Comme énoncé dans le titre, cet article traitera de l’esclavage dans le Sud de l’Amérique avant la guerre de sécession. Rappelons pour faire court qu’à l’époque, le Nord et le Sud de l’Amérique étaient deux sociétés bien distinctes de part leurs cultures. Le Sud était plus agricole alors que le Nord penchait pour l’industrie.
Loin de moi l’idée de justifier l’esclavage ici. Cet article pourra, à première vue, vous paraître très partisan et il l’est surement dans le seul et unique but de contre-carré la propagande dont nous sommes gavés depuis des siècles à ce sujet . Rien n’est jamais tout blanc, rien n’est jamais tout noir mais le tout fait l’histoire.
Voici le contexte. Les Etats du Sud de l’Amérique ont un climat qui permet la culture de coton. C’est un marché porteur à l’époque et ces derniers se développent grâce à cela. Les principaux ouvriers de la culture du coton sont des esclaves noirs. Les Etats du Nord de l’Amérique n’ont pas un climat assez chaud pour pouvoir faire pousser le coton mais ils ont l’avantage de détenir les ports maritimes principaux par lesquels le coton transit presque obligatoirement pour aller en Europe. C’est ainsi que les Etats du Nord (principalement des financiers et autres hommes d’affaire) récupèrent leur bénéfice, qui est de l’ordre de 40 à 50% du bénéfice total, sur le marché du coton. Les Etats du Sud, visant une plus grande autonomie et voulant profiter plus entièrement du fruit de leur labeur, décident de construire leurs propres ports maritimes afin que le coton ne passe plus par le Nord. Bien évidemment, le Nord ne l’entend pas de cette oreille. Les Etats du Sud finiront par demander une sécession et c’est ainsi que commencera le conflit qui donnera naissance à la fameuse guerre de sécession. Comme nous le savons tous, dans une guerre tout est bon pour affaiblir l’ennemi. Pour les Etats du Nord, cela devra nécessairement passer par l’abolition de l’esclavage.
Pour enflammer votre curiosité, commençons par un argument choc qui, j’en suis certain, est presque inconnu du grand public.
En 1816, une certaine association répondant au nom de »American Colonial Society » fut créée par des planteurs de Virginie, du Maryland et du Kentucky afin de rapatrier les Noirs en Afrique. Pour cela, la Société créa, sur les côte occidentale de l’Afrique le territoire du Liberia. A cette occasion, le Congrès vota une subvention de 100 000 dollars. De gros efforts financiers furent injectés afin que ce projet soit une réussite. Le président de la société, un neveu de George Washington ne ménagea pas ses efforts non plus. Une somme astronomique de 1 806 000 dollars sera dépensée au total pour transporter au Liberia 10 500 esclaves affranchis… moins que le chiffre des naissances de la population servile en un mois. Pourquoi cet échec ? Une des causes principale est la répugnance des Noirs à retourner en Afrique. Les affranchis veulent jouir de leur liberté en Amérique et les esclaves, quant à eux, préfèrent leur condition servile en Amérique que l’imprévu africain.
Voila. Tout est dit. Merci et au revoir… Non je déconne ! J’en ai encore pas mal sous la semelle !
Petite cerise sur le gâteau d’immondices, on me souffle dans l’oreillette que le Liberia deviendra une république indépendante en 1847. Les anciens esclaves ne trouveront rien de mieux à faire que de réduire les autochtones en esclavage durant tout le XXe siècle. Cocasse… n’est-ce pas ?
Rappelons également que la grande majorité des blancs du Sud de l’Amérique ne se sentaient pas directement concernés par l’esclavage. En effet, sur les 1 800 000 familles que contient le Sud, seules 350 000 détiennent des esclaves et moins de 2000 familles emploient plus de 100 esclaves.
Penchons nous à présent sur une étude établie par deux professeurs de la Rochester University en 1974. Celle-ci aurait une fâcheuse tendance à casser les préjugés et les modifier en profondeur. Pour cela, les deux éminents professeurs auraient utilisés les techniques de l’économétrie. Cette étude concerne 250 000 esclaves. Une fois les données traitées et analysées les résultats nous dévoilent que l’esclavage n’était pas du tout le système économique périmé et inefficace que l’on a voulu nous faire croire.
Au contraire, toujours selon cette étude, il semblerait que celui-ci serait une industrie de pointe pour l’époque. L’agriculture pratiquée par les esclaves était plus rentable de 35% que l’agriculture dite »libre ». Concernant le sort des esclaves, l’étude nous démontre que les familles n’étaient pas systématiquement séparées par les marchands. Au contraire, les propriétaires d’esclaves trouvaient un intérêt économique à garder ces familles unies et veiller à leur bonne tenue morale. Les esclaves n’étaient pas forcés de travailler jusqu’à l’épuisement. Ils étaient plutôt bien nourris, bien logés et bien habillés. Soyons honnêtes ! Cela était moins par charité qu’en raison de leur rôle essentiel dans la production, mais tout de même…
Petite parenthèse. Et vous aujourd’hui ? Pensez-vous que votre patron vous paye 1200 euros par simple charité ou par intérêt ? Ne creusons pas plus cette petite question déprimante ici et refermons la parenthèse.
Parait-il que l’ouvrage de cette étude aurait provoqué une vague de vives réactions . Tiens donc ! L’un des deux auteurs, le professeur Fogel, lui-même marié à une noire, regrette ces attaques et s’exprime en ces termes : ‘‘ J’ai écris ce livre non pas pour approuver ou justifier quoi que ce soit mais juste pour remettre le sens de l’histoire à l’endroit. »
Alors oui bien sur, nous trouverons toujours des exemples isolés qui nous démontrerons le contraire. Le but étant toujours de garder une vue d’ensemble. Ce que ne fait pas le système actuel.
Le moment est venu de vous citer le professeur Woodward, spécialiste de l’histoire du Sud à l’Université de Yale (Nord) qui déclarait pour défendre les deux professeurs auteurs de cette étude :
» L’historien traditionnel se base surtout sur des expériences individuelles, qui sont vraies mais qui peuvent fausser l’image d’ensemble. C’est ainsi que, pour cet historien qui réprouve comme tout le monde l’esclavage, c’est un réflexe tout naturel de sélectionner des exemples d’horribles expériences subies par des esclaves isolés et ensuite généraliser. »
Aventurons nous maintenant, en comparaison, au sort qui fut réservé aux ouvriers blancs vivants dans des pays industrialisés de cette même époque (Au Nord de l’Amérique ainsi qu’en Europe Occidentale). Les sort de ces derniers était-il réellement plus enviable que les pauvres esclaves noirs ? N’oublions pas que nous parlons d’une époque où régnait une grande misère ouvrière avec son lot de salaires dérisoires, ses grèves, ses émeutes et ses insurrections.
Ne serait-ce qu’en France, pour ne citer que cet exemple, l’enquête de Villermé (1840) nous révèle que les enfants de 6 à 8 ans devaient travailler une moyenne de 17 heures par jours en position debout. Ils sont souvent mal nourris, mal habillés et obligés de parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail. Le taux de mortalité infantile est horrifiante.
A cette époque le capitalisme ne prévoyait rien pour la vieillesse, ni pour les dépenses de maladies et trop peu pour les vêtements. L’ouvrier en est réduit à compter sur quelques charités hasardeuses, privées ou publiques. Alors que de son côté, le maitre d’esclaves avait également des responsabilités et des devoirs que l’employeur n’avait pas envers son employé : le nourrir, le loger, le vêtir, le soigner, veiller sur sa vieillesse…
» En France, plus de la moitié des ouvriers sont plus malheureux que les nègres. Et si l’on ne peut faire davantage pour eux, il faudrait permettre à tous ceux qui méritent l’intérêt par leur bonne conduite, leur pauvreté et leur amour du travail, de passer nègre en forme de récompense et d’encouragement. » – Alphonse Karr, 1845.
Un avocat, Fitzhugh, dans son ouvrage » Sociology for the South, or the failure of free society (1854) », affirme également que l’esclave jouit d’une sécurité que n’a pas l’ouvrier. Il y voit même une forme plus ou moins accomplie du socialisme. Il justifie l’esclavage en soi, sans aucune distinction de races. Cette sorte de théorie du socialisme autoritaire n’est pas si éloignée de la réalité qu’édifieront au siècle suivant certains régimes à racines communistes. Rajoutez une forte dose de bureaucratie ainsi qu’une grosse pelleté d’aristocratie apatride… Vous avez compris.
Citons maintenant quelques témoignages pour le moins stupéfiants allant en faveur de l’esclavage. Voici celui de Révérend Thomas R. Dew, dont son œuvre (Pro Slavery argument, 1832) constitue le premier traité théorique en faveur l’esclavage.
» Ici, dans le Sud, le seul signe distinctif, la véritable marque d’aristocratie est la couleur, et tous ceux qui sont blancs sont égaux malgré la diversité de leurs occupations. Le blanc le plus pauvre se considère comme étant presque au même niveau que le plus riche et, enhardi par cette idée, aborde son employeur en lui tendant la main avec une liberté qu’en Europe les hommes des ordres inférieurs montrent rarement vis-à-vis de leurs supérieurs. Et c’est cet état d’esprit d’égalité qui crée et maintient le véritable esprit de liberté. »
Prenons maintenant le témoignage que fit le Prince Achille Murat :
» L’esclavage vu de loin à une toute autre physionomie que vu de près. Ce que la loi a de dur est adouci par l’usage. Les abus s’entre-détruisent et ce qui est horrible et monstrueux en théorie devient parfaitement tolérable en pratique. »
Témoignage intéressant fait par ce Prince. Peut-être pouvons nous établir une comparaison entre ce qu’il dit et l’enseignement que nous avons nous même reçu à ce sujet. Peut-être que ce que l’on nous a appris est bien plus horrible que ce qui a pu réellement se passer également… Ou peut-être pas.
Un voyageur écossais, Charles Mckay, qui séjourna dans le Nord comme dans le Sud de l’Amérique avant la guerre de Sécession, nous raconte dans son ouvrage (Life and liberty in America, 1859) :
» Dans le Sud, le propriétaire d’esclaves ne semble pas avoir la moindre objection à se trouver tout près de n’importe quel Noir, jeune ou vieux, homme ou femme. En revanche, les hommes du Nord qui parlent tant de liberté et d ‘égalité politique retroussent dédaigneusement les lèvres à la moindre possibilité de contact avec un africain. Dans le Sud, le Noir peut sans scandale prendre l’omnibus, son voisinage n’effraie ni ne dégoute les Blancs. Quant à l’esclave fidèle, il reçoit le titre familier et affectueux d’ « Oncle » ou de « Tante ». Si les Etats du Nord et leurs habitants témoignaient aux Noirs la moitié ou le quart de la bienveillance sociale qui leur est témoignée dans le Sud, le problème de l’esclavage serait grandement simplifié. Mais étant donné que les habitants du Nord parlent des droits politiques du Noir tout en l’opprimant ou le rabaissant socialement, leurs discours anti-esclavagistes ont un relent d’hypocrisie et de fausseté. Ainsi la question de l’abolition de l’esclavage se trouve-t-elle privée de l’élégance, de la force et de l’élan que donne une conviction absolument sincère et intransigeante. »
Ici, Charles McKay a absolument bien résumé la situation. Tout est dit. Ceux aujourd’hui, qui organisent ou cautionnent l’invasion de notre territoire tout en prenant soin de vivre à l’abri de celle-ci sont, à n’en point s’y tromper, du même acabit.
Dernier petit témoignage, plein de sens, celui de Carlyle. Grinçant ! :
» Le Sud dit au Négro : Sois esclave, mais que Dieu te bénisse ! Alors que le Nord grommelle : Sois libre, mais que le diable t’emporte ! ».
J’ose espérer que vous ressortirez de cette lecture avec une opinion au curseur légèrement déplacé. Il n’est pas question de cautionner l’esclavage ici, juste d’analyser l’histoire avec des faits nouveaux. Il est clair que l’esclavagisme pratiqué par les Etats du Sud nous scandalise car nous sommes des hommes de notre époque biberonnés par des histoires comme »La case de l’Oncle Tom » qui, soit dit en passant, fut écrit par une américaine du Nord. Nous avons été éduqués par les films d’Hollywood écrits par les vainqueurs de la guerre de sécession. Ceux-ci prenant souvent des cas isolés tout en appelant à les généraliser. L’histoire est écrite par les vainqueurs, hors nous savons bien qui a gagné la guerre de sécession.
Le but ici, est juste de comprendre qu’en réalité, il n’y a pas que des méchants esclavagistes comme il n’y a pas que des bons abolitionnistes. Il n’y a que des hommes, vivants à leur époque, avec leurs mœurs, leur culture, leurs intérêts. Il faut comprendre qu’à l’époque, avoir des esclaves n’était pas considéré comme indécent voir démoniaque. Le gagnant gagnait le droit d’avoir des esclaves et le perdant devenait esclave. C’était une loi universelle acceptée et assimilée par tous, y comprit les Africains eux-mêmes. Alors certes, il n’est jamais facile d’être dans la peau du perdant et tous les hommes ont toujours souhaités se retrouver dans la peau du gagnant. La nature est ainsi faite.
Le plus important pour nous étant de garder un esprit critique et surtout dépassionné sur l’histoire partisane que nous a raconté Fernand Nathan durant toute notre enfance.
Pour finir penchons nous sur un écrit de l’ancien président abolitionniste des Etats-Unis, tant aimé, admiré et cité en exemple par tous les humanistes adeptes de liberté, d’égalité parfaite ainsi que de vivre-ensemble. Ces mêmes politiciens, professeurs d’écoles ou autres fonctionnaires bien planqués derrière leur bureau, œuvrant corps et âme pour que le monde entier se prenne par la main sans aucune distinction et chante les bienfaits de la démocratie républicaine autour d’une bonne guillotine progressiste.
» Il y a un dégout naturel de presque tous les blancs à l’idée d’un mélange sans discrimination des races blanches et noires. Je proteste contre la logique qui conclut que si je ne veux pas d’une femme noire pour esclave, c’est que je la veux nécessairement pour épouse. Je n’ai besoin ni de l’une ni de l’autre ! A certains égards, elle n’est certainement pas mon égale. La séparation des races est la seule manière parfaite de prévenir l’amalgame. » – Abraham Lincoln, 1857.
Comme nous affirmerait un certain vieux dinosaure, ceci est un détail de l’histoire, n’est-ce pas ? Auquel je rajouterai que l’histoire est faite d’une succession de détails.
Pour l’honneur camarades !
superbe article, bravo à vous.
Merci !
Dans le même ordre d’idée, selon Alphonse TOUSSENEL, le discrédit porté sur l’esclavage dans le monde occidental provient des britanniques : ils avaient l’intention d’implanter la culture de la canne à sucre dans les indes qui alors était une de leurs colonies (à l’époque le sucre était un produit de luxe). Il leur fallait donc discréditer la production caraïbéenne. Et c’est vrai qu’actuellement, tous ces produits qui viennent de pays à très bas salaires, si ce n’est pas de l’esclavage, cela y ressemble un petit peu quand même.
J’ai lu « le Blanc soleil des vaincus » de Dominique Venner qui est un superbe bouquin. L’impression que ce bouquin m’avait donné ce que les Noirs étaient heureux et n’étaient pas exploités de façon inhumaine. C’est suite à la guerre de Sécession que les choses se sont envenimées de façon irréparables.
Bien vu ! Je me suis pas mal appuyé sur cet excellent livre pour la rédaction de cet article.