Les très graves émeutes-pillages qui secouent l’Afrique du Sud depuis le 8 juillet dernier ont été déclenchées par la faction pro-Zuma de l’ANC (Zulu), avec pour objectif de déstabiliser la présidence de Cyril Ramaphosa (Venda), auquel elle reproche d’avoir évincé son leader en 2018. La présidence sud-africaine a d’ailleurs été très claire à ce sujet en parlant de « conspiration ethnique » et en inculpant douze hauts cadres zulu de l’ANC qui, selon elle, seraient impliqués dans l’organisation de ces émeutes. Dudane Zuma, un des fils de Jacob Zuma a, quant à lui, clairement appelé les Zulu à se mobiliser.
Tout le reste n’est qu’analyses journalistiques affligeantes de médiocrité et de superficialité, surtout quand elles présentent ces évènements comme s’il s’agissait d’une simple révolte sociale due à une crise économique aggravée par le Covid…
Le retour au réel passe par la mise en évidence de deux étapes distinctes, ce qui permet de ne pas confondre les causes et leurs conséquences:
1) Tout est parti du pays zulu, le Kwazulu-Natal, avec pour épicentres les villes zulu de Durban et de Pietermaritzburg, et cela, à partir du moment où Jacob Zuma a été incarcéré. Dans la région de Johannesburg, seuls les townships zulu ont été touchés. Il est remarquable de constater que les zones non-Zulu n’ont pas suivi le mouvement.
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2) Conséquence d’un mouvement politique, ces pillages sont le révélateur de la faillite économique et sociale de la « nation arc-en-ciel » si lyriquement chantée par les naïfs au lendemain de la fin de l’ « apartheid ». Le bilan économique de bientôt trois décennies de pouvoir ANC est en effet désastreux avec un PIB qui ne cesse de baisser (3,5% en 2011, 2,6% en 2012, 1,9% en 2013, 1,8% en 2014, 1% en 2015, 0,6% en 2016, une entrée en récession en 2017 suivie d’un très léger rebond à 0,2% et 0,1% en 2019 et 2020). Les mines, premier employeur du pays ont perdu près de 300 0000 emplois depuis 1994. Quant aux pertes de production et de revenus, elles se conjuguent avec des coûts d’exploitation en hausse constants, cependant que les dramatiques coupures d’électricité ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs.
En réalité, depuis 1994, l’Afrique du Sud vit sur l’immense héritage légué par le régime blanc. Ses nouveaux maîtres de l’ANC n’ayant pas réalisé les nécessaires et colossaux investissements qu’il était pourtant urgent de faire afin de simplement maintenir les capacités de production. En plus de cela, le climat social a découragé les éventuels investisseurs qui ont préféré faire « glisser » leurs activités vers des pays plus fiables.
L’agriculture avait, elle aussi, perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois avant le coup mortel porté aux fermiers le mardi 27 février 2018, quand le parlement sud-africain vota le commencement d’un processus de nationalisation-expropriation sans compensation des 35.000 fermiers blancs.
Résultat, au lieu de se combler, comme l’ANC le promettait en 1994, les inégalités se sont au contraire davantage creusées. Aujourd’hui 75% des familles noires vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quant au chômage, il est officiellement de 30% de la population active alors que les agences indépendantes parlent de plus de 50% avec des pointes à 80% dans certaines régions.
Enfin, chiffre terrible pour tous ceux qui croyaient dans l’avenir de la société « post-raciale » sud-africaine, aujourd’hui, le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994 !!! Ce qui a fait dire à un célèbre chroniqueur noir qu’au rythme auquel se décompose le pays, il va bientôt falloir se décider à en « rendre la direction aux Boers » !!!
Une remarque d’une grande profondeur car le soit disant héritage « négatif » de «l ‘apartheid » a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants sud-africains. Or, aujourd’hui, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela incapable de le prendre de force, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Force est également de constater que, libérée de l’« oppression raciste », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement.
Aujourd’hui, l’ANC n’est plus qu’une coquille vide ayant perdu toute forme idéologique et politique. Fragmenté par une infinité de facteurs, il ne survit plus que comme machine électorale destinée à distribuer des sièges de députés à ses membres. Quant aux masses noires totalement paupérisées, elles constituent un bloc explosif potentiel dont la colère se tournera un jour ou l’autre contre les Blancs qui n’auront plus que le choix entre l’émigration ou le repli vers l’ancienne province du Cap.
Décérébrés par l’auto-culpabilisation, par les glapissements des « décoloniaux » et par le sida mental introduit par la « culture woke » (voir à ce sujet mon livre Pour répondre aux décoloniaux), les chapons gras occidentaux continueront pourtant à se pâmer devant la figure tutélaire de Nelson Mandela, tout en continuant à avoir « les yeux de Chimène » pour le fantasme de la « nation arc-en-ciel ». Ne voyant pas que ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud annonce le futur apocalyptique de l’Europe « multiraciale » préparé par les mondialistes, la Commission de Bruxelles et ce pape tiers-mondiste qui ne cesse d’appeler à l’accueil des « Autres »…
Bernard LUGAN
Source : Le blog officiel de Bernard Lugan
Les intellectuels doublés d’hommes d’action, d’engagement et de terrain tels que Bernard Lugan sont trop rares. Il est même peut-être aujourd’hui le seul. Le même que l’on sait capable d’écrire des ouvrages d’histoire de haut niveau est aussi celui qui, au Ruanda et en pleine émeute, était capable de prendre son colt 45 et d’aller lui-même dégager ses élèves prisonniers dans une université. S’il a déplu et continue de déplaire en Europe – ce qui est tout à son honneur ! – aux nervis gauchistes et mondialistes de la police de la pensée, il a su gagner le respect des élites Africaines qui apprécient plus qu’on ne le pense les blancs sans complexes et qui assument.