En Israël, le Premier mai n’est pas un jour férié, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas digéré cette journée mémorable à Tempelhof, en 1933, que nous fait revivre ici Léon Degrelle, présent à Berlin, une journée mémorable et pourtant soigneusement proscrite du devoir de mémoire. Dans Tempelhof, il y a Tempel, Temple, c’est bien d’une cérémonie dans un temple qu’il s’agit.
« […]
Même avant qu’Hitler ait obtenu la « loi d’habilitation » au Reichstag, l’ADGB une confédération syndicale géante avait commencé à se rallier à la cause nationale-socialiste. Comme le reconnaît Joachim Fest : « Le 20 mars, le comité de direction de la fédération ouvrière adressait une sorte de déclaration d’allégeance à Hitler ». (J. Fest, Hitler, p. 413.)
Hitler a alors eu un trait de génie. Les syndicats avaient toujours réclamé qu’on fasse du Premier mai un jour férié pour les travailleurs, mais sans succès du temps de la République de Weimar. Hitler, opportuniste, saisit l’occasion à deux mains et alla au-delà de cette revendication qui lui paraissait sensée et qui n’avait rien d’excessif: le Premier mai devenait un congé national.
Tout comme le Parti socialiste était passé d’un vote contre Hitler au Reichstag (le 23 mars 1933) à un vote de soutien (le 17 mai 1933), les syndicats en quelques semaines opéraient un virage à 180 degrés. D’un coup, Hitler accordait aux syndicats ce qu’ils avaient demandé en vain à tous les gouvernements précédents: un jour férié célébré par toute la nation. Il annonçait que pour rendre honneur au travail, il allait organiser pour le Premier mai à l’aéroport de Tempelhof à Berlin la plus grande fête jamais vue de toute l’histoire en Allemagne. Pris au débotté, mais malgré tout heureux d’avoir l’occasion de lier leur destinée à celui du national-socialisme, qui plus est, en prenant part à une manifestation de masse comme aucun marxiste n’aurait pu en rêver, les directions syndicales ont appelé leurs troupes gauchistes à se présenter bannières au vent partout où se tenaient à travers le pays les célébrations du Premier mai, et à y acclamer Hitler.
J’ai moi-même assisté en 1933 à celui, mémorable, de l’aérodrome de Tempelhof. Dès neuf heures le matin, des colonnes géantes, certaines de travailleurs, d’autres de groupes de jeunes, commençaient à s’ébranler en cadence dans les artères de Berlin et à converger vers l’aéroport où Hitler avait donné rendez-vous à tous les Allemands.
Toute l’Allemagne pouvait suivre les festivités retransmises par la radio nationale.
Vers midi, des milliers de travailleurs, hitlériens ou non, s’étaient massés sur le vaste terrain. Les manifestants faisaient preuve d’une discipline irréprochable. Des centaines de tréteaux montés à la hâte, alimentaient à prix coutants les vagues incessantes d’arrivants en sandwiches, saucisses et chopes de bière pour les remettre de leur marche.
Tout le monde, bien sûr, était debout, et tiendrait comme ça les quatorze heures.
Une estrade fabuleuse se dressait dans le ciel, haute de trois étages, flanquée de drapeaux démesurés, elle était aussi imposante qu’un navire en construction. Au fur et à mesure des heures qui s’écoulaient, des milliers de personnalités prenaient place, souvent des diplomates étrangers. Vers la fin de la journée, une masse d’un million et demi de spectateurs s’étendait jusqu’aux confins de l’immense plaine. Les soldats se mêlaient aux civils, les fanfares donnaient l’ambiance. Ce n’était plus un meeting politique, c’était un festival, une sorte de fantastique kermesse Breughélienne où les bourgeois de la classe moyenne, les généraux, les travailleurs fraternisaient en Allemands et en égaux.
La nuit tombée, Hitler fit son apparition. On aurait vraiment dit que la tribune était comme la proue d’un vaisseau géant. Les centaines de lampions qui avaient illuminé la marée humaine s’étaient éteints. Et soudain, Hitler jaillissait de l’obscurité, une silhouette solitaire qui se tenait là-haut dans les airs dans l’éblouissement des projecteurs.
Dans le noir, des opposants déterminés auraient facilement pu chahuter Hitler ou saboter le meeting d’une manière ou d’une autre. Parmi les spectateurs, ils pouvaient être un tiers à avoir voté socialiste ou communiste trois mois plus tôt. Mais pas une voix discordante ne s’est faite entendre de toute la cérémonie, il n’y avait que des acclamations enthousiastes.
Cérémonie était bien le terme adéquat, c’était presque un rituel magique. Hitler et Goebbels n’avaient pas leur pareil pour organiser ce genre de rassemblement grandiose. Pour captiver l’audience, on passait d’abord les airs populaires, puis on envoyait les grands hymnes wagnériens. La passion des Allemands pour la musique symphonique et les opéras n’est plus à démontrer, et Wagner faisait vibrer la fibre la plus secrète de l’âme germanique par son romantisme, son sens inné du puissant et du grand.
Les drapeaux par centaines continuaient de flotter au-dessus de la tribune, tirés par intermittence des ténèbres par les pinceaux lumineux des projecteurs. À présent, Hitler gagnait la tribune à grandes enjambées, pour les plus éloignés dans le public, la figure d’Hitler sur sa tribune ne devait plus être qu’un point minuscule et incertain, mais ses mots volaient par-dessus les têtes et les atteignaient instantanément. Un public latin aurait sans doute préféré une voix moins tonitruante, plus mélodieuse, mais c’était celle qui allait droit à l’âme germanique.
Les Allemands avaient rarement eu l’occasion de se laisser emporter par des discours enflammés, le ton convenu des discours était plutôt celui d’intervenants pondérés et soucieux de pédanterie éléphantine. Hitler était un orateur prodigieux, le plus grand de son siècle, il avait comme personne le don mystérieux de pouvoir irradier une énergie d’une intensité rare.
Un peu comme un médium ou un sorcier, il était possédé, presque en transe quand il s’adressait à la foule. C’est comme si toute l’énergie qu’il projetait lui revenait du public, qu’au fur et à mesure, un courant se créait qui allait et venait entre lui et l’assistance, il faut en avoir soi-même vécu l’expérience pour comprendre le phénomène.
C’est ce don unique qui était à la base de son succès auprès des masses. Son énergie projetée comme la foudre transportait et transformait tous ceux qui en étaient atteints. Par millions les gens ont été foudroyés, pétrifiés, enflammés par le rayon de sa colère, de son ironie, de sa passion.
Tandis que les clameurs de ce Premier mai s’estompaient dans la nuit, des centaines de milliers de travailleurs jusque-là indifférents ou même hostiles, qui n’étaient venus à Tempelhof qu’à l’instigation de leur fédération syndicale, étaient à présent conquis. Ils étaient devenus d’aussi chauds partisans que ces chemises brunes avec lesquelles ils avaient eu si souvent à en découdre ces dernières années.
Puis la marée humaine s’est retirée vers Berlin. Un million et demi de personnes étaient venus en bon ordre, et ils repartaient de même. Pas le moindre embouteillage de voiture ou de bus, pour ceux qui en ont été les témoins, cette discipline rigoureuse, et pourtant bon enfant d’un peuple heureux était une source d’émerveillement. Toute cette journée s’est déroulée sans le moindre accroc.
Le souvenir de cette foule énorme qui refluait vers le centre de Berlin ne me quittera jamais. Beaucoup étaient à pied, ils paraissaient transfigurés, comme imprégnés d’un esprit totalement nouveau. Les étrangers dans la foule étaient tout aussi stupéfaits et impressionnés que les compatriotes d’Hitler.
L’ambassadeur de France, André François-Poncet [le père de Jean François-Poncet qui sera ministre des Affaires étrangères sous Giscard], notait:
[…] »Les étrangers installés dans la tribune officielle n’étaient pas les seuls à repartir sous le charme d’un spectacle vraiment merveilleux et magnifique, un charme créé par le génie de l’organisation du régime, par l’étalage des uniformes la nuit, par le jeu des lumières, le rythme de la musique, par les drapeaux et les feux d’artifice multicolores; et ils n’étaient pas les seuls à penser qu’un souffle de réconciliation et d’unité passait sur le Troisième Reich.
« C’est notre vœu le plus cher », s’exclamait Hitler comme prenant le ciel à témoin, «de nous entendre et de lutter ensemble comme des frères pour pouvoir dire quand l’heure viendra devant Dieu : « voyez Seigneur comme nous avons changé, les Allemands ne sont plus un peuple honteux, vil et lâche et divisé. Non Seigneur! Le peuple allemand a retrouvé sa force de caractère, sa volonté, sa ténacité, son esprit de sacrifice. Seigneur, nous te sommes fidèles, Bénis notre combat! (A. François-Poncet, Souvenirs d’une ambassade à Berlin, p. 128.)
Traduction : Francis Goumain
Source : IHR et texte de Léon Degrelle : How Hitler Consolidated Power in Germany (ihr.org)
Le présent texte est la retraduction en français de la version anglaise, Degrelle, bien sûr, rédigeait en français, seulement le texte original n’est pas disponible sur le net, il en va de même pour la citation de l’ambassadeur André François-Poncet dont le livre a été republié.
La version anglaise est disponible sur le site de Mark Weber qui connaissait personnellement Léon Degrelle, comme Léon Degrelle connaissait personnellement Hitler, le lecteur de Jeune Nation se retrouve en ce Premier mai à deux poignées de main du Führer!
Pour l’anecdote, Mark Weber connaissait personnellement trois autres proches d’Hitler, Rudolf Jordan, Gauleiter de Magdeburg-Anhalt, Leni Riefenstahl, la cinéaste à qui on doit «Le triomphe de la volonté», et Otto-Ernst Remer qui a appelé au téléphone Hitler le jour de l’attentat du 20 juillet 1944 et à qui Hitler a confié la mission de rétablir l’ordre à Berlin : « Vous me connaissez, vous reconnaissez ma voix, vous avez les pleins pouvoirs pour rétablir l’ordre à Berlin en attendant qu’Himmler vienne vous décharger de la responsabilité », c’est raconté par Remer ici
On peut comprendre qu’en Israël, ils ne soient pas persuadés que le travail ne rende pas libre.
D’où l’intérêt de posséder les ouvrages originaux ;-)
C’était un autre univers, à des années lumière de la vie actuelle, où nous rasons les pâquerettes, que dis-je, le chaume desséché , après la moisson, avec même pas un arbre en signe d’élévation …
Rien n’entraîne vers le haut, vers le plus beau, vers le plus fort… Ce n’est qu’une agitation de fourmi qui s’active pour chercher la pitance, le plaisir, puis retourne au trou.