Poutine a-t-il été « Young Global Leaders » ? Les rares références que l’on trouve renvoient presque toutes à une entrevue ou une conférence de 2019, au Costa Rica, dans laquelle Klaus Schwab liste Tony Blair, Angela Merkel et Vladimir Poutine comme anciens cooptés du programme des « Young Global Leaders » du « Forum Économique Mondial » de Davos.
C’est mince, mais pourquoi pas.
La vraie question n’est pas de savoir s’il a été Young Global Leaders, mais plutôt, et si tant est qu’il l’ait été :
- était-ce par conviction ou par opportunisme ?
- a-t-il évolué depuis ?
- endosse-t-il toujours le projet ?
Parce que parfois les hommes évoluent, spontanément ou sous le poids des événements. Pensons à Mitterrand, débutant dans les rangs de l’AF maurassienne, poursuivant dans les arcanes ministérielles de Vichy, se recyclant chez les anti-gaullistes après-guerre puis les socialistes, jetant aux orties l’idéal de justice sociale du projet socialiste en arrivant au pouvoir, et finissant par intégrer la France au projet européiste fédéraliste, étape du mondialisme à visage capitaliste…
Concernant Poutine, une clef réside peut-être là : pourquoi les mondialistes tiennent-ils autant, et depuis si longtemps, à ce que l’OTAN avance à l’Est en Europe et absorbe l’Ukraine ? La toute première révolution orange a eu lieu… en Ukraine… en 2004. Alors que l’Union soviétique, obstacle majeur au projet mondialiste d’unification et de gouvernance mondiale – parce que structure communiste clivante et irréconciliable avec le monde non-communiste -, cette URSS n’existe plus depuis 1991 ?
Après quelques années de son accession au pouvoir en 1999, Poutine ne se serait-il pas aperçu que le projet mondialiste suppose, au-delà de la fin du projet soviétique, le démantèlement de la Fédération de Russie ? C’est-à-dire sa « décolonisation » comme ils disent : sa fragmentation en entités étatiques nombreuses, faibles, concurrentes donc inoffensives, manipulables et exploitables comme les mondialistes savent le faire avec les petits pays ?
Plus que le contenu lui-même du projet (faire « sauter le verrou des nations » pour la gouvernance globale des peuples avec contrôle poussé des individus tracés partout et tout le temps numériquement…), n’est-ce pas la volonté persistante de démantèlement de la Russie qui aurait conduit Poutine à descendre en marche du train mondialiste ?
Alors ? Poutine, stalinien ? Crypto communiste ? Nostalgique de l’URSS ? Poutine, orthodoxe ? Homophobe ? Nostalgique de l’empire tsariste ? Poutine, se découvrant une ascendance juive ? Ami de Netanyahou ? Sioniste ? Marionnette des Loubavitch ? Ami du Hamas, des Talibans, de l’Iran ? De la Corée du Nord et de la Chine ? Poutine, antifachiste ? Poutine, Young Global Leader ? Sorossien caché ? Poutine, côté face du projet mondialiste ?
N’en jetez plus. Quel que soit le camp auquel on appartienne, on peut toujours picorer et lancer en l’air l’une ou l’autre de ces assertions de la liste…
Il est vain de vouloir entrer dans la tête de Poutine (ou de qui que ce soit d’autre d’ailleurs), ou encore de vouloir déceler ses prétendues affiliations cachées ; du moins jusqu’à ce qu’il publie éventuellement des mémoires. Il faudra donc se contenter de ses paroles et surtout de ses actes.
Que reste-t-il finalement ? La seule appartenance qu’on ne lui prête pas beaucoup : Poutine, Russe tout simplement ?
Car on se doute bien, malgré tout, en toute rigueur doctrinale, que Poutine n’est pas un « nationaliste » au sens où nous nous qualifions nous-mêmes de nationaliste français. C’est une évidence, nous le voyons depuis longtemps. Il a semble-t-il, pendant les premières années de son mandat de président de la Fédération de Russie, tenter « d’amadouer » les Occidentaux, voire tenter d’intégrer la Russie au « Nouvel Ordre Mondial », avec la main tendue à l’OTAN.
Mais l’Occident lui a craché dans la main, c’est peut-être leur énorme erreur stratégique. Et depuis lors, Poutine rend la monnaie de la pièce en mettant des bâtons dans les roues des projets des Occidentaux quand ça l’arrange et/ou quand c’est vital pour la Russie (Géorgie, Syrie, Iran, Ukraine…).
À nous de soutenir quand ça nous arrange, de prendre ce qu’il y a à prendre, quand nos intérêts ou nos analyses convergent, avec toutes les nuances et les objections particulières que l’on voudra :
- comme dans son projet de « multipolarité » qui a vraisemblablement bouleversé l’ordre mondial que nous connaissons, issu de 1945 (« l’ordre mondial fondé sur des règles ») et peut-être pour longtemps,
- ou comme dans la promotion des valeurs traditionnelles qu’il a enclenchée – dont les résultats seront de toute façon longs à se faire jour mais qui constitue déjà une vitrine, un exemple d’une politique possible, de projet alternatif à la dégénérescence imposée aux peuples européens,
- ou comme dans son système de gouvernement, certes profondément marqué de l’héritage tsariste et soviétique, mais qui constitue aussi l’affichage d’un projet alternatif au système « démocratique libéral » qui nous est imposé,
- ou comme dans sa défense du pré carré russe, y compris par des engagements militaires, qui est encore une exemple de politique alternative à celle des pays européens qui laissent piétiner leurs intérêts partout (certes, là-dessus, les États-Unis sont aussi un exemple d’interventionnisme armé, et c’est bien ce qui a délié les mains de Poutine. Ce que les États-Unis font depuis des dizaines d’années, la Russie peut se le permettre aussi. C’est sans doute le raisonnement de Poutine et ça change la donne mondiale que les Américains n’aient plus le monopole de l’engagement militaire à l’extérieur).
Ce qui importe est de montrer aux masses, et parmi elles à ceux qui réfléchissent encore, qu’il y a une autre voie viable possible, une alternative au système démo-libéral atlanto-sioniste, et que sur cette voie, il y a nous. Pour la France et pour la civilisation européenne et chrétienne !