La minute de silence, une tradition maçonnique
Le premier exemple connu d’hommage rendu sous forme de temps de silence a été donné par le Portugal à la suite de la mort du baron de Rio Branco, survenue le 10 février 1912. Ministre brésilien des Affaires étrangères, il avait été en 1910 l’un des premiers hommes d’État à reconnaître la République portugaise. Le 13 février, la séance du Parlement portugais fut suspendue une demi-heure, comme il était d’usage ; l’innovation vint des sénateurs, le lendemain, qui restèrent à leurs sièges pour observer dix minutes de silence. Avec le temps, les dix minutes sont passées à cinq, puis à une minute, jusqu’à nos jours.
La proclamation de la République portugaise est le résultat du coup d’État organisé par le Parti républicain portugais.
Plus connue sous le nom de Révolution du 5 octobre 1910, elle met fin à la monarchie constitutionnelle et installe un régime républicain au Portugal.
Parmi les nombreux changements portés par la République, soulignons celui des symboles nationaux que sont l’hymne et le drapeau, toujours en vigueur depuis.
L’autre composante très forte de l’idéologie républicaine est l’anticléricalisme, théorisé par Teófilo Braga : leurs discours associent religion avec retard scientifique et opposition au progrès, alors que la république serait associée avec science et progrès.
En France le gouvernement de la très maçonnique IIIe République a adopté très vite cette nouvelle coutume.
Le 25 octobre 1919, à la veille du premier anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, est votée une loi par le Parlement relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre, promulguée par le président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères Raymond Poincaré. Cette loi est à l’origine de la minute de silence, pratiquée pour la première fois le 11 novembre 1922.
Auparavant, on sonnait les cloches, on tirait le canon… Et on priait !
L’appel aux morts, une tradition héroïque !
En France, les nationalistes ont adopté une coutume différente, qui est celle de l’appel aux morts : leur nom est appelé et chacun répond alors « présent ! »
Cette tradition de l’appel aux morts nous vient de la guerre de sécession, et plus précisément de la bataille de New Market, livrée le 15 mai 1864, en Virginie lors des campagnes de la vallée 1864. Une armée confédérée de fortune de 4 100 hommes, qui comprend notamment des cadets de l’institut militaire de Virginie (VMI), écrase les 8 000 hommes du général de l’Union Franz Sigel et l’oblige, avec les restes de son armée à quitter la vallée de la Shenandoah.
Le sort de cette bataille fut décidé par une charge des cadets les plus âgés, de 15 à 18 ans, à la baïonnette, tandis que les plus jeunes, de 11 à 15 ans, empêchaient par un feu roulant soutenu toute manœuvre de renforcement des troupes fédérales.
La cérémonie de la journée de New Market est une commémoration annuelle qui se déroule à la VMI devant le monument Virginia Mourning Her Dead, un monument à la mémoire du corps de New Market, sculpté par Cavaliere Ritter von Ézéchiel, de la promotion 1866 de la VMI, qui est un ancien combattant de la bataille. Les noms de tous les élèves-officiers du corps de 1864 sont inscrits sur le monument, et six des élèves officiers qui sont morts dans la bataille sont enterrés à cet endroit.
La cérémonie comprend l’appel des noms des élèves qui ont perdu leur vie à New Market depuis 1887. Alors que le nom de chaque cadet mort est appelé, un représentant de la même compagnie dans le corps actuel répond, « Mort au champ d’honneur, Monsieur ».
Une prière est alors dite publiquement pour le repos des âmes des jeunes héros, puis trois salves d’honneur sont tirées par les cadets de la garde d’honneur, suivies par une sonnerie au mort jouée sur le terrain de parade. Le point culminant de cette cérémonie est le défilé de l’ensemble du corps devant Virginia Mourning Her Dead, drapeau confédéré et drapeau des cadets flottants en tête de la troupe.
Cette coutume fut rapportée et popularisée en France par Camille Armand Jules Marie de Polignac, né le 16 février 1832 à Millemont (Seine-et-Oise) et décédé le 15 novembre 1913 à Paris (Seine), un aristocrate et militaire français qui combattit dans l’armée des États confédérés lors de la guerre de Sécession. Il termina la guerre au grade de major général. Il fut l’un des rares généraux français de cette guerre, quelquefois surnommé le « Lafayette of the South »(La Fayette du Sud).
N.B. : en illustration de tête de l’article se trouve la photo des Soeurs Unies de la Confédération déposant une couronne et brandissant un drapeau de la Confédération au Mémorial confédéré en 1922.