Les événements du 18 brumaire an VIII (samedi 9 novembre 1799), souvent appelés « coup d’État du 18 Brumaire », est organisé par Emmanuel-Joseph Sieyès et Napoléon Bonaparte, avec l’aide décisive de son frère Lucien. Il marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat.
Le gouvernement du Directoire est désemparé par les difficultés économiques et militaires et par l’instabilité politique liée aux dysfonctionnements du régime. En cas de désaccord entre le législatif et l’exécutif, ou entre les directeurs, aucune solution légale n’est prévue. On voit ainsi les directeurs invalider des députés, ou des députés éliminer et remplacer des directeurs, comme le 30 prairial an VII (18 juin 1799). Cette revanche des députés jacobins précipite la décision des révisionnistes, menés par Sieyès, déterminés à modifier la Constitution dans le sens d’un renforcement de l’exécutif.
En octobre 1799, Napoléon Bonaparte rentré de sa campagne d’Égypte victorieux a été acclamé par la foule. Son retour vient opportunément offrir « une épée » à ce projet.
Le 18 brumaire (9 novembre), lors d’une séance aux Tuileries, le Conseil des Anciens, sous la menace des anarchistes, des Jacobins et de la population parisienne, prêts à renverser la représentation nationale, décide de transporter les deux assemblées (Conseil des Anciens et Conseil des Cinq-Cents) à Saint-Cloud.
Le décret est voté, les Conseils siégeront donc le lendemain à Saint-Cloud. Bonaparte est nommé commandant de toutes les troupes et de la garde nationale de la 17e division militaire (Paris et banlieue). Il fait lire le décret du Conseil des Anciens :
« Le conseil des Anciens, en vertu des articles 102, 103 et 104 de la Constitution décrète ce qui suit :
1° Le corps législatif est transféré dans la commune de Saint-Cloud, les deux conseils y siégeront dans les deux ailes du palais.
2° Ils y seront rendus demain, 19 brumaire, à midi. Toute continuation de fonctions, de délibérations, est interdite ailleurs et avant ce terme.
3° Le général Bonaparte est chargé de l’exécution du présent décret. Le général commandant la 17e division militaire, la garde du corps législatif, les gardes nationales sédentaires, les troupes de ligne qui se trouvent dans la commune de Paris et dans toute la 17e division militaire, sont mises immédiatement sous ses ordres. Tous les citoyens lui prêteront main-forte à la première réquisition.
4° Le général Bonaparte est appelé dans le sein du conseil pour y recevoir une expédition du présent décret et prêter serment.
5° Le présent décret sera imprimé, affiché, promulgué et envoyé dans toutes les communes de la République par des courriers extraordinaires. »
Après cette lecture, suivie du cri unanime de « Vive Bonaparte ! Vive la République ! », le général en chef harangue les militaires présents. Dans cette proclamation envoyée aux armées, il leur dit :
« Soldats,
Le décret extraordinaire du conseil des Anciens est conforme aux articles 102 et 103 de l’acte constitutionnel ; il m’a remis le commandement de la ville et de l’armée. Je l’ai accepté pour seconder les mesures qu’il va prendre et qui sont toutes en faveur du peuple. La République est mal gouvernée depuis deux ans : vous avez espéré que mon retour mettrait un terme à tant de maux ; vous seconderez votre général avec l’énergie, la fermeté, la confiance que j’ai toujours vues en vous. La liberté, la victoire et la paix replaceront la République française au rang qu’elle occupait en Europe et que l’ineptie ou la trahison a pu seule lui faire perdre.
Vive la République ! »
Le 19 brumaire (10 novembre), alors que les députés sont assemblés au château de Saint-Cloud, Lucien Bonaparte, président du Conseil des Cinq-Cents, ouvre la séance. Des Jacobins prennent d’abord la parole. On crie : « Point de dictature ! À bas les dictateurs ! Vive la Constitution ! ». L’un d’eux fait décider que tous les députés devront prêter serment de fidélité « à la Constitution de l’an III ».
Bonaparte arrive et pénètre dans la salle des Cinq-Cents et commence à haranguer cet auditoire d’hommes corrompus et aux mains pleines du sang de la guerre civile. Il dit sa confiance dans le Conseil des Anciens et sa méfiance envers le Conseil des Cinq-Cents « où se trouvent les hommes qui voudraient nous rendre la Convention, les Comités révolutionnaires et les échafauds ».
Les députés le huent et menacent de le poignarder. Bonaparte ressort.
Mais, il revient aussitôt avec ses grenadiers et demande aux députés d’évacuer la salle. Devant les résistances, Murat lance alors : « Foutez-moi tout ce monde dehors ! ». Les soldats, baïonnette au canon, en font sortir de gré ou de force tous les députés qui s’enfuient par les fenêtres en abandonnant leur toge.
Dans la nuit des représentants des deux Conseils regroupés dans la salle de l’Orangerie votent une résolution nommant Bonaparte, Sieyès et Ducos « Consuls de la République française ». C’est ainsi que commence le Consulat qui rétablira l’ordre, le culte catholique, la prospérité et la tranquillité publique en France.