1961 : les « opérations de maintien de l’ordre » durent maintenant depuis 7 ans dans les trois départements d’Algérie. Métropolitains, Français d’Algérie, supplétifs, 24 600 militaires français ont déjà perdu la vie pour défendre le territoire dans la France et le million d’Européens qui y sont installés depuis cent trente années. Alors même que la victoire sur le terrain semble acquise et qu’il n’a cessé de tenir le discours contraire jusqu’ici, il apparaît dorénavant clairement que le général De Gaulle va donner son indépendance à l’Algérie.
Coup de tonnerre historique. La réaction des militaires engagés dans ce conflit est atypique : au regard de ce qu’ils considèrent comme une trahison, 4 généraux parmi les plus décorés de l’armée française, Challe, Jouhaud, Zeller, Salan, basés à Alger, entrent en dissidence et entraînent une partie de l’armée avec eux.
Bientôt ils unissent leurs forces à celles des commandos civils dispersés qui, depuis 1956, pratiquent le contre-terrorisme contre le Front de libération nationale algérien (FLN) et leurs partisans. C’est l’Organisation Armée Secrète.
L’organisation avait été créée à Madrid, après l’échec de la semaine des barricades, avec notamment Pierre Lagaillarde, ralliée donc par la suite par des militaires de haut rang, dont Salan.
Le sigle « OAS » apparaît sur les murs d’Alger le 16 mars 1961, et se répand ensuite en Algérie et en métropole, lié à divers slogans comme « L’Algérie est française et le restera », « OAS vaincra », « l’OAS frappe où elle veut et quand elle veut ».
Le général de Gaulle engage la répression contre l’OAS. Mais jusqu’à la signature des accords d’Évian, il se garde d’utiliser l’armée contre elle, sachant que de nombreux officiers lui sont favorables. Il préfère mobiliser la police et des officines occultes, les « barbouzes »…
Sur l’échec de l’OAS, témoignage :
Le sigle OAS (Organisation armée secrète) est né à Madrid, en février 1961, d’un groupe d’exilés politiques; il sera popularisé en Algérie et partout ensuite à partir de mai 1961, après l’échec d’un sursaut militaire connu sous le nom de « putsch des généraux ». Il recouvre indifféremment pour le public l’ensemble des activités attribuées aux partisans de l’Algérie française, pendant toute la période qui s’achève début juillet 1962, tant en Algérie qu’en France métropolitaine. L’autorité nominale appartenait au général Raoul Salan, ancien commandant en chef en Indochine et en Algérie, l’officier le plus décoré de l’Armée française y compris de l’ordre national de la Francisque, contraint du fait de sa haute personnalité à l’immobilisation dans un lieu tenu secret à Alger, où il vivait en famille, pratiquement isolé.
En fait, celui qui régnait en maître sur l’OAS officielle était Jean-Jacques Susini, étudiant en médecine né en 1933, ancien adhérent du mouvement Jeune nation à Lyon avant 1958, mais sans être militant ; dirigeant du Front national français avec Joseph Ortiz jusqu’aux « Barricades d’Alger » en janvier 1960, et désormais responsable de la branche Action politique et propagande. En compagnie de sa maîtresse et de son garde du corps, un boxeur d’origine juive tunisienne qu’il fera disparaître à la fin, il dominait intellectuellement un « soviet de capitaines », qui lui servait d’instrument et d’intermédiaire pour la mise en application de ses méthodes personnelles, tenant plus d’une sorte de gangstérisme citadin que des nécessités d’une action politique nationale, réfléchie et partagée. De cela, un de ses soucis majeurs était d’entraver le développement de l’OAS en Métropole, qui seul pouvait apporter un « poumon extérieur » permettant de l’emporter sur l’imposture gaullienne, mais l’aurait lui réduit à échéance à un rôle bien inférieur.
L’envoi du capitaine Pierre Sergent à Paris répondait à cette hantise, à charge pour celui-ci, à la tête de la Mission II, de faire appliquer une « politique de non-action », trouvant son prétexte dans le souci de ne pas laisser discréditer l’OAS auprès de politiciens métropolitains « indépendants » ou « socialistes » hostiles à De Gaulle pour bien d’autres raisons que sa seule politique algérienne. Dans la pratique, ne disposant pour toute la France que d’une demi-douzaine d’officiers subalternes « en rupture de régiment », n’ayant de contacts restreints qu’auprès de quelques littérateurs et journalistes, ou de rares politiciens bien dans le « Système » – plumitifs et discoureurs sans audience réelle –, le rôle du « chef d’État-Major de l’organisation armée secrète métropolitaine » se trouva réduit à s’opposer d’abord au colonel Antoine Argoud, puis à André Canal, responsable de la Mission III, tout en voulant ignorer les réseaux déjà constitués, les plus nombreux, les plus motivés, les plus actifs. La priorité était donnée à l’envoi postal de « messages aux parlementaires » pour leur faire savoir que le but de l’OAS était plutôt de contraindre De Gaulle à reculer ou à se retirer légalement, sans avoir recours en Métropole à des actes « révolutionnaires ». D’où le rejet par voie de presse de toute responsabilité dans l’attentat raté de justesse contre De Gaulle, à Pont-sur-Seine, dans l’Aube, le 8 septembre 1961, dont l’organisateur était déjà le colonel Bastien-Thiry, sous le pseudonyme de « Germain », exécuté par des éléments ignorés de l’embryon de hiérarchie OAS « respectable » mise en place en Métropole.
À ce sujet, il est très important de noter que délibérément aucune initiative ne fut jamais prise par l’OAS sous la coupe de Jean-Jacques Susini pouvant aboutir à une disparition provoquée de De Gaulle, ce qui aurait tout changé. Tous les attentats tentés contre celui-ci furent l’œuvre de patriotes exacerbés par l’impunité de sa politique algérienne ; ils ne reçurent jamais ni instructions, ni subsides, ni moyens techniques, ni approbations en ce sens. Précédemment, du 9 au 13 décembre 1960, dix mois après les « Barricades » et quatre mois avant le « Putsch », De Gaulle avait parcouru une nouvelle fois l’Algérie, sans la moindre tentative contre sa personne, alors que la conservation des départements algériens et du Sahara français était à cette condition, avant d’autres.
La rencontre de Jean-Jacques Susini avec les représentants du FLN algérien, dès le mois de mai 1962, la mansuétude dont il a bénéficié extraordinairement de la part des autorités judiciaires gaullistes, notamment après l’assassinat du colonel Gorel, ancien trésorier de l’OAS, explique son silence obligé depuis.
La dérive de l’OAS et son échec sont à mettre à son compte, sans oublier la responsabilité de ceux qui l’ont laissé faire ou aidé à mal faire. L’assassinat de mon ami du mouvement Jeune nation Michel Leroy, chef du Front nationaliste, ainsi que de son adjoint René Villard le 19 janvier 1962 à Alger, lui sont directement imputable. Le crime contre la nation que fut la neutralisation voulue de l’OAS métropolitaine « officielle » est principalement à sa charge. L’Histoire de l’OAS parue sous sa signature en 1963, rédigée et publiée au sein de l’équipe journalistique regroupée, après la bataille qu’elle n’avait pas faite, autour de la revue L’Esprit public, n’a comporté qu’un seul tome sans valeur et sans suite. C’est tout ce que pouvait produire des non-combattants pour un faux combattant, dans le même temps où les vrais combattants étaient pourchassés, arrêtés, condamnés. (Pierre Sidos, « OAS : le combat exemplaire des nationalistes »)
L’OAS a été créée parce que le chef d’état d’alors trahissait la France en l’amputant d’une partie de son territoire.
Mais les chefs d’état qui lui ont succédé ont trahi tout autant eux aussi, et même bien plus, en privant de sa souveraineté la France qu’ils ont jetée pour l’y dissoudre dans un espace européen qui n’est qu’un des marche-pied vers une mondialisation qui doit voir notre disparition définitive.
Qu’attendons-nous pour re-créer l’OAS ?
Il y a urgence !
Respect pour Pierre Sidos, que j’ai trop brièvement rencontré alors que nous étions l’un et l’autre embastillés par la racaille gaulliste.
Respect et profonde reconnaissance pour Jacques Sidos, embastillé pour les mêmes raisons, et qui consacrait plusieurs hures par jour à former politiquement ses co-détenus, ce dont j’ai tiré le maximum de profit au plan intellectuel et militant.
En tant que présidant aujourd’hui l’association regroupant les anciens de l’OAS, la première chose que je dois souligner est qu’en dehors des grands figures qui occupent le devant de la scène, certains organisations militantes, regroupant pourtant relativement peu de militants, MAIS D’UNE QUALITE EXCEPTIONNELLE et supérieurement formés, telle Jeune Nation, ont eu sur l’Histoire de cette époque une influence qui, pour être souterraine et souvent clandestine, n’en a pas moins pesé d’un grand poids.
Cependant, ayant, au fil des années, rencontré personnellement et bien connu nombre des protagonistes de cette époque, parmi lesquels Bigeard, Challe, Jouhaud, Biaggi, Ferrandi… et Susini, je suis obligé de nuancer l’analyse de Pierre Sidos, d’une part concernant Susini, et d’autre part concernant les raison profondes de notre échec.
– 1 : « BIENTOT ILS UNISSENT LEURS FORCE AVEC LES COMMANDOS CIVILS » ? Hélas NON ! Si ce fut le cas de manière marginale, une des causes de l’échec, en Algérie, aura été la réticence des militaires, jaloux de leur autorité et craignant les débordements, à associer massivement les civils et à déléguer à leurs meneurs des responsabilités.
– 2 : Quant à l’action du capitaine Sergent en Métropole, celle-ci prenait en compte une différence fondamentale : alors qu’en Algérie, la population était favorable à pratiquement 100% à l’OAS, et que la parole était donnée aux mitraillettes, ce qui était à conquérir en métropole était l’opinion publique !
Pour ce qui était de l’usage des armes à feu ou des bombes, le seul objectif à abattre était de Gaulle en personne ! En revanche tous les autres attentats éteint utilisés par le pouvoir pour retourner contre nous l’opinion !
L’ OPINION ! Comme l’ont souligné tous les spécialistes des guerres subversives, elle doit être l’objectif n° 1 ! Celui qui conditionne tous les autres !
Jamais, depuis qu’existe l’imprimerie, mais à fortiori la radio, puis la Télé, et maintenant Internet, personne n’a pris le pouvoir contre l’opinion !
Et c’est ce que le corps des officiers – qui, dans notre Histoire nationale a toujours eu une guerre de retard ! – n’a pas compris à l’époque, AU POINT DE NE MÊME PAS SE PREOCCUPER DE CONVAINCRE LES APPELES SOUS LES DRAPEAUX DE LA JUSTESSE DE NOTRE COMBAT !
Pendant huit années, plus d’un million et demi de civils ont été à la disposition des instructeurs militaires pendant quatre à huit mois avant d’être mutés en Algérie. Et sans qu’une moindre contre-propagande les protège contre les mensonges culpabilisant dont les abreuvaient les communistes et cryptocommunistes… jusque dans les casernes !
Autant de millions d’appelés et leurs familles qui eussent été de notre côté en métropole, une fois revenus à la vie civile, si un service psychologique des armées avait mené le bon combat !
A quoi servirait une association mémorielle telles que celle que je dirige, si ce n’était pour permettre à ceux qui continuent le combat qui fut le notre d’éviter les mêmes erreurs ?