Les pays du bloc libéral et atlantiste disent s’inquiéter de voir la Russie recourir éventuellement à l’arme atomique dans la guerre en Ukraine. L’Iran est sévèrement sanctionné depuis des décennies sous prétexte d’empêcher qu’il se dote d’un armement nucléaire. Et en même temps la plupart des pays occidentaux ferment les yeux sur l’arsenal atomique du régime israélien.
L’arsenal nucléaire israélien
Bien que le programme nucléaire israélien soit officiellement destiné à la recherche atomique civile, il est de notoriété publique que l’État d’Israël est secrètement doté d’armes nucléaires : il disposerait de 80 à 300 ogives capables d’être transportées par toute la gamme des vecteurs disponibles : les missiles balistiques Jéricho, les sous-marins (avec missile de croisière) et les avions. Depuis le début de son programme nucléaire, Israël aurait produit de 690 à 950 kilogrammes de plutonium et chaque année entre 10 et 15 nouvelles bombes nucléaire rejoindraient son arsenal.
« L’ambiguïté délibérée » reste la règle quant au nucléaire de l’État sioniste qui poursuit sa politique consistant à ne faire aucune déclaration publique sur son potentiel nucléaire, avec le soutien muet des États-Unis.
En considération de cet arsenal, pourquoi n’y a-t-il que les pays soupçonnés de penchant « anti-israélien » ou « antioccidental » qui devraient s’expliquer sur leurs présumées tentatives d’accéder à l’arme atomique, s’interroge l’agence de presse de la République islamique d’Iran, IRNA, faisant allusion aux soupçons, pressions et sanctions internationales qui frappent le pays :
« Les États-Unis, le Canada et Israël ont été parmi les cinq régimes à voter contre le projet de résolution onusien intitulé « Le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient » qui demandait à Israël de détruire ses armes nucléaires et placer ses installations nucléaires sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique. La résolution a quand même fini par être adoptée par 152 votes positifs et 5, négatifs. »
Il s’agit clairement de la part de ses 5 pays d’une approbation aveugle de l’Entité sioniste, sinon comment se fait-il qu’ils ne réalisent pas le danger de la rhétorique israélienne qui brandit l’utilisation d’armes atomiques sous prétexte d’écarter « des menaces dites « existentielles » ? D’autant que l’arsenal nucléaire de l’Entité sioniste est capable de détruire tout le Proche-Orient mais aussi de frapper bien au-delà.
La possession de cet arsenal est justifié par les soi-disant soucis existentiels qui pourtant, dans le discours des autorités, vont bien au-delà de la menace que feraient peser l’Iran, une coalition de pays arabes ou la résistance palestinienne. En 2015, le Premier ministre de l’époque Benjamin Netanyahu a même prétendu que la campagne « Boycott, désinvestissement et sanction, (BDS) » constituait elle aussi une menace contre l’existence d’Israël…
« Certains diraient que l’existence de l’arsenal atomique israélien s’explique par une peur historique liée au conflit arabo-israélien. Mais c’est là une erreur ; puisqu’on sait qu’Israël a cherché à acquérir l’arme atomique, dès qu’il a achevé le nettoyage ethnique des Palestiniens sur leur territoire ancestral, et bien avant qu’une résistance sérieuse arabe ou palestinienne puisse se concevoir en réaction à cette agression. Ce régime refuse toujours et encore de signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ratifié par 191 pays du monde. »
Selon la revue américaine The National Interest le soutien des États-Unis à Israël ne se limite pas à l’assurer d’une suprématie militaire conventionnelle par rapport à ses voisins régionaux :
« Les États-Unis souhaitent qu’Israël reste l’unique superpuissance régionale, quitte à dispenser ce régime à l’obligation internationale de s’expliquer des mesures prises dans le sens de développement des armes de destructions massives (ADM). »
Le régime de sanctions anti-iraniennes
L’Iran est lui sanctionné depuis des dizaines d’années pour lui tordre le bras et l’empêcher de se doter de la technologie nucléaire.
Depuis 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté un certain nombre de résolutions exigeant que l’Iran cesse d’enrichir de l’uranium à des fins de prolifération nucléaire. Ces résolutions ont progressivement été accompagnées de mesures restrictives destinées à contraindre l’Iran. Alors que certaines restrictions étaient levées en 2016, les États-Unis se sont unilatéralement retirées en mai 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien, rétablissant les sanctions américaines contre l’Iran.
Mais tous ces embargos et restrictions diverses, censées entraver le développement d’armes nucléaires, ont également pour effet d’empêcher l’acquisition de ces technologies pour un usage civil !
« Peu de pays ont subi un aussi grand nombre de sanctions que l’Iran. Pour un certain nombre d’analystes, cette politique a été efficace puisqu’elle aurait obligé les autorités iraniennes à négocier sur leur programme nucléaire. Il convient néanmoins de s’interroger sur cette dite efficacité. Ces sanctions posent problème, notamment celles prises par les Européens, compte tenu de leurs conséquences sur la vie quotidienne de l’ensemble de la population iranienne. En effet, les sanctions bilatérales – américaines et européennes – avaient, la plupart du temps, peu de rapports directs avec le programme nucléaire, l’objectif étant de peser le plus possible sur l’économie du pays. On est donc en droit de s’interroger sur leur caractère éthique. Étaient-elles proportionnelles et ciblées ou s’agissait-il d’une forme de punition collective sans rapport avec la question du nucléaire ? » (Les sanctions contre l’Iran, le choix d’une punition collective contre la société iranienne ?, Thierry Coville, Revue internationale et stratégique 2015/1 n°97)
La prétendue menace nucléaire russe
La Russie n’a jamais utilisé d’armes nucléaires, ni d’ailleurs non plus jamais menacé d’utiliser des armes nucléaires. Le chef du Kremlin a systématiquement réaffirmé la doctrine russe selon laquelle la Russie aurait recours à « tous les systèmes d’armes à sa disposition » si « l’intégrité territoriale de son pays était menacée ». Par ailleurs, la Russie affirme s’en tenir à une politique de « non-utilisation en premier » en ce qui concerne le recours aux armes nucléaires.
Une position confirmée encore récemment au forum de Valdaï, face à l’accusation qui lui est continuellement faîte de vouloir recourir à l’arme nucléaire en Ukraine :
« Nous n’avons pas besoin de faire cela, cela ne sert à rien – ni sur le plan politique, ni sur le plan militaire. Ils [l’Occident] recherchent une sorte d’incident nucléaire pour blâmer la Russie (…) L’objectif de l’agitation d’aujourd’hui autour des menaces nucléaires est très primitif… Ils [l’Occident] recherchent des arguments supplémentaires pour affronter la Russie. »
Malgré cela, les dirigeants du bloc occidental ont plein la bouche d’un « ordre mondial fondé sur des règles » quand il s’agit de tancer la Russie qui est passé à l’acte le 24 février. En oubliant au passage :
- que l’opération militaire spéciale russe a été décidée après le refus catégorique et systématique de ces mêmes Occidentaux de s’assoir à la table des négociations sur le thème des garanties de sécurité collective en Europe réclamées par Vladimir Poutine,
- que la Russie est confrontée depuis 2014 à un pays limitrophe qui s’arme (ou est gavé d’armes), et qui a annoncé (dès avant le 24 février) son intention de rejoindre l’Otan et même de se doter d’un arsenal nucléaire si besoin (L’Ukraine envisagerait de redevenir une puissance nucléaire en cas d’un refus de son adhésion à l’Otan, Opex360.com, 16 avril 2021 et Zelensky: Ukraine may reconsider its nuclear status, Uawire.org, 19 février 2022)
« Pour nous, la guerre a commencé au printemps 2014. Dès 2014, des militaires canadiens et britanniques formaient des Ukrainiens. » (Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, au sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Otan du 30 novembre 2022, à Bucarest).
En considération de ce refus de toute discussion avec la Russie, du régime de sanctions anti-iraniennes de longue date en comparaison de l’aveuglement volontaire sur l’arsenal nucléaire de l’Entité sioniste, leur « ordre mondial fondé sur des règles » apparait de plus en plus au grand jour pour ce qu’il est réellement : une vaste hypocrisie destinée à couvrir depuis trop longtemps l’hégémonisme unilatéral des États-Unis sur les affaires du monde.
Sachant que les armes nucléaires ne sont pas des armes de dissuasion, mais d’extermination.
Vladimir Poutine : la menace d’une guerre nucléaire «grandit de plus en plus»
7 déc. 2022, 19:06
https://francais.rt.com/international/102890-poutine-menace-d-guerre-nucleaire-grandit-de-plus-en-plus
Le chef d’Etat russe a évoqué, ce 7 décembre, la menace globale d’un conflit nucléaire. Estimant que les risques d’une telle guerre prenaient de l’ampleur, le dirigeant a tenu à souligner que la stratégie de Moscou en la matière était défensive. Si la menace d’une guerre nucléaire «grandit de plus en plus» selon Vladimir Poutine, la doctrine russe en matière d’usage de l’arme atomique n’a elle pas changé. S’exprimant ce 7 décembre lors d’une réunion du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l’homme, le président russe a ainsi déclaré : «Notre stratégie d’emploi des moyens de protection – et c’est justement comme protection que nous considérons les armes de destruction massive, les armes nucléaires – est centrée autour de ce que l’on appelle la « frappe de réponse en représailles ». C’est-à-dire que si une frappe est effectuée contre nous, nous répondons.»
«Nous ne sommes pas fous, nous nous rendons compte de ce qu’est l’arme nucléaire», a également déclaré le dirigeant, affirmant que la Russie disposait des moyens les «plus modernes et avancés» parmi les puissances nucléaires. Cet arsenal constitue «un facteur naturellement dissuasif», selon Vladimir Poutine, et non un élément «provoquant un élargissement du conflit» en Ukraine. Le chef d’Etat a en outre rappelé que la Russie, contrairement aux Etats-Unis, ne déployait pas son arsenal nucléaire sur le territoire de pays étrangers : «Ce dont tout le monde parle maintenant, ce sont ce que l’on appelle les armes nucléaires tactiques. Elles se trouvent en grande quantité, les armes nucléaires américaines, sur le territoire européen. Nous n’avons transmis nos armes nucléaires à personne et ne le ferons pas. Mais nous allons évidemment défendre nos alliés et nous le ferons avec tous les moyens que nous avons, au cas où ce serait nécessaire.»
Depuis le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine – que Kiev et ses alliés dénoncent comme une guerre d’invasion –, les hauts responsables russes ont rappelé à plusieurs reprises que la doctrine nucléaire de leur pays était orientée vers sa protection. Ainsi, début octobre, le chef de la diplomatie russe avait souligné que la politique de la Russie en matière de dissuasion nucléaire «présentait un caractère exclusivement défensif». Quelques mois plus tôt, fin mars, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait affirmé que la Russie n’utiliserait l’arme nucléaire en Ukraine qu’en cas de «menace existentielle» contre la Russie.
Sivkov a révélé les raisons du déclenchement possible de la troisième guerre mondiale
Les contradictions de nature mondiale, qui pourraient provoquer une troisième guerre mondiale, ont mûri en quantité suffisante. Cela a été rapporté par l’expert militaire Konstantin Sivkov.
Dans une interview pour la publication « Affaires militaires », il a souligné que les contradictions d’aujourd’hui sont plus globales et graves que celles qui ont causé les deux guerres mondiales précédentes. La première raison est la mondialisation et l’émergence d’acteurs transnationaux. Ces processus sont devenus une contradiction avec la souveraineté des États, car ils affectent la capacité des autorités à contrôler la situation sur leurs territoires, a expliqué Sivkov.
« Ce sont ces tendances qui forment le système de menaces qui sous-tendent l’émergence de nouveaux conflits et qui constituent une base objective pour la troisième guerre mondiale », a souligné Sivkov.
Il a ajouté que ces conflits donnent lieu à une crise mondiale. En outre, une autre raison de la troisième guerre mondiale est la surpopulation de certaines régions et la faible population d’autres.