain à valider la transformation du projet de division d’infanterie en simple programme de formation d’aides pour les bombardements américains. Les camps d’entraînements créés en Jordanie, au Qatar, en Arabie séoudite et aux Émirats arabes unis (ÉAU) vont fermer ; la division 30 est définitivement enterrée. À sa place, les autorités américaines annoncent vouloir former, en Turquie, quelques individus chargés de renseigner les pilotes américains et leurs alliés. Des armes pourraient être livrées à des groupes « rebelles » déjà opérationnels et actifs. Les responsables américains pourraient tenter de s’appuyer d’une part sur les milices kurdes et d’autre part sur les rebelles sunnites. Il s’agit à terme, selon le ministre de la Défense américain Ashton Carter, de pouvoir coordonner une offensive terrestre et aérienne contre l’ÉI et notamment contre Racca ; cela apparaît, pour l’heure et au mieux, comme un projet totalement fantaisiste. Les Kurdes n’ont aucunement l’intention de combattre hors de leur terre et les groupes arabes ne combattent pas avec les Kurdes, et moins encore sous leur direction.
Environ 500 millions de dollars avaient été mobilisés pour un programme devenu un fiasco politique, militaire et financier. La décision de cet arrêt intervient alors qu’au Congrès, où Barack Obama ne dispose plus de majorité (301 républicains contre 232 démocrates), les élus s’apprêtaient à voter l’arrêt de son financement.
Cette décision aura pour seul résultat de mettre fin aux risées. Elle ne changera rien sur le terrain, pour aucune des parties en présence, y compris par les groupes soutenus par les Américains.
« [Ce programme] n’était rien pour nous. Je ne pense pas que les États-Unis ont un plan en Syrie »,
a déclaré un responsable de la Brigade des faucons du mont Zawiya (Liwa’ Suqour Jabal al-Zawiya), Hassan Haj Ali.
Vers un changement de cap à la Maison-Blanche
Le naufrage de la Division 30 signe l’échec plus général de la ligne attentiste et louvoyante adoptée par le gouvernement américain depuis le début de la crise syrienne. Moins de quinze ans après les opérations aux résultats plus que mitigés en Irak et en Afghanistan, l’administration Obama n’a jamais eu l’intention d’engager des troupes terrestres. Son soutien aux rebelles syriens a été tout autant critiqué par certains que son refus d’engager une action précoce massive contre le régime syrien par d’autres.
L’irruption et l’affirmation de l’État islamique comme la principale force de « l’opposition » aux côtés de Kurdes profitant de l’enlisement de la situation pour gérer un État kurde indépendant de fait, le maintien du régime syrien et le recul général de l’opposition « démocrate » : aucune évolution ne s’est produite dans le sens voulu ou imaginé par les Américains. In fine, l’impuissance de ces derniers par le refus d’intervenir concrètement rejoint celle des dirigeants des gouvernements européens acculés à multiplier les vains discours et les conseils, dont les Syriens payent le prix. Avec les attentats terroristes et la « crise des migrants », les Européens en connaissent aujourd’hui aussi le coût.
L’intervention russe dans le chaos syrien aurait achevé de convaincre les Américains d’arrêter les frais. Le site d’information Bloomberg a diffusé hier les propos d’un responsable de l’administration Obama parlant sous le couvert de l’anonymat.
« La Maison-Blanche pense en quelque sorte que nous pouvons désamorcer le conflit tout en gardant Assad au pouvoir »,
a-t-il déclaré. Selon Bloomberg, cette vision serait développée et promue « par les plus hauts responsables en charge de la sécurité nationale de la Maison-Blanche, notamment le coordonnateur principal pour le Proche-Orient Rob Malley1 ».
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1Le Juif Robert Malley est le fils de Barbara Silverstein, qui travailla avec le groupe terroriste islamo-communiste Front de libération nationale (FLN, Jabhat at-Tahrīr al-Waţanī) et d’un journaliste communiste juif d’Égypte, Simon Malley, actif supporteur des mouvements indépendantistes. La famille étant venue en France, il y fonda le journal Africasia, soutien actif du FLN notamment, ouvertement pro-communiste, pro-soviétique mais antisioniste. Le père de Robert Malley, cofondateur du Parti communiste égyptien, fut expulsé de France en 1980, soupçonné d’être un agent russe. L’élection de François Mitterrand quelques mois plus tard et l’arrivée au pouvoir de ministres communistes lui permit de revenir en France.
Robert Malley a étudié la philosophie politique à Oxoford et le droit à Harvard, où il côtoya Barack Obama. Membre du groupe mondialiste Council on Foreign Relations (CFR), il rejoignit l’administration Clinton durant les années 1990, devenant notamment assistant entre 1996 et 1998 de son coreligionnaire, Sandy Berger, alors conseiller à la sécurité nationale de Bill Clinton. Il fut nommé ensuite conseiller spécial du président pour les questions arabo-israéliennes. Il fut l’un des membres de la délégation américaine lors des négociations de Camp David, étant l’un des rares à ne pas adopter totalement le point de vue sioniste.
À l’achèvement du mandat de Bill Clinton, Robert Malley travailla pour l’organisation International Crisis Group (ICG), groupe mondialiste s’étant fixé pour but d’empêcher les conflits et les massacres…
Un document mis à jour sur Vladimir Poutine : http://pastebin.com/H6PrejH5