La Turquie de celui qui se veut successeur du sultan ottoman, Recep Tayyip Erdogan, poursuit sa politique d’expansionnisme au détriment de ses voisins. Membre de l’OTAN, elle profite pour cela des guerres et dépeçages au Proche-Orient tout en jouant son propre jeu pour ses propres intérêts territoriaux (Syrie, Irak), politiques (contre les Kurdes, Lybie), ethniques et religieux (en faveur de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens d’Artsakh)…
Le grignotage des territoires irakiens
L’année 2020 a été marquée par une intensification progressive des raids turcs en Irak. L’opération « Griffes du Tigre » visait, comme dans la Syrie voisine, à dégager la zone frontalière, en territoire irakien, de toute présence du PKK. Elle a été doublée d’un volet aérien, « Serres d’aigle ».
Mi-avril 2022, une nouvelle offensive terrestre et aérienne transfrontalière contre des combattants kurdes dans le nord de l’Irak, a été annoncée par le ministre turc de la Défense. L’armée turque désormais envoie en première ligne les mercenaires syriens qu’elle a déjà mobilisés en Libye et en Azerbaïdjan (où un dixième d’entre eux ainsi engagés ont trouvé la mort).
Profitant de sa lutte contre les forces kurdes, la Turquie poursuit son lent grignotage des territoires irakiens contrôlés par des indépendantistes en incluant, lentement mais méthodiquement, le terrain vallonné et montagneux du nord de l’Irak dans sa zone de contrôle. Malgré les protestations irakiennes contre la violation de « l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Irak ».
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En effet, le but de l’armée est non seulement de faire reculer les combattants du PKK, mais aussi de s’emparer durablement de ces zones, souligne le quotidien islamo-nationaliste Yeni Safak :
« Auparavant, nous nous contentions de frapper les montagnes puis nous nous retirions, mais désormais la stratégie est fondée sur l’implantation de casernes dans ces zones, afin d’empêcher le PKK de franchir la frontière. »
Les forces armées irakiennes ont elles-aussi lancé une opération pour nettoyer Sinjar. L’objectif officiel est de combattre les terroristes du PKK. En fait, les Kurdes sont petit à petit privés du contrôle de la zone frontalière et évincés des territoires leur apportant une source de revenus (champs d’hydrocarbure).
Aujourd’hui, les Iraniens se sont également joints à leurs voisins : l’artillerie du CGRI a tiré sur des cibles dans l’Est d’Erbil.
L’interventionnisme turc en Syrie
La Turquie a lancé en 2016 une « opération militaire spéciale » appelée « Bouclier de l’Euphrate » (prolongée par les opérations « Rameau d’olivier » et « Source de pais ») profitant de la guerre faite au gouvernement légitime syrien par une coalition hétéroclite d’opposants politiques à Bachar el-Assad, de jihadistes divers et variés et de Kurdes tous excités et soutenus par les forrces atlanto-sionistes.
Il s’agit d’une offensive menée dans le Nord de la Syrie par la Turquie et des groupes rebelles syriens, prétendument contre l’État islamique – mais au profit d’autres groupes jihadistes – et les « Forces démocratiques syriennes » (coalition de groupes armés dominés par les Kurdes)
Après avoir envahie la région d’Afrine, en mars 2018 alors que Donald Trump, estime acquise la victoire contre l’État islamique le président turc Recep Tayyip Erdoğan affiche son intention de mener d’autres offensives contre les FDS. En juin 2018, Washington et Ankara concluent un accord à propos de la région de Manbij, puis s’entendent en août 2019 pour créer une « zone de sécurité » le long de la frontière turque.
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En Syrie, l’objectif du gouvernement légitime syrien de Bachar el-Assad reste toujours de reprendre le contrôle du quart de son territoire occupé par les Kurdes/USA/OTAN ! Malheureusement, la SAA est trop faible pour une telle chose.
La Turquie poursuit donc son expansion sur l’ensemble de sa frontière terrestre et maritime sud, conformément à sa politique historique récente (Syrie, Libye, Irak) ou moins récente (Hatay/Syrie en 1939, Chypre 1974).
Même si elle tente de conserver des relations équilibrées avec la puissance à nouveau montante qu’est la Russie à propos de l’Ukraine, la Turquie reste un allié des atlanto-sionistes et son adhésion à l’Union européenne ne pourrait que renforcer notre soumission aux forces mondialistes. Mais pour le coup les « opérations spéciales turques », que l’on peut qualifier purement et simplement d’invasions, suscitent beaucoup moins d’hystérie chez les occidentaux qui semble prendre plus à cœur le dossier ukrainien…
En résumé la Turquie est un pays qui défend ses intérêts en sachant garder une certaine indépendance par rapport à ses alliés. Il paraît évident qu’elle n’entrera jamais dans l’Union Européenne, car elle est plus proche culturellement de la Russie chrétienne orthodoxe que de l’Europe LGBTo-féministe. Le jour où la France renouera avec ses racines chrétiennes, elle se rapprochera des pays qui ont su conserver au mieux leurs traditions, et appliquera elle aussi une politique conforme à ses intérêts, quelles que soient les critiques de ses adversaires.